République et canton de Genève

Grand Conseil

M 1906
Proposition de motion de Mme et MM. Jacques Jeannerat, Ernest Greiner, Charles Selleger, Frédéric Hohl, Jacques Follonier, Patricia Läser, Gabriel Barrillier demandant la mise en place de véritables programmes «Sport-Etudes»

Débat

M. Jacques Jeannerat (R). Mesdames et Messieurs les députés, on vient de le voir, la politique en matière de sport se doit d'évoluer dans notre canton. S'il est vrai que, au niveau cantonal, les installations dont nous sommes au bénéfice sont satisfaisantes - à ce sujet, M. le maire de Bernex a signalé les excellents investissements des communes - et que nous sommes très bien équipés, en revanche, les conditions pour les jeunes sportifs de compétition, qu'ils pratiquent leur sport de façon individuelle ou en équipe, ne sont pas optimales. C'est même une faiblesse. C'est une faiblesse parce que ces conditions ne permettent pas d'utiliser pleinement le sport comme vecteur social et éducatif, et parce qu'il est difficile d'assurer le développement des jeunes sportifs en âge scolaire.

Le but de cette proposition de motion est de créer un nombre suffisant de classes pour les jeunes qui ont besoin de disponibilité pour pratiquer leur sport en compétition. Il s'agit de demander au DIP d'organiser des règles de fonctionnement standardisées, parce que l'on est actuellement plus proche du bricolage que d'une véritable volonté. Au niveau du cycle d'orientation, il y a une classe de football dans deux cycles. Dans un troisième, celui de Pinchat, le directeur a convenu d'un arrangement avec Etoile Carouge par bonne volonté, mais sans règles bien précises. Au postobligatoire, la structure «Sport-Etudes» existe, mais très modestement, avec une seule classe au Collège et Ecole de commerce Nicolas-Bouvier et une seule classe à l'ECG Henry-Dunant. Ainsi, les jeunes entre 12 et 17 ans qui pratiquent un sport de compétition doivent actuellement jongler avec les horaires journaliers sur les plans scolaire, sportif et familial. Ailleurs en Suisse, certains ont déjà tracé la voie. C'est le cas à Lausanne, dans le canton du Valais et à Zurich, où des structures ont été mises en place.

Par cette motion, nous demandons d'une part de faire une synthèse des études déjà réalisées, car un certain nombre d'études ont déjà été effectuées. M. Beer y a fait référence tout à l'heure. Il s'agit ensuite de compléter ces études déjà réalisées. Puis il s'agit d'intervenir de sorte que les horaires soient aménagés pour ces sportifs, de façon qu'ils cessent de jongler avec leurs horaires à longueur de semaine. Il s'agit par la suite d'étudier la faisabilité de créer une école qui regroupe, de la cinquième primaire jusqu'à la neuvième du cycle, des jeunes qui se vouent au sport de compétition. Enfin, il s'agit de mettre en place une politique d'information et de communication par rapport à ce concept de «Sport-Etudes». Si vous naviguez sur le site du DIP, après vingt-cinq clics, vous trouverez où l'on parle de ce concept. Mais on voit bien que, au niveau de l'information, il y a vraiment du pain sur la planche.

Donc le groupe radical vous invite à soutenir cette motion et à la renvoyer directement au Conseil d'Etat. Je précise que je sais que le Conseil d'Etat est en train de travailler sur ce concept. Cette motion a pour but d'aller un peu plus vite et concrètement dans cette notion de «Sport-Etudes».

