République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 29 novembre 2002 à 14h
55e législature - 2e année - 2e session - 8e séance
PL 8865
Préconsultation
M. Christian Bavarel (Ve). Mesdames et Messieurs les députés, nous nous demandons souvent à quoi sert l'art conceptuel et l'art moderne, et il est vrai que ces questions peuvent parfois paraître obscures. Simplement, nous sommes ici dans une enceinte où nous édictons la norme et disons ce qui soit se faire. Les artistes conceptuels ont aujourd'hui la tâche dans notre société de nous permettre de nous interroger sur cette norme.
Le Mamco est un musée de renommée internationale, avec une politique d'achat d'oeuvres significatives au niveau de l'art moderne et contemporain à Genève. Son système de fonctionnement a été repris par différents musées. C'est la raison pour laquelle nous vous invitons à faire bon accueil à ce projet de loi et à le renvoyer à la commission des finances.
M. Albert Rodrik (S). Le dépôt de ce projet de loi du Conseil d'Etat est un moment important de ce que j'avais appelé un jour ici «la politique du faire ensemble». C'est en effet excessivement réjouissant que l'Etat vienne compléter l'oeuvre de la ville en matière culturelle, de cette façon et pour des aspects bien précis.
Par ailleurs, c'est également un exemple de la collaboration qui peut s'instaurer entre les collectivités publiques et des donateurs privés. Cette situation, en dépit de certains engagements aujourd'hui périmés - selon lesquels à Genève on ne pouvait mettre à disposition de l'art contemporain que des locaux et des fluides - montre bien l'importance que nous accordons, en tant que collectivité genevoise, au fait que l'on doive assurer la pérennité dans nos murs d'un musée consacré à l'art moderne et contemporain, à l'instar de ce qui se fait dans toutes les grandes villes du monde, d'Europe, et dans certaines grandes villes de notre pays.
Au-delà de cette affaire, on peut espérer que ce projet de loi soit prémonitoire et pionnier pour d'autres formes de collaboration, sur d'autres thèmes, ou encore dans le thème de la culture avec d'autres partenaires tels que les autres communes et notamment les plus grandes d'entre elles. Je salue, au nom du groupe socialiste, l'arrivée de ce projet de loi, comme concrétisation de cette volonté d'avenir du faire ensemble.
M. Gilbert Catelain (UDC). Le groupe UDC accueille avec une certaine réserve ce projet de loi. Son avis dépendra surtout de l'état de santé des finances cantonales. Nous rappelons simplement que le crédit de fonctionnement qui nous est proposé représente 50 F par entrée au musée, et nous nous demandons si ce musée n'a pas une importance régionale et donc s'il ne faudrait pas envisager un subventionnement régional pour les projets qui peuvent être faits dans les structures existantes.
M. Pierre-François Unger, conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, j'essaierai de ne pas être trop long, mais il m'apparaît tout de même important que votre Conseil soit saisi de ce projet qui entend donner une vie au long cours à un musée d'art moderne dont une ville comme la nôtre, internationale, cosmopolite, la plus petite des grandes capitales dit-on, ne peut désormais se passer. J'en veux pour preuve que le Mamco est né en 1994, en pleine crise des finances publiques, et à l'initiative de milieux privés, dont il est tout de même bon de rappeler ici qu'ils ont versé entre 1994 et 2002 plus de 17 millions de leurs propres poches. Bien entendu, l'acquisition - le député Bavarel l'a dit - d'un certain nombre d'oeuvres, qui valent un certain prix, nécessite l'intervention de l'Etat, de même que le maintien et le développement du capital des oeuvres que doit comprendre un musée d'art moderne.
J'aimerais en outre signaler que ce musée, de manière parfaitement pilote et intelligente, a développé en collaboration avec le département de l'instruction publique une sensibilisation des classes à l'art moderne et que pour cela le département de l'instruction publique verse d'ores et déjà 250 000 F par année.
Pour les quelques-uns d'entre vous qui pourraient avoir des doutes, il n'est pas de meilleur moyen que de se rendre sur place et cela, Monsieur Catelain, après avoir pris contact avec le directeur de ce musée, un homme admirable, qui s'investit quinze à dix-huit heures par jour pour faire vivre cette oeuvre - car le musée est en lui-même une oeuvre - qui vous accompagnera, qui vous explicitera et qui vous montrera l'importance de ne pas rester en rade dans ce domaine.
Deux mots encore pour remercier le député Rodrik qui souligne à quel point la façon moderne de faire - et heureusement qu'on le fait dans les musées d'art moderne, peut-être le fera-t-on même un jour dans le domaine des CASS - c'est celle du faire ensemble, pour que chacun ajoute, à sa capacité et à sa compétence, celles de ses voisins. C'est les structures dites subsidiaires, et en tout cas complémentaires.
Ce projet est renvoyé à la commission des finances.