République et canton de Genève

Grand Conseil

M 1819
Proposition de motion de Mme et MM. Jacques Jeannerat, Alain Meylan, Beatriz de Candolle, Ivan Slatkine, Louis Serex, Jean-Marc Odier, René Desbaillets, Eric Ischi, Eric Leyvraz, Daniel Zaugg, Guy Mettan, Michel Forni, Philippe Guénat, François Gillet pour une utilisation de la bande d'arrêt d'urgence en guise de troisième voie autoroutière
R 557
Proposition de résolution de Mmes et MM. Alain Meylan, Jacques Jeannerat, Beatriz de Candolle, Ivan Slatkine, Louis Serex, Frédéric Hohl, Charles Selleger, Jean-Marc Odier, Michel Ducret, René Desbaillets, Eric Ischi, Eric Leyvraz, Mario Cavaleri, Daniel Zaugg, Christiane Favre, Claudine Gachet, Guy Mettan, Michel Forni, Philippe Guénat, François Gillet pour un engagement formel et déterminé du Conseil d'Etat auprès de la Confédération en faveur de la réalisation de la 3e voie autoroutière entre Genève et St-Prex

Débat

M. Jacques Jeannerat (R). Le mois prochain, le Conseil fédéral mettra en consultation son message sur le programme d'élimination des goulets d'étranglement des routes nationales, donc des autoroutes. C'est la raison pour laquelle j'ai demandé tout à l'heure l'urgence pour le point 37. Ainsi, la résolution 557 demande que le Conseil d'Etat agisse en faveur d'une troisième voie autoroutière entre Genève et Lausanne, plus précisément entre Genève et Saint-Prex. Cette troisième voie doit répondre à l'augmentation de trafic entre Genève et Lausanne. Tous les ingénieurs de circulation sont unanimes sur cette question: les besoins en mobilité vont s'accroître dans les prochaines années sur cet axe, c'est indiscutable.

Cette mesure relève strictement de la compétence des Chambres fédérales. Elle implique donc, au travers de cette résolution, que le Conseil d'Etat fasse clairement part aux Chambres fédérales des intentions du Grand Conseil. Cette mesure tend la main au Grand Conseil vaudois, qui a voté à deux reprises un objet allant dans le même sens. Par ailleurs, elle ne s'oppose en aucun cas à la troisième voie ferroviaire, pour laquelle ce parlement a voté, il y déjà plusieurs mois, une résolution allant dans la même direction, même si le Conseil national a refusé hier, à une très faible majorité, d'inclure cette troisième voie dans le programme des futures réalisations de voies ferroviaires. Il est donc important que cette troisième voie autoroutière puisse aller de pair, et les radicaux ont toujours voulu une complémentarité des transports, c'est indispensable.

Cette troisième voie autoroutière entre Genève et Lausanne va également de pair avec le bouclement autoroutier du canton, et nous avons voté il y a quelques semaines une résolution allant ce sens. Ainsi, une autoroute de trois pistes entre Genève et Lausanne doit déboucher sur un périphérique autoroutier autour de notre canton. Cette mesure va aussi de pair avec la construction - que réclame le groupe radical - de P+R le long de cette autoroute, de façon que les gens qui habitent à l'extérieur du canton et travaillent au centre-ville puissent plus facilement accéder à la périphérie de la ville et, ensuite, utiliser les transports publics... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...et notamment le réseau de trams que nous sommes en train de construire - ou plutôt de reconstruire. Donc, je vous invite à voter cette résolution et à la renvoyer directement au Conseil d'Etat.

Quant à la motion 1819, elle demande l'utilisation de la bande d'arrêt d'urgence en tant que troisième voie temporaire, doublement temporaire ! Temporaire, d'abord, jusqu'à ce qu'il y ait une véritable troisième voie sur cette autoroute; et temporaire, ensuite, parce qu'elle serait limitée uniquement aux heures de pointe.

