République et canton de Genève

Grand Conseil

No 51/XI

Vendredi 5 octobre 2001,

nuit

La séance est ouverte à 20 h 30.

Assistent à la séance : Mmes et MM. Carlo Lamprecht, président du Conseil d'Etat, Micheline Calmy-Rey, Guy-Olivier Segond, Martine Brunschwig Graf, Laurent Moutinot et Robert Cramer, conseillers d'Etat.

1. Exhortation.

La présidente donne lecture de l'exhortation.

2. Personnes excusées.

La La présidente. Ont fait excuser leur absence à cette séance : M. Gérard Ramseyer, conseiller d'Etat, ainsi que Mme et MM. Esther Alder, Armand Lombard et Olivier Vaucher, députés.

3. Discussion et approbation de l'ordre du jour.

M. Christian Grobet (AG). Madame la présidente, je sais que vous avez prévu que notre séance de ce soir soit consacrée uniquement au départ des députés sortants. Vous aviez même prévu un ordre du jour relativement généreux à ce sujet. Il a été, à juste titre, abrégé à la suite des tragiques événements de Zoug.

Nous demandons quant à nous que le débat qui a été engagé sur un problème extrêmement important pour la population genevoise soit achevé. Il s'agit bien entendu du problème du logement et du projet de loi 8631. Cette question a été abordée largement au cours de la campagne électorale, nous demandons donc que ce débat soit achevé.

Nous estimons également, vis-à-vis des nombreuses personnes qui aujourd'hui souffrent encore du chômage alors que la conjoncture a permis...

Une voix. C'est un enterrement!

M. Christian Grobet. Ce n'est pas un enterrement, mais je trouve, Monsieur Portier et Monsieur Duvillard, assez indécent que, lorsque l'on doit discuter...

Une voix. Tu ne respectes rien ! C'est honteux, honteux ! (Brouhaha.)

M. Christian Grobet. Monsieur Brunschwig, vous qui avez une situation particulièrement aisée, ce qui est honteux... (Brouhaha.) Mesdames et Messieurs sur les bancs de la droite, vous avez des situations privilégiées. Il y a aujourd'hui dans ce canton... (Chahut.)

Il y a dans ce canton des personnes qui ont des problèmes de chômage et vous étiez les premiers à admettre tout à l'heure que nous ajoutions à l'ordre du jour un projet de loi important, le PL 8200-A sur le sort des chômeurs de ce canton. Je demande que l'on ait un minimum de dignité et que nous terminions le débat sur le logement. Il ne tient qu'à vous, Mesdames et Messieurs les députés de la droite, d'abréger les débats, en votant selon votre position...

(Les députés de l'Entente scandent : « Démago ! Démago ! »)

M. Christian Grobet. Je ne me laisserai absolument pas ébranler. Je demande simplement que vous ayez le courage de terminer le débat sur le logement et que l'on vote la loi pour les chômeurs de ce canton. (Applaudissements et huées.)

Mme Myriam Lonfat(HP). Je voudrais juste demander dix petites minutes pour pouvoir défendre mes deux objets. Je vous remercie.

M. Michel Halpérin(L). Je rappelle à ceux qui l'auraient oublié que nos débats sont filmés et que la population nous voit tels que nous sommes et qu'elle peut par conséquent constater de quelle manière nous nous comportons les uns vis-à-vis des autres et par rapport à notre règlement.

J'ai le souvenir, il n'y a pas très longtemps, Madame la présidente, que dans une discussion au sujet de la possibilité d'entrer ou pas dans un troisième débat, M. le député Grobet, tout à l'heure à son affaire, avait expliqué et convaincu ce Grand Conseil que n'importe laquelle de nos séances était une nouvelle séance. Il fallait par conséquent considérer chacune de nos séances pour elle-même. Or, ce que vous nous proposez maintenant, Monsieur Grobet, c'est le contraire. Nous sommes convoqués ce soir pour une séance qui n'a qu'un seul point à son ordre du jour : la fin de la législature. Vous nous proposez d'inventer une nouvelle interprétation du règlement du Grand Conseil, contraire à celle que vous aviez professée au moment que j'indique à l'instant. Cette interprétation consiste à dire que nous aurions à notre ordre du jour autre chose que ce qui s'y trouve effectivement : un point 71, qui n'est plus à l'ordre du jour parce qu'il faisait partie de l'ordre du jour de la séance précédente, et un autre point concernant une loi qui vous intéresse. Le procédé n'est pas conforme à la réglementation telle que vous avez souhaité qu'on l'interprète et telle que nous avions souhaité autrefois qu'on ne l'interprète pas. Il faut au moins que vous vous en teniez à votre propre lecture de notre règlement.