M. Serge Dal Busco (PDC). Le groupe démocrate-chrétien soutiendra pleinement cette motion et donc son renvoi direct au Conseil d'Etat. C'est une motion extrêmement bien documentée et elle a très bien été commentée par M. Jeannerat. Je n'ai pas grand-chose à ajouter, si ce n'est peut-être un témoignage un peu personnel, puisque je fais partie de ces quelques parents dont les enfants, par goût, par envie de compétition, se retrouvent en position de devoir faire des choix à un moment du développement de leur sport. Ces choix de la part de l'enfant et des parents sont douloureux et cruels car, s'agissant en particulier de sports que l'on qualifie de mineurs - en tout cas de sports dont on ne peut guère espérer pouvoir vivre en faisant une carrière au plus haut niveau - se présentent rapidement à ces jeunes et ces parents le défi et surtout le dilemme cornélien de savoir ce que l'on fait. Va-t-on privilégier le sport, l'entraînement, l'encadrement ? Peut-être va-t-on envoyer son enfant ailleurs, en dehors du canton, où des structures existent. Ce sont souvent des déchirements extrêmement difficiles à supporter.

Donc cela concerne peut-être une minorité, en tout cas un nombre restreint de jeunes et de familles, mais c'est extrêmement important. De toute évidence, Genève est en retard sur ces questions au niveau cantonal en comparaison de cantons comme Zurich ou le Valais, dont les structures sont plus appropriées. Par conséquent, on doit absolument s'en préoccuper. Je suis heureux d'avoir entendu le conseiller d'Etat Charles Beer dire que le Conseil d'Etat étudie ces questions et veut progresser dans ce domaine.

Nous allons évidemment soutenir sans réserve cette motion, même si, encore une fois, elle concerne peut-être ce que certains estiment être une élite, mais une élite en devenir, une élite qui nous fait certainement à tous plaisir lorsqu'elle atteint des sommets sportifs.

M. Serge Hiltpold (L). Mesdames et Messieurs les députés, voici en quelque sorte la suite de mon intervention. J'aimerais aussi faire quelques commentaires sur l'état du sport en général.

Je crois que les structures dont on dispose maintenant, des structures naissantes et existantes, par rapport au nombre de licenciés et aux performances que l'on peut constater dans le sport suisse, sont relativement bonnes. Cependant, il est nécessaire de compléter tout cela avec l'étude et la formation - cela va un peu dans la suite du débat de tout à l'heure. En effet, le grand problème d'un sportif, une fois sa carrière sportive terminée, est la reconversion. Or une reconversion mal organisée ou une formation incomplète mène souvent à des drames humains, d'alcool, de débauche.

Je pense par ailleurs que la formation est liée au mental. Le mental est aussi une force nécessaire en sport, parce qu'une performance sportive est effectivement basée sur l'entraînement, sur le physique, mais aussi en grande partie sur la force mentale et la capacité à repousser les limites, ce qui nécessite d'avoir le goût de l'effort. Les libéraux admettent ces leçons et les soutiennent.

Ce que les libéraux soutiennent encore plus est, après la carrière sportive, de s'investir dans les clubs, pour les jeunes, dans les associations. Parce que sans bénévolat, il faut dire que le «Sport-Etudes» est mort. Le «Sport-Etudes» fonctionne aussi avec les gens qui ont mené une carrière sportive ou qui aiment simplement le sport, et qui donnent du temps aux jeunes et en consacrent aussi à la formation et à l'épanouissement de ceux-ci.

Pour tous ces motifs, les libéraux vous recommandent de renvoyer cette motion au Conseil d'Etat.

M. Jean-Louis Fazio (S). Mesdames et Messieurs les députés, les socialistes soutiendront le renvoi de cette motion à la commission de l'enseignement. En effet, il faut soutenir et encourager les jeunes gens qui souhaitent pratiquer la compétition sportive tout en continuant leurs études ou leur apprentissage. Les sections «Sport-Etudes» doivent assurer la base de travail de formation, mais ce travail pourrait être poursuivi au sein de pôles plus spécialisés, notamment en collaboration avec des clubs sportifs. Il faut également faciliter l'accès aux plateaux d'entraînement et aux équipements par des libérations d'horaire. Par contre, il ne faut plus que ces classes soient réservées uniquement à une élite: elles doivent être ouvertes à tous les jeunes qui souhaitent suivre une telle filière, sans qu'ils en soient exclus faute de places.

