République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 19 mars 2009 à 8h
56e législature - 4e année - 6e session - 32e séance
M 1532-A
Débat
Le président. Le rapporteur de majorité est M. Deneys, celui de minorité, M. Jean-Michel Gros. Y a-t-il quelqu'un pour remplacer M. Deneys ? (Brouhaha.) Est-ce que la cheffe de groupe peut venir à la table des rapporteurs ? (Commentaires.) Désirez-vous vous exprimer, Madame ? Vous ne le souhaitez pas, je donne alors la parole à M. Gros.
M. Jean-Michel Gros (L), rapporteur de minorité. Merci, Monsieur le président. Vous aurez tous remarqué l'importance du sujet. Ce dernier n'aurait sans doute pas mérité de rapport de minorité, d'autant moins que la minorité a déclaré à maintes reprises qu'elle était aussi favorable aux terrasses de bistrots en été, qu'elle trouvait ça très convivial. Cela n'aurait donc pas mérité de rapport de minorité, mais cela n'aurait pas mérité de motion tout simplement ! Il suffit, Monsieur le président, de lire la première invite de cette motion pour vous démontrer l'importance du sujet: on invite le Conseil d'Etat «à considérer les avantages que procure à notre canton l'apparition de terrasses à la belle saison [...]». Nous lui demandons de considérer cela, il va sûrement nous faire un très beau rapport à ce propos, les terrasses, qu'il considère évidemment comme bienvenues ! En tout cas, ce sujet méritait qu'on se lève de bonne heure pour venir siéger ici ! Ça, c'est certain...
Mais il y a quand même un motif pour la refuser, cette motion, et c'est l'objet de mon rapport de minorité: c'est une raison de compétence. C'est la Ville de Genève qui autorise ou pas l'extension provisoire des terrasses sur les cases de parking ! La Ville de Genève est pratiquement seule concernée, puisque les autres communes ne connaissent pas le système des cases bleues et des cases blanches avec macaron pour les habitants... C'est donc bien la Ville, seule, qui est concernée. Le canton se borne à délivrer un préavis via l'OTC, devenu l'OCM maintenant, sauf erreur. De plus, ce préavis ne porte que sur la sécurité et il n'est pas contraignant pour la commune. Voilà pourquoi la minorité - de l'ancienne législature, je vous le rappelle - pense que l'on s'est trompé d'adresse et que c'est le Conseil municipal de la Ville de Genève qui pourrait déposer une telle motion au Conseil administratif.
C'est donc pour donner un peu de mordant à la motion et pour sensibiliser davantage les autorités cantonales que la minorité dépose un amendement pour ajouter une nouvelle invite à la motion. Vous trouvez cet amendement en page 25 du rapport ou vous l'avez sur vos tables sous forme d'une feuille volante. Cet amendement propose d'ajouter une quatrième invite : «à favoriser la construction de parkings en sous-sol dans la petite ceinture, en supprimant les places en surface ainsi libérées».
On sait à quel point la législation cantonale freine - et c'est un euphémisme ! - la construction de parkings dans la petite ceinture. C'est donc l'occasion ici de demander au contraire de les favoriser, pour libérer ainsi ces quelques places en surface et permettre l'agrandissement de quelques terrasses sur le domaine public, pour le plus grand bien des habitants et des touristes de notre canton.
Si cet amendement devait être accepté, Mesdames et Messieurs les députés, même la minorité soutiendrait alors la motion. (Applaudissements.)
Mme Fabienne Gautier (L). Le parti libéral qui propose l'amendement le soutiendra, naturellement. Il faut reconnaître que les mesures permettant une extension des terrasses sur le domaine public animent effectivement le centre-ville. Elles sont très agréables pour les touristes, comme l'a dit M. Gros, et nous y sommes très favorables.
Mais on a vu au centre-ville plusieurs milliers de places en surface qui ont été supprimées ces dernières années, cela au profit des terrasses. (Commentaires.) Vous pouvez contester ce que je dis, mais c'est la réalité ! Je pense que si l'on veut éviter la problématique des gens qui tournent en voiture dans le centre-ville pour trouver des places alors qu'il n'y en a pas, il faut créer des places de parc en sous-sol !
