République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 21 septembre 2006 à 20h30
56e législature - 1re année - 11e session - 53e séance
PL 8795-B
Premier débat
M. Gabriel Barrillier (R), rapporteur de majorité. C'est la seconde fois que ce projet de loi est présenté en plénière. J'allais dire que c'est le pont de la rivière Kwaï, mais c'est une passerelle. Je rappelle très brièvement la nécessité de construire cette passerelle pour trois raisons.
D'abord parce que c'était une promesse et un engagement de l'Etat lors de la construction du centre commercial et du stade. Il s'agissait d'un plan localisé de quartier. Il y avait une promesse de réaliser cette passerelle qui permettrait un cheminement plus doux pour les piétons et les cyclistes dans cette zone qui est extrêmement serrée en matière de circulation. Lors du premier débat, le projet a été renvoyé en commission. Je relève d'ailleurs, sans vouloir polémiquer d'ores et déjà, qu'il y a 18 mois c'était l'Alliance de gauche qui y était opposée et que maintenant je me retrouve en face de l'Union démocratique du centre ! Donc les extrêmes, chers collègues, ne sont pas très éloignés les uns des autres ! (Brouhaha.)
La deuxième raison, c'est l'organisation de l'Euro 2008, qui va entraîner des milliers de déplacements. Il faut, pour la sécurité de cette manifestation, pour la sécurité des spectateurs, que l'ensemble des dispositifs soit garanti.
La troisième raison, c'est la réalisation, en dépit de la pétition qui a pu être déposée aujourd'hui, du projet de CEVA, du train entre Cornavin et les Eaux-Vives. Je vous rappelle que lundi, au Conseil national à Flims, le financement de la part fédérale à ce projet va, selon nos informations, être votée. Le Conseil des Etats l'a votée au printemps par trente-sept voix contre zéro, et lundi le parlement va confirmer le financement fédéral du CEVA. Vous savez que ce dispositif prévoit une gare dans cette région, à la Praille, exactement à l'endroit où la passerelle doit être construite. Dès lors, au sujet de la coordination, j'ai lu le rapport de minorité dans lequel mon collègue s'inquiète de savoir si la coordination de ces projets - donc CEVA, Euro 2008, centre commercial et financement - est assurée et je puis déjà vous dire, chers collègues, qu'effectivement la gare du CEVA à la Praille permettra cette coordination et cette cohérence des transports.
Nous revenons donc devant vous avec ce projet. De plus, il s'agit de développement durable, et Dieu sait si ce Grand Conseil s'est intéressé au développement durable en matière de construction ! Faut-il utiliser du béton, etc. ? La commission, dans sa majorité, a donné sa préférence à une variante en bois ! Le bois, c'est le développement durable. (Exclamations. Brouhaha.)
Pour toutes ces raisons, au nom de la majorité de la commission, je vous invite à voter une fois pour toutes cette passerelle ! Et à passer à autre chose.
M. Olivier Wasmer (UDC), rapporteur de minorité. Je suis heureux de savoir que le seul parallèle qu'a tiré le député Barrillier entre l'UDC et l'Alliance de gauche était le fait qu'elles cherchent à faire des économies. Il est vrai que l'UDC est très soucieuse de faire des économies et aujourd'hui, en période de vaches maigres, alors qu'on a une dette entre 15 et 19 milliards, on peut s'étonner qu'on claque 9 millions - j'ai bien dit «on claque 9 millions» - pour une petite passerelle !
Au début, l'argument de la majorité de la commission, c'était de dire qu'il fallait faire la passerelle avant l'Euro 2008 pour les spectateurs qui voudraient rejoindre le stade de la Praille depuis le Bachet-de-Pesay. On a rappelé à la majorité que l'Euro 2008 qui se déroulera à Genève, c'est trois matchs. Une partie de football dure généralement une heure et demie; on peut compter qu'avec les à-côtés, la mi-temps et les pauses, cela dure largement deux heures. Fois trois, cela fait six heures. Donc, pour six heures de match, on veut faire une passerelle qui coûtera 9 millions.
Les autres arguments de la majorité étaient de dire: «Effectivement, on est conscients qu'il y a un problème vis-à-vis de l'Euro 2008 et que 9 millions pour trois matches de football, c'est un peu cher. Par contre, vous savez, il y aura des cyclistes et des piétons qui vont passer sur cette passerelle.» Je n'ai rien contre les cyclistes, j'en suis un moi-même et on est de plus en plus à être des cyclistes, mais vous savez tous, vous qui êtes cyclistes, qu'on a une certaine indépendance et que, quand on est cycliste, on aime bien, justement, emprunter le chemin des écoliers plutôt que de suivre des pistes cyclables ou des ponts. Alors, aujourd'hui on vient nous dire qu'il faut faire cette passerelle pour les cyclistes, or on n'a aucune statistique - je ne dis même pas «sérieuse», parce qu'il n'y en a pas du tout - qui viendrait démontrer qu'on a besoin d'une passerelle à 9 millions pour faire passer les cyclistes... (L'orateur est interpellé.) ... entre le stade de la Praille et le Bachet-de-Pesay. Bien plus encore, on a parlé du CEVA, le député Barrillier vient de vous dire que tout a été coordonné et que tout est en ordre. Il faut savoir que cette passerelle va passer au-dessus de la gare du CEVA. M. Barrillier a l'habitude de dire des choses qu'il connaît et qu'il a vérifiées: je lui fais entièrement confiance sur ce point et je suis heureux de l'apprendre.
