République et canton de Genève

Grand Conseil

M 1414-A
Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la motion de Mme et MM. Erica Deuber Ziegler, Christian Grobet, Jacques Boesch concernant le projet d'extension du parking P 51 de l'aéroport
Proposition de motion: Mémorial 2001, p. 6962

Débat

M. Christian Grobet (AdG). Lors de ces séances spéciales d'extraits de l'ordre du jour, le Conseil d'Etat est pour le moins sous-représenté. Je ne veux évidemment pas mettre en cause les qualités de Mme Brunschwig Graf et de M. Unger, ni la polyvalence de Mme Brunschwig Graf, mais les conseillers d'Etat chargés plus particulièrement de ce dossier... Ah, il y en a un qui arrive... Cela tombe bien ! J'avais peur, Monsieur le président, de m'exprimer un peu dans le vide. Je ne pense en effet pas que le Conseil d'Etat lise le Mémorial après la séance pour savoir ce qui a été dit concernant ces rapports.

Je voudrais d'abord remercier le Conseil d'Etat d'avoir répondu d'une manière assez circonstanciée à cette motion que nous avions déposée, deuxièmement d'avoir répondu dans des délais relativement brefs - il est parfois vrai que les motions prennent du temps pour recevoir des réponses.

Mais j'aimerais quand même dire, Monsieur Cramer, si vous permettez, puisque l'on attendait votre arrivée, que nous ne sommes pas satisfaits, en tout cas en mon nom propre et au nom de mon groupe, de ce rapport. Je vais vous dire pourquoi.

Ce rapport est totalement contradictoire. Il prêche la bonne parole en expliquant qu'il faut améliorer, dans le périmètre de l'aéroport, la desserte en matière de transports publics, quoiqu'elle soit déjà relativement bonne, mais il est vrai que l'on peut encore l'améliorer. On parle d'un tramway pour le Grand-Saconnex, mais qui n'est en tout cas pas pour demain. Et le Grand-Saconnex n'est pas tout à fait à côté de l'aéroport non plus.

Il y a donc toutes sortes de bonnes intentions, mais on justifie par ailleurs l'augmentation de l'offre de places de parking pour les particuliers... (L'orateur est interpellé.)Attendez ! Si vous permettez... Je ne doute pas que vous ayez lu ce rapport, mais j'aimerais rappeler qu'il porte sur l'agrandissement d'un parking qui se trouve à l'extrémité de l'avenue Casaï et de la route de Pré-Bois. Je passe souvent devant, le chantier avance bien, Monsieur le président. Le gros oeuvre est déjà achevé.

Le rapport n'intervient heureusement pas à la fin des travaux, mais quand même, il va sans dire, à un stade où des travaux ne peuvent plus être remis en cause. Donc, alea jacta est !

En tout cas, j'aimerais relever que le nombre de places de parking est considérable. Lorsqu'on a construit le parking P1, votre serviteur avait pris l'initiative, avec l'accord du Conseil d'Etat bien entendu, d'ajouter un niveau au P1 parce qu'il s'était avéré que l'on pouvait réaliser, pour le même prix, un niveau supplémentaire, ce qui fait que ce parking dispose, de mémoire, de 3 000 places. Il est évident que l'on pourra encore ajouter des places dans les circonstances exceptionnelles que constituent tout particulièrement le Salon de l'automobile, subsidiairement Telecom. On pourra encore ajouter des places, mais on n'aura jamais le nombre de places suffisant. La seule solution, pour le Salon de l'automobile, c'est effectivement de favoriser la venue des visiteurs par le train.

Je ne peux donc pas accepter que l'on agrandisse le parking dont je parle pour les expositions, parce que cela ne répond de toute façon pas aux besoins. Par contre, pour les besoins courants, c'est une erreur, parce que l'on incite d'autant plus de gens à venir en voiture, au lieu d'inciter l'utilisation des transports publics.

Les intentions du rapport sont bonnes, mais l'acte concret qui en découle entre en contradiction avec les intentions. Je soutiens que c'est une erreur d'avoir agrandi ce parking. Il y aura bien sûr toujours preneurs pour les places. Mais le problème est, dans ce secteur-là, d'avoir des dessertes de transport efficaces et d'inciter les gens à les utiliser. Plus vous réaliserez de places de parking, plus les gens voudront venir en voiture à l'aéroport.

Mme Loly Bolay (S). Je suis ravie que M. Grobet ait pris la parole. Le débat allait tellement vite que je n'ai pas eu le temps de réagir... Vous avez passé la vitesse TGV cet après-midi, Monsieur le Président ! Cela va un peu trop vite à mon avis...

Le président. Prenez votre temps, Madame ! Parlez gentiment !

Mme Loly Bolay. J'irai dans le même sens que M. Grobet. D'ailleurs, lorsque le groupe socialiste a déposé une motion concernant cette problématique de la zone Grand-Saconnex - Aéroport, nous avons fait part de notre préoccupation quant à la quantité de voitures convergeant vers cette zone, que ce soit lorsqu'il y a de grosses manifestations à Palexpo ou à l'aéroport. J'ai ici une lettre datant du 8 février 2001, une lettre signée par l'ancien conseiller d'Etat, dans laquelle il est précisé que «les surfaces de stationnement pour le trafic motorisé ne seront plus augmentées pour faire face à l'augmentation croissante de la demande». Ce qui veut bien dire que ces 1 627 places donneront l'occasion de converger vers l'aéroport.