C'est pour cela qu'il faut favoriser la construction de parkings et voter l'amendement proposé par M. Gros. Ainsi, nous aurons un centre agréable, avec des terrasses qui pourront fleurir même toute l'année. Vous avez fait des propositions en ce sens et je crois que cet objectif est atteint. Maintenant, cachons les voitures: mettons-les en sous-sol et créons des parkings de proximité ! Je vous remercie de voter cet amendement.
Mme Sandra Borgeaud (Ind.). Je comprends bien que les restaurants veulent avoir du monde, mais je pense qu'un client qui a les moyens de manger au restaurant peut tout à fait payer 1 ou 2 F de parcomètre, plutôt que d'occuper une place blanche - pour le peu qu'il en reste ! - ou une bleue destinée aux travailleurs. Par ailleurs, chacun n'a pas la possibilité de se déplacer en transports en commun, pour la bonne raison qu'il n'y en a pas toujours ! Je trouve inadmissible qu'un travailleur doive payer 10 à 12 F de parcomètre et qu'il doive aussi quitter toutes les heures et demie son lieu de travail pour aller changer le disque ou déplacer sa voiture... (Commentaires.) Je vous remercie !
Il y a une chose qu'il faudrait ne pas oublier, c'est que tout employé paie aussi des impôts dans la commune où il travaille. Je trouve qu'il est inadmissible de devoir payer deux fois, c'est-à-dire une fois par les impôts communaux et une autre par le biais des amendes qu'on nous inflige constamment ! Ce racket a assez duré, cela suffit !
Il faudrait aussi songer aux personnes qui travaillent et font fonctionner l'économie: si elles se retrouvent au chômage, elles ne seront plus là pour redresser la situation... Alors laissez-les aller travailler ! D'ailleurs, tout le monde ne va pas systématiquement travailler en voiture et le problème du stationnement concerne également des gens qui ne vivent pas au centre-ville, dont les habitants peuvent se déplacer à pied, à vélo ou en bus. Et j'aimerais beaucoup que le Conseil d'Etat arrête de bousiller systématiquement toutes les places blanches !
Quant aux terrasses, je ne vois absolument aucun inconvénient à ce qu'il y en ait durant l'été - c'est bien agréable - cependant, il faut que les gens puissent aller travailler !
Mme Virginie Keller (S), rapporteuse de majorité ad interim. Vous me permettrez d'intervenir à la place du rapporteur de majorité, M. Roger Deneys - qui accompagne en ce moment ses enfants à la crèche et à l'école - pour vous indiquer en quelques mots pourquoi nous pensons qu'on peut parler de cette question au sein du parlement cantonal bien qu'il s'agisse effectivement d'une prérogative communale. Je rappelle aussi à l'ensemble de ce plénum qu'en commission des transports nous avons, durant cette législature, longuement examiné la question des parkings pour obtenir un plan directeur cantonal comprenant aussi bien les parkings publics que privés sur le territoire, ce qui était extrêmement difficile à réaliser, et les socialistes saluent cette volonté.
Pour compter le nombre de parkings privés à disposition dans les quartiers de Genève, je crois que le département de M. Cramer a dû engager sur le terrain un certain nombre d'étudiants pour aller voir sous les immeubles, et ce fut compliqué ! On est maintenant dans l'attente d'un rapport cantonal. Toutefois, d'après les chiffres que nous avons pu obtenir durant ces trois années de la part de l'OCM et des autorités communales, on constate qu'il n'y a pas de places de parking qui ont disparu: elles ont été transformées. C'est-à-dire qu'un grand nombre de places de stationnement pour voitures ont, par exemple, été transformées en places pour deux-roues, c'est vrai, et cela correspond à la nécessité induite par ce nouveau mode de mobilité en ville de Genève et dans la région.