Le groupe radical demande qu'on renvoie cette motion à la commission des transports. En effet, plusieurs députés se sont inquiétés de questions de sécurité. Il faut savoir que nous n'avons rien inventé en rédigeant cette motion, nous nous sommes inspirés une nouvelle fois de nos amis vaudois, qui, sur le trajet Lausanne-Morges, ont fait la même demande. Actuellement, l'Office fédéral des routes est en train d'étudier cette possibilité d'utiliser la bande d'arrêt d'urgence en tant que troisième voie, avec des feux de signalisation et une vitesse réduite. Donc, cette question de sécurité doit être analysée de façon plus approfondie par notre parlement, au travers des travaux de la commission des transports.

En conclusion, le groupe radical vous invite à voter la résolution demandant la troisième voie autoroutière entre Genève et Lausanne et à renvoyer à la commission des transports la motion qui, dans une mesure intermédiaire, prévoit l'utilisation de la bande d'arrêt d'urgence entre l'aéroport et Nyon.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. Zbinden. Je rappelle que nous sommes en débat de catégorie II: quatre minutes par groupe.

M. Hugo Zbinden (Ve). Dans ce Grand Conseil, nous sommes souvent d'accord sur les constats, mais rarement sur les conclusions, malheureusement. Nous avons eu un débat intéressant quand nous avons parlé du collège de Frontenex et du P+R. La problématique concernait les pendulaires et le transport. Je me aussi rappelle très bien que M. Ducret a dit: «A terme, la mixité entre les emplois et le logement est la seule solution pour résoudre le problème du transport.» En outre, pas plus tard que la semaine passée, le groupe radical a annoncé un projet de loi demandant un P+R à Bardonnex. J'ai lu l'exposé des motifs avec beaucoup d'intérêt, il y est à nouveau question des pendulaires. On peut lire: «A titre d'exemple, le trafic routier à Saint-Julien a presque triplé en vingt ans et l'ouverture prochaine de l'autoroute A41 Genève-Annecy ne résoudra rien, bien au contraire.» Là, nous sommes aussi d'accord.

Ce qui nous interpelle, c'est qu'on veut faire croire que l'augmentation de la capacité autoroutière - qui ne résout rien côté français, bien au contraire - est la solution miracle côté vaudois. Or on sait très bien que, chaque fois que l'on augmente l'offre, avec elle augmente le trafic. Et nombre d'études démontrent que la durée du parcours pour se rendre au travail reste constante. Ainsi, avec une meilleure offre de transport, les gens vont tout simplement plus loin, ils ne voyagent pas moins longtemps. Cela amène précisément un dispersement du logement et de l'emploi.

C'est aussi vrai pour les transports publics: si l'on augmente la capacité des transports publics, les gens voyagent davantage. On a constaté cela entre Berne et Zurich. Maintenant, des trains qui prennent moins d'une heure pour ce parcours partent toutes les trente minutes et beaucoup de Zurichois travaillent à Berne à présent; c'est tout de même un problème non négligeable.

Concernant la troisième voie CFF, on pourrait aussi la mettre en doute. Mais là, on a un autre problème, on parle de report modal. On aimerait bien, dans le contexte du changement climatique et de la société à 2000 watts, qu'il y ait un report modal et que les gens passent de la voiture au train. Donc, si l'on construit la troisième voie CFF, on devrait, pour favoriser le report modal, plutôt réduire la capacité autoroutière. C'est pourquoi je propose une troisième voie CFF et une réduction à trois voies de l'autoroute.

Si je dis trois voies, c'est que je pense trois voies, pas comme le titre mensonger de cette résolution. Alors qu'on parle d'une troisième voie autoroutière, en fait il s'agit bien d'une cinquième et d'une sixième voies. Bon, nous sommes toujours pour un compromis... Alors, à la limite, restons avec quatre voies autoroutières et mettons tout en oeuvre pour que l'on puisse réaliser la troisième voie CFF. De surcroît, notre engagement à Berne en faveur d'une troisième voie CFF est d'autant plus fort et plus crédible si nous renonçons aux cinquième et sixième voies autoroutières. Donc, nous refuserons cette résolution.

Quant à la motion 1819, la problématique est un peu différente. Là, il ne s'agit pas d'une augmentation de la capacité ! Car, pour augmenter le débit à travers un entonnoir, il ne faut pas élargir le diamètre du trou en haut, mais en bas !

