République et canton de Genève

Grand Conseil

R 666
Proposition de résolution de Mmes et MM. Jacques Jeannerat, Pierre Weiss, Pierre Conne, Nathalie Schneuwly, Antoine Barde, Jacques Béné, Ivan Slatkine, Fabienne Gautier, Christophe Aumeunier, René Desbaillets, Renaud Gautier, Claude Aubert, Francis Walpen, Mathilde Chaix, Christiane Favre, Alain Meylan, David Amsler, Jean Romain, Patricia Läser, Charles Selleger, Olivier Jornot, Frédéric Hohl, Gabriel Barrillier, Antoine Bertschy, Eric Leyvraz, Stéphane Florey, Fabiano Forte, Vincent Maitre, Guillaume Barazzone, François Gillet, Anne Marie von Arx-Vernon, Eric Bertinat, Bertrand Buchs, Guy Mettan, Michel Forni, Patrick Lussi, Serge Dal Busco, Roger Golay, André Python demandant l'inscription de la traversée du lac à Genève dans l'arrêté fédéral sur le réseau des routes nationales lors de sa première adaptation (Initiative cantonale)

Débat

Le président. Nous continuons avec les urgences et la proposition de résolution 666. Il s'agit d'un débat de catégorie II: trois minutes par groupe. La parole n'étant pas demandée... Ah si, Monsieur le député Jacques Jeannerat, je vous passe le micro.

M. Jacques Jeannerat (R). Merci, Monsieur le président. Cette résolution, qui prend la forme d'une initiative cantonale, fait suite au projet de loi 10015 qui prévoyait un crédit d'étude de 3,5 millions de francs, voté par ce parlement, pour étudier la traversée du lac. Les études ont été terminées et la présentation a été faite par le Conseil d'Etat en début de semaine. Elles montrent que c'est une traversée autoroutière qui est la meilleure solution. Une traversée autoroutière, c'est forcément le réseau des routes nationales, et si c'est le réseau des routes nationales, c'est d'abord l'affaire de la Confédération. Raison pour laquelle cette résolution demande d'inscrire la traversée du lac dans l'arrêté fédéral sur les routes nationales, qui fera l'objet d'une modification par le biais d'un message du Conseil fédéral fin 2011. Le projet de ce message du Conseil fédéral prévoit d'ajouter les nouveaux tronçons Morges-Ecublens et le tronçon du Glattal dans le canton de Zurich. Nous souhaitons donc ajouter la traversée du lac à ces deux autres projets.

La solution autoroutière est incontestablement la meilleure: elle permet notamment de boucler le périphérique autoroutier, car l'actuelle autoroute de contournement - ou plutôt dite de contournement, vu qu'elle ne contourne que la moitié du canton - est déjà surchargée. La preuve, c'est que la Confédération a considéré que le tronçon allant de l'aéroport à la douane de Bardonnex était classé dans les goulets d'étranglement. Et la Confédération, pour ces goulets d'étranglement, est prête à investir un certain nombre de millions afin d'améliorer la situation. Le Conseil d'Etat avait répondu, à l'époque de la consultation, que ce n'était pas une solution, qu'on ne pouvait pas élargir l'autoroute de contournement sous le tunnel de Vernier; il se serait agi de travaux beaucoup trop importants. Donc, déjà à l'époque, la réponse du Conseil d'Etat partait du principe d'avoir un bouclage complet.

Je rappelle que cette autoroute a deux fonctions. D'abord, elle permet aux Genevois de circuler autour de la ville et, surtout, elle permet aux véhicules qui n'ont rien à faire au centre-ville de passer ailleurs. C'est notamment le cas de tout le secteur Arve et Lac. Les gens qui veulent aller du secteur Arve et Lac sur la rive droite doivent actuellement passer par le centre-ville, ce qui n'est pas une solution adéquate.

La deuxième fonction de cette autoroute découle du fait que l'on est au carrefour de quatre autoroutes internationales. La première vient de Lausanne, de Suisse alémanique et d'Allemagne; la deuxième vient de Lyon et de Paris; la troisième vient d'Annecy, Grenoble, du sud de la France et d'Espagne; la quatrième vient de Chamonix, du tunnel du Mont-Blanc, de la vallée d'Aoste et d'Italie. Il est donc absolument important que nous ayons un périphérique autour de la ville pour accueillir ces quatre autoroutes.

Le président. Il vous reste dix secondes, Monsieur le député.

M. Jacques Jeannerat. La traversée du lac de façon autoroutière est donc la solution. Par conséquent, je vous demande d'accepter cette résolution.