Par ailleurs, dans tous les projets d'aménagement ainsi que dans ceux relatifs à l'établissement de zones «30» les autorités ont été très attentives à ce que, lors des transformations découlant de questions de sécurité, des places de parking pour habitants puissent subsister dans les quartiers. Le parlement l'avait demandé. Vouloir opposer aujourd'hui les places de parking aux emplacements pour les terrasses, c'est, aux yeux des socialistes, vouloir entamer un mauvais débat ! On sait très bien qu'en ville les places de stationnement extérieures devront forcément, à terme, être remises en question. Certains projets d'agrandissement de parkings sont actuellement à l'étude, notamment dans le quartier des Eaux-Vives et avec le parking Pré-l'Evêque. En commission, nous avons aussi auditionné la Fondation des parkings à ce sujet, pour nous entendre dire que, premièrement, construire des parkings en sous-sol, en ville, est extrêmement onéreux et que, deuxièmement, plus personne ne veut aujourd'hui financer de tels projets parce qu'ils sont trop chers ! Par exemple, pour le projet Pré-l'Evêque, ça fait quatre ou cinq ans qu'on en discute, au sein du Conseil municipal notamment, et la Fondation des parkings a de la peine à réunir les financements nécessaires. On voit bien que ce n'est pas de la magie... On ne va pas pouvoir construire demain des quantités de parkings en sous-sol au centre-ville. Il ne faut pas pour autant s'empêcher d'imaginer développer les surfaces de terrasses en ville, cela correspond à une nécessité commerciale et d'animation, mais il faut évidemment prendre en compte la question des nuisances et respecter les habitants.
Un plan directeur cantonal des parkings sera donc bientôt déposé. Nous allons découvrir dans ce dernier que Genève est la ville de Suisse où il y a le plus de places de stationnement par habitant... Et qu'un vrai problème se pose avec des gens ayant des places de stationnement en sous-sol et qui les sous-louent à des personnes venant de l'autre côté de la frontière, notamment pour se parquer au centre-ville. Là, il y a un réel effort à fournir dans le développement des transports publics et des parkings P+R en partenariat avec la France, on le sait, et les autorités cantonales y travaillent très sérieusement.
Pour toutes ces raisons, les socialistes pensent qu'on ne devrait pas opposer places de stationnement et terrasses de bistrots. Nous vous demandons évidemment de soutenir la motion telle qu'amendée en commission.
Mme Anne-Marie Arx-Vernon von (PDC). Pour les démocrates-chrétiens, signataires de la motion, il est évident qu'on peut harmoniser l'utilisation de l'espace pour les terrasses, importantes pour la convivialité et la vie extérieure, tout en continuant à mettre les voitures en sous-sol, dans les parkings souterrains. Je me permets donc aussi de vous faire remarquer que cette motion a été adoptée à l'unanimité et qu'il est important de la renvoyer au Conseil d'Etat.
Pour le groupe démocrate-chrétien, il y a également une autre raison de satisfaction, c'est que le groupe démocrate-chrétien de la Ville de Genève a déposé au Conseil municipal une motion qui va dans le même sens. Nous devons continuer à harmoniser l'espace public, les terrasses, et mettre les voitures en sous-sol, dans des parkings. C'est pourquoi nous soutiendrons l'amendement libéral.
Mme Brigitte Schneider-Bidaux (Ve). De nombreux intervenants ont parlé de terrasses et de parkings, moi j'aimerais vous dire qu'il est important pour l'économie, et pas seulement pour faire plaisir aux personnes qui visitent le canton et la ville, d'avoir des terrasses agréables, si possible toute l'année.
Cette motion qui date de 2003, pose effectivement un problème, qui a en partie été résolu puisque l'octroi d'autorisations pour créer des terrasses s'est démocratisé et qu'il y a désormais des facilités dans ce genre de démarche. Cela est très bien, mais on peut faire encore mieux. Je propose donc que cette motion soit renvoyée au Conseil d'Etat pour avoir une réponse circonstanciée en la matière.
M. Jacques Jeannerat (R). Incontestablement, cette motion part d'une bonne intention. Elle améliore la qualité de la vie, elle est bonne pour le tourisme, elle donne un atout supplémentaire aux cafetiers et restaurateurs. Elle a séduit les radicaux, mais ceux-ci ne pourront pas soutenir cette motion telle qu'elle est rédigée, parce qu'elle manque de globalité.
C'est bien gentil d'imaginer d'enlever quelques places de stationnement - même quelques dizaines - et de les transformer en terrasses, mais où mettre les voitures ? Le problème du parking est important à Genève ! Donc, le groupe radical soutiendra l'amendement déposé par le parti libéral, et c'est à cette seule condition qu'il votera cette motion.