Mais aujourd'hui, Mesdames et Messieurs les députés, le problème est là: même si on vous fait une passerelle en bois, on n'a jamais devisé les coûts de rénovation de cette passerelle, ni le coût d'entretien. Cette passerelle coûtait un million de moins il y a deux ans. Aujourd'hui, elle est à 9 millions, alors on pense qu'au moment où elle sera construite, d'ici une année, elle coûtera 10 millions et, comme d'habitude, on dépassera largement le crédit que vous allez certainement voter ! Je me permets de le rappeler une dernière fois à cette tribune: on est en période de vaches maigres, pour ceux qui ne le savent pas encore ! Je dis cela surtout à l'égard de nos concitoyens. Et on vient dépenser 9 millions pour une passerelle. Pour toutes ces raisons, l'UDC s'opposera à l'adoption de ce projet de loi.
Mme Loly Bolay (S). Les arguments du rapporteur de minorité sont empreints d'une très mauvaise foi, et c'est un euphémisme. La pertinence de ce projet de loi avait déjà été démontrée lors de notre premier débat qui a eu lieu il y a deux ans, le treize février 2004. Aujourd'hui, les éléments qui plaident en faveur de ce projet de loi se sont encore renforcés. Pourquoi ? Tout d'abord, évidemment, en raison du stade. On en parlera tout à l'heure. Et puis, surtout, en raison du projet SOVALP qui concerne la construction de 800 logements sur le coteau de Lancy, ce qui va ouvrir un nouveau quartier avec une activité extrêmement importante, puisqu'on prévoit la construction d'environ 140 000m2 de bureaux. C'est dire, Mesdames et Messieurs les députés, que l'aménagement de nouvelles voies pour les cyclistes et les piétons est nécessaire dans ce périmètre, parce qu'elles n'existent pas !
Sans oublier - le rapporteur de majorité l'a dit - quelques autres éléments qui avaient été déjà été indiqués lors de notre précédent débat. Premièrement, cette passerelle s'intègre parfaitement dans le plan localisé de quartier. Ensuite, le Conseil d'Etat s'est engagé dans un protocole d'accord avec l'ATE qui, à l'époque, il faut le rappeler, était contre la construction du stade de la Praille et a retiré son recours précisément parce que le Conseil d'Etat s'était engagé à construire cette passerelle. J'aimerais souligner que ce protocole d'accord a été entériné par le Tribunal administratif.
Enfin, l'emplacement de cette passerelle n'a aucune contradiction, mais vraiment aucune, avec le CEVA ! Puisque la visite que nous avons effectuée sur place avec M. Haegler, l'ingénieur cantonal, nous l'a prouvé: cette passerelle s'intègre parfaitement avec le CEVA.
Par ailleurs, nous tenons à relever le choix de la variante bois. Il s'est avéré, après mûre réflexion de la commission qui a demandé des devis, que le bois était effectivement moins coûteux que l'acier. En effet, nous nous sommes rendu compte, et M. le rapporteur de majorité l'explique parfaitement bien dans son rapport, que l'acier est devenu trop cher.
Enfin, j'aimerais conclure avec un autre élément, qu'il est aussi pertinent de relever, sur les mesures aujourd'hui mises en place lorsqu'il y a un événement footballistique important. On l'a vu la dernière fois, la police met tout un dispositif routier en place, qui a un coût extrêmement important. Eh bien, la construction de cette parcelle va réduire ce dispositif et, par voie de conséquence, réduire également les coûts.
C'est dire, Mesdames et Messieurs les députés, que le groupe socialiste vous a donné tous les éléments pertinents qui coupent l'herbe sous le pied au rapporteur de minorité qui, lui, ne parle que de 2008 ! Bien sûr, que c'est pertinent pour 2008, mais ici ce n'est pas seulement pour 2008, c'est pour tout un quartier qui est en train de naître ! C'est la raison pour laquelle, au nom du groupe socialiste, je vous demande votre adhésion à ce projet de loi.
Une voix. Bravo ! (Applaudissements.)
Mme Elisabeth Chatelain (S). J'aimerais ajouter une chose très importante à ce que ma collègue vient de dire et à ce que le rapporteur de majorité a déclaré. J'approuve totalement ce rapport de majorité... (L'oratrice est interpellée. Elle rit.) J'aimerais ajouter quelque chose quant aux raisons de réaliser cette passerelle.
Mme Loly Bolay parle de SOVALP; elle a parfaitement raison. Je crois qu'il faut prendre un petit peu de hauteur et je m'adresse directement au rapporteur de minorité: il faut prendre un peu de hauteur dans ce quartier. Il y a la Chapelle-Les-Sciers, qui va amener plusieurs milliers d'habitants dans la région, il y a la commune de Plan-les-Ouates qui approche des 10 000 habitants et il y a toute la zone de Lancy-Sud qui se développe aussi considérablement. Et ce carrefour de la route de St-Julien avec la route des Jeunes est un endroit parfaitement sinistré au niveau de la mobilité douce. Si, comme le dit le rapporteur de minorité, il n'y a pas beaucoup de cyclistes qui passent à cet endroit actuellement, c'est parce que les cyclistes sont peut-être parfois un peu téméraires, mais ne sont tout de même pas totalement suicidaires. C'est un endroit vraiment très dangereux.
Alors, cette passerelle complète le dispositif qui existe actuellement, qui est un passage sous la route de St-Julien, et permettra à toute une zone vraiment large de Genève-Sud de pouvoir accéder à Carouge ou à la ville avec la mobilité douce, que ce soit à vélo ou à pied.