Le président. Vous avez épuisé votre temps de parole, Monsieur le député ! Il faudra terminer.

M. Hugo Zbinden. Je vais conclure. Cette sixième voie temporaire a quelques aspects psychologiques qui peuvent être intéressants. Effectivement, un bouchon à trois voies est plus court qu'un bouchon à deux voies... Cela peut rassurer quelques automobilistes. Aussi, j'imagine que, si vous avez le choix de trois...

Le président. Il faudra terminer, s'il vous plaît !

M. Hugo Zbinden. ...vous pourrez aussi mieux communiquer avec les automobilistes à gauche et à droite ! Cependant, nous estimons que le problème de la sécurité...

Le président. Je suis désolé, Monsieur le député, mais c'est terminé. (Remarque.)

M. Hugo Zbinden. ...est une question qu'il faut aussi examiner. (Applaudissements.)

M. Roger Golay (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, le groupe MCG soutiendra la résolution 557, car il est temps d'agir. Cette autoroute est totalement saturée, elle ne répond plus aux normes de sécurité au niveau des tunnels lors des heures de pointe: vous n'avez qu'à voir l'entrée du tunnel de Vernier, direction la France, pour constater comment la circulation s'y déroule ! Je pense qu'à l'heure actuelle, avec ce flux de circulation, il y a un véritable danger en cas d'incendie.

On parle de troisième voie autoroutière... Peut-être faudra-t-il aussi penser aux engorgements qui ont lieu vers les tunnels ? A Zurich, ils ont obtenu de la part de la Confédération les moyens pour réaliser des troisièmes voies dans leurs tunnels, et je crois que c'est aussi une nécessité ici. Sinon, on fera chou blanc ! En effet, si l'on construit une troisième voie mais que les tunnels sont toujours engorgés, le problème ne sera pas résolu. Il faut donc intervenir aussi de ce côté-là.

Aussi sommes-nous totalement favorables à cette résolution. Nous l'aurions bien signée avec la droite, mais il est simplement dommage qu'elle ne nous y ait pas associés dès le départ. Nous soutiendrons cet objet par le vote qui va suivre.

M. François Gillet (PDC). Je commencerai par le projet de résolution concernant la troisième voie autoroutière. Mesdames et Messieurs les députés, pour le groupe démocrate-chrétien, il n'y a pas concurrence entre la troisième voie CFF et la troisième voie autoroutière. Il y a une réelle complémentarité, car, pour nous, il faut voir au-delà du court terme. Sur le court terme, on peut s'inquiéter de l'effet incitatif que pourrait jouer sur le report modal la construction de cette troisième voie, mais il faut se projeter dans les vingt ou vingt-cinq prochaines années, avec l'explosion de la mobilité que va induire le développement de notre agglomération franco-valdo-genevoise. A ce moment-là, la troisième voie CFF et la troisième voie autoroutière ne seront pas de trop. Et nous avons bon espoir que, d'ici là - pour rassurer nos amis Verts - l'ensemble des véhicules qui rouleront sur cette autoroute seront des véhicules à 100% propres.

Voilà pour la résolution. De notre point de vue, il convient de la renvoyer rapidement au Conseil d'Etat, afin de pouvoir engager les réflexions, les études, qui, comme nous le savons, prendront beaucoup de temps jusqu'à la réalisation. Il faut donc agir tout de suite.

La motion concerne le court terme. Il est vrai que nous voyons chaque jour les problèmes d'engorgement de l'autoroute Genève-Lausanne et du contournement autoroutier - partiel pour le moment - de notre canton. Or, des expériences ont été menées sur l'utilisation de la bande d'arrêt d'urgence dans le canton de Vaud. Aussi nous paraît-il intéressant de pouvoir en discuter en commission. Nous n'avons pas, au parti démocrate-chrétien, un avis définitif sur cette question, mais il est intéressant de connaître les dispositions qui ont été prises dans le canton de Vaud pour assurer la sécurité, car il est clair qu'un problème de sécurité se pose si la bande d'arrêt d'urgence est utilisée comme voie de circulation. Cela a été expérimenté dans le canton de Vaud, il nous paraît donc utile d'étudier en détail les avantages et les inconvénients d'une telle formule dans le canton de Genève.

