République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 23 septembre 2010 à 17h
57e législature - 1re année - 11e session - 56e séance
RD 845
Le président. Nous avons reçu une lettre de M. Pascal Pétroz nous informant de sa décision de démissionner de son mandat de député à l'issue de cette séance. Je prie M. Bertinat de bien vouloir nous lire ce courrier 2935.
Le président. Merci, Monsieur Bertinat. Il est pris acte de cette démission. Je salue à la tribune Mme et Mlle Pétroz.
Pascal Pétroz a siégé au Grand Conseil pendant près de neuf ans. Elu en 2001 sur la liste du parti démocrate-chrétien, il a été réélu en 2005 et en 2009. Au cours de son mandat, il a participé aux travaux des commissions suivantes: législative, contrôle de gestion et grâce. Il a aussi présidé la commission du logement en 2005 et la commission judiciaire et de la police en 2006.
Elu premier vice-président du Grand Conseil en 2002, il a présidé notre assemblée de novembre 2003 à novembre 2004 dans des conditions pas toujours évidentes, avec un Bureau réduit à quatre membres.
Au-delà de ses interventions sur ses sujets de prédilection comme le logement ou les questions judiciaires, l'activité parlementaire de Pascal Pétroz marquera durablement notre canton et notre parlement sur deux points: le premier est le projet de loi constitutionnelle 9666 qu'il a initié et qui a donné naissance à l'Assemblée constituante, laquelle, comme chacun le sait, travaille d'arrache-pied à la réforme de nos institutions. Le second est son rapport sur le projet de loi 9560, qui a permis à notre parlement d'organiser ses débats par catégories.
Outre ces deux importantes contributions à l'histoire politique de notre canton, Pascal Pétroz restera également dans les mémoires comme le seul député qui ait vraiment intégré les principes de la relativité et de la physique quantique dans son activité politique. D'une part parce qu'il a le don d'ubiquité et contredit ainsi le principe d'incertitude d'Heisenberg, car Pascal est si vibrionnant, si actif, qu'avec lui on arrive toujours à savoir à la fois où il est et à quelle vitesse il se déplace ! (Rires.) Et d'autre part parce qu'il est le seul d'entre nous qui ait si finement compris la relativité. Comme vous le savez tous depuis Einstein, l'énergie est équivalente à la masse multipliée par la vitesse de la lumière au carré. Par conséquent, l'espace et le temps peuvent se dilater ou se contracter en fonction de la vitesse.
Cela signifie en clair que celles et ceux qui ont pu avoir l'impression que notre ami Pascal arrivait parfois tard en séance avaient tort: s'il en était ainsi, ce n'était pas parce que Pascal était en retard, mais parce que notre Grand Conseil n'avançait pas assez vite ! (Rires.) Comme tous les grands esprits, Pascal Pétroz n'a pas toujours été compris. Mais le résultat est là: si aujourd'hui nous avançons plus vite dans notre ordre du jour, si notre temps de travail s'est dilaté et si l'énergie générale de notre Grand Conseil a augmenté, c'est grâce à lui. Cela mérite notre gratitude éternelle.
Nous le remercions donc du temps qu'il a consacré à la collectivité et lui souhaitons plein succès pour la suite de ses activités professionnelles et personnelles. Fidèles à la tradition, nous lui remettons un stylo souvenir. (Applaudissements. M. Pascal Pétroz va saluer le président, descendu du perchoir pour lui remettre le stylo souvenir.)
Mme Anne-Marie von Arx-Vernon (PDC). C'est un grand honneur que le groupe démocrate-chrétien me fait ce soir en me chargeant de faire notre hommage à Pascal Pétroz. Pour le parti de la famille, cher Pascal, tu as bien raison de démissionner au moment de donner la priorité à ta femme et à ta fille, quittant ainsi momentanément ton engagement d'élu, et nous te comprenons. Elu, tu as bien cru, en 1997, ne jamais l'être, arrivant dernier de la liste - j'étais avant-dernière. Et tu te souviendras que, devant ton découragement, je t'ai pris dans mes bras... (Exclamations.) - comme mon fils ! - en te disant: «Accroche-toi. Un jour, tu seras président du Grand Conseil.»