C'est pour cela que le groupe socialiste, qui a toujours soutenu ce projet, continue à le faire et vous demande, Mesdames et Messieurs, de le soutenir également. (Applaudissements.)
M. Hugues Hiltpold (R). Je crois qu'il n'est pas inutile de faire un bref historique de ce projet de loi puisque, vous le savez, il a été déposé en 2002, il y a plus de quatre ans. Il a été renvoyé en commission par une alliance un peu particulière: d'une part, l'Alliance de gauche qui le renvoyait en commission parce que c'était un projet qui touchait de près le stade et que tout ce qui touchait de près le stade était à ne pas traiter, et, d'autre part, les partis de droite, pour une question de coût. Mais jamais il n'a été question du bien-fondé de cette passerelle, que personne ne remettait en cause.
Il est également important de rappeler qu'il a été conclu un accord entre le Conseil d'Etat et l'ATE au moment de la construction du stade. Il y avait à l'époque un recours, qui a été retiré par l'ATE moyennant, notamment, la construction de cette passerelle. Je crois que c'est un élément très important, à prendre en considération lors du traitement de ce projet de loi.
Maintenant, la question du coût. Il y a quatre ans: ce projet a été devisé. Bien évidemment, quatre ans ont passé, donc il y a eu un surcoût de par la hausse du prix de l'acier. Mais il faut voir le bon côté des choses. Finalement, le surcoût engendré par l'acier a donné lieu à une variante en bois. Ce sera plus plaisant dans ce contexte assez industriel. Donc, le fait d'avoir attendu n'est peut-être pas une si mauvaise chose.
Aujourd'hui, Mesdames et Messieurs, je vous encourage à voter ce projet parce que, dans ce contexte, on a bien besoin de cette passerelle pour le CEVA, ce qui a été mis en évidence par M. Barrillier et par Mme Bolay. Et puis, le fait d'avoir attendu a également donné une impulsion par rapport à la qualité de ce projet, qui est de faire une construction en bois.
M. Roger Deneys (S). J'aimerais revenir sur un propos que je lis dans le rapport de minorité de M. Wasmer: «Faut-il rappeler d'ailleurs l'indépendance des cyclistes qui n'ont pas besoin d'une passerelle sur leur itinéraire en constatant tous les jours qu'ils empruntent n'importe quel accès le plus court pour arriver à leur lieu de destination !» En tant que membre du comité de l'Aspic et président de l'Aspic pendant de nombreuses années, j'aimerais m'opposer fermement à ces propos.
Certes, il est vrai qu'une partie des cyclistes ont tendance à passer peu près partout, mais il ne faut pas oublier en même temps - et cela a été relevé récemment par la «Tribune de Genève» de façon inexacte - que pour de nombreuses personnes, faire du vélo à Genève, c'est dangereux. Ce n'est pas forcément dangereux réellement, parce qu'il y a peu d'accidents, mais le sentiment de danger est important et c'est un frein important à l'utilisation du vélo sur le canton de Genève. C'est un facteur extrêmement important qui milite en faveur d'aménagements cyclables continus, y compris jusque dans les banlieues proches ou plus lointaines telles que Plan-les-Ouates - on peut même aller jusqu'à Bernex à vélo, ce n'est pas un problème.
J'insiste, Mesdames et Messieurs les députés: il est extrêmement important de garantir des itinéraires sûrs sur de longues distances à vélo. J'en veux pour preuve un récent voyage que l'Aspic vient d'organiser à Copenhague: à Copenhague, 35% des pendulaires vont au travail à vélo contre 27% en voiture. Alors, Mesdames et Messieurs les députés - et en l'occurrence, Monsieur Wasmer et l'UDC - je vous invite à essayer de réfléchir à plus long terme ! Vous dites que 9 millions, c'est trop cher... 9 millions, c'est amorti sur cinquante ans, cela fait environ 300 000 francs par année. Si vous estimez la baisse des coûts grâce aux voitures supprimées, parce que des gens iraient à vélo au lieu d'aller en voiture, et si vous pensez en termes de santé publique, parce que des gens font un effort physique parce qu'ils peuvent aller de façon agréable et pratique à leur travail sans passer par des endroits absolument suicidaires, ce sont des arguments qui militent en faveur d'une vision à plus long terme en matière de mobilité. Le vélo, c'est un vrai moyen de déplacement quotidien ! Et 300 000 francs par année sur cinquante ans, c'est rien, Monsieur Wasmer ! Je dirais même que je trouve votre argument relativement honteux parce que le coût humain - je ne sais pas si vous êtes déjà passé à vélo à côté du centre commercial de la Praille, c'est effectivement un endroit suicidaire pour les cyclistes... Donc le coût humain, s'il y a le moindre accident aujourd'hui, serait totalement scandaleux ! Quand on réalise des aménagements aujourd'hui, le vélo doit être intégré comme un véritable moyen de transport et pas comme un gadget !
J'ai donc trouvé fort regrettable que ce projet de loi soit renvoyé en commission à l'époque, parce qu'on a pris deux, presque trois ans de plus pour réaliser cette passerelle. Et quelque part, on a mis en danger la vie des cyclistes pendant tout ce temps supplémentaire. En tout cas, je remercie le département, peut-être que c'est parce qu'il y a l'Euro 2008, mais tant mieux si cela peut favoriser les aménagements cyclables... (L'orateur est interpellé.) ... et favoriser la mobilité douce à long terme. (Applaudissements.)