D'ailleurs, le renvoi de ce texte en commission permettra au chef du département, M. Charles Beer, de présenter sa future politique en la matière - un rapport de l'IDHEAP arrive du reste à bout touchant.

Toutefois - nous tenons à le souligner et nous le redirons à la commission de l'enseignement - ce n'est pas l'instauration des classes «Sport-Etudes» qui permettra «à des jeunes en difficultés, scolaires ou sociales, de trouver, au travers d'une pratique sportive soutenue, le sens de l'effort», comme l'écrivent les motionnaires dans la deuxième invite. Pour les socialistes, il est important et nécessaire pour ces jeunes en difficulté de déjà commencer par augmenter le soutien scolaire et social à l'école en y injectant des moyens humains et financiers adéquats.

De ce fait, comme pour votre motion «Sport-Etudes», il faudra voter les budgets correspondants. Sinon, nous obtiendrons une filière au rabais. Nous aurons l'occasion d'en débattre à la commission de l'enseignement, à laquelle je vous invite à renvoyer cette proposition de motion. (Applaudissements.)

M. Christo Ivanov (UDC). Mesdames et Messieurs les députés, le sport joue un rôle essentiel dans notre société, tant sur les plans social, éducatif et économique que sur le plan de la santé. Le but de cette motion est de pallier l'absence d'une politique cohérente en matière de «Sport-Etudes» et de concilier le sport et les études à Genève. L'UDC s'est toujours engagée pour une éducation sportive dans les écoles et des programmes de formation qui encouragent les sportifs talentueux.

A Genève, le sport est le parent pauvre. Il est relégué loin derrière la culture et l'aide aux nombreuses et diverses associations. Preuve en est que le Stade de Genève sera peut-être sauvé du fiasco financier par l'équipe de football Evian-Thonon-Gaillard qui, en cas de promotion en deuxième division française, pourrait jouer à la Praille dès l'automne 2010. La Praille sauvée par les frontaliers, tout un symbole, alors que le Servette FC fête cette année ses 120 ans !

En ce qui concerne les invites de cette motion, il me semble y avoir des approximations et des points à améliorer. En effet, la quatrième invite dit ceci - je cite: «à étudier la faisabilité de créer une école, regroupant les niveaux de la 5e primaire à la 9e du cycle...» Or il y a mélange des genres puisque, aujourd'hui, rien n'est fait dans le primaire et qu'il n'y a qu'un début de filière «Sport-Etudes» au niveau des cycles d'orientation. Les structures pour le «Sport-Etudes» se situent ainsi dans trois cycles d'orientation, au collège, à l'école de culture générale et à l'école de commerce. Il n'y a donc rien au niveau de l'école primaire et rien au niveau de l'apprentissage pour le «Sport-Etudes» dans notre canton.

Le groupe UDC soutiendra cette motion mais désire apporter des compléments afin d'améliorer la consistance d'un sujet qui lui tient particulièrement à coeur. Et comme le dit Adolf Ogi, le sport est un apprentissage de la vie. C'est pourquoi le groupe UDC demande le renvoi de cette motion à la commission de l'enseignement.

M. Christian Bavarel (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, vous connaissez le regard critique des Verts sur le sport d'élite, sur le sport-spectacle. Néanmoins, nous reconnaissons très volontiers qu'un jeune qui veut se lancer aujourd'hui dans une carrière sportive - mais j'élargirai même à une carrière artistique, musicale ou autre - ne trouve pas un cursus scolaire adapté. Cela pose effectivement quelques problèmes aux gens qui pratiquent un sport de manière intensive. Nous reconnaissons des vertus au sport, non pas seulement de spectacle, mais effectivement en ce qu'il structure l'individu, revêt des qualités morales et développe des compétences d'organisation et de groupe. Ces vertus s'acquièrent par les jeunes qui pratiquent ces sports et elles leur serviront tout au long de leur existence. Aujourd'hui, nous aimerions aussi dire que l'un des débouchés du sport, pour les gens qui le pratiquent de manière intensive, peut être l'enseignement. Devenir entraîneur, participer à des activités d'encadrement de jeunes sportifs est aussi un débouché que nous entendons privilégier.