M. Pierre Weiss (L). Mesdames et Messieurs les députés, ce projet de résolution est d'abord libéralo-radical. Il se veut en premier lieu un message de félicitations au Conseil d'Etat pour son action résolue, pour ce grand projet, qui n'est pas seulement autoroutier, mais de mobilité dans notre canton, et qui comprend également des aménagements pour la mobilité en ville.

Ce grand projet nous place face à nos responsabilités. Nous avons su les prendre, il y a quelques années, lorsqu'il s'agissait de décider du CEVA. Nous avons su les prendre lorsqu'il s'agissait de décider du réseau de trams. Nous devons savoir les prendre aujourd'hui, alors qu'il en va d'un nouveau grand projet pour le siècle, qui va remodeler et le canton - voire la région - et la circulation et la vie à l'intérieur de la ville de Genève, par différentes mesures de mobilité douce, par des mesures qui concernent les quais et les ponts, par des mesures qui concernent, au fond, la qualité de vie de tous les Genevois.

C'est la raison pour laquelle, Mesdames et Messieurs les députés - notamment Mesdames et Messieurs les députés de l'Alternative ! - je crois qu'il est nécessaire aujourd'hui de regarder sans oeillères cette demande qui est faite par notre Conseil d'Etat auprès de l'autorité fédérale, de la regarder sans dogmatisme, de la regarder en pensant à l'intérêt général. Si on la considère ainsi, alors, pour la troisième fois en quelques années, en une décennie, nous pourrons rééditer cet exemple que nous avons donné à Berne d'union large - je ne dirai pas d'union sacrée - d'une union large en faveur de la mobilité et du bien-être de notre population.

Mme Emilie Flamand (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, je crains de décevoir M. Weiss avec la prise de position des Verts. (Exclamations.) Aujourd'hui, avec cette résolution 666, on va demander à la Confédération de financer un projet qui est insatisfaisant et irréalisable. D'ailleurs, le Grand Conseil n'a même pas pris le temps d'étudier le rapport du Conseil d'Etat, suite au crédit d'étude de 3,5 millions de francs, voté il y a quelques années, avant de faire une demande à la Confédération.

Arrêtons-nous un peu sur ce projet. Si l'accroche du Vengeron est assez évidente, celle sur la rive gauche est problématique. Le nouveau projet passe d'ailleurs à proximité immédiate de zones naturelles protégées, telles que la Pointe-à-la-Bise, Rouelbeau, toute la plaine de la Seymaz. Si vous connaissez ces endroits, vous savez à quel point il est inimaginable d'y implanter des échangeurs autoroutiers. D'ailleurs, il est probable que les habitants de cette région partagent cette position, car s'il est vrai qu'ils votent massivement pour les défenseurs du libre choix du mode de transport, s'ils plébiscitent des infrastructures aussi coûteuses que le tunnel de Vésenaz, ils sont certainement moins favorables à l'arrivée d'une autoroute à deux pas de leurs villages et de leurs zones naturelles.

Ce qui nous gêne avec ce projet, c'est qu'on a l'impression qu'on est en train de confondre les moyens et les objectifs. La qualité de vie en ville, dont M. Weiss a parlé, est effectivement un objectif et la traversée de la rade pourrait être un moyen. Mais ça, nous n'en sommes absolument pas convaincus, vu que la plupart des activités se situent à l'ouest du canton et au centre-ville. Les gens se dirigent donc automatiquement vers le centre-ville, ils ne cherchent pas à passer de Choulex à Versoix. Très peu de gens font ces trajets, si ce n'est pour aller au chalet le week-end ! (Commentaires.) Dans ce projet, on a l'impression que la traversée de la rade n'est pas un moyen, mais un objectif en soi, et cela nous dérange. Quant aux mesures d'accompagnement dont vous avez parlé, elles ne sont pas comprises dans les chiffres articulés. Il était indiqué dans le dossier de presse du DCTI que les mesures d'accompagnement n'étaient pas comprises dans ces montants. Voilà déjà un problème de base.

Finalement, ce projet ressort à peu près tous les six à huit mois, sous forme de motion, de résolution ou d'interpellation. (Brouhaha. Le président agite la cloche.) Il s'agit sans doute de rappeler à l'électeur qu'on se soucie de sa voiture et de ses routes. On nous a même proposé des traversées urbaines, semi-urbaines, des traversées autoroutières... L'UDC avait proposé une traversée par bac, faisant ainsi preuve d'une belle originalité ! La seule nouveauté dans ce projet, vieux d'au moins trente ans, c'est que maintenant on parle de traversée du lac au lieu de traversée de la rade. Mais si ce projet est vieux de trente ans, cela se voit, il est basé sur le contexte de vie de l'époque, où l'on pensait que la voiture résoudrait tous les problèmes.

