République et canton de Genève

Grand Conseil

Discours de Mme Loly Bolay, présidente sortante

La présidente. Mesdames et Messieurs les députés, je tiens tout d'abord à féliciter Eric Leyvraz de son élection. Eric Leyvraz, que j'ai côtoyé tout au long de cette année, est un homme dont j'ai appris à apprécier les qualités: c'est un homme intègre, cordial, respectueux de l'autre. J'en suis sûre, il saura être à la hauteur de la fonction de président, une tâche - vous aurez pu le constater les uns et les autres - qui n'est pas toujours facile.

Vous le connaissez tous, ou presque, c'est un vigneron émérite, et il a accompli un exploit un an durant... Je vais vous révéler un secret, mais je n'aimerais pas que cela sorte d'ici, s'il vous plaît. (Rires.) Ce que je vais vous apprendre est grave: Eric Leyvraz m'a servi de l'eau... De l'eau plate, pendant toute une année ! Vous vous rendez compte de ce que c'est, pour un vigneron, que de servir de l'eau plate toute une année ?! Il n'était pas content... Et je n'aimerais vraiment pas lui causer du tort, d'autant moins que ses vins sont excellents, en particulier son aligoté que j'ai eu le plaisir de déguster !

Eric, je te souhaite bon vent ! Que cette année t'apporte toute la satisfaction que tu mérites. Tu verras, c'est une année magnifique - je vais en parler tout à l'heure - cependant, parfois, il faut faire face à des situations pas très agréables.

J'aimerais également remercier les membres du Bureau, qui m'ont apporté leur soutien tout au long de l'année. J'adresse un remerciement particulier à la deuxième vice-présidente, Patricia Läser, que j'ai eu la chance de connaître, puisque nous avons passé ensemble trois ans au perchoir. Patricia, merci pour ce que tu es: quelqu'un de formidable !

Mesdames et Messieurs les députés, permettez-moi encore de remercier toute l'équipe du secrétariat général du Grand Conseil. Grâce à leur professionnalisme, à leur savoir-faire, à leur gentillesse, à leur patience aussi - car il n'est pas toujours facile de répondre à toutes les exigences, parfois étonnantes, des députés - les collaboratrices et collaborateurs accomplissent un travail de qualité. Ils le font sans sourciller, avec la seule préoccupation de nous rendre service et de nous aider dans notre tâche - il est vrai, pas toujours aisée.

Je tiens surtout à remercier vivement Mme le sautier du Grand Conseil, Maria Anna Hutter, une vraie «serviteure» de l'Etat, Mesdames et Messieurs les députés, celle sur qui on peut toujours compter, une vraie professionnelle, mais aussi une femme de cœur d'une gentillesse exemplaire. Maria Anna, ce parlement te doit beaucoup, nous le savons toutes et tous dans cette enceinte. J'aimerais donc, Mesdames et Messieurs, que vous l'applaudissiez vivement. (Applaudissements nourris.)

Sur le plan du fonctionnement, nous avons toujours près de deux cents points à l'ordre du jour - je ne vous apprends rien ! - et cela, malgré le fait que notre loi portant règlement du Grand Conseil nous permet de mieux structurer nos débats. Il y avait pourtant lieu d'espérer - eh oui, j'ai beaucoup espéré, et le Bureau avec moi ! - que les deux séances supplémentaires, en avril et en août - vous vous en souvenez - nous permettraient de traiter davantage d'objets. Mais, malheureusement, il n'en fut rien !

Pour mémoire, je vous rappelle - car cela m'a poursuivi toute l'année - que le débat sur la bonne gouvernance a duré onze heures... Dont cinq heures ont été consacrées exclusivement à l'article 6 du premier projet. Je crois que je m'en souviendrai toujours ! Une performance digne de paraître dans le Livre des Records !