Pour le PDC, ce n'est jamais le bon moment quand un excellent collègue comme toi nous quitte. Or, mon cher Pascal, excellent, tu l'as été. Siégeant avec toi depuis 2001, je peux attester que tu as été parfaitement et totalement loyal au parti démocrate-chrétien et à ses valeurs, et tellement chaleureux, convivial, amical, mais aussi sérieux, voire grave, et créatif, pour imaginer des triples salto et des doubles lutz lorsque le thème politique l'exigeait. Un excellent chef de groupe tu as été, trop brièvement, mais toujours attentif pour nous écouter, reconnaître notre avis et respecter notre position lorsqu'elle était parfois différente de la tienne. Un excellent député tu as été: nous reconnaîtrons toujours chez toi une intelligence tellement vive, avec une belle capacité d'intervention percutante, sachant faire mouche sans jamais être irrespectueux de l'adversaire politique. Tu as également été un excellent président de notre parlement, toujours respectueux de la bonne tenue des travaux, désamorçant avec finesse et humour les tentatives de déstabilisation qui n'ont pas manqué. Tu as été respecté de tous.
Alors pour te dire au revoir au nom du groupe démocrate-chrétien, je te transmets tous nos voeux de joie et te souhaite beaucoup de bonheur en famille ! Sachant que tu es tellement jeune, nous espérons bien évidemment que cela ne soit qu'un au revoir. Et en mon nom personnel, comme à mon fils, je te dis: «Bonne chance, petit couillon d'amour !» (Exclamations. Rires. Applaudissements. Mme Anne-Marie von Arx-Vernon embrasse M. Pascal Pétroz et lui offre un bouquet de fleurs.)
M. Ivan Slatkine (L). Cher Pascal, je ne savais pas si ce soir je devais demander une suspension de séance dans l'attente de te voir arriver pour te dire ces quelques mots. Mais par chance, tu es là, en chair et en os, à l'heure; je vais donc pouvoir m'exprimer en ta présence.
C'est en 2001 que nous nous sommes connus lors de ta première élection au Grand Conseil. Benjamins de la politique, jeunes élus même pas trentenaires, nous avons rapidement appris à nous connaître et à partager non seulement d'âpres combats politiques, mais aussi de joyeux moments d'amitié dans et en dehors du Grand Conseil.
Au niveau politique, j'ai été particulièrement impressionné par ta foudroyante ascension au perchoir de notre Grand Conseil, devenant, si je ne fais erreur, le plus jeune président de l'histoire de notre république. Alors que, de mon côté, je faisais encore l'apprentissage de la vie parlementaire, tu étais devenu en quelques mois le premier citoyen de notre canton, devant non seulement gérer des dossiers politiques d'importance mais, au surplus et comme l'a dit notre président, devant composer avec un Bureau à moitié plein - ou à moitié vide, suivant comment on voit la chose - suite au boycott opéré par les partis de l'Alternative. (Remarque.) Ce passage t'a certainement permis d'acquérir cette maturité politique, sur certains sujets, s'entend, que de nombreux parlementaires t'envient encore. Tu as su imposer ta personnalité, tes idées et, au fil de ces neuf années passées au parlement, tu as été un député respecté de toutes et de tous.
Orateur de qualité, défenseur - il faut le relever - de valeurs libérales au sens noble du terme, tu as toujours été fidèle à tes idées et tu as permis à nous, libéraux, de pouvoir compter sur un fidèle allié.
Après neuf années de vie parlementaire, tu fais le choix de te consacrer pleinement à ta famille et au développement de ton étude d'avocat. J'imagine que ton épouse, ta fille et même ton chien... (Rires.) ...doivent être comblés par cette sage décision, tout comme tes associés, d'ailleurs. Sage décision pour certains, donc, mais triste pour d'autres, nous tes collègues et amis du Grand Conseil.
Cher Pascal, au nom du groupe libéral, permets-moi de te remercier de ton engagement et de te souhaiter plein de succès dans tes autres vies. Et comme nous l'avons tous compris, ceci n'est pas un adieu, mais un simple au revoir !
Des voix. Bravo ! (Applaudissements. M. Pascal Pétroz donne l'accolade à M. Ivan Slatkine.)