La rapporteure nous dit que la Fondation des parkings a été consultée, que cette fondation a déjà de la peine à trouver des fonds pour financer l'ensemble de ses projets; je lui répondrai simplement que la Fondation n'est pas le seul acteur en matière de construction de parkings ! Il y a à Genève des privés qui sont prêts à investir; il y a des parkings privés qui fonctionnent très bien et qui sont rentables. Il y a donc de l'argent pour financer des parkings, notamment en sous-sol, comme le propose Jean-Michel Gros dans son amendement.
Pour résumer, les radicaux ne voteront cette motion que si l'amendement est accepté.
Le président. Merci, Monsieur le député. Doivent encore prendre la parole: Mme Guinand, MM. Stauffer, Golay, Catelain et Unger. Le Bureau clôt la liste. Madame Guinand, vous avez la parole.
Mme Geneviève Guinand Maitre (S). Que demande la motion ? De trouver une solution négociée entre places de stationnement et terrasses. En fait, il s'agit simplement de transformer quelques places de stationnement en terrasses. Je vous rappelle que cette motion a été déposée en mars 2003, parce qu'il y avait une proposition de moratoire sur la réduction du nombre de places destinées aux terrasses pour cette même année.
Alors, il me semble un peu excessif de parler de «milliers de places» supprimées pour les transformations et l'ajout de terrasses. C'est franchement excessif ! (Commentaires.) Si vous relisez l'invite, la motion porte plus précisément sur la possibilité des détenteurs de macarons par zones d'occuper des places blanches à parcomètre, puisque, vous l'avez compris, des places blanches ont été supprimées, mais aussi des places bleues. Quelques places de parc supprimées, et voilà les défenseurs de la voiture individuelle qui en profitent pour demander des parkings en sous-sol dans la petite ceinture ! Si la mesure demandée par la motion est sans coût, que dire de l'amendement proposé ? La construction d'un parking, en sous-sol de surcroît, est bien évidemment sans comparaison avec la mesure proposée par l'invite !
Force est de constater que lorsqu'il s'agit de pouvoir venir en voiture en ville ou tout près de la ville, la question des dépenses ne se pose plus de la même façon pour certains ! Que faites-vous, dès lors, du principe de proportionnalité ? Quelle commune mesure y a-t-il entre la suppression de quelques places dans une rue, par ci par là, avec un parking de trente, quarante ou même plusieurs centaines de places ? Prétendre que la suppression de quelques places de parking en surface doit être compensée par la construction de parkings en sous-sol est sans commune mesure !
Nous, socialistes, vous recommandons donc d'accepter la motion telle quelle et de refuser l'amendement.
M. Eric Stauffer (MCG). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les conseillers municipaux, Monsieur le conseiller administratif de la Ville de Genève... Ah ! Pardon ! J'étais sûr d'être au Conseil municipal de la Ville de Genève, tant cette motion n'a rien à faire au Grand Conseil !
J'aimerais juste réagir aux propos de Mme Keller, rapporteuse de majorité, pour lui dire qu'encore et encore supprimer les places de parking, eh bien non, les citoyens ne le veulent pas ! Il y a eu une votation populaire pour le transfert des transports publics et privés.
Et j'aimerais bien, Mesdames et Messieurs, les socialistes notamment, que vous votiez oui aussi lorsque le MCG vous demande, afin de désengorger Genève de tous ses pendulaires, d'exiger de nos amis français qu'ils construisent des parkings chez eux ! Mais là, il n'y a plus personne, évidemment !
M. Roger Golay (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, comme l'ensemble de ce Conseil, le MCG est favorable aux aménagements de terrasses, mais à certaines conditions. La constitution prévoit toujours une accessibilité au centre-ville par tous les modes de transport, notamment privés, comme l'automobile. Aujourd'hui, on peut le constater, cette accessibilité n'existe plus à cause de certains aménagements, particulièrement ceux des transports publics. Il n'y a qu'à voir la gabegie actuelle sur la route de Chancy, à la rue des Deux-Ponts, sur le pont de l'Ile et ailleurs ! Vous l'aurez tous constaté, et bientôt il y a aura certainement encore d'autres aménagement en sites propres pour les transports publics. Il faut savoir que ces derniers ont conduit à ce qu'il y ait 2000 places de stationnement en moins... On ne peut plus laisser faire et accepter ces diminutions des places de parking. Cela se fait bien sûr au détriment des gens qui obtiennent un macaron: ces personnes achètent des macarons, or il y a toujours moins de places. On ne peut pas continuer dans ce sens !