La deuxième observation que je voudrais faire, c'est qu'il y a de l'impudence, au moment où vous sentez que le pouvoir vous échappe, à faire passer encore quelque chose... (Brouhaha.) Christian Grobet me fait penser à Marie Stuart, la tête sur le billot : «Encore une petite minute, Monsieur le bourreau, s'il vous plaît!» (Rires et applaudissements.)

M. Christian Grobet. C'est vous, le bourreau?

M. Michel Halpérin. Non, c'est le peuple souverain, Monsieur Grobet. (Brouhaha.) Il y a de l'impudence, disais-je, Monsieur Grobet, lorsque l'on a la responsabilité qui est la vôtre à titre personnel, et celle de vos amis politiques, dans l'effondrement du marché immobilier, à vouloir proposer d'urgence des mesures qui vont aggraver la situation, en prétendant que c'est bon pour ceux qui cherchent des logements. Vous avez un art particulier pour manier le slogan plutôt que la réalité, il est temps qu'on vous le rappelle. Le peuple n'est pas dupe et vous le sentez, c'est pourquoi vous avez peur du verdict qui sortira des urnes ce week-end et que vous essayez de faire passer encore quelque chose.

Quant à la loi sur le chômage, il ne faut pas l'appeler loi sur le chômage. Il faut l'appeler énième mouture des innombrables lois sur le chômage que vos partis ont fait voter les unes après les autres et qui ont pour principale conséquence que ce canton - alors que la moyenne nationale du taux de chômage est de 1,7% - a le record sinistre d'avoir le double du taux national. Ce record est sinistre dans les deux sens du terme : sinistre parce que sinistré et sinistre parce que venant de la gauche ! Vous voulez encore aggraver cette situation. Honte à vous ! (Brouhaha.)

M. John Dupraz(R). A entendre M. Grobet, je me demande s'il craint vraiment de ne pas être réélu à la prochaine législature. La terre n'arrête pas de tourner ce soir, Monsieur Grobet : les affaires continuent. Ce que nous n'avons pas traité ce soir, nous le traiterons lors d'une prochaine séance. Je dois dire que je suis un peu étonné parce que l'ordre du jour est très clair. Il s'agit de fêter la fin de la législature, de fêter ceux qui s'en vont. Je regrette, Monsieur Grobet, que vous ne soyez pas capable de participer à une fête de convivialité et que vous vous complaisiez dans les problèmes politiques.

Par ailleurs, les débats que vous nous proposez sont stériles, car je rappelle à ce Grand Conseil - sur un ton beaucoup plus calme que tout à l'heure - que si des logements ne se sont pas construits, c'est de la faute de vos amis d'Action patrimoine vivant qui font des recours systématiquement, un peu partout, et pour n'importe quoi. Maintenant, vous voulez nous faire croire qu'en votant ce projet de loi le problème du logement sera réglé d'un coup de cuillère à pot et que nous allons régler le problème du chômage en votant une nouvelle mouture de la loi sur le chômage. De qui vous moquez-vous, Monsieur Grobet ? Pour qui vous prenez-vous ? Pour le sphinx ? Vous n'êtes plus au Conseil d'Etat et il y a des moments où je regrette que vous n'y soyez plus, car vous savez tellement tout, vous avez toujours une solution pour tout, que cette République irait certainement beaucoup mieux. Vous commencez à nous fatiguer et à nous lasser, Monsieur Grobet, y compris certains de vos collègues qui ont quitté votre groupe parce qu'ils ne vous supportent plus.

Mesdames et Messieurs les députés, c'est la fin de la législature, faisons place à la fête et fêtons les collègues qui nous quittent ce soir. Faisons-le en toute amitié et reprenons les débats politiques lors de la prochaine législature. (Applaudissements.)

Mme Nelly Guichard(PDC). Ce ne sont pas les débats stériles que nous menons ici pour faire voter en discussion immédiate un projet de loi sur les logements sociaux qui feront avancer d'un pouce la cause du logement social. Pas plus que n'avancerait la cause des chômeurs si nous acceptions votre demande de traiter je ne sais trop quel projet de loi : le énième comme cela a été dit précédemment. Nous sommes convoqués ce soir pour la fin de la législature et nous voulons en rester à l'ordre du jour pour lequel nous avons été convoqués. Nous aussi entendons partager avec nos collègues, ceux qui se représentent comme ceux qui s'en vont, ce moment de convivialité. Nous n'entendons pas déroger à cet ordre du jour.