M. David Amsler (L). Comme l'a dit Mme Bolay tout à l'heure, la commission des travaux s'est rendue sur place. On a effectivement constaté qu'à l'heure actuelle cette passerelle n'était pas indispensable à la desserte du quartier. J'ai bien dit «à l'heure actuelle». Cette passerelle est parallèle à un pont existant et aujourd'hui les piétons et les cyclistes utilisent ce pont.
Par contre, la commission a été très sensible aux engagements pris par le Conseil d'Etat dans le cadre du plan localisé du stade de la Praille, et nous sommes bien conscients qu'à terme le quartier de la Praille va se développer. Après cette visite des lieux, après l'analyse du dossier, j'ai été personnellement convaincu de la nécessité de la réalisation de ce projet à long terme.
Notre groupe s'est opposé tout à l'heure à l'urgence parce qu'en effet, par rapport à ce que j'ai dit tout à l'heure, il n'y a pas vraiment d'urgence à la construction de cette passerelle, si ce n'est le fait que les travaux soient terminés avant l'Euro 2008, ce qui nous a été bien expliqué pendant les séances de commission. L'Euro 2008 n'est pas la raison principale de l'urgence de ce projet puisque, lors de ces grands matches internationaux, tout le quartier sera bouclé et les piétons utiliseront bien plus les voiries existantes que la nouvelle passerelle. Mais pour la raison de l'engagement du Conseil d'Etat et pour la vision à terme du développement du quartier, qui sera aussi lié à l'échange multimodal qui aura lieu à l'endroit de la future gare du CEVA, il est important de réaliser cette passerelle.
Le dernier point qui nous a fait refuser l'urgence était la question de la construction de la gare du futur CEVA. Cette passerelle devra être partiellement démontée pendant les travaux de construction, d'où la position de notre groupe qui suggérait que cette passerelle soit réalisée après les travaux du CEVA. Notre groupe est un peu partagé sur le sujet, mais personnellement je soutiendrai le projet par rapport à la vision du développement du quartier à terme.
M. Damien Sidler (Ve). Les Verts soutiendront ce projet pour une passerelle au Bachet-de-Pesay, devisée à près de 9 millions. Si l'on peut s'entendre sur un point avec le rapport de minorité, c'est qu'effectivement cette passerelle n'est pas faite pour les trois matches de l'Euro 2008, mais en effet pour des questions de contingences: il faut qu'elle soit faite avant l'Euro 2008, ou alors après - comme l'a dit M. Amsler - mais en tout cas pas pendant, ce n'est pas concevable.
Avec ce lieu, nous avons affaire à un point névralgique actuel mais surtout futur de la mobilité douce pour tout le secteur situé en aval, les communes de Plan-les-Ouates et de Lancy, notamment, en lien avec la commune de Carouge. On peut penser au développement massif de la zone industrielle de Plan-les-Ouates, qui continue d'ailleurs de se développer, à la densification qui est proposée sur la commune de Lancy en deux points, au collège de Staël et au futur cycle de Drize que nous étudions actuellement à la commission des travaux, sans oublier bien entendu le centre commercial ainsi que les espaces de loisir liés à ce centre commercial et le stade de Genève, qui accueille, je vous le rappelle, pas mal de manifestations pour les jeunes en dehors des matches de foot.
Concernant la fréquentation de cette semi-autoroute par les cyclistes, je peux comprendre que M. Wasmer n'en ait pas vu beaucoup. Je crois qu'il faut être bien clairs sur un point: il faut mener dans ce domaine une politique volontariste si l'on veut arriver à quelque chose. On en a d'ailleurs la preuve tous les jours en ville de Genève, puisque le nombre de cyclistes recensés sur les ponts augmente grâce à la politique volontariste de la Ville de Genève. Un autre exemple figurait dans un journal cette semaine, c'est celui de la ville de Lyon où, par d'autres méthodes, mais avec une politique volontariste aussi, on arrive à développer le transfert modal vers le vélo et la mobilité douce.
Je voudrais encore ajouter une remarque pour ce qui est de l'entretien. M. Wasmer a parlé du fait que les coûts d'entretien n'étaient pas compris dans ce projet de loi; j'ai rarement vu des projets de lois dans lesquels on avait déjà devisé tous les frais d'entretien. C'est peut-être une proposition à faire, mais, a priori, on ne vote pas les projets de lois avec les coûts d'entretien. Cependant, nous retenons cette proposition.
Quant à l'augmentation des coûts, le prix de l'acier a effectivement augmenté en quelques années, ce qui fait qu'on a les quelques millions supplémentaires qui sont proposés aujourd'hui pour pouvoir réaliser cette passerelle. Nous avions, à l'époque déjà, voté la première proposition. En ce qui nous concerne, nous espérons que ce projet ne sera pas renvoyé une deuxième fois en commission et que nous pourrons nous en tenir à ces 9 millions. Enfin, je dirai que, pour les Verts, ces 9 millions ne sont pas galvaudés; nous pensons que c'est un investissement absolument nécessaire. Je pense à une autre passerelle, absolument nécessaire également, c'est celle qui va relier les deux rives pour le pont du Mont-Blanc. C'est aussi un investissement nécessaire, et aussi devisée à quelque 10 millions ou plus. Donc, nous vous recommandons de voter ce projet de loi afin de permettre au Conseil d'Etat d'honorer les promesses qu'il avait faites lors des accords liés à la construction du centre commercial de la Praille.