Pour cette raison, Mesdames et Messieurs les députés, nous vous invitons à renvoyer cette motion à la commission des transports.

Mme Elisabeth Chatelain (S). Tout le monde commence par ce constat: «L'autoroute de contournement est saturée.» Peut-être ! Quoique... C'est encore à voir. Dans l'exposé des motifs de la motion 1819, un petit paragraphe intéressant énonce: «Peu importe de savoir s'il existe encore des réserves de capacité ou si la saturation est déjà atteinte, car cela serait ouvrir un débat technique [...] ce débat ne doit pas en être un.» Ainsi, même les motionnaires ne sont pas vraiment convaincus de la saturation de cette autoroute de contournement.

On pourrait, d'après ces différentes propositions, ouvrir une troisième voie qui serait provisoire; du coup, on augmenterait rapidement la capacité de cette autoroute, et d'une façon pas trop coûteuse.

Pourtant, dans l'exemple cité plusieurs fois de Morges-Est et étudié actuellement par l'OFROU, il est pris en compte qu'il faut des places d'évitement de secours tous les kilomètres. D'ailleurs, à ce propos, je suis un peu surprise de trouver une personne responsable d'ambulances parmi les signataires, parce que je me dis qu'au niveau de la sécurité... Je ne sais pas comment cela se passe, quoique... Peut-être vient-on à ce moment-là en hélicoptère ! Alors là, on peut aussi trouver un signataire - mais je plaisante.

Il faudra, au niveau de la troisième voie à Morges-Est, renforcer la bande d'arrêt d'urgence; il faudra avoir des portiques d'information, une couverture vidéo totale, avec un pilotage depuis le poste de commandement de La Blécherette. Tout cela pour une ouverture d'environ deux heures par jour, avec un coût de 34 millions... Et c'est pour un essai ! Pour quelque chose de provisoire ! Cela me laisse vraiment perplexe.

Les motionnaires et les personnes qui ont fait la révolution... pardon: la résolution ! Pas la révolution, pas encore ! (Commentaires.) Malheureusement ! Eh bien, ces personnes parlent d'environnement et de pollution, et je suis très contente qu'elles se rendent compte que la voiture pollue malgré les progrès techniques. Alors, voici ma question: est-ce que trois voies polluent moins que deux voies ?

Une voix. Oui !

Mme Elisabeth Chatelain. Voilà une question qu'il serait intéressant de discuter. Quant à une solution qui pourrait être proposée, il existe un point assez intéressant ayant trait à l'homogénéisation des vitesses. Tout récemment, j'ai - avec Ivan Slatkine, député ici absent - assisté à un débat sur la sécurité routière, et les réflexions scientifiques étaient unanimes: la meilleure vitesse pour permettre au plus grand nombre possible de voitures de passer, c'est 30 km/h. On pourrait donc imaginer que c'est une circulation à 30 km/h sur l'autoroute de contournement qui ouvre la plus grande possibilité d'écouler le flot des personnes qui viennent à Genève... Et tout cela pour un coût modeste: il suffit de ralentir.

En ce qui concerne l'ordre du jour, j'avais quelque espoir que cette résolution et cette motion ne soient pas traitées en urgence et qu'elles passent après la motion sur le covoiturage. Ainsi, j'aurais pu savoir qui est vraiment en faveur d'une réflexion sur la mobilité, compte tenu du fait que, dans ces voitures, il n'y a pas souvent plus d'une personne, voire 1,2. Une réflexion est à mener à ce niveau-là, et je me réjouis d'en connaître le résultat, ce sera peut-être ce soir, ou plutôt en janvier.

En conclusion, j'utiliserai l'image choisie par Hugo Zbinden: c'est l'entonnoir ! C'est intéressant de faire un entonnoir... Les gens arrivent plus vite dans le cul-de-sac ! Mais c'est une idée comme une autre... Donc, un entonnoir ! Et, du coup, un magnifique auto-goal ! Or là, même en sport, je pense que personne n'a très envie de marquer des autogoals. (Applaudissements.)