En l'état, nous ne pouvons pas adopter cette motion sans accepter l'amendement de M. Gros. Et la minorité d'alors deviendra certainement la majorité d'aujourd'hui. Donc, nous ne soutiendrons que l'amendement de M. Gros pour l'instant. Ensuite, on verra, selon les intentions des bancs d'en face.
M. Gilbert Catelain (UDC). Je ne crois pas qu'avec cette proposition de motion nous soyons saisis d'un objet présentant un enjeu majeur pour la république. Comme l'a relevé le rapporteur de minorité, elle concerne essentiellement la Ville de Genève; c'est d'ailleurs mentionné à la page 6 du rapport de majorité, puisque l'audition du directeur ad interim du service des autorisations et patentes a clairement décrit la procédure: c'est une compétence de la Ville de Genève. Je vous rappelle que M. Pagani, actuel conseiller administratif, a voté cette motion en commission et qu'il est relativement bien placé pour la mettre en oeuvre, s'il le souhaite, au niveau de la Ville de Genève. Par conséquent, cette motion a déjà perdu une grande partie de son intérêt.
Maintenant, nous avons le choix entre l'accepter ou la refuser, l'accepter amendée ou la refuser sans amendement. Concernant ce dernier, M. Gros nous propose de construire des places de stationnement en sous-sol... Oui, c'est une solution, mais la réalisation prendra bien vingt ou trente ans. De facto, cela veut dire que si nous votons cet amendement, rien ne sera mis en oeuvre avant vingt ou trente ans !
Ce qui est toutefois plus pervers dans cette motion, c'est de considérer que pendant six mois de l'année, pendant la durée de l'ouverture de toutes ces terrasses supplémentaires, on peut se priver de ces places de stationnement. J'en déduis que si l'on peut s'en passer pendant six mois, on peut aussi bien s'en passer toute l'année ! Cela signifie à terme une suppression des places de stationnement toute l'année ! Rien que pour cette raison, cette motion ne doit pas être acceptée. Parce que nous avons un déficit en places de stationnement, et nous savons aussi que le département de l'intérieur a encore supprimé des places dernièrement ! Aujourd'hui, le mécontentement des artisans est flagrant: ils sont systématiquement verbalisés parce qu'on a retiré un certain nombre de places en ville de Genève.
Pour ces motifs, le groupe UDC ne pourra pas soutenir cette motion dont l'intérêt n'est essentiellement que communal, bien que le groupe libéral ait, lui, accepté certaines invites, notamment la suppression du préavis de l'OTC. On devrait peut-être aussi prendre en compte l'accident survenu hier aux Glacis-de-Rive. En effet, selon l'emplacement d'une terrasse, ce ne sont pas sept blessés que vous y aurez, mais peut-être un peu plus... On voit très bien qu'un problème de sécurité peut se présenter entre la terrasse et les véhicules qui peuvent se garer à proximité, en fonction de l'activité des routes avoisinantes.
Mme Virginie Keller (S), rapporteuse de majorité ad interim. Les socialistes ne peuvent pas laisser affirmer que Genève serait en déficit de places de parking ! Genève est la ville de Suisse où il y a le plus de places de parking par habitant ! (Brouhaha.) Cela, je crois qu'il faut le dire et le redire, parce que l'argument que vous assénez à chaque fois que nous parlons de la question des parkings est totalement faux ! Simplement, ce qui se passe à Genève, c'est qu'il y a trop de voitures ! C'est ainsi qu'il faut interpréter les choses ! (Brouhaha.)
C'est en développant les transports en commun et les parkings P+R, et en permettant à la population qui vient travailler à Genève d'y accéder par d'autres moyens que la voiture, que nous allons résoudre ce problème. Et non pas en continuant indéfiniment à construire des places de parking qui ne font que stimuler la venue de nouvelles voitures ! Genève est aussi la ville et le canton de Suisse où il y a le plus de places de stationnement par habitant ! Je crois que le Grand Conseil devra enfin accepter cet état de fait, car c'en est un !
Les socialistes, vous recommandent évidemment de ne pas accepter l'amendement libéral et d'adopter la motion telle quelle.
