République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 25 avril 2002 à 17h
55e législature - 1re année - 7e session - 30e séance
IU 1258
M. Pierre Weiss (L). Merci, Monsieur le président, de m'accorder le temps de séance restant de notre Conseil, jusqu'à 19h, pour mon intervention qui s'adresse au Conseil d'Etat et, notamment, à sa présidente, Mme Calmy-Rey.
Elle a pour objet la Banque cantonale et se décline en deux chapitres. Premièrement, rassurer la population, l'informer d'un certain nombre de faits récents, ensuite, lui indiquer ce que le futur de la stratégie de la Banque cantonale nous réserve.
Je passe aux faits récents inquiétants:
Le secret bancaire aurait vécu, selon le journal «L'Agefi», parce que les frères Daniel - on veut dire par là deux juges du Palais, Devaud et Dumartheray - Madame la présidente, ont décidé que l'on s'empare notamment des bandes informatiques sur lesquelles se trouvent les transactions des douze dernières années de la banque. Alors, vous pouvez imaginer que cela peut provoquer un certain nombre d'inquiétudes dans la communauté bancaire et à l'étranger en particulier.
Deuxièmement, on a nommé M. Michel Mattacchini à la tête de cet établissement pour en présider le conseil. On ne sait pas qu'il y ait eu beaucoup de candidats à s'être précipités à la tête de cette institution. On ne sait pas non plus que l'on ait approché, par exemple, une personnalité aussi éminente que le professeur Hirsch qui, maintenant, va franchir la Versoix, régulièrement. Comment, en d'autres termes, s'est faite la sélection ? Cela peut inquiéter d'autres personnes.
Les résultats pour l'exercice 2001 sont aussi inquiétants. Ils se soldent avec un bénéfice plus faible, en d'autres termes avec une perte nette. Que va faire la banque pour y remédier ? Je ne parlerai pas ici d'un article de l'«Hebdo» qui a provoqué des coups de téléphone auprès de certains responsables de notre République pour savoir s'il fallait retirer nos placements de la Banque cantonale. J'évoquerai simplement un ancien conseiller national qui disait à propos de cette banque: «On inculpe d'abord, on questionne après.» Ou bien on incarcère d'abord, on libère après, ou bien encore on guillotine d'abord et on libère enfin.
Il y a encore un dernier élément d'inquiétude, le courrier du Conseil d'Etat adressé à tous les anciens administrateurs, y compris quatre conseillers d'Etat, se réservant le droit de demander des dommages et intérêts si, par hasard, il se trouvait que ces anciens administrateurs auraient manqué à leur devoir dans le passé. Cela s'ajoute à d'autres courriers du même genre.
Le président. Vous devez conclure, Monsieur le député !
M. Pierre Weiss. Par exemple, on a vu que M. Lachat a démissioné de la fondation dite des casseroles. Voilà pour le passé, maintenant il y a le futur et le futur passe...
Le président. Posez vos questions, s'il vous plaît !
M. Pierre Weiss. Il s'agit de savoir précisément quand et sous quelle forme la Banque cantonale genevoise va commencer sa collaboration avec d'autres banques cantonales en aussi mauvais état. En effet, Madame la présidente, il ne vous a pas échappé que depuis dix ans deux banques cantonales ont disparu et cela faisait dix ans que le directeur actuel de l'UBS Suisse s'était posé la question de la date de la mort des banques cantonales. Quand est-ce que la Banque cantonale genevoise va être rachetée par le Crédit suisse ou éventuellement par une caisse d'épargne française ? Voilà ce qui se passera si rien n'est entrepris pour modifier la stratégie de reconquête du marché, pour diminuer les coûts en général et en particulier dans le domaine de l'informatique ! La connaissance de la clientèle, voilà une chose qui ne se fait pas suffisamment ni dans cette banque ni dans les autres banques de cette partie de la Suisse.
Le président. C'est terminé, Monsieur, je suis navré !
M. Pierre Weiss. Je terminerai en vous demandant de quelle façon vous, en tant que représentant du plus grand actionnaire de la Banque cantonale, allez influencer son conseil d'administration pour qu'il prenne enfin des mesures visant à ne pas discuter simplement du logo, comme cela s'est fait ces dernières années, à ne pas refuser des initiatives et réellement à faire en sorte...
Le président. C'est terminé ! Il faut avoir un peu de discipline. C'est trois minutes pour tout le monde: il ne peut y avoir des interpellations qui font six minutes et d'autres plus...
Mme Micheline Calmy-Rey, présidente du Conseil d'Etat. En réalité, la Banque cantonale de Genève collabore d'ores et déjà avec les autres banques cantonales. Avec, au niveau suisse, l'Union des banques cantonales sur un certain nombre de points. Les banques cantonales ont une organisation commune pour des fonds de placement qui s'appelle Swissca. Elles ont également une organisation commune pour ce qui concerne les cartes de crédit. Sur le plan romand, les collaborations sont plus intensives et portent, en particulier, sur un point que vous avez soulevé, à savoir sur la logistique informatique, puisqu'il y a une plateforme commune, Unicible.
L'enjeu pour la Banque cantonale de Genève, c'est l'enjeu logistique. La Banque cantonale de Genève entend continuer à diversifier ses produits et à prendre des parts de marché. De ce côté-là, c'est une bonne chose de marquer la différence et de se diversifier. Par contre, sur le plan de la logistique, il y a des enjeux dans les collaborations en termes de baisse de coûts, et je pense que cette orientation est celle qu'il faut prendre. Elle a donc le soutien du Conseil d'Etat.
Cette interpellation urgente est close.