M. Gilbert Catelain (UDC). Cette passerelle des sports sur laquelle nous devons nous prononcer est une épreuve d'endurance, puisque nous la traitons depuis passablement de mois, voire d'années. L'auteur du rapport de majorité nous a vanté trois arguments auxquels se sont greffés d'autres, venant des bancs d'en face notamment.
Le premier, c'est une promesse. Promesse au sujet de laquelle ce parlement n'est pas du tout engagé; il n'est pas du tout redevable de quoi que ce soit vis-à-vis de la Ville ou d'une commune. Le deuxième est la mobilité par rapport à l'Euro 2008. Le troisième est l'emplacement de la gare CEVA et, finalement, le quatrième, qui a été présenté par certains d'entre vous, est le développement d'un quartier.
En préambule, j'aimerais quand même m'étonner de ce que le rapporteur de majorité soit un représentant qui défend certains milieux, ceux de la construction, et... (Protestations.) ... on pourrait même se demander si l'on n'enfreint pas l'article 24 de notre règlement, puisque le boulot journalier de M. Barrillier est de trouver du travail pour les entreprises, ce qui est tout à fait honorable. Mais il aurait peut-être été préférable ou plus judicieux qu'un autre député, radical si possible, pas un architecte non plus, soit rapporteur dans ce projet. (Exclamations.)
Je me suis exprimé sur la promesse, venons-en à la mobilité ! L'Euro 2008 n'est pour moi pas un argument pour la création d'une passerelle. Nous avons déjà vécu des matches tests, ce sont les matches qui ont eu lieu ce printemps, notamment le match Angleterre/Argentine ou le match Brésil/Nouvelle-Zélande, pendant lesquels l'ensemble du périmètre était fermé, l'autoroute était fermée au trafic. Il y a de fortes probabilités aussi que tout ce périmètre soit fermé lors des matches pour permettre un transport public rapide et efficient et pour que les piétons puissent rejoindre les emplacements desservis par les transports publics. Donc, cet élément à lui seul ne suffit pas, il n'est pas une justification pour investir 9 millions dans ce projet.
Concernant la gare CEVA, le rapport de majorité ne nous indique rien au niveau de plans sur l'emplacement de cette gare. Y a-t-il une rupture de trafic au niveau des transports publics entre le Bachet-de-Pesay, la gare CEVA, le stade de la Praille et le centre commercial de la Praille ? Je n'en sais rien, mais s'il y a une rupture de trafic sur un noeud de transports publics c'est une lacune grave, qu'il faut combler par une desserte en transports publics et non pas par une passerelle pour vélos. Il faut savoir si nous parlons de liaisons de transports publics ou si nous parlons de piétons ou de vélos.
Concernant l'argument de la sécurité, qui a été développé par M. Deneys notamment, par rapport aux cyclistes, moi j'ai très bien entendu ce qu'a dit M. Deneys: il a dit que circuler à vélo à Genève n'est pas réellement dangereux. Donc, j'en déduis que ce n'est pas réellement dangereux de circuler à vélo à Genève ! (Remarques.) Si ce n'est pas dangereux, puisqu'il ne s'agit que d'un sentiment... Ici, il n'y a pas un sentiment de dangerosité de circuler à vélo. Alors, il n'y a pas de nécessité non plus à construire une parcelle ! Je fais aussi du vélo, accessoirement, et je peux vous dire que si je peux éviter une côte pour monter sur une passerelle, et être confronté à des piétons sur la passerelle... eh bien, je préfère prendre la route, quitte à monter sur un trottoir. Je suis indiscipliné à vélo, je le reconnais parce que le vélo est l'exemple même de la liberté, et si l'on peut se libérer de certaines contraintes au niveau LCR, on le fera ! (Remarques. Brouhaha.) Et je ne crois pas que cette passerelle sera réellement utilisée par les vélos.
Par contre, l'argument de sécurité développé par M. Deneys a un sens pour moi: un accident coûte cher; il coûte cher aussi à la société, il coûte cher aux assurances. Raison pour laquelle on pourrait imaginer que ce type de projet où l'argument sécurité est mis en avant bénéficie d'un subventionnement privé de la part des assurances - puisqu'un motard qui est équipé d'une combinaison de cuir intégrale connaît une réduction sur sa prime d'assurance moto. On pourrait très bien imaginer à l'avenir que ce type de projets, qui sont justifiés sur des bases sécuritaires, soient aussi financés par des fonds privés.
Comme il s'agit finalement d'une infrastructure plutôt communale que régionale qui concerne essentiellement la ville de Lancy, par rapport à un ensemble de quartiers on pourrait aussi imaginer un financement communes-Etat - ce qui n'est absolument pas le cas. Il me semblerait donc qu'un renvoi en commission pour étudier le financement serait... (L'orateur est interpellé.) Serait judicieux ! Parce que M. Barrillier, qui défend effectivement les intérêts dont j'ai parlé - je ne vais pas me répéter - n'a que faire du financement ! Ce n'est pas son problème, le financement ! Ce n'est en tout cas pas son problème... Par contre, c'est le mien, comme représentant du peuple...
Des voix. Ah ! (Rires.)
M. Gilbert Catelain. ... et des contribuables !
Une voix. Pauvre peuple !