M. Jacques Jeannerat (R). Mesdames et Messieurs les députés... (La voix de l'orateur est inaudible. Commentaires.)
Le président. Vous avez de nouveau changé de place !
M. Pierre Weiss. Laisse-moi ta place; je te prête mon micro !
M. Jacques Jeannerat. Je recommence.
Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, la messe est dite ! Le député démocrate-chrétien Pascal Pétroz quitte le Grand Conseil. J'aimerais souligner, comme certains l'ont déjà fait, la brillante présidence de Pascal Pétroz lors de son premier mandat dans ce parlement. Il a su mener les débats avec doigté et fermeté. Dans le débat politique, tant en séance plénière qu'en commission, Pascal, tu as toujours su marier le sens du compromis et l'expression affirmée de tes convictions politiques. Parlementaire loyal mais ferme, convaincant et combatif comme à la pointe de l'attaque de l'équipe de football du Grand Conseil... (Rires.) Alors il démissionne du Grand Conseil, mais j'ai son engagement pour poursuivre sa carrière comme joueur dans l'équipe de football du Grand Conseil. Avis à tous, d'ailleurs, vous pourrez le voir évoluer samedi à 18h30 à Veyrier.
Une voix. Bravo !
M. Jacques Jeannerat. Difficile de rendre hommage à Pascal Pétroz sans bien sûr parler de son arme fatale - je n'ai pas la même théorie que vous, Monsieur le président - le sens aigu de l'arrivée tardive. En effet, il fait partie de ces êtres humains qui sont nés trois quarts d'heure en retard. Et au fond, tout le reste de sa vie, il aura toujours trois quarts d'heure de retard. Même s'il règle sa montre ou qu'il en change, il aura éternellement trois quarts d'heure de retard. Qui n'a pas vécu les arrivées de Pascal Pétroz à 17h45 en commission ? (Remarque.) Je me souviens qu'il avait fait un remplacement, à un moment, à la commission des droits politiques; on avait parlé des conseils d'administration des grandes régies. Le débat et les votes étaient toujours très serrés, et pour être sûr d'avoir le bon résultat dans les votes, on faisait durer les questions et les auditions jusqu'à l'arrivée de Pascal Pétroz.
Même dans l'équipe de football du Grand Conseil, il lui arrivait de venir souvent à la dernière minute, et parfois après le début du match. Son record, c'était au tournoi des élus du Grand Conseil à Nyon il y a quelques semaines, puisque nous avons joué six matchs et qu'il est arrivé juste à la fin du cinquième match ! (Rires.) On ne lui en veut pas; puisqu'il est né trois quarts d'heure trop tard, il n'y peut rien !
Cher Pascal, merci pour tout ce que tu nous as apporté, merci pour ton amitié ! (Applaudissements. M. Pascal Pétroz donne l'accolade à M. Jacques Jeannerat.)
Mme Morgane Gauthier (Ve). Mesdames et Messieurs, cher Pascal, il est des personnalités que l'on n'a pas toujours la chance de rencontrer en dehors de cette enceinte, et c'est ce que nous estimons aujourd'hui: nous ne nous serions sûrement jamais rencontrés dans la magistrature, ni dans l'avocature, ni dans le milieu des affaires, mais c'est au Grand Conseil que nous avons eu la chance, nous les Verts, de te rencontrer, cher Pascal. Tu fais partie des personnalités atypiques de ce Grand Conseil, franc-tireur, libre penseur, parfois libertaire, ce que nous avons tantôt apprécié, mais qui a tantôt aussi joué contre nous, ce qui est arrivé plusieurs fois.
Tu as été le plus jeune président du Grand Conseil; le plus jeune, oui, parce qu'Antonio avait échoué. C'était cette législature-là. Mais ce que nous retenons, nous, c'est que bien que le Bureau ne fût pas représenté par les membres de l'Alternative, tu as malgré tout essayé d'écouter la minorité lorsque tu as pris des décisions dans le Bureau du Grand Conseil, ce que nous avons beaucoup apprécié. Nous nous souvenons également des débats homériques que tu as dû présider. Tu as par exemple présidé d'une main de maître près de trente heures de débat sur le budget, si je ne me trompe, cher Pascal ! Nous avons fini à point d'heure le vendredi soir et recommencé les débats à 8h le samedi matin. Tu étais là, en pleine forme, et pas en retard, Mesdames et Messieurs, si je m'en souviens bien !
