République et canton de Genève

Grand Conseil

P 1727-A
Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition sur la sécurité dans et autour des hôtels de la place de la gare et des Pâquis
Rapport de M. Pascal Spuhler (MCG)
P 1733-A
Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition : En application de l'article 11 de la constitution de la République et canton de Genève
Rapport de M. Pascal Spuhler (MCG)

Débat

M. Pascal Spuhler (MCG), rapporteur. Mesdames et Messieurs les députés, j'aimerais relever l'importance de ces deux pétitions, essentiellement la P 1727 que nous avons traitée avec une grande rapidité à la commission des pétitions; tous les commissaires étaient unanimes sur ces deux pétitions, dans l'urgence et dans les résultats du rapport. Je tiens à souligner l'importance de la P 1727 par rapport à la P 1379 que nous avons traitée en plénière la session précédente et pour laquelle nous avons reçu un rapport du Conseil d'Etat huit ans après son dépôt. Comme la pétition qui nous occupe est sensiblement la même, puisqu'elle soulève les mêmes problèmes, j'aimerais justement demander au Conseil d'Etat de pouvoir y répondre dans des délais un peu plus brefs.

M. Eric Stauffer (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, les pétitions sur la sécurité ou l'insécurité, c'est de manière récurrente qu'elles arrivent ici, et les doléances de nos concitoyens également. Il existe une autre constante dans cette équation de la sécurité, c'est l'inaction ou l'incapacité du gouvernement à répondre de manière satisfaisante aux problèmes d'insécurité à Genève. Aujourd'hui, on le sait, il y a évidemment l'opération Figaro, à grand renfort de publicité, mais on sait aussi que, lorsque dans un tuyau on met la pression d'un côté, ça a tendance à sauter de l'autre. Et l'autre côté, en l'occurrence, c'est la prison de Champ-Dollon, dont on sait qu'elle est pleine; on a du reste battu un record la semaine dernière, à 611 détenus. Par conséquent, l'opération Figaro est déjà morte presque en même temps qu'elle a commencé, puisque si l'on devait arrêter aujourd'hui tous les délinquants à Genève pour trafic de drogue et j'en passe et des meilleures, eh bien, on ne saurait plus où les mettre, tout simplement. En Suisse romande la situation n'est pas beaucoup plus reluisante, ce qui fait que l'on n'a plus de place.

Aujourd'hui on paie en réalité l'inaction et le manque de vision du gouvernement en matière de sécurité. Toutefois, on ne peut que l'encourager à prendre ses responsabilités, raison pour laquelle nous voterons évidemment le renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat, en espérant que, outre ce que nous allons voter un peu plus tard dans la journée, c'est-à-dire les containers à Champ-Dollon, ces containers qui vont mettre plus d'une année à être construits et qui ne répondent en tout cas pas à la problématique actuelle, puisque c'est aujourd'hui que nous avons besoin de places de détention, et pas dans une année...

Une voix. Ce ne sont pas des containers !

M. Eric Stauffer. Pardon ?

Le président. Veuillez poursuivre, Monsieur le député !

M. Eric Stauffer. Il y a des députés qui ont un peu mal à la gorge, mais c'est pas grave ! Vous savez, Monsieur le député, il y a des cachous, ça vous évitera de racler comme ça ! Donc voilà, la solution et ce que va nous proposer le Conseil d'Etat n'est de loin pas satisfaisant ni suffisant, et il appartiendra à ce parlement de prendre des dispositions pour inviter voire contraindre le Conseil d'Etat à vraiment appliquer les mesures nécessaires pour rendre cette ville et ce canton aux citoyens, afin que l'on puisse à nouveau se promener dans nos rues sans avoir peur de se faire agresser, voler son sac ou que nos enfants tombent sur des dealers à chaque coin de rue, comme c'est quasiment le cas aujourd'hui.

M. Christian Bavarel (Ve). J'aimerais simplement réaffirmer que la vision de la sécurité des Verts n'est pas tout à fait celle que vous prônez. La vision des Verts aurait été de garder une police de proximité, de garder des êtres humains, des policiers dans la rue. Non pas des gens qui patrouillent avec une voiture ou qui interviennent de manière brutale, mais néanmoins une présence quotidienne, réelle et visible.

Deuxièmement, je vous rappelle qu'à certains endroits il y avait des gens qu'on appelait des concierges. (Remarque.) Si si, je vous promets, quand j'étais enfant, on connaissait encore ce type de profession. C'étaient des gens qui vivaient dans un immeuble et qui, souvent, possédaient un gros chien fort sympathique... Et il ne vous venait pas à l'idée d'aller bousculer le concierge ! En plus, il se trouvait qu'il avait son gros chien et qu'il se promenait avec.

Aujourd'hui, nous avons remplacé ces personnes par des entreprises de nettoyage - pour des raisons d'efficience et d'économies bien évidemment - puis, ensuite, par des entreprises de sécurité, parce que, mon brave monsieur, vous ne vous rendez pas compte: les temps changent ! Je pense simplement que si l'on avait gardé des concierges et une police de proximité, on ne serait peut-être pas là où nous en sommes. Champ-Dollon serait vide, parce que les gens ne pourraient pas commettre de délit ! Et si l'on avait conservé des places conviviales, si la rue n'était pas devenue une route, si l'on avait pu garder au milieu de nos rues une vie avec des commerces de proximité, avec des gens présents la journée, avec une mixité sociale, la situation ne serait pas celle que l'on connaît ! C'est d'ailleurs aussi pour ça que les Verts militent pour des écoquartiers.

Une voix. Bravo !

Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Je pense qu'il est important de souligner que le Conseil d'Etat n'est pas resté sans rien faire: l'opération Figaro, vous l'avez citée, a été lancée. Le bilan après un mois est quand même satisfaisant: il y a une réelle baisse, sans qu'il y ait une augmentation que l'on aurait pu craindre dans d'autres quartiers. Voilà les premières conclusions après un mois; évidemment, ce n'est pas encore une statistique que l'on peut produire facilement, mais il y a des premiers résultats, et cette opération devrait continuer jusqu'en décembre en tout cas. Ainsi, cette opération de police visible dans les quartiers qui sont justement ciblés par cette pétition est en cours.

L'autre action, c'est aussi peut-être d'intégrer la police ferroviaire dans le secteur de Cornavin. Et le troisième point - mais cela, c'est au niveau du plan financier quadriennal - consiste à intégrer beaucoup plus de policiers: il y a la possibilité, si l'on trouve les candidats - et j'espère bien qu'on les trouvera - d'engager trente ou quarante policiers supplémentaires par année, et ça, c'est vraiment quelque chose d'important. C'est une mesure que vous devrez aussi voter au moment du budget, parce qu'elle a des conséquences financières importantes, mais nous pensons qu'il est nécessaire d'engager maintenant davantage de policiers, sans parler aussi de l'agrandissement de la prison, mais cela c'est l'autre volet. La sécurité visible, les polices de proximité, tous ces éléments doivent être maintenant garantis, c'est pourquoi nous acceptons bien volontiers que vous nous renvoyiez cette pétition.

Mises aux voix, les conclusions de la commission des pétitions (renvoi de la pétition 1727 au Conseil d'Etat) sont adoptées par 48 oui et 1 abstention.

Mises aux voix, les conclusions de la commission des pétitions (renvoi de la pétition 1733 au Conseil d'Etat) sont adoptées par 46 oui contre 1 non et 1 abstention.