M. Christian Brunier(S). Tout le monde s'offusque, d'un côté et de l'autre. Je dirai qu'à quarante-huit heures des élections ce que nous vivons était assez prévisible. Nous avions deux projets de lois d'importance à traiter : un projet de loi sur le logement social - quand on connaît la crise du logement actuelle, on peut dire que c'est une priorité - et un autre projet de loi sur le chômage - je vous rappelle que nous sommes le canton qui compte le plus de chômeurs et il ne s'agit pas d'un projet inutile. Néanmoins, ce soir, la minorité de droite a décidé de faire obstruction. On peut lui en vouloir, mais il faut bien reconnaître que si nous étions minoritaires ce soir, nous agirions comme elle.

M. John Dupraz. Enfin une parole intelligente !

M. Christian Brunier. Nous aurions pu faire le forcing et franchement le parti socialiste a hésité, en considérant que l'attitude de la droite était inacceptable. Finalement, nous avons pensé que la droite trouverait toujours le moyen d'empêcher le vote, par exemple en abusant du temps de parole. Peut-être par dépit, mais plutôt pour honorer les députés, de droite comme de gauche, qui quittent aujourd'hui le parlement, le parti socialiste jette l'éponge. Nous regrettons l'attitude aussi bien de la gauche que de la droite...

M. Claude Blanc. Tu deviens centriste ? C'est le moment !

(Brouhaha. Les députés de l'Entente chantent : «Il est des nôtres...» La présidente agite la cloche.)

M. Christian Brunier. Absolument pas. Ce que j'aimerais indiquer surtout, c'est que le parti socialiste est fier du bilan de la gauche et nous n'avons pas envie d'adopter une attitude de perdant. Nous croyons vraiment et sincèrement que nous pourrons continuer à défendre nos projets de lois avec une majorité de gauche et que, dans quelques semaines, ici même, nous emporterons ces votes. Maintenant, fêtons les gens qui nous quittent après s'être engagés au service du canton. (Applaudissements.)

M. David Hiler(Ve). Dans les moments difficiles, il faut savoir être avec ceux qui nous sont apparentés, au moins sur quelques projets. Vous pouvez, et cela je le comprends très bien, être en total désaccord avec la proposition de M. Grobet et trouver que c'est de l'acharnement thérapeutique. Je pense par contre que ce qui a été dit à M. Grobet au début de cette séance est totalement inadmissible. Notre groupe estime, dans sa majorité, que le débat qui est ouvert doit être clos. Nous passerons à la fête avec une petite demi-heure de retard. (Applaudissements.)

La présidente. Pour vous répondre, Monsieur Hiler, les discours de fin de législature constituent un point fixe. S'il y a reprise du débat, ce sera après. Je mets aux voix la proposition de M. Grobet de traiter ce soir le PL 8631. L'appel nominal a été demandé, nous allons y procéder.

Cette proposition est rejetée par 67 non contre 23 oui et 5 abstentions.

Ont voté non (67) :

Bernard Annen (L)

Michel Balestra (L)

Florian Barro (L)

Luc Barthassat (DC)

Charles Beer (S)

Roger Beer (R)

Jacques Béné (L)

Janine Berberat (L)

Claude Blanc (DC)

Dolorès Loly Bolay (HP)

Christian Brunier (S)

Nicolas Brunschwig (L)

Thomas Büchi (R)

Nicole Castioni-Jaquet (S)

Alain Charbonnier (S)

Jacqueline Cogne (S)

Jean-François Courvoisier (S)

Pierre-Alain Cristin (S)

Marie-Françoise de Tassigny (R)

Gilles Desplanches (L)

Hervé Dessimoz (R)

Jean-Claude Dessuet (L)

Hubert Dethurens (DC)

Daniel Ducommun (R)

Pierre Ducrest (L)

Michel Ducret (R)

John Dupraz (R)

Henri Duvillard (DC)

Alain Etienne (S)

Laurence Fehlmann Rielle (S)

Jacques Fritz (L)

Pierre Froidevaux (R)

Jean-Pierre Gardiol (L)

Philippe Glatz (DC)

Alexandra Gobet (S)

Mireille Gossauer-Zurcher (S)

Mariane Grobet-Wellner (S)

Nelly Guichard (DC)

Janine Hagmann (L)

Michel Halpérin (L)

Dominique Hausser (S)

Yvonne Humbert (L)

René Koechlin (L)

Georges Krebs (Ve)

Bernard Lescaze (R)

