République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 24 septembre 2010 à 15h
57e législature - 1re année - 11e session - 58e séance
P 1684-B
Débat
M. Eric Stauffer (MCG). Monsieur le président, vous transmettrez à Mme la députée socialiste que, lorsqu'elle parle du CEVA, il faut encore qu'elle sache de quoi elle parle...
Le président. On est sur la pétition concernant l'avenue Eugène-Pittard ! Vous n'avez pas le droit d'intervenir sur le point précédent. (Commentaires. Protestations.)
M. Eric Stauffer. Mais, Monsieur le président, ce qui est très désagréable, c'est que l'on parle... (Protestations. Commentaires.)
Le président. Non !
M. Eric Stauffer. On parle... (Brouhaha.) Attendez ! On parle de la circulation: «Priorité aux riverains - avenue Eugène-Pittard». Et c'est justement là que va passer le CEVA. Alors maintenant, si vous voulez faire les débats à ma place, Monsieur le président, il faut juste le dire !
Le président. Vous intervenez sur le point ! (Commentaires.)
M. Eric Stauffer. Vous savez, en démocratie, Monsieur le président, on laisse s'exprimer dans un parlement les députés qui sont élus. Or là, vous êtes en train de faire de la dictature, vous voulez dirigez les débats. Si j'ai envie de parler du CEVA sur un problème de circulation, sur ce texte, j'en ai le droit ! Et vous, vous avez un droit, c'est de m'écouter et de ne pas m'interrompre ! (Exclamations. Remarque du président. Brouhaha.) Il faut juste que l'on soit clair, à un moment donné.
Alors vous transmettrez à cette députée que le CEVA, cet aspirateur à frontaliers qui coûtera 1 milliard aux Genevois et qui est d'ores et déjà déficitaire en exploitation à environ 58 millions, ne résoudra rien sur les douanes du réseau secondaire.
Cela étant dit, sur tous les problèmes de circulation - comme cette pétition de citoyens genevois qui n'en peuvent plus, au chemin de De-Normandie, du trafic généré par les pendulaires, c'est-à-dire les frontaliers - nous avons pris acte, Madame la conseillère d'Etat, de ce que, à Genève, il faut, pour bloquer les routes et les fermer sur le réseau routier secondaires, s'occuper des grenouilles, mais pas des citoyens ! Parce que, quand il y a un biotope à préserver, vous fermez la douane de Mategnin, comme vous venez de le dire, pour préserver le biotope, c'est-à-dire préserver les grenouilles ! Autrement dit, la santé et la tranquillité des Genevois, en s'en fout dans ce parlement ! Non mais, il faut appeler un chat un chat, et une libellule une libellule ! (Brouhaha.)
Nous constaterons aussi, chers amis les Verts, que, finalement, les problèmes de mobilité, quand on prononce le mot «frontalier», cela vous passe par-dessus la libellule ! Finalement, tout ce qui vous intéresse c'est de supprimer les places de parking, en ville de Genève notamment, parce que vous voulez mettre des vélos partout ! Par contre, si l'on projette votre plan de société, votre modèle de société, dans le futur, eh bien, tous les Genevois seront à vélo et tous les frontaliers seront en voiture et pourront continuer à utiliser les routes de campagne pour venir travailler.
Cela étant, Mesdames et Messieurs, nous vous demandons de renvoyer aussi ce rapport du Conseil d'Etat à son expéditeur, afin qu'il revoie sa copie et trouve des solutions satisfaisantes pour la qualité de vie des résidents genevois. Ou alors, on viendra installer un étang avec des grenouilles pour sensibiliser Mme la conseillère d'Etat, puisque les grenouilles sont protégées à Genève, mais pas les citoyens ! On déposera un nouveau texte pour le chemin De-Normandie en disant: «Sauvons les grenouilles !» Ce sera alors un plébiscite de ce Grand Conseil, et enfin les citoyens pourront être tranquilles. (Applaudissements.)
M. Christian Bavarel (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, cela me fait plaisir de voir que les règles peuvent changer avec mon préopinant. Et je me dis que, comme j'ai l'immunité parlementaire sur tout ce que je dis dans ce parlement, que je ne risque pas de plainte pénale à ce moment-là, je pourrais parler de mon préopinant; cela pourrait être le sujet de mon intervention ! (Commentaires.) Je pourrais dire énormément de choses sur mon préopinant ! Cela pourrait être assez joyeux, assez amusant, etc. Nous pourrions parler pendant des heures de mon préopinant ! Bien évidemment, on ne pourra pas lui faire trop de publicité. Je ne donnerai pas son nom, mais tout le monde se rend bien compte que nous pouvons tordre notre règlement si nous le souhaitons. Cela s'appelle simplement de la mauvaise foi.
Voici la deuxième chose que j'aimerais dire concernant les Verts. M. Stauffer vient de découvrir que les batraciens et les milieux humides en Suisse sont menacés, que l'on risque effectivement de perdre des espèces et que c'est une préoccupation des Verts. La perte et l'érosion de la biodiversité font réellement partie de nos préoccupations !