Nous avons également essayé, en suivant l'exemple de nos anciens présidents, indépendamment de l'obligation légale de le faire, de diminuer fortement les frais généraux. J'en veux pour preuve notre voyage en Galice - évoqué tout à l'heure par M. Guénat - lors duquel, pour la première fois, les participants ont payé de leur poche les frais de déplacement et de séjour sur place. Ce fut un voyage magnifique en terres galiciennes, pleines de charme et d'émotion, surtout pour moi.

Mesdames et Messieurs les députés, une année s'achève; une année passionnante, pleine de défis à relever, où les enjeux n'ont pas manqué, ni les écueils, d'ailleurs. Oui, cette année a été pour moi un honneur, un véritable honneur, celui de servir la République et canton de Genève.

Sur le plan personnel, c'est une année que je n'oublierai pas, tant elle a été riche en événements importants, jalonnée par des manifestations plus intéressantes les unes que les autres, dans tous les milieux, et ils sont nombreux dans notre république - culturels, internationaux, sportifs, associatifs, religieux - et, bien évidemment, avec les diverses communautés étrangères installées ici depuis longtemps, avec lesquelles j'ai pu avoir un contact régulier qui m'a permis de mieux comprendre et connaître le travail immense que les responsables de ces associations accomplissent sur le terrain. Des rencontres avec des gens formidables, qui se donnent sans compter pour Genève, ce canton où se côtoient des dizaines de nationalités, ce carrefour international où les cultures se mélangent et se rencontrent, une mosaïque impressionnante, une richesse non seulement pour Genève, mais pour la Suisse tout entière. Ce canton où des choses importantes ont été réalisées par des hommes et des femmes auxquels je tiens aujourd'hui à rendre hommage. Des hommes et des femmes de tous horizons et de toutes nationalités qui, animés par l'esprit de Genève, ont réussi à faire de ce lieu un carrefour international ouvert sur le monde, sur les autres, défendant les valeurs de tolérance et d'humanisme.

Mais, Mesdames et Messieurs les députés, ne nous endormons pas sur nos lauriers, car notre petite république connaît des difficultés majeures, à l'instar d'autres contrées proches ou lointaines: un chômage important - le plus élevé de tous les cantons suisses - ayant comme conséquences le chômage de longue durée, la précarité et l'exclusion, et cela malgré une économie qui a su créer un nombre important d'emplois ces deux dernières années. Les difficultés à se loger à un prix raisonnable, les problèmes d'environnement et de qualité de vie peuvent également tendre à causer un sentiment d'insécurité. Oui, Mesdames et Messieurs les députés, nos concitoyens sont inquiets; ils et elles nous le font savoir en nous interpellant par l'intermédiaire de pétitions adressées au parlement.

Mesdames et Messieurs les députés, à l'heure où une grave crise économique et financière déferle sur l'Europe et sur le monde, à l'heure où une importante récession pointe son nez avec les conséquences que l'on sait, à l'heure où le bien public est menacé, il est de notre devoir, en tant qu'élus, de tout faire pour aider nos concitoyennes et nos concitoyens à surmonter cette crise avec dignité et espérance. Car Genève a toujours su, et ce, depuis des siècles, affronter son destin avec panache, pugnacité et dignité !

Défendre cet esprit de Genève, auquel nous sommes toutes et tous très attachés, c'est faire un pari sur l'avenir d'un monde meilleur, d'un monde plus juste, plus solidaire, et plus respectueux aussi.

Pour conclure, Mesdames et Messieurs les députés, j'aimerais vous remercier de vos paroles qui m'ont beaucoup touchée. J'aimerais remercier plus particulièrement le groupe UDC pour le bon qu'il m'a offert. Un séjour dans cet hôtel me fera le plus grand bien, parce que j'ai le dos «en compote»... (Rires.) Voilà ce qui attend le nouveau président ! Merci beaucoup, chers collègues !

Que vive Genève, que vive notre république ! (Vifs applaudissements. Mme Loly Bolay et Mme Patricia Läser s'embrassent. Mme Loly Bolay reçoit un bouquet de fleurs. Les conseillers d'Etat et les députés se lèvent et continuent d'applaudir Mme Loly Bolay, qui descend de l'estrade.)