Le président. Il vous reste quinze secondes, Madame la députée.

Mme Emilie Flamand. Je vais les utiliser à bon escient, Monsieur le président. Aujourd'hui, on voit arriver des défis climatiques, la raréfaction des ressources et le pic pétrolier. A l'horizon 2030, comme le disait l'autre jour l'une de mes collègues, ce sera le premier pont entièrement consacré à la mobilité douce.

Les Verts soutiennent la mobilité douce et vous encouragent d'ailleurs à voter oui à l'initiative 144 le 15 mai, mais ils trouvent tout de même que 3,5 milliards, uniquement pour la mobilité douce, c'est un peu exagéré ! Ils vous encouragent donc à rejeter cette résolution. (Applaudissements.)

M. Serge Dal Busco (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, il s'agit peut-être d'un vieux projet, mais il est en pleine actualité. Il est d'ailleurs tout à fait intéressant de voir qu'on en discute ce soir, après cette présentation captivante sur le projet d'agglomération.

En considérant le projet d'agglomération, on voit que celui de la traversée du lac prend tout son sens. Nous, démocrates-chrétiens, ne mettons pas en opposition, évidemment, le fait que nous soutenons l'initiative 144 et également ce projet de traversée du lac. La construction de la région, telle qu'elle nous a été excellemment présentée cet après-midi, nécessite des infrastructures. La vision des cartes qui nous ont été montrées parle d'elle-même. Ces infrastructures, soit le RER, qu'on espère voir se réaliser très rapidement, le tram - un autre élément - et le fait de compléter le réseau routier sont une absolue nécessité, lorsqu'on parle en termes de transports publics.

Sans revenir sur ce qui a été indiqué par MM. Jeannerat et Weiss, mais en se concentrant uniquement sur la desserte en transports publics de ce que seront les pôles à l'ouest de l'agglomération, soit le pôle régional de Bernex, le pôle régional de Meyrin - Saint-Genis, eh bien sachez que l'autoroute de contournement actuelle - cela n'a pas été précisé en détail tout à l'heure - est prévue pour être utilisée comme axe de transports publics. Sur cette autoroute de contournement actuelle, on envisage d'utiliser des bus express pour connecter ces fameux centres régionaux. Or, avec une autoroute telle qu'elle est aujourd'hui, proche de la saturation, comme elle le sera sûrement à très brève échéance, le fait de ne pas augmenter sa capacité et cela de façon équilibrée de l'autre côté du canton rendra tout simplement impossible une desserte correcte de manière tangentielle de ces futurs centres régionaux.

Vous voyez qu'il s'agit d'un dispositif indispensable qui, si on le réalise - c'est un travail de longue haleine - s'inscrit parfaitement dans une certaine cohérence, une cohérence d'une construction équilibrée de l'agglomération avec les infrastructures qui seront nécessaires, tant pour le transport individuel que pour les transports collectifs. Je vous remercie.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. Ivan Slatkine, à qui il reste une minute.

M. Ivan Slatkine (L). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, très rapidement, j'aimerais vous dire que la traversée du lac, telle que présentée, doit bien entendu comprendre des mesures d'accompagnement fortes au centre-ville. C'est une évidence.

Je dois dire que je m'étonne quelque peu de la position des Verts. En effet, on n'a pas atteint le point 113 de notre ordre du jour mais, dans le rapport de M. Broggini concernant les zones 30, celui-ci nous explique qu'il y a des normes de bruit et d'air à respecter, qu'il faut fermer la ville aux véhicules et trouver des solutions pour les sortir de la ville. Or l'autoroute de contournement est justement l'une de ces solutions, qui permettra d'ajouter des lignes de tram sur le pont du Mont-Blanc et de fermer des voies de communication sur les quais. Enfin bref, cela permettra de favoriser la qualité de vie en ville de Genève et la mobilité douce. Voilà un développement harmonieux, voilà un développement complémentaire ! Mais non, les Verts n'en veulent pas ! Pourquoi ? Parce que ce sont des ayatollahs ! Des ayatollahs de la décroissance ! Ils nous parlent de vieux projets datant d'il y a trente ans mais, eux, ce qu'ils veulent, c'est le retour au XVIIIe siècle, voire même au XVIIe ! (Exclamations. Applaudissements.)