M. Gilbert Catelain. Donc, au niveau de la passerelle, on peut très bien estimer pour différentes raisons qu'elle est utile, moyennement utile ou inutile, et il faudra la faire parce que le Conseil d'Etat a un engagement. Le problème n'est pas vraiment à ce niveau-là, le problème est de construire cette passerelle pour un coût de 9 millions. Et pour l'UDC, 9 millions, c'est manifestement trop, c'est 30 000 francs le mètre ! Pour faire passer trois vélos et quatre piétons ! (Remarques. Brouhaha.) Dans ce sens-là, il me semblerait logique de prévoir un financement croisé: commune et canton.
Le président. Il vous faut conclure, M. le député !
M. Gilbert Catelain. J'ai terminé.
Le président. Bien, c'est fait. La liste est close. Sont inscrits: M. Mario Cavaleri, M. Alain Meylan, M. Roger Deneys, M. François Thion et M. Eric Stauffer.
M. Mario Cavaleri (PDC). M. Catelain m'a un peu coupé l'effet de début de mon intervention... Il est évident que 9 millions divisés par 300 mètres, c'est 30 000 francs le mètre linéaire. Je vais comparer ces 9 millions à une somme de 10 millions qui consiste dans le réaménagement de la route Suisse depuis le rond-point de Bellevue jusqu'au rond-point de Mies, qui comprend le revêtement phonique de la chaussée, les ronds-points dont j'ai parlé - il y en a quand même plusieurs depuis Bellevue jusqu'à Mies - et puis l'éclairage. Alors franchement, 9 millions dans ces circonstances, c'est une dépense somptuaire !
Bien entendu que les engagements dont on nous a parlé ont été pris par le Conseil d'Etat, en tout cas par le conseiller d'Etat en charge du département concerné. Mais avec le couteau sous la gorge, il faut le dire ! On a entendu les tenants de la petite reine.
C'est vrai, on a fait un transport sur place qui était typiquement intéressant, parce que, voyez-vous, l'un des rares commissaires qui soit arrivé avec les transports publics, c'était votre serviteur... Les autres sont arrivés comment ? Je vous laisse deviner.
Le problème ici, c'est qu'en effet cette construction, si elle était effectuée avant la réalisation du CEVA, implique - et M. Amsler l'a dit tout à l'heure - un démontage à peine aura-t-elle été montée. Franchement, est-ce vraiment sérieux ? Mais on a besoin de ces 9 millions pour des projets prioritaires, pas pour un gadget qui convient à certaines associations ! Cela fait certes partie d'un plan, mais on n'a jamais dit quand cela devait être réalisé ! Compte tenu de l'aménagement de l'ensemble du périmètre, je vous laisse penser quelle est l'échéance la plus favorable.
C'est la raison pour laquelle les deux commissaires démocrates-chrétiens se sont abstenus, pour ne pas fusiller un projet qui a été promis, mais dont la réalisation est tout sauf opportune ! (Applaudissements.)
Le président. Je rappelle qu'il y a une demande de renvoi en commission et que c'est le sujet des interventions jusqu'à ce qu'on le vote.
M. Alain Meylan (L). Sur la position du groupe libéral, je crois que M. Amsler a précisé notre vue et notre liberté de choix dans ce dossier - pour toutes sortes de raisons qu'il n'est pas utile de rappeler ici, M. Amsler l'a très bien fait tout à l'heure. Mais j'aimerais juste relever deux points.
J'entends les uns et les autres faire référence aux accords quant à cette passerelle... Il y a quelques années, j'aurais aimé que les mêmes personnes qui se réclament de ces accords, et notamment le groupe des Verts, se réfèrent aussi aux accords dans l'affaire de la place Neuve et du développement du centre ville en ce qui concerne les places piétonnes. C'est quand même de leur initiative qu'ils ont, permettez-moi l'expression, «fusillé» ce développement qui aurait permis d'avoir des places piétonnes au centre ville, ce qui aurait été beaucoup plus agréable. Ils ont carrément, aussi, «enterré le parking», si je peux me permettre encore cette expression. Donc, j'aimerais bien que l'on s'en souvienne.
Personnellement, je vais - je vous le dis - voter cette passerelle: au nom des accords, au nom de la complémentarité des moyens de transports, et surtout parce qu'on a voté un stade qui comprend cette passerelle et qui est fait pour jouer au football, pour vivre et pour être utilisé. Et j'aimerais bien que tous ceux qui ont dit qu'il faut réaliser cette passerelle maintenant, notamment les Verts, s'en souviennent dans quelques mois, quand il faudra soutenir l'Euro 2008 ! J'aimerais que vous soyez là également ! En sachant que vous avez votre passerelle, oui, mais... (L'orateur est interpellé.) ... vous avez votre passerelle parce qu'on a aussi un stade et qu'on développe cette région ! Donc, à un moment donné, il faut être cohérent dans l'action politique ! Merci. (Applaudissements.)
M. Roger Deneys (S). Pour répondre à MM. Cavaleri et Catelain, je voudrais rappeler une chose importante: le vélo à Genève, ce n'est pas dangereux en termes d'accidents, par contre le sentiment d'insécurité est très fort aujourd'hui et c'est un obstacle majeur à ce que davantage de monde prenne son vélo pour se déplacer, pour aller au travail, pour sortir le soir, etc.
Si l'on pense en termes d'avenir, en termes de développement de la région, d'accroissement de la mobilité, je vous dis juste qu'on va droit dans le mur. Parce qu'avec 30% de voitures en plus malgré le développement des transports publics, je ne sais pas comment vous imaginez la région genevoise de demain, mais cela va être en gros la catastrophe... Tout cela pour avoir une crise pétrolière et des kilomètres de routes qui ne seront plus utilisés !