On nous promet beaucoup de choses dans l'exposé des motifs. On nous promet une plus grande augmentation du transport public et surtout une incitation, pour les employés de l'aéroport, à prendre plutôt les transports en commun. Nous nous réjouissons donc que ce qui est écrit se réalise véritablement.

M. Pierre Kunz (R). Je ne me prononcerai pas sur le fond de ce rapport, mais j'ai une interrogation sur la forme, plus précisément sur la date de dépôt de ce rapport. Je croyais me rappeler que la date ultime pour le dépôt des rapports était le 3 septembre. Je crois savoir que le Conseil d'Etat est autorisé, lorsqu'il y a urgence, à déposer des rapports un ou deux jours plus tard. Mais, en l'occurrence, ce rapport me paraît parfaitement convenable et ne nécessite aucune urgence. Je m'étonne donc qu'il ait été déposé le 4 septembre et qu'il ait été accepté par le Bureau pour être traité aujourd'hui, alors que nous avons un ordre du jour déjà extrêmement chargé. De même d'ailleurs que plusieurs autres sujets de même nature. Je m'interroge donc et j'aimerais bien que l'on me réponde sur ce point, qui n'a évidemment rien à voir avec les préoccupations essentielles de mes préopinants.

M. Claude Blanc (PDC). J'aimerais remercier le Conseil d'Etat pour son excellent rapport. J'ai été particulièrement intéressé par les projets annoncés en ce qui concerne l'amélioration des dessertes des transports publics. Il y a par exemple cette fameuse ligne 28, que les habitants de Meyrin réclament depuis longtemps, puisque vous savez que les habitants de Meyrin sont presque les seuls dans ce canton à n'avoir jusqu'à présent aucune liaison directe avec l'aéroport, alors qu'ils en sont tout proches. Si nous voulons prendre le train à la gare de l'aéroport, nous ne pouvons pas y aller avec les transports publics. C'est très désagréable, car le parking CFF est quand même relativement coûteux. Je me réjouis donc de voir que nous pourrons bientôt, puisqu'on nous a dit que c'est imminent, nous rendre directement de Meyrin à l'aéroport. C'est un grand progrès. Rien que pour cela, je voudrais remercier le Conseil d'Etat !

M. Robert Cramer, conseiller d'Etat. Tout d'abord, j'aimerais remercier ce Grand Conseil pour l'accueil qu'il réserve à ce rapport. Rapport qui est effectivement assez paradoxal, comme l'a relevé M. Grobet, puisqu'il porte sur un parking et qu'il traite finalement, pour l'essentiel, du développement des transports publics et donc développement d'une autre accessibilité que celle permise par la voiture à ce site de Palexpo.

Il faut le dire, les conceptions en matière d'accessibilité à des sites et en l'occurrence au site de l'aéroport et au site de Palexpo ont considérablement évolué. On a longtemps imaginé que ces sites-là devaient être desservis de préférence avec des transports automobiles privés et qu'il fallait organiser des parkings en conséquence. On se rend aujourd'hui compte que c'est tout simplement impossible, quelles que soient les idées que l'on puisse avoir sur les transports individuels. Vouloir s'obstiner à desservir, avec des transports individuels, un site aussi fréquenté veut tout simplement dire que l'on expose ceux qui se rendent à l'aéroport à rater leur avion chaque fois qu'il y a une manifestation d'une certaine importance à Palexpo. On n'arrive plus ainsi à assurer dans cette région du canton la mobilité et l'accessibilité.

J'ajoute à cela que les inconvénients que doit supporter la population qui habite cette région sont considérables et nous sont à juste titre reprochés.

C'est donc dire que l'Etat est progressivement en train de changer d'orientation quant à la desserte de ce site. Ceux qui ont fréquenté le dernier Salon des automobiles s'en sont peut-être rendu compte. Il y a un certain nombre de choses assez ambitieuses qui sont en train de se mettre en place, qu'il s'agisse de la protection des habitants ou de la desserte par transports publics, qu'il s'agisse surtout de l'incitation de ceux qui habitent au-delà des frontières de notre canton pour qu'ils viennent, en chemin de fer, fréquenter Palexpo.

Nous avons enregistré des résultats encourageants. Mais ce n'est évidemment qu'un début. J'ai le plaisir d'annoncer à M. Grobet que le tram, si tout se passe comme nous le souhaitons, devrait rejoindre le Grand-Saconnex avant 2010. Cette échéance peut sembler lointaine, mais elle ne l'est pas tant que cela lorsque l'on parle de transports aussi lourds que les transports ferroviaires.

Le président. Le président. Pour répondre à M. Kunz concernant sa remarque de tout à l'heure, je lui donne raison sur presque toute la ligne. Il est vrai que le Conseil d'Etat dispose d'un jour supplémentaire, dit «délai de grâce», pour le dépôt des projets urgents. Comme il y a toujours des projets urgents, il nous en glisse quelques autres et comme nous ne voulons pas nous montrer trop formalistes, nous les acceptons !

Le Grand Conseil prend acte de ce rapport.