M. Roger Golay (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, bien entendu, le groupe MCG soutiendra cette résolution 666. Nous estimons qu'il s'agit d'une priorité pour le canton de Genève, afin d'améliorer la qualité de vie de ses citoyens et aussi afin de désengorger non seulement l'autoroute, comme cela a été dit, mais aussi la ville de Genève. Tout cela va permettre de réduire la pollution, Mesdames et Messieurs les Verts ! Nous vous invitons donc à soutenir également cette résolution pour défendre vos actions en matière d'écologie. Je pense que c'est indispensable. S'il y a bien une chose qui était prioritaire pour le canton en matière de circulation, c'est cette traversée du lac, a contrario du CEVA. Malgré tout, nous respectons la volonté du peuple à ce sujet. Mais cette traversée du lac est indispensable pour le canton de Genève.

M. Roger Deneys (S). Mesdames et Messieurs les députés, ce Grand Conseil revient régulièrement sur un sujet comme celui-ci. Evidemment, il est très cher à la droite, surtout en période électorale. (Commentaires.) Il est certain que c'est une motivation pour de petits députés et pour un petit Conseil d'Etat que d'avoir un soi-disant grand projet. (Exclamations.) En fait, qu'avons-nous ici ? Nous avons un projet qui vise à mieux répartir, à terme, la circulation sur l'autoroute de contournement. Franchement, le coût évoqué par l'étude, qu'aucun député n'a vue à ce jour, me semble-t-il...

Une voix. Oui !

M. Roger Deneys. En gros, 4 milliards de francs, parce qu'on sait que les coûts augmentent avec le temps. Ce seront 4 milliards de francs pour diminuer de 12% le trafic sur l'autoroute de contournement. Je trouve cela extrêmement cher pour un résultat extrêmement modeste. Donc le principe de dire que nous faisons une autoroute de contournement complétée par la traversée du lac pour diminuer de façon aussi modeste le trafic sur l'autoroute, franchement, c'est très cher payé !

Un petit calcul: 4 milliards de francs, sans rabais particulier, cela fait 1 million d'abonnements généraux des CFF. On pourrait donc dire que pour 100 000 Genevois, cela ferait un abonnement général pendant dix ans. Ceci simplement pour dire que si l'on veut diminuer le trafic, on pourrait aussi inciter les gens à renoncer à la voiture. Cela serait certainement moins cher et certainement beaucoup plus efficace à long terme. (Commentaires. Le président agite la cloche.)

En effet, contrairement à ce que le Grand Conseil a l'air de penser à Genève - parce que vous êtes des enfants gâtés à droite ! - la planète est en train d'exploser, on parle de réchauffement climatique, on parle de problèmes d'approvisionnement en pétrole, et que voulez-vous ? Une autoroute pour traverser le lac ! En plus, le développement du canton ne se fait aujourd'hui pas de ce côté-là !

L'un des principaux enseignements que l'on peut retenir de la séance de tout à l'heure, très intéressante au demeurant, c'est que sur les cartes, certes très petites, on voit très bien ce qui se passe en matière d'urbanisation. Et ce qui est intéressant peut-être pour la gauche, c'est que le périmètre sur lequel nous n'avons pas de constructions, c'est celui de sortie de cette autoroute, du côté de Vésenaz et de Meinier. Il est donc très clair que, si cette autoroute se réalise, il y aura du développement en termes de logements, en termes d'infrastructures. Je pense notamment au service des autos et pourquoi pas aux citernes de Vernier qui devraient trouver une situation ici, du côté de Meinier, parce qu'il n'y aura alors pas de raison de ne pas mieux répartir les nuisances que les Genevoises et les Genevois subissent dans notre canton. Cette autoroute va être l'occasion géniale d'équilibrer le développement de notre canton. Alors, si elle se réalise, voilà ce qui va en être la conséquence ! Maintenant, son utilité en termes de mobilité est nulle.

Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député.

M. Roger Deneys. Mesdames et Messieurs les députés, je vous invite donc d'abord à renvoyer en commission le rapport du Conseil d'Etat, puis, après étude, à renvoyer éventuellement une résolution de ce type à la Confédération. Mais, aujourd'hui, je vous dis non ! Les socialistes vous disent non !