Le président. Merci, Madame la députée. La parole est à Mme Borgeaud, qui dispose de deux minutes.

Mme Sandra Borgeaud (Ind.). Mesdames et Messieurs les députés... (Brouhaha.)

Une voix. Les génies de la circulation !

Mme Sandra Borgeaud. Les génies de la circulation ? J'aimerais vous rappeler que, si la critique est aisée, l'art est difficile. (Commentaires.) Cela vous donnera à méditer ! Visiblement, peu de monde dans ce parlement écoute les recommandations que le président a formulées en début de session: ne pas s'attaquer aux personnes, mais seulement débattre des idées. Je constate qu'on n'écoute qu'on a envie !

Concernant cette troisième voie, je suis, pour plusieurs raisons, tout à fait favorable à sa réalisation. En effet, j'en ai un peu assez d'entendre les écolos taxer, partout et à tout-va, les gens de pollueurs et dire qu'il faut prendre le train, le bus, qu'il faut aller à vélo, à pied... Par exemple, j'aimerais relever que ceux qui ont la chance d'habiter dans le Mandement et veulent se rendre à Plan-les-Ouates mettent un quart d'heure en voiture; or, en prenant le train et le bus - si l'on a envie de vous écouter - c'est une heure dix, voire deux heures vingt de trajet par jour pour se rendre au travail ! Alors que cela prend trente minutes en voiture... Dès lors, je vous suggère de faire preuve d'un peu plus d'intelligence et de promouvoir effectivement... (Remarque.) ....la mobilité des transports en commun... (Commentaires.)

M. Gilbert Catelain. C'est une insulte ?

Mme Sandra Borgeaud. Il n'y a pas d'insulte, Monsieur Catelain - vous êtes gentil, mais vous n'allez pas vous y mettre. Moi j'ai la prétention de n'insulter personne dans ce parlement, je suis peut-être la seule - bref !

Monsieur le président, j'aimerais rappeler que certaines personnes ont besoin d'un véhicule. Par exemple, c'est une nécessité pour des entreprises des cantons de Vaud, de Fribourg et du Valais, qui doivent venir dépanner des machines. Je ne crois pas qu'elles puissent se déplacer en train avec leur outillage... S'il vous plaît, Mesdames et Messieurs, arrêtez de vouloir systématiquement bannir la voiture, comme si c'était l'ennemi public numéro un de la république !

Le président. Vous arrivez au bout des deux minutes, Madame la députée.

Mme Sandra Borgeaud. J'aimerais dire encore que tout le monde, dans cette république, a le droit de vivre: la personne qui a envie d'une voiture et la choisit dotée de l'antipollution pour respecter l'environnement en a donc parfaitement le droit ! Quant à ceux qui ont envie de pédaler sur leur vélo, eh bien c'est très bien ! Mais arrêtez de toujours porter atteinte à la liberté d'autrui ! Je vous en remercie. J'accepterai la motion et la résolution.

M. Eric Ischi (UDC). Après avoir entendu tout ce qui a été dit, aussi bien au sujet de la résolution que de la motion, le groupe UDC est convaincu que vous devez soutenir la résolution qui vous est présentée et la renvoyer au Conseil d'Etat.

Il est vrai que cette troisième voie autoroutière ne se fera pas à court terme, peut-être même pas à moyen terme. Mais vous n'échapperez pas à sa réalisation ! Quelles que soient vos idées au sujet de la mobilité - on parle de la multiplicité de la mobilité, de report modal, de pouvoir se déplacer de manière différente - vous n'échapperez pas, malgré tout ce que vous pouvez dire, à l'évolution de cette mobilité individuelle, à laquelle il va falloir faire face. Si, par exemple, les Français décident d'ouvrir aux heures de pointe la troisième voie de la nouvelle liaison autoroutière Annecy-Genève jusqu'à l'entrée de Bardonnex, il faudra bien que nous, les Genevois, prenions aussi des décisions pour que la fluidité du trafic soit assurée.

