République et canton de Genève

Grand Conseil

M 1810
Proposition de motion de Mme et MM. Antoine Bertschy, Olivier Wasmer, Gilbert Catelain, Caroline Bartl Winterhalter, Eric Bertinat, Philippe Guénat, Eric Leyvraz, Yves Nidegger, Stéphane Florey, Thierry Cerutti en vue de sécuriser l'avenue du Pailly et l'accès à l'école de Balexert

Débat

M. Antoine Bertschy (UDC). Je profite du traitement de cette proposition de motion pour remarquer à quelle rapidité et célérité notre assemblée traite les sujets qui lui sont proposés. Elle a été déposée le 22 février 2008, suite à un accident mortel sur l'avenue du Pailly. Heureusement, depuis, dans les deux ans et demi qui se sont écoulés, rien ne s'est passé. Néanmoins, la situation reste dangereuse à cet endroit.

Pour vous faire un bref résumé de l'histoire, comme je l'ai dit, un accident a eu lieu à cet endroit en 2007. La commune a réagi, évidemment, pour essayer de sécuriser l'accès à l'école de Balexert. Cette école de Balexert est assez intéressante au niveau de l'urbanisme - c'est ce qui a été fait dans les années septante - c'est-à-dire que l'on a mis tous les logements d'un côté et tous les équipements publics de l'autre côté de la route, une route à grand débit de trafic. Avec une école de l'autre côté, les enfants doivent traverser la route. Or ce tronçon de route mesure à peu près 450 mètres de long entre un passage piéton et un autre accès, et l'école est au milieu. Alors évidemment, les enfants qui habitent dans les immeubles vont parcourir 250 mètres soit dans un sens, soit dans l'autre. Vous avez, pour la plupart d'entre vous, des enfants, donc vous savez que les enfants sont parfois indisciplinés, parfois en retard, et qu'ils font au plus vite pour se rendre à l'école parce que les enfants aiment l'école ! (Commentaires.) Donc cela crée des risques. Cela crée des risques que les enfants traversent une route à haut débit de trafic. Et ces risques se sont avérés malheureusement mortels au mois de décembre 2007.

La commune de Vernier s'est évidemment penchée sur ce sujet. Elle a pris langue avec la DGM, l'office de la mobilité, la direction générale de la mobilité... enfin, cet office qui change de nom tous les six mois pour que l'on ne se rappelle pas ce qu'il a fait précédemment ! (Rires. Commentaires.) Ils en font trop, malheureusement, parfois. Mais rien n'a été fait.

Alors ce que je vous propose, Mesdames et Messieurs les députés, c'est de renvoyer cette motion à la commission des transports et que nous auditionnions la commune pour savoir où en sont les initiatives qu'avait cette dernière. Seconde chose, il convient de traiter l'amendement socialiste, qui me semble tout à fait intéressant et qui avait été déposé par M. Charbonnier, habitant de la commune de Vernier, et M. Brunier, ex-habitant de la commune de Vernier - anciens conseillers municipaux de la commune de Vernier - afin de pouvoir traiter l'affaire et auditionner non seulement la direction générale de la mobilité, mais aussi la commune, ainsi que pour avoir une vue d'ensemble de l'accès des écoles dans notre canton. C'est la raison pour laquelle je vous demande le renvoi de cette proposition de motion à la commission des transports.

M. Miguel Limpo (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, comme vient de le dire M. Bertschy, s'il y a bien quelque chose d'étonnant, pour nous les Verts, ce n'est peut-être pas la lenteur de traitement de notre parlement, mais les lenteurs qu'a prises le DCTI à traiter les différentes demandes, y compris de la commune, puisqu'une résolution avait été adoptée à l'unanimité et que rien n'a été fait jusqu'à maintenant. Rien n'a été fait jusqu'à maintenant... pas tout à fait, puisque, heureux des hasards, il y a environ dix jours, la commune a semble-t-il reçu, enfin, un préprojet de la part du DCTI, qui propose différents systèmes, notamment l'installation d'une berne centrale qui empêche les enfants de traverser et un trottoir qui serait partagé à la fois par les vélos et par les piétons, ce qui pour nous les Verts n'est pas encore acceptable. Imaginez un trottoir tel qu'il est maintenant, divisé en deux, avec des enfants sortant de l'école à qui il est demandé de marcher en file indienne; ce ne sont évidemment pas des choses qui fonctionnent.