M. Christo Ivanov (UDC). Mesdames et Messieurs les députés, la traversée de la rade est une véritable nécessité. Moi qui prends tous les jours l'autoroute de contournement, en tant que petit patron et entrepreneur, c'est un véritable calvaire. Les embouteillages sur nos routes sont de plus en plus patents, du matin au soir. L'autoroute de contournement est surchargée et bientôt saturée. Il convient donc de combler ce chaînon manquant de l'agglomération. L'UDC est favorable à la traversée du lac et de la rade, et avait lancé une initiative pour soulager les ponts surchargés et améliorer le trafic urbain. Le financement devrait d'ailleurs être assuré à 100% par la Confédération. En conséquence, le groupe UDC votera cette résolution.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le président du Conseil d'Etat. Je vous cède la parole, Monsieur.

M. Mark Muller, président du Conseil d'Etat. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, le Conseil d'Etat souhaiterait remercier les auteurs de ce projet de texte, ce projet d'initiative cantonale adressé à la Confédération, car, vous l'avez tous compris, c'est elle qui prendra les décisions définitives relatives à la réalisation de cette traversée, qu'il s'agisse de la définition du tracé, du type d'ouvrage ou, encore une fois, du financement. C'est à Berne que le débat va se dérouler et que Genève va devoir défendre ses intérêts et tenter de faire passer ce projet dans les planifications d'investissement de la Confédération. La démarche est donc juste et judicieuse. Le Conseil d'Etat souhaite vous en remercier.

S'agissant du fond, un certain nombre de choses ont été dites. J'aimerais vous rappeler quelques chiffres mis en évidence par l'étude, étude qui est d'ailleurs disponible sur internet. Elle n'est effectivement pas encore à votre ordre du jour, mais elle a été déposée auprès du Grand Conseil et elle est donc publique. Il en ressort que si l'on prend les mesures d'accompagnement nécessaires, c'est-à-dire si on réserve un certain nombre de voies sur les axes principaux de circulation pour les transports publics, si on limite le trafic individuel sur les quais, sur le pont du Mont-Blanc, sur certains grands axes de ce type, on peut parvenir à une réduction de l'ordre de 30% du trafic automobile au centre-ville, mais à condition de réaliser la traversée autoroutière du lac. C'est donc un moyen très efficace, précisément pour inciter les gens à laisser leur voiture à la maison et à prendre les transports publics. Parce qu'évidemment, les gens, vous et moi, nous sommes pareils: pour nous rendre d'un point à un autre, nous prenons le moyen de transport le plus pratique et le plus rapide. (Commentaires.) Ce que nous devons parvenir à proposer à notre population, c'est un réseau de transports publics performant et attractif, qui incite les gens à laisser leur voiture à la maison. C'est précisément le résultat que ce projet permettra d'obtenir. Il me semble qu'on devrait être capable de tous se réunir autour de cette vision du développement de la mobilité dans notre région.

Le deuxième élément qui est très important, c'est l'avenir de notre actuelle autoroute de contournement. Il est vrai que 12% en moins de trafic sur l'autoroute de contournement peut paraître modeste, mais cela concerne l'horizon 2030, c'est-à-dire dans vingt ans, quand le trafic sera bien plus important qu'aujourd'hui. Si on ne fait rien, ce sera +30% ou +40% de trafic à mettre en regard des -12% que nous offrent les perspectives de réalisation de la traversée du lac dans cette étude. C'est donc un résultat extrêmement intéressant, ne serait-ce que pour permettre notamment à l'autoroute de contournement de fonctionner. En effet, que se passera-t-il sinon ? Si l'autoroute de contournement est définitivement saturée - ce qui n'est pas encore le cas aujourd'hui, mais nous n'en sommes pas loin à certaines heures de la journée - toute la région que traverse cette autoroute sera progressivement, par percolation, complètement bouchée par les voitures qui ne pourront plus l'emprunter. Il est donc de notre devoir, tout simplement pour la qualité de la mobilité dans toute la région du canton dont on parle - c'est-à-dire celle que traverse cette autoroute - de prendre la mesure visant à préserver notre autoroute de contournement, à savoir de réaliser la traversée du lac.

Je vous invite donc toutes et tous à vous réunir autour de cette vision du développement de la mobilité à Genève et à renvoyer ce texte à la Confédération pour signifier de façon extrêmement forte, de manière complémentaire aux actions du Conseil d'Etat auprès du Conseil fédéral, que Genève veut cette traversée du lac, que Genève la veut dans des brefs délais, afin de permettre aux Genevoises et aux Genevois de continuer à se déplacer normalement dans notre région. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Nous sommes en procédure de vote.

Mise aux voix, la résolution 666 est adoptée et renvoyée à l'Assemblée fédérale par 55 oui contre 25 non et 2 abstentions. (Applaudissements à l'annonce du résultat.)

Résolution 666