On parle d'entonnoir... C'est vrai que cela fait partie des problèmes à résoudre ! Il faut trouver des solutions, et probablement qu'elles existent si l'on veut se donner la peine de s'y pencher un tout petit peu.

Donc, le groupe UDC vous recommande d'accepter la résolution 557 et de la renvoyer au Conseil d'Etat. Quant à la motion 1819, il s'agit là, comme cela a été relevé, d'une solution à court terme, c'est vrai. Mais il faut aussi trouver des solutions à court terme ! Par conséquent, nous vous engageons à renvoyer cette résolution à la commission des transports.

Le président. Merci, Monsieur le député. Monsieur Deneys, vous pouvez prendre la parole, mais il ne vous reste plus que quinze secondes. Je vous donne 10% de plus: dix-sept secondes !

M. Roger Deneys (S). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, j'aimerais dire, concernant la troisième voie, que la seule chose vraie, c'est qu'elle fluidifie uniquement le trafic constant; si vous augmentez le nombre de voitures, vous arriverez au même problème de saturation. Donc, rien que pour cette raison, ce sont des réponses à court terme.

De plus, fondamentalement, cela ne réduit pas les émissions de CO2 et cela implique des coûts importants, alors qu'il faudrait vraiment que l'on encourage les gens à utiliser les transports publics pour se rendre dans les centres urbains.

C'est pourquoi, Mesdames et Messieurs les députés, je vous invite à rejeter tant la résolution que la motion.

M. Alain Meylan (L). Mesdames et Messieurs les députés, le groupe libéral soutiendra cette résolution, compte tenu notamment de tous les avis qui ont été exprimés. Mais je crois qu'il s'agit véritablement d'un concept global: il faut construire cette troisième voie et, évidemment, en concordance avec la traversée du lac, que nous avons soutenue dans cette enceinte il y a quelques semaines. Il faut développer cette logique, cette cohérence - «Cohérence» et «complémentarité», voilà les bons termes.

Cette complémentarité a été convenue en 1986 ou 1988, quand le peuple genevois s'est déclaré d'accord à 80% de développer les transports publics - ce qui a été largement réalisé depuis lors - de même que ce que l'on appelait à l'époque la traversée de la rade. Voilà les prémices de ce que l'on a voté quelques années plus tard dans notre constitution: cela se nomme complémentarité.

Qu'on le veuille ou non, Mesdames et Messieurs des bancs des socialistes et des Verts, cette complémentarité vise à répondre à la demande de mobilité, qui va se transposer en termes de transports publics, mais aussi de transport individuel. Je le répète: qu'on le veuille ou non, il faudra bien y répondre ! C'est une partie de la solution à la problématique générale de mobilité, que l'on doit fournir à notre canton et à notre pays. C'est donc véritablement dans cet objectif-là qu'il s'agit d'avoir connaissance de ces grands dossiers.

Naturellement, on peut réagir dogmatiquement, comme le fait M. Zbinden... C'est très bien, mais il arrive un moment où la réalité est tout de même là. Il ne faut pas retomber dans ce qui était la pensée du parti des Verts à ses débuts, avec la croissance zéro. Car, avec la croissance zéro revendiquée par ce parti, on a vu les dégâts causés au cours des années 90 et les effets catastrophiques sur notre économie. Pourtant, cette dernière vit par le développement de la mobilité, qui être concertée, complémentaire. Et c'est en cela que nous soutenons aussi le développement des transports publics - certes avec un oeil critique, mais on le soutient. Voilà l'esprit dans lequel il faut considérer cette résolution.