Je voulais dire encore que, en relisant le discours de présidence que tu avais prononcé lors de ton ascension au perchoir, j'ai vu que tu avais parlé de respect, en faisant référence à M. Castella qui lançait sa campagne au niveau du canton. Cette campagne, nous nous en souvenons tous, est encore présente. Tu es aussi là - encore là - avec nous, et tu resteras: bien souvent, on pensera beaucoup à toi à l'avenir.
Malgré l'issue défavorable que nous avons vécue lors de ta présidence, parce que nous avons perdu passablement de votes sous cette présidence, nous gardons un très bon souvenir de ton respect de la minorité, de l'écoute dont tu as fait preuve. Nous te souhaitons plein succès pour la suite et nous réjouissons de te croiser à la buvette, au Bourg-de-Four, ou par là dans la Vieille-Ville. Félicitations ! (Applaudissements. M. Pascal Pétroz embrasse Mme Morgane Gauthier.)
Mme Loly Bolay (S). Cher Pascal, au nom du groupe socialiste, je tiens à te dire, comme tous les autres, que, c'est vrai, tu as été un excellent président, dynamique et jovial; tu le sais, tu es une personne très attachante. Mais on avait remarqué depuis quelque temps ta position un peu dilettante. On a compris que tu es un homme heureux; tu le dis, tu as envie de t'occuper de ta famille. C'est assez rare qu'un homme nous dise cela ici pour le relever, et l'on tient à te féliciter de ce choix. C'est un choix magnifique. Bravo, Pascal !
Parce que l'on parle beaucoup des retards de Pascal, j'aimerais dire ceci. Je me souviens des fameux retards de Pascal à la commission législative. Dans cette commission, on avait mis une procédure en place selon laquelle celui ou celle - mais c'était «celui» - qui arrivait en retard devait payer 20 francs. Alors, bien entendu, Pascal arrivait déjà avec les 20 francs dans la main pour les déposer. Eh bien, grâce à toi, Pascal, nous nous sommes tapé plusieurs fois la cloche ! Cela va nous manquer dans cette commission législative, c'est vrai !
Alors, Pascal, tu nous as dit: «Ce n'est qu'un au revoir.» Je l'espère. Et j'espère te retrouver à la buvette pour boire un verre ! (Applaudissements. M. Pascal Pétroz embrasse Mme Loly Bolay.)
M. Antoine Bertschy (UDC). Lorsque nous avons évoqué l'hommage à Pascal Pétroz, quelques esprits chagrins au sein de l'UDC ont dit: «Oh, mais le PDC est toujours contre nous, on n'a pas de raison de faire d'hommage à un élu PDC.» Donc je ne le ferai pas à l'élu PDC; je le ferai au collègue et au coéquipier.
Au collègue, tout d'abord. Nous avons peu siégé ensemble. Donc pour moi, tu n'as jamais été en retard ! (Rires.) Par contre, nous nous sommes fréquemment vus à la buvette, mais pour discuter de choses sérieuses. Et nous parlions tellement que nous nous sommes fait épingler par le GHI, à cause du fait que nous ne pesions pas assez sur les boutons et que nous étions trop souvent en train de discuter de politique. Mais où se fait la politique dans ce Grand Conseil ? C'est peut-être nous qui faisions la politique, et pas ceux qui appuyaient sur les boutons ! (Exclamations.)
La deuxième facette, c'est le coéquipier. Alors là, je dois dire que j'ai rarement pu jouer avec quelqu'un avec lequel on s'entendait si bien. Je me rappellerai pendant longtemps les treize buts que nous avons marqués durant le tournoi des élus il y a dix-huit mois.
Merci pour tout, Pascal, et reviens-nous très vite. (Applaudissements. M. Pascal Pétroz donne l'accolade à M. Antoine Bertschy.)
Le président. Merci, Monsieur le député. Nous passons au point 5c de notre ordre du jour.