Nous soutiendrons cette motion parce que nous pensons qu'il faut vraiment avoir une réflexion autour de ces enfants et de ces jeunes qui pratiquent des sports de manière intensive et qui développent des compétences qui vont leur être utiles dans l'ensemble de leur carrière et de leur vie. Ce sont des compétences sociales et humaines. Nous entendons dire que, par le sport, par l'école ou par d'autres moyens, on peut les acquérir. Néanmoins, c'est l'un des biais. Cette possibilité doit être offerte à nos jeunes et nous pensons réellement qu'il vaut la peine d'étudier cette motion.

M. Jean-François Girardet (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, le MCG soutiendra le renvoi de cette motion au Conseil d'Etat. En effet, le sport est un facteur d'intégration, on l'a dit tout à l'heure, pour des jeunes en rupture, pour des jeunes étrangers, mais également pour des jeunes qui voudraient s'investir, pendant ou à côté de leurs études, dans le sport. Or cette motion pourrait contribuer à leur offrir encore davantage de possibilités. Le sport est aussi un lien au sein de la société civile et des communes, qui font un énorme effort pour offrir ces possibilités de sport dans les clubs, avec l'aide des volontaires qui s'engagent. Il est vrai que le sport est aussi un gros facteur d'éducation. Mais l'éducation est une mission du département de l'instruction publique - et du sport. Et puisque ce département a voulu s'élargir à la dimension du sport, nous saluons cette motion qui ira dans le sens d'une meilleure utilisation des moyens de la république pour offrir une possibilité supplémentaire à des jeunes sportifs.

C'est vrai que cette motion permettra aussi au Conseil d'Etat de faire le point et la synthèse sur les études qui sont actuellement en cours. L'école est complètement en chantier, aussi bien dans le primaire, avec les nouveaux horaires qui vont arriver, qu'au cycle d'orientation, puisqu'un nouveau règlement est actuellement en consultation et qu'il sera effectif dès la rentrée 2011. Il est donc opportun de lier toutes ces demandes d'études et que le Conseil d'Etat en fasse un rapport au Grand Conseil pour nous informer sur l'avancement de ces chantiers.

De plus, nous souhaitons que dans cette étude soit intégrée aussi l'ouverture à l'art, parce que nous croyons qu'une filière artistique pourrait aussi être renforcée. En effet, tout le monde ne va pas s'engager dans le sport, mais il y en a aussi qui choisissent une filière plutôt artistique. De ce côté-là, nous saluons également l'initiative du Conseil d'Etat, qui va dans le sens d'un développement de la culture. Pour toutes ces raisons, le MCG vous encourage à voter favorablement cette motion et à la renvoyer au Conseil d'Etat.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. Aubert, à qui il reste une minute et vingt secondes.

M. Claude Aubert (L). Monsieur le président, Mesdames les députées et Messieurs les députés, vous savez que les libéraux plaident pour une voie rapide au cycle d'orientation et au collège pour obtenir la maturité à 18 ans, nous le répétons souvent. Par conséquent, nous sommes absolument d'accord de soutenir les sportifs. Mais nous devons aussi soutenir celles et ceux pour qui l'étude est un sport et non pas une contrainte, un plaisir et non pas une servitude.

Une voix. Bravo !

M. Jean Romain (R). Mesdames et Messieurs les députés, l'école sait très bien ce qu'il faut faire pour former l'intelligence de nos jeunes. Elle est relativement désarmée lorsqu'il s'agit de former leur volonté. (Remarque.) Non, je vous expliquerai le sens de cela plus tard. Mais ce qui me semble intéressant c'est que, en définitive, la plupart des jeunes ont suffisamment d'intelligence mais qu'il leur manque souvent de la volonté. Voilà ce que nous remarquons. Peu nombreux sont en fait les cours qui leur apprennent à former cette volonté. Or il nous semble que ce serait le sport - comme d'autres disciplines, mais on entend dire des rangs socialistes qu'il faut soutenir les jeunes par des moyens adaptés - il nous semble que ce sont ces moyens-là qui seront adaptés, en tout cas le mieux possible.