Quant à la motion, Mesdames et Messieurs, c'est vrai qu'elle pose un certain nombre de questions - sensibles - quant à la sécurité. Mme Chatelain épingle un peu notre collègue, M. Odier, mais je crois qu'elle méconnaît profondément les nouvelles techniques de secours sur les autoroutes: maintenant, les moyens de sécurité passent par le centre et non plus par la bande d'arrêt d'urgence. Donc, c'est vrai que l'on doit poser des questions aux spécialistes pour qu'ils nous apportent des réponses quant à notre intérêt à utiliser la bande d'arrêt d'urgence en tant que troisième voie, naturellement avec des conditions particulières, à savoir une vitesse limitée et des feux qui fonctionnent dans certaines situations, comme lors d'un accident. Par exemple, dans le tunnel de Vernier et sur l'autoroute de contournement, quand il y a problème, on sait que les feux s'enclenchent immédiatement pour répondre à la nécessité de dévier ou d'amener le flux de véhicules sur une voie; on le voit, la sécurité fonctionne ! Dans ces conditions, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas utiliser la bande d'arrêt d'urgence en tant que troisième voie.

Afin d'obtenir des réponses plus techniques aux questions posées, le groupe libéral soutient le renvoi de ces objets à la commission des transports.

Pour terminer sur une touche peut-être un peu plus ironique...

Le président. Il faudra terminer, Monsieur le député !

M. Alain Meylan. ...j'ajouterai que, aux discours de Mme Châtelain dans cette enceinte, je préfère la voir être covoiturée par M. Jeannerat pour aller inaugurer l'A41. (Commentaires. Rires.)

Le président. Merci, Monsieur le député. Monsieur Desbaillets, vous ne pourrez pas vous exprimer, il ne vous reste malheureusement plus de temps. Je donne la parole à M. Forte, qui dispose d'une minute trente-cinq.

M. Fabiano Forte (PDC). «Une minute trente-cinq de bonheur», m'a-t-on soufflé à l'oreille droite... Simplement pour dire - ou redire - qu'il faut absolument renvoyer la résolution 557 au Conseil d'Etat, compte tenu de la décision des Chambres fédérales. En effet, dans notre canton, et en Romandie plus largement, nous sommes en retard en matière d'infrastructures routières et nous péchons par paresse là où nos collègues suisses alémaniques sont plus activistes auprès des autorités fédérales.

En ce qui concerne la motion 1819 et l'utilisation de la bande d'arrêt d'urgence, nous devons nous poser un certain nombre de questions techniques. Il n'y a pas lieu de dire: «Tout à la voiture», «Tout aux piétons», «Tout aux transports publics», il a lieu de trouver des solutions ! Par exemple, où l'on ouvre en France l'autoroute A41 en moins de trois ans - après de multiples péripéties, mais en moins de trois ans ! - et où l'on construit des infrastructures, à Genève, nous ne sommes pas capables d'avoir celles qui accueilleront ces véhicules supplémentaires !

C'est la raison pour laquelle le groupe démocrate-chrétien soutiendra le renvoi de la motion 1819 à la commission des transports et le renvoi de la résolution 557 au Conseil d'Etat.

M. Michel Ducret (R). Je m'exprimerai brièvement. Cette troisième voie ne prendra sens qu'en fonction d'une nouvelle traversée lacustre, c'est évident, mais il faut s'attaquer maintenant au problème, parce que c'est l'horizon auquel elle se réalisera.

Par ailleurs, je crois que renvoyer cette résolution est aussi une manière - car c'est au niveau fédéral que cela se passe - de répondre au mépris fédéral pour le besoin de mobilité dans notre région et au refus d'inscrire tout de suite dans les urgences la troisième voie CFF entre Lausanne et Genève, refus que les Chambres fédérales viennent d'édicter. C'est en effet un mépris des conditions essentielles au développement de notre économie et de notre prospérité.

Enfin, en acceptant cette proposition de troisième voie, c'est signifier de la solidarité avec nos amis vaudois.

M. Robert Cramer, conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, en ce qui concerne la motion, plusieurs orateurs ont demandé qu'elle soit renvoyée en commission. Dès lors, si vous donnez suite à cette proposition, la discussion s'y poursuivra et j'aurai l'occasion de m'exprimer à ce moment-là, dans ce cadre-là, pour donner les indications que nous pouvons.