M. Jean-Michel Gros (L), rapporteur de minorité. Je serai très bref, Monsieur le président. J'aimerais juste dire ceci: se baser uniquement sur des rapports d'experts pour affirmer des choses ne suffit pas ! (Commentaires.) Je demanderai simplement aux gens - et surtout à ceux qui nous regardent - quel est leur sentiment quand ils cherchent une place de stationnement en ville ! Je crois qu'avec cela on a tout dit ! Et les sentiments réels qu'éprouvent les automobilistes sont supérieurs aux statistiques évoquées par Mme Keller ! (Rires.)
M. Pierre-François Unger, conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, je vous avoue mon plaisir à découvrir ce débat sur cette motion qui date de 2003, qui a été votée en 2005 et qui est traitée en 2009... Cette motion est donc d'un modernisme relativement ébouriffant ! (Rires.) Il convient peut-être de dire que depuis tout ce temps-là, et même un peu avant tout ce temps-là, un magistrat qui s'appelait Jean-Philippe Maître s'est occupé de cela. A la demande des commerçants, restaurateurs et cafetiers, et en accord avec ceux-ci, il a libéralisé une partie du domaine public pour l'exploitation des terrasses afin de rendre notre ville un peu moins austère. C'est quelque chose de bien ! Et l'on reçoit régulièrement des motions et des pétitions qui nous demandent d'ouvrir ces terrasses un peu plus longtemps que du 1er mars au 31 octobre seulement. Mais on nous demande aussi de veiller à ce qu'il n'y ait pas de bruit. Il faudra peut-être, à un moment donné, choisir de réserver ces lieux de convivialité aux muets... (Rires.) ...et, respectivement, choisir de réserver aux sourds des logements dans les quartiers d'habitation où il y a un certain nombre de terrasses ! La convivialité, c'est se respecter les uns les autres, mais c'est aussi émettre un peu de bruit quand on est joyeux, quand on est furieux et que cela suscite des échanges vifs entre interlocuteurs... Au fond, c'est ça, l'échange social ! Celui dont on rêvait précisément en ouvrant les terrasses, pour faire vivre ces quartiers où l'on pouvait habiter des années sans connaître son voisin de palier, tant l'austérité régnante était immense ! Voilà, ça c'était un problème, il est réglé depuis dix ans ! On peut en reparler, je crois d'ailleurs qu'il y a d'autres objets qui nous permettront de le faire aujourd'hui même.
Et puis, à cela on amalgame la question des places de stationnement pour s'y opposer. Le problème des places de stationnement est un vrai problème, et ce n'est pas le même aujourd'hui qu'il y a neuf ans ! Depuis, la mobilité s'est accrue de près de 40% et elle s'accroîtra probablement encore d'à peu près 40% dans les quinze années à venir.
Alors, sur quoi pouvons-nous au fond tous être d'accord ? Nous avons une indication constitutionnelle qui nous oblige à tenir compte du trafic public et du trafic privé et cela nous donne des indications d'une extrême simplicité. La première, c'est que quand le trafic double sur vingt ans et qu'on doit tenir compte de la complémentarité des moyens de transports, il y a certains trafics que l'on doit bannir. Et complètement ! En premier, le trafic de transit ! Il n'y a plus aucune «raison raisonnable» d'imaginer traverser Genève simplement pour la traverser sans s'y arrêter. Toutefois, pour éviter de traverser une ville, il faut pouvoir en faire le tour. A cet égard, toutes celles et ceux qui ont fait ce constat de la plus effroyable banalité admettront qu'il faudra bien une fois terminer la ceinture routière qui permettra d'éviter de passer au centre-ville ! Quel que soit le nom qu'on lui donne et quelle que soit la solution retenue pour faciliter le transit, que ce soit en kayak, comme le suggérait l'UDC, que ce soit sur un pont ou à travers un tunnel, peu importe, si l'on ne peut pas contourner la ville, on la traverse et on génère ainsi un trafic de transit insupportable et qui rend la circulation inefficace !
Deuxièmement, et il faut le dire ici parce qu'on prend beaucoup de retard dans ces affaires-là, il faudra également interdire le trafic pendulaire, d'une manière ou d'une autre.
Une voix. Bravo !