Je pense qu'il faut anticiper et voir le vélo comme un vrai moyen de transport d'avenir, complémentaire aux transports publics. Dans ce sens-là, le coût de 9 millions, Monsieur Cavaleri, est absolument raisonnable. Et à nouveau, le PDC est le parti roi de la girouette, qui compare tout et n'importe quoi ! Vous ne pouvez pas comparer du bitume et des giratoires avec une passerelle qui passe par-dessus un carrefour important... (Remarques. Brouhaha.) Vous comparez tout, Monsieur Cavaleri, et ce n'est pas possible de faire ce genre de comparaison à tort et à travers !
Maintenant, je vous rappelle que si, grâce à cette passerelle, nous évitons un accident grave, un accident mortel, et si nous encourageons les parents de cette région à envoyer leurs enfants à l'école à vélo plutôt qu'à boguet ou en scooter, on fait une oeuvre de santé publique nécessaire ! L'activité physique est aujourd'hui un vrai problème de société et, de façon générale, il faut encourager la pratique du vélo. Ce n'est pas pour servir des intérêts associatifs quelconques, c'est une question de vision d'avenir. Il faut se préoccuper de notre société à long terme, et le vélo fait partie de ce développement durable que vous prônez aussi, Monsieur Cavaleri !
M. Eric Stauffer (MCG). Le Mouvement Citoyens Genevois ne soutiendra pas la construction de cette parcelle. Il ne soutiendra pas non plus le renvoi en commission. Cette passerelle n'est pas, selon nous, prévue au bon endroit. Il aurait été beaucoup plus judicieux, pour désengorger le trafic, de faire une passerelle reliant directement l'avenue Eugène-Lance au stade de la Praille par-dessus les voies CFF. Nous nous opposerons donc au projet de loi et à son renvoi.
Mis aux voix, le renvoi de ce projet de loi à la commission des travaux est rejeté par 54 non contre 23 oui et 2 abstentions.
M. François Thion (S). Je voudrais juste faire un petit témoignage par rapport à ce quartier. Je dois dire qu'à vélo j'évite tout le quartier du centre commercial et du stade de football de la Praille parce que c'est un véritable danger. Je vais régulièrement aux matches et, comme je ne suis pas un cycliste téméraire, je suis obligé de laisser mon vélo environ un kilomètre avant. Et même à pied, c'est dangereux d'aller jusqu'au stade quand on vient depuis le Bachet ! Je peux témoigner ici qu'il n'y a pas un cycliste qui ose se lancer pour aller au stade à vélo. Cette passerelle va donc être très utile.
Le président. La parole est encore au rapporteur, puis au conseiller d'Etat. Je rappelle que la liste était close.
M. Gabriel Barrillier (R), rapporteur de majorité. J'aimerais faire quelques remarques sur cette passerelle qui échauffe la République... Heureuse, la république qui peut s'échauffer à propos d'une passerelle !
Je souhaite apporter quelques précisions quant à l'intervention de quelques uns de mes collègues. D'abord, Monsieur Catelain, vous savez, un député peut s'élever et avoir une conception générale de la politique. Comme le disent les Allemands: une Weltanschauung. Il n'est pas attaché à des intérêts privés, directs, égoïstes. J'aimerais que vous compreniez que si je suis rapporteur de ce projet, petit projet modeste, c'est parce que j'ai une conception globale des transports et de l'avenir de notre société. Je vous remercie donc d'admettre que, dans certains cas, on peut s'élever au-dessus de ses intérêts professionnels ou personnels. Comme d'ailleurs vous le faites vous-même ! C'est une chose que je voulais vous rappeler.
En ce qui concerne ce projet bien modeste, qui coûte cher d'après mes collègues, il est à inscrire dans une vision globale des transports.
Une voix. Weltanschauung ! (Rires.)
M. Gabriel Barrillier. Aux imbroglios de transports qu'il y a dans cette région de la Praille, on va ajouter la gare d'un RER et je puis confirmer, je ne l'ai pas mis dans mon rapport, que cette gare sera coordonnée avec les autres modalités de transports. Tout est prévu !
En troisième lieu, mon cher collègue, j'aimerais vous dire - et cela tombe très bien - que lundi, à Flims, dans les Grisons, il va y avoir un vote très important qui peut soit instaurer la paix des transports - comme il y a la paix sociale - ou bien la guerre ! Et dans ce vote du Conseil national sur le fonds d'infrastructure, il va y avoir une décision importante pour ces vingt prochaines années. Alors, je pense que ces décisions, que ce soit la passerelle ou d'autres projets, procèdent de cette volonté commune que nous devons avoir d'instaurer une collaboration: une paix. Je ne veux pas politiser outre mesure mais je constate que, lors de ces exercices, l'UDC est toujours en pointe et ne veut pas la paix: ou c'est trop cher, ou ce n'est pas le bon moment, ou il faut ceci ou cela... Moi je pense que dans les transports, dans la paix sociale, dans les relations du travail, il faut de temps en temps manifester son désir et sa volonté de trouver des solutions qui aboutissent à la paix et à des choses constructives ! (Applaudissements.)
Le président. Voilà qui était dit avec une fermeté digne de tous les éloges !