Nous réclamons une cohérence avec ce qui a été voté tout à l'heure, puisque l'objet précédent entre d'une certaine manière assez bien dans la réflexion dont M. Charles Beer nous a parlé, et que ce serait pour nous une perte de temps de renvoyer en commission ce qui peut s'inscrire assez harmonieusement dans cette réflexion. C'est pourquoi le groupe radical vous demande de renvoyer cette motion au Conseil d'Etat.

Une voix. Bravo !

Le président. Merci, Monsieur le député. La dernière intervention sera de M. Lussi, avant M. Beer.

M. Patrick Lussi (UDC). Mesdames et Messieurs les députés, nous entrons dans un sujet dont nous avons débattu il y a quelques vingtaines de minutes: les petits nombres. En effet, si l'on regarde bien l'invite, on parle des sportifs d'élite. Etre sportif d'élite - je suis désolé pour la gauche - il est vrai, génétiquement, n'est pas donné à tout le monde. Et pourquoi, pour une petite partie, une élite - au même titre que vous voulez réserver des places d'apprentissage aux sans-papiers - ne pourrait-on pas faire quelque chose de plus pour ceux qui ont les capacités ? Il est vrai que la nature n'est pas généreuse, n'est pas équitable dans ce domaine.

C'est la raison pour laquelle le groupe UDC pense qu'il est absolument nécessaire, pour ceux dont les résultats sportifs sanctionnent un bel effort... (Remarque.) ...de les favoriser aussi, ne serait-ce que pour respecter l'esprit de Pierre de Coubertin - il semble que ce devrait être appliqué chez beaucoup de gens ici: un esprit sain dans un corps sain. L'esprit est souvent sain, mais il me semble que le corps laisse à désirer. En conclusion, nous soutiendrons le renvoi de cette motion à la commission de l'enseignement.

M. Charles Beer, conseiller d'Etat. Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, si vous me le permettez, j'aimerais d'abord insister sur le bien-fondé de cette motion. Je trouve qu'elle est importante parce qu'elle illustre l'un des pans de la politique du sport de la part de l'Etat et que cette politique du sport, en ce qui concerne le «Sport-Etudes», doit trouver aujourd'hui une assise qu'elle n'a incontestablement pas. J'aimerais en effet relever que, s'il existe des classes au cycle d'orientation et des aménagements dans certains établissements de l'enseignement postobligatoire, il est frappant de constater à la fois que nombre des jeunes talents reconnus par les cartes de jeunes talents olympiques n'acceptent pas ces dispositifs «Sport-Etudes» et que, à l'inverse, bien des élèves qui figurent dans ces regroupements ne sont pas reconnus comme des «talents olympiques futurs» - entre guillemets - par la politique suisse au niveau sportif.

C'est ce que nous apprend très clairement un rapport, celui de l'IDHEAP, qu'a demandé le Conseil d'Etat, particulièrement le département des constructions et des technologies de l'information ainsi que le département de l'instruction publique, et désormais de la culture et du sport. Car lorsque nous avons commandé ladite étude de l'IDHEAP, le DCTI était encore en charge du sport. Etant donné l'interaction avec le DIP, cependant, il était évidemment nécessaire de travailler de concert. Nous disposons aujourd'hui d'un tel rapport et nous nous apprêtons à développer un projet pour la rentrée 2011.

Mesdames et Messieurs les députés, je dirai alors que de deux choses l'une. Soit vous considérez - j'allais dire avec moi - avec le Conseil d'Etat qu'il est aujourd'hui urgent de répondre à tout un certain nombre de demandes dans ce sens. Dans ce cas, renvoyez la motion au Conseil d'Etat de manière que nous puissions y répondre et chiffrer le dispositif, non pas parce que nous ne sommes pas au courant de ce que serait un tel projet, tel qu'il est conçu notamment par le rapport IDHEAP... (Brouhaha.)