M. Pierre-François Unger. Il faudra dissuader le trafic pendulaire, et, pour cela, un bon réseau de transports publics est nécessaire. Votre parlement a voté des investissements extrêmement importants, les travaux vont vite et ont été accélérés; le projet d'agglomération nous a permis de recevoir des compléments de financements fédéraux dont nous nous réjouissons. Nous donnerons peut-être priorité à telle ou telle voie de tram, par exemple celle de Saint-Julien qui devrait être extrêmement importante. Autre exemple: l'accès aux Communaux d'Ambilly sera tout à fait fondamental. Vous le voyez, ces choses-là sont en marche ! Parce que le trafic des pendulaires est un trafic inutile ! Inutile en tant que trafic ! On a besoin des pendulaires, mais on n'a pas besoin qu'ils viennent poser leurs voitures en ville.
Pourquoi vous dis-je tout cela ? Parce que, si l'on veut garder un tout petit peu de souplesse dans la complémentarité entre transports publics et privés, il y a deux types de parkings qu'on ne doit pas limiter et qu'on ne peut pas limiter. Il s'agit des parkings pour les habitants, parce qu'on a tout de même le droit de disposer d'une place de stationnement là où l'on habite et parce qu'on doit pouvoir recevoir des visiteurs ! Il faut aussi que les visiteurs puissent accéder à des parkings au centre-ville pour venir y «chalander» et en repartir. Ceux-là ne sont pas des pendulaires, ce sont des visiteurs. On doit favoriser ce qui est utile à Genève, c'est-à-dire permettre aux habitants d'y vivre, permettre aux visiteurs d'y «chalander», mais le reste des usagers doit se déplacer autrement, soit avec les transports publics, soit en contournant la ville. Quand nous aurons tous compris cela, nous aurons alors réussi à mettre en place la complémentarité entre les transports !
Alors, me direz-vous, quel rapport avec la motion ? Il n'y en a pas tellement, parce que la motion ne traite pas de cela ! Mais vous n'avez parlé que de cela et c'est la raison pour laquelle je me suis permis d'en dire quelques mots ! La motion demande au Conseil d'Etat d'exercer des prérogatives qui sont celles de la Ville. A cet égard, cette motion est inutile ! Elle engage le Conseil d'Etat à entreprendre une démarche tout à fait sectorielle: pour compenser la perte de places de parking lors d'une ouverture de terrasse autorisée, et pour ce motif seulement, on voudrait que l'on creuse des places de parking en sous-sol... C'est une approche totalement morcelée ! Je ne dis pas qu'elle est illégitime, mais elle est totalement morcelée. Mesdames et Messieurs les députés, vous êtes chargés de travailler sur un plan directeur des parkings qui a été fait et qui, bien sûr, prendra en compte ce qui est un mini-détail dans la problématique générale des parkings et du transport. Alors, moi je vous fais une suggestion qui risque d'être mal reçue: renoncez-donc à voter cette motion, avec ou sans amendement ! Le problème des terrasses, on aura d'autres occasions d'en reparler. Vous êtes saisis d'un plan directeur des parkings, Mesdames et Messieurs les députés ! De manière que l'administration puisse travailler vers l'avenir, plutôt que sur des problèmes du passé, je vous suggère de renoncer à renvoyer cette motion au Conseil d'Etat et de vous en séparer par un vote négatif.
Le président. Nous allons d'abord nous prononcer sur la demande d'ajout d'une quatrième invite. La voici: «à favoriser la construction de parkings en sous-sol dans la petite ceinture en supprimant des places en surface ainsi libérées». (Remarque.) Oui, Monsieur Bavarel ?
M. Christian Bavarel (Ve). Monsieur le président, si l'on aborde les amendements, on peut donc reprendre la parole !
Le président. Non, vous ne le pouvez pas !
M. Christian Bavarel. Mais nous sommes saisis d'un amendement et notre règlement nous permet de reprendre la parole !
Le président. On vote les amendements à la fin, Monsieur Bavarel ! Nous avons eu tout le temps de discuter de cet amendement-ci. Maintenant, nous allons nous prononcer à son propos, c'est ainsi que l'on procède.
Mis aux voix, cet amendement est adopté par 43 oui contre 25 non et 2 abstentions.
Mise aux voix, la proposition de motion 1532 est rejetée par 60 non contre 4 oui et 4 abstentions.