En tout cas, il y a des pas dans la bonne direction, visiblement, avec ce projet qui est en cours. Je pense que c'est une bonne idée que de le renvoyer en commission pour essayer de voir comment ce projet présenté par le DCTI est ficelé. Les Verts soutiendront donc cette motion et son renvoi, tout en notant, évidemment, que le problème de cette situation, ce sont également les aménagements qu'il y a eu dans les années cinquante et soixante, qui ont créé une sorte d'autoroute à travers différents quartiers de notre canton; cette route part de Cointrin, passe par les Libellules, va vers le pont Butin et le Grand-Lancy; elle a exclu d'un côté des centres sportifs des habitations, comme Crozet ou Châtelaine, ou a encore éloigné les Libellules de leur quartier naturel. Alors on doit faire avec cette route qui traverse plusieurs quartiers et qui a aussi isolé, par exemple, Lancy du centre sportif qui se trouve du côté du Petit-Lancy. Donc évidemment, ces aménagements ont créé cette situation, et c'est pour cela que nous proposons de renvoyer cette motion en commission pour examiner le projet actuel proposé par le DCTI, et ainsi voir s'il y a des améliorations à faire.

M. Thierry Cerutti (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, je crois que mon préopinant, M. le député Antoine Bertschy, a fait un résumé tout ce qu'il y a de plus parfait concernant la situation de l'avenue du Pailly. Pour le Mouvement Citoyens Genevois, c'est important de renvoyer cette motion en commission, notamment pour débattre sur les avenues du même type et de la même typologie que l'avenue du Pailly, parce qu'il y en a de nombreuses dans notre canton. C'est vrai que l'on doit avoir une réflexion générale et globale pour se demander comment il se fait que, le long d'avenues aussi importantes avec un trafic aussi conséquent, nous avons d'un côté des habitations et de l'autre côté des infrastructures telles que des écoles, ce qui n'est pas acceptable, notamment par rapport aux enfants et à tous les accidents qui peuvent avoir lieu. C'est vrai que, à Vernier, en 2007, nous avons eu la tristesse d'avoir un accident qui a coûté la vie à un enfant, ce qui a créé notamment beaucoup d'émotion et provoqué le dépôt d'un texte. Donc une fois de plus, si cette motion a un sens, c'est parce qu'elle va nous permettre de faire un bilan sur toutes nos avenues à trafic hautement densifié, ce qui a un potentiel de dangerosité sans que cela fasse l'objet d'une protection.

M. François Gillet (PDC). Cela a été dit, c'est un drame ayant coûté la vie à un enfant qui est à l'origine de cette motion. Nous sommes évidemment, au niveau du groupe démocrate-chrétien, sensibles à la sécurité routière, en particulier à proximité des écoles. Il est vrai que ce quartier est très chargé de trafic, avec beaucoup d'activités de part et d'autre de cette avenue. Et il nous paraît tout à fait légitime de pouvoir étudier à la commission des transports plus précisément ce qui pourrait être fait pour améliorer la sécurité routière à cet endroit. Par conséquent, nous accepterons le renvoi en commission.

M. Alain Charbonnier (S). Beaucoup de monde l'a déjà dit, cette motion a été déposée à la suite d'un drame qui a eu lieu sur l'avenue du Pailly. J'ai été moi-même conseiller municipal à Vernier dans les années 96-99. On parlait déjà de la dangerosité de cette avenue. Or voilà, vingt ans après, pas grand-chose n'a avancé. On peut même dire que rien du tout n'a avancé. Malgré ce décès, deux ans plus tard, on est toujours devant la même situation, avec une autoroute, effectivement, qui traverse devant une école. Ce n'est pas la seule autoroute du canton - en tout cas semi-autoroute ou pseudo-autoroute - qui passe devant des écoles, d'où notre amendement qui demande «à présenter, au Grand Conseil, un rapport sur l'ensemble des accès piétons scolaires du canton pouvant s'avérer dangereux et un plan d'actions [...] afin de corriger ces situations en diminuant le niveau de risques.»