Une voix. Je vous en prie !

M. Charles Beer. Non, je laisse les bruits de buvette pour le moment s'évaporer avant de reprendre la partie plus sportive, si vous me le permettez. Je poursuis. J'aimerais dire que nous voulons aujourd'hui chiffrer le dispositif, notamment au niveau budgétaire. Et pour le chiffrer au niveau budgétaire, si nous entrons dans un long travail de commission, il faudra plutôt penser aux années 2012 et suivantes. Donc là-dessus, il faut faire un certain nombre de choix. Soit la commission étudie l'affaire - elle peut le faire très rapidement - soit elle l'étudie comme d'autres sujets, cela prendra du temps. Mais c'est à vous de répondre à cette question, puisque vous êtes les initiants de cette démarche parlementaire par cette motion.

J'aimerais enfin dire que nous devons également concevoir le même type de dispositifs à terme pour la culture et pour l'enseignement des arts et de la musique en particulier, parce qu'il est aussi important que des dispositifs nous permettent de mettre en avant les jeunes talents aux niveaux artistique et musical. Et cela commence, contrairement au sport peut-être et à ce qui a été dit tout à l'heure, par l'école primaire avec l'enseignement de la musique. J'aimerais vous dire, Mesdames et Messieurs les députés, que si l'on peut rêver d'avoir plus de jeunes talents dans le domaine sportif, c'est également le cas aux niveaux artistique et musical.

Enfin, j'aimerais relever un propos. Vous l'avez dit tout à l'heure, Monsieur le député Romain, la question de la volonté est également au centre d'une série de dispositifs et de réorganisations de l'instruction publique. Preuve en est le travail autour de l'augmentation de l'horaire scolaire. Il faut dire à cet égard que la place du sport et la place de la culture sont des piliers indispensables à l'exercice et à l'effort qui sont incontournables quand on envisage n'importe quelle réussite dans le domaine des études, de la profession, du sport ou de l'art.

Donc je vous remercie de vous rassembler autour de cette démarche «Sport-Etudes», qui est l'un des pans de ce que le Conseil d'Etat va développer au cours de cette législature au niveau de la politique des sports. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Nous avons été saisis d'une demande de renvoi à la commission de l'enseignement, sur laquelle nous nous prononçons d'abord.

Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 1906 à la commission de l'enseignement, de l'éducation et de la culture est rejeté par 55 non contre 19 oui et 11 abstentions.

Le président. Etant donné que ce renvoi a été refusé, le groupe socialiste nous propose un amendement concernant la deuxième invite, les autres étant inchangées. Je vous lis cet amendement complètement - il n'a pas pu vous être distribué faute de temps: «à compléter cette synthèse afin que de véritables programmes "Sport-Etudes" soient mis en place à Genève.» Point final. Autrement dit, le reste de la deuxième invite est supprimé. (Commentaires.) Mais je viens de vous la lire, Monsieur Meylan ! (Brouhaha. Commentaires.) Il n'y a pas de demande de prise de parole...

Une voix. Si, si !

Le président. Je laisse trente secondes à M. Fazio pour justifier cet amendement.

M. Jean-Louis Fazio (S). Je serai très bref ! En fait, cet amendement a seulement pour but d'enlever les jugements de valeur de cette invite. C'était pour faire court, que le renvoi au Conseil d'Etat soit direct, simple, sans autres explications.

Le président. Merci, Monsieur le député. Je rappelle que cet amendement consiste à biffer la seconde partie de la deuxième invite. Nous nous prononçons à présent sur cet amendement, puis sur le renvoi de la proposition de motion 1906 au Conseil d'Etat.

Mis aux voix, cet amendement est rejeté par 62 non contre 24 oui et 4 abstentions.

Mise aux voix, la motion 1906 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 83 oui et 6 abstentions. (Commentaires et applaudissements à l'annonce du résultat.)

Motion 1906