Nous avons une autre préoccupation...
Le président. Il vous faut revenir au point, Monsieur Bavarel !
M. Christian Bavarel. Bien sûr, on va y arriver, et j'y arrive tout de suite ! ...qui est bel et bien la circulation et la souffrance des citoyens dans des situations où la circulation est insupportable. Je reviens de Bordeaux, où un Français - un peu loin pour être frontalier - M. Juppé, nous disait très clairement: «Il faut contraindre les automobilistes.» Et je vous promets qu'il n'est pas écolo, lui ! Il nous disait très clairement: «Si vous vous voulez que les automobilistes fassent autre chose, il n'y a qu'une méthode, il suffit de fermer les routes.» Alors oui, Monsieur le député - Monsieur le président, vous transmettrez - les Verts sont pour une limitation de la circulation, parce qu'ils sont attachés au bien-être des citoyens. Et ils sont aussi attachés à la biodiversité.
Nous entendons laisser ce rapport suivre simplement son cours. Je pense que notre conseillère d'Etat a tout à fait raison. Elle a été élue pour cela, pour s'occuper de la biodiversité. Elle a aussi été élue pour s'occuper du bien-être de nos concitoyens, du bruit en ville et de la circulation. La meilleure manière, c'est que nous soyons un maximum à prendre le vélo, de sorte que les personnes qui ont réellement besoin d'utiliser un véhicule à moteur - les personnes à mobilité réduite, les artisans, les personnes qui doivent livrer - le puissent. Je pense que, lorsque tous les autres auront pris un autre moyen de transport, nous rediscuterons. (Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le député. Je passe la parole à Mme Bolay - pour une intervention sur le point.
Mme Loly Bolay (S). Monsieur le président, j'interviens brièvement. Vous direz à M. Stauffer que le taux d'écoute à Léman Bleu est très restreint, parce que, même dans les EMS, ils font la sieste. (Rires.) Alors cela ne sert à rien qu'il s'époumone avec son discours à deux balles, car même ceux qui sont sains d'esprit commencent à en avoir ras le bol de l'entendre ! Voilà ! (Exclamations. Applaudissements.)
Le président. Merci, Madame la députée. La parole est à Mme Künzler.
Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Merci... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) Effectivement, Monsieur Stauffer, j'ai pu saisir l'occasion de fermer une route pour ces biotopes. C'est bien ! La plupart du temps, je dois faire passer ces grenouilles dessous, par exemple avec les crapauducs.
Pour en revenir à Eugène-Pittard, là, on est vraiment confronté à la réalité de la circulation en ville. Effectivement, il y a du transit. Mais les mêmes habitants, qui demeurent avenue Eugène-Pittard, aimeraient circuler et rentrer chez eux. Donc, ils ont dû se rendre à l'évidence: on ne peut pas empêcher les autres de passer devant chez soi et cependant y circuler soi-même ! Autrement, cela s'appelle une privatisation. (Remarque.) Le problème peut être résolu et amoindri en posant simplement de la modération de trafic, sinon on cause des bouchons supplémentaires. Alors, si vous voulez que je fasse des bouchons, je veux bien... En principe, je ne suis pas élue pour cela, mais on peut le faire en fermant cette route. Or, je ne pense pas que ce soit le voeu des citoyens. On va donc prendre une mesure qui améliore les choses pour eux, c'est-à-dire que l'on va modérer le trafic; la circulation continuera de s'écouler à Eugène-Pittard, parce qu'il y a des gens qui y habitent et aimeraient aussi y circuler.
Il faut vraiment que l'on prenne conscience maintenant que nous aussi sommes des pendulaires et que nous provoquons aussi du trafic de transit: nous sommes tous en transit pour les autres ! Il faut prendre conscience que nous sommes partie du problème ! Tant qu'on n'est pas à pied, à vélo ou en transports publics, on est susceptible de déranger d'autres personnes. Par conséquent, il faut utiliser sa voiture avec modération et intelligemment. Voilà ce qu'il faudra faire, sinon on s'achoppe à tous ces problèmes. Où que ce soit, dans les petits villages ou au centre-ville, il y a un trafic infernal; il faut donc que l'on arrive à modérer maintenant le trafic et à faire en sorte qu'il se déroule de manière beaucoup plus judicieuse. Comme je vous l'ai dit tout à l'heure, quand on a 550 000 passages à la frontière, plus une circulation infernale en ville, ce n'est simplement plus possible; les limites sont atteintes, tout le monde s'en rend compte. Et c'est maintenant qu'il appliquer d'autres solutions.
Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, nous nous prononçons sur le renvoi au Conseil d'Etat de son rapport P 1684-B.
Mis aux voix, le renvoi au Conseil d'Etat de son rapport sur la pétition 1684 est rejeté par 52 non contre 13 oui.
Le Grand Conseil prend acte du rapport du Conseil d'Etat sur la pétition 1684.