En ce qui concerne la résolution, la loi portant règlement du Grand Conseil indique que c'est une déclaration qui n'entraîne aucune espèce d'effet législatif ni d'obligation pour le Conseil d'Etat de produire un rapport. Cela étant, c'est bien volontiers que, conformément au premier terme de la résolution, je vous informe des démarches en cours.

Tout d'abord un rappel, et plusieurs d'entre vous l'ont relevé, il s'agit là d'un domaine qui est dorénavant régi strictement et exclusivement par le droit fédéral, les cantons n'ont pas de compétence. C'est à la Confédération, d'abord, qu'il incombe de construire les autoroutes - ceci à cent pour cent, c'est une compétence exclusive - et c'est la Confédération qui les entretient; elle établit les programmes portant sur l'entretien et le développement de ces infrastructures, et elle le fait, bien sûr, par rapport à une planification fédérale. Au fond, cela est heureux. Et c'est heureux qu'il y ait une vision se portant sur ces grandes infrastructures et qui aille au-delà des frontières cantonales.

Dans ce cadre-là, la Confédération sera amenée à communiquer ses décisions et, un certain nombre d'entre vous le savent, c'est demain qu'elle fera une communication sur sa vision en matière d'urgence quant aux réalisations autoroutières. Il est évident que la Confédération, lorsqu'elle a des décisions à prendre, consulte les cantons. Et c'est dans ce sens que les services de l'administration, qu'il s'agisse de ceux du DCTI ou de ceux du département du territoire, ont été consultés pour que la Confédération puisse faire le point sur la situation. Or, lorsque l'on parle de l'autoroute Genève-Lausanne, il faut bien comprendre que l'on traite en réalité de trois problèmes distincts. Il y a d'abord le tronçon entre Lausanne et Morges, extrêmement chargé - à peu près 95 000 véhicules par jour - et c'est sur ce tronçon-là que l'expérience a été faite d'utiliser la bande d'arrêt d'urgence comme étant une sorte de bande de délaissement, une forme de troisième voie. Il y a ensuite le tronçon Coppet-Vengeron, à l'entrée de Genève, qui en lui-même pose plusieurs problèmes spécifiques; c'est du reste à ce tronçon que fait référence la motion. Et enfin, il y a le reste: le tronçon intermédiaire.

Cela étant, quels que soient les tronçons considérés, lorsqu'on mène une réflexion sur le trafic, on ne peut pas se borner à regarder quelle est la largeur du tuyau qui est sur l'autoroute, il faut voir au-delà ! L'image de l'entonnoir, employée par plusieurs d'entre vous, est parfaitement adéquate. Il ne sert à rien de s'efforcer de faire circuler plus de voitures entre Lausanne et le Vengeron pour que, tout à coup, au Vengeron, elles se retrouvent dans un goulet d'étranglement. C'est donc dire - et je ne crois pas déflorer des révélations que l'on pourra apprendre demain - que l'idée d'une troisième voie autoroutière, à tout le moins entre Coppet et le Vengeron, est étroitement liée à l'idée d'une traversée du lac, car il va de soi que l'on ne peut pas imaginer absorber à Genève les véhicules qui circuleraient sur ces trois voies. Il faut qu'en tout cas une partie de ces véhicules puisse être canalisée ailleurs, et cette autre canalisation s'appelle traversée du lac.

Voilà, je crois, quels sont les éléments du problème, du moins tels qu'ils ont pu être discutés entre les autorités cantonales et la Confédération, problème dont vous voyez qu'il est de compétence fédérale - et dont vous voyez aussi qu'il est assez nuancé, puisque l'autoroute elle-même ne peut pas être considérée comme un seul ouvrage. Ce que les autorités fédérales en ont retenu au niveau des priorisations, vous le saurez demain à travers vos médias favoris. Cette communication appartient à la Confédération, et non pas à l'autorité cantonale.

Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Nous allons donc d'abord voter le point 24, motion 1819. Nous avons une demande de renvoi à la commission des transports.

Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 1819 à la commission des transports est adopté par 53 oui contre 26 non.

Le président. Nous votons à présent le renvoi de la résolution 557 au Conseil d'Etat.

Mise aux voix, la résolution 557 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 51 oui contre 27 non.

Résolution 557