Je pense que c'est bien de renvoyer tout cela en commission, de façon non seulement à avoir des explications sur les plans d'actions, etc., mais aussi à savoir exactement pourquoi il faut vingt ans, à peu près, pour prendre des mesures. Alors peut-être que quelque chose vient d'arriver à la commune de Vernier. Mais il aura fallu vingt ans pour qu'il arrive quelque chose de sérieux et pour que l'on se rende compte qu'il y a de réels dangers devant certaines écoles de notre canton. D'ailleurs, toujours sur la commune de Vernier, pas très loin de là, devant l'avenue de Châtelaine, c'est aussi une autoroute qui passe, à cinq voies de circulation, où l'on peut rouler à 60 km/h. C'est proprement scandaleux que, de nos jours, on autorise encore des choses pareilles.

Mme Patricia Läser (R). Mesdames et Messieurs les députés, voilà dix minutes que l'on traite une motion dont le renvoi à la commission des transports a été demandé. Afin de gagner du temps, je vais parler au nom du PLR. Nous sommes en faveur du renvoi en commission et nous gardons nos arguments pour la discussion en commission.

Des voix. Bravo ! (Applaudissements.)

M. Charles Selleger (R). Monsieur le président, je ne vais pas être plus long que ma préopinante, mais c'est juste pour préciser que, à la vérité, lorsque le bâtiment scolaire a été fabriqué, l'avenue du Pailly était loin d'avoir le gabarit actuel, et qu'on la traversait très facilement. Cela dit, bien entendu, la situation actuelle pose problème et le groupe radical votera le renvoi à la commission des transports.

Le président. Merci, Monsieur le député. Je passe maintenant la parole à... Le nom de M. Longchamp était inscrit, mais c'est M. Muller, je pense... (Remarque.) Ah, pardon, Madame Künzler, vous avez la parole !

Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. J'interviens effectivement, puisque l'on demande le renvoi à la commission des transports. Vous savez que ce sujet me tient particulièrement à coeur, car j'étais riveraine de cette route. Je vois dans cet aménagement qui a été construit dans les années septante toute l'horreur de cette circulation qui a été pensée - ou, précisément, pas très bien pensée - puisqu'on a construit une route au travers des habitations, notamment des habitations de logement social. Cette route est un pur scandale.

Je pense qu'il faut maintenant prendre des mesures drastiques pour améliorer la situation, notamment sur cette avenue. Cet accident était dramatique, mais cette semaine encore, un accident extrêmement grave vient de se produire à l'autre bout du pont. Donc il faut vraiment faire quelque chose sur cette route «accidentogène» qui voit passer 42 000 voitures par jour au milieu des logements et des écoles.

Il faut maintenant prendre des mesures sur la rive droite pour calmer la circulation, pour faire des avenues urbaines que ce soit sur l'avenue de Châtelaine, la route de Vernier ou d'autres routes qui concentrent un trafic important. C'est-à-dire que l'on abaisse la limite de vitesse au moins à 50 km/h et qu'on ne la laisse pas à 60 ou à 80 km/h, comme c'est le cas sur cette autoroute ou semi-autoroute. Ce sont des endroits urbains. Au moment de la construction, c'étaient des contournements mais, maintenant, c'est en pleine ville. Cette situation n'est plus admissible. On va examiner la question, puisque c'est quelque chose de totalement interdépartemental. M. Muller va être chargé de cette affaire; il a déjà des propositions de sécurisation et de construction. Il faudra aussi des mesures de circulation et de sécurité de police. Mais il faut vraiment avoir maintenant une action concertée, commune, entre tous les départements pour régler ces problèmes gravissimes et inadmissibles dans notre collectivité.

Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. La parole n'étant plus demandée, nous allons voter le renvoi de cette proposition de motion à la commission des transports, qui étudiera ensuite l'amendement, si le renvoi est accepté.

Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 1810 à la commission des transports est adopté par 89 oui et 1 abstention.