M. Olivier Wasmer (UDC), rapporteur de minorité. J'aimerais tout simplement souligner que la minorité n'était pas l'UDC, mais trois députés d'autres partis. Aujourd'hui l'UDC, bien entendu, est très intéressée à sauvegarder les intérêts du citoyen, notamment au niveau financier. Cette passerelle, comme l'a dit tout à l'heure un député, coûte 30 000 francs le mètre sur la distance de Bellevue jusqu'à Mies. Je crois qu'il faut garder cela à l'esprit. Actuellement, au vu des finances de l'Etat, ce dernier ne peut en aucun cas se permettre des dépenses aussi somptuaires, comme les a qualifiées un député tout à l'heure. Par ailleurs, l'intérêt public supérieur n'est pas du tout évident ! Il y a un intérêt public, certes, mais il n'est pas supérieur.
Pour tous ces motifs, la minorité vous propose donc de rejeter ce projet de loi, en tout cas en l'état.
M. Mark Muller, conseiller d'Etat. Vous avez accepté l'urgence pour ce projet dans la perspective de l'Euro. J'aimerais tout de suite vous dire une chose: ce n'est pas pour l'Euro que nous devons construire cette passerelle. En revanche, nous souhaitons pouvoir la construire et la terminer avant l'Euro, tout simplement pour qu'il n'y ait pas de chantiers ouverts autour du stade de Genève pendant l'Euro. Cela a été dit: effectivement, cette passerelle ne devrait en principe pas être ouverte à l'occasion des trois matches qui auront lieu à Genève pendant l'Euro, parce que cela pourrait poser des problèmes de sécurité s'il y a trop de monde en même temps sur cette passerelle. (Rires. Applaudissements.)
Cependant, cette passerelle est néanmoins nécessaire, pour trois raisons importantes. La première, cela a été évoqué, c'est tout simplement la crédibilité du Conseil d'Etat lorsqu'il négocie avec des opposants ou des partenaires à l'occasion de l'élaboration de projets, qu'il s'agisse de projets urbanistiques ou de tout autre type de négociation. Le Conseil d'Etat s'est engagé à réaliser cette passerelle et dès lors que cet engagement a été pris, le Conseil d'Etat doit l'assumer. Je ne crois pas que l'on puisse remettre cela en question.
La deuxième raison, Mesdames et Messieurs, c'est que l'avenir urbanistique de Genève est très largement situé dans cette partie du canton. Il y a deux très grands projets de développement qui sont prévus à cet endroit-là, ils en sont à des stades d'avancement différents. Le premier est celui de la Chapelle-Les-Sciers, qui a été évoqué tout à l'heure, et qui est très avancé. Il y en a un deuxième, dont on parle beaucoup et qui a été évoqué dans le discours de St-Pierre, c'est le développement très important de tout le secteur la Praille-Acacias dans lequel nous nous trouvons avec ce projet d'ouvrage. C'est un endroit, Mesdames et Messieurs, où des milliers de logements vont sortir de terre et où nous devons veiller à mettre en place les infrastructures de transport de tout type, qu'il s'agisse de transports en commun, de transports routiers ou de moyens de transport pour la mobilité douce. Nous avons le tram à cet endroit, nous avons une sortie d'autoroute toute proche, une grande pénétrante qui est la route de St-Julien, mais, il faut bien le dire, aujourd'hui les transports doux, pour les piétons ou les cyclistes, sont négligés dans cette partie du canton.
Le dernier élément que j'aimerais citer, et je terminerai par ce avec quoi j'ai commencé, c'est le stade: si cette passerelle ne sera pas directement utile pour l'Euro, elle est une des mesures d'accompagnement du stade lui-même. Il n'y a pas que ces trois matches de l'Euro qui vont se dérouler dans ce stade. Vous le savez bien et nous le souhaitons tous: nous souhaitons qu'il y ait de plus en plus de matches, mais en moyenne, les matches qui se déroulent au stade de Genève n'attirent pas 30 000 spectateurs. Qui sait, peut-être qu'à l'avenir le Servette aura tellement progressé, fait de si bons résultats et présentera un si bon spectacle qu'il y aura des dizaines de milliers de spectateurs à la Praille pour le regarder jouer ? Mais pour l'instant, nous sommes plutôt dans un ordre de grandeur de 5000, 6000 ou 7000 spectateurs et, dans cas de figure, oui, la passerelle sera extrêmement utile pour permettre aux spectateurs de se déplacer de l'arrêt du tram du Bachet-de-Pesay jusqu'au stade de Genève.
La nécessité de cette passerelle ne peut donc pas être mise en question. On peut effectivement discuter sur le calendrier, on peut effectivement se poser des questions sur le coût, mais sur le principe cet ouvrage est nécessaire.
Pour terminer, j'aimerais simplement reprendre le rapporteur de minorité qui a déclaré tout à l'heure qu'il fallait bien évidemment s'attendre à un dépassement de crédit, comme d'habitude. Je vous invite à regarder le point 137 de notre ordre du jour où le Conseil d'Etat vous présente neuf projets de bouclements de crédits. Sur les neuf projets, il n'y en a qu'un qui présente un dépassement de crédit. Et, de façon globale, l'Etat rend plusieurs centaines de milliers de francs sur l'ensemble de ces projets. Sachez que l'Etat ne dépasse pas les crédits qui sont votés par le Grand Conseil ! Je vous remercie. (Applaudissements.)
Mis aux voix, le projet de loi 8795 est adopté en premier débat par 47 oui contre 17 non et 13 abstentions.
La loi 8795 est adoptée article par article en deuxième débat et en troisième débat.
Mise aux voix, la loi 8795 (nouvel intitulé) est adoptée en troisième débat dans son ensemble par 47 oui contre 19 non et 12 abstentions.