Pierre Marti (DC)

Alain-Dominique Mauris (L)

Etienne Membrez (DC)

Jean-Louis Mory (R)

Geneviève Mottet-Durand (L)

Vérène Nicollier (L)

Jean-Marc Odier (R)

Michel Parrat (DC)

Catherine Passaplan (DC)

Pierre-Louis Portier (DC)

Véronique Pürro (S)

Jacques-Eric Richard (S)

Albert Rodrik (S)

Jean Rémy Roulet (L)

Stéphanie Ruegsegger (DC)

Christine Sayegh (S)

Françoise Schenk-Gottret (S)

Louis Serex (R)

Walter Spinucci (R)

Micheline Spoerri (L)

Alberto Velasco (S)

Pierre-Pascal Visseur (R)

Ont voté oui (23) :

Jacques Boesch (AG)

Fabienne Bugnon (Ve)

Bernard Clerc (AG)

Anita Cuénod (AG)

Jeannine de Haller (AG)

Erica Deuber Ziegler (AG)

René Ecuyer (AG)

Christian Ferrazino (AG)

Magdalena Filipowski (AG)

Morgane Gauthier (Ve)

Gilles Godinat (AG)

Christian Grobet (AG)

Cécile Guendouz (AG)

David Hiler (Ve)

Antonio Hodgers (Ve)

Myriam Lonfat (HP)

Pierre Meyll (AG)

Louiza Mottaz (Ve)

Danielle Oppliger (HP)

Rémy Pagani (AG)

Jean Spielmann (AG)

Pierre Vanek (AG)

Salika Wenger (AG)

Se sont abstenus (5) :

Marie-Paule Blanchard-Queloz (AG)

Anne Briol (Ve)

Roberto Broggini (Ve)

Régis de Battista (S)

Anita Frei (Ve)

Etaient excusés à la séance (3) :

Esther Alder (Ve)

Armand Lombard (L)

Olivier Vaucher (L)

Etait absente au moment du vote (1) :

Juliette Buffat (L)

Présidence :

Mme Elisabeth Reusse-Decrey, présidente

4. Annonces et dépôts :

a) d'initiatives;

Néant.

b) de projets de lois;

Néant.

c) de propositions de motions;

Néant.

d) de propositions de résolutions;

Néant.

e) de pétitions;

Néant.

f) de rapports divers;

Néant.

g) de demandes d'interpellations;

Néant.

h) de questions écrites.

Néant.

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5. Discours de la présidente pour la fin de la législature ( )RD416

La présidente. J'aimerais tout d'abord saluer à la tribune la présence d'anciens collègues. J'espère n'oublier personne afin que personne ne soit vexé. Il s'agit de MM. Christian de Saussure, Luc Gilly, Alain Vaissade, Jean Opériol et René Longet. (Applaudissements.)

Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, chers amis, les meilleures choses ont une fin. Certains d'entre vous diront sans doute que les pires en ont aussi une : que ma présidence ait été l'une ou l'autre, elle prend fin ce soir. Sachez que ce fut pour moi une année merveilleuse, passionnante et cela grâce à vous. Ces deux dernières séances, particulièrement difficiles, ne réussiront pas à altérer mon souvenir : vous n'aurez pas réussi à me dégoûter! Je tiens ce soir à remercier toutes celles et tous ceux qui m'ont soutenue, depuis mon élection jusqu'à ce soir, et en particulier mon groupe qui m'a donné sa confiance.

Puisque j'en suis aux remerciements, je voudrais en exprimer d'autres encore. Tout d'abord au Bureau, qui a su m'aider, m'accompagner, me contrarier parfois, durant toute cette année. Il a fait un très bon travail avec un moral toujours au beau fixe, dans une année électorale particulièrement difficile. Un merci tout particulier à Bernard Annen, premier vice-président. Je sais qu'il a parfois souffert à mes côtés, mais je vous jure que je ne suis pour rien dans la chute de ses cheveux... (Rires.) Bernard n'a eu de cesse, ces douze mois passés, d'affirmer et de réaffirmer l'importance du rôle du Grand Conseil. Soyez certains que l'année prochaine, si la population lui accorde ses suffrages et si vous lui accordez les vôtres, vous serez bien défendus.

Il me faut rappeler aussi que rien ne se ferait sans la présence constante et souriante de Maria Anna Hutter. Elle a su redonner à toute l'équipe du service du Grand Conseil une dynamique remarquable et elle veille sur vous. (L'assemblée, debout, applaudit à tout rompre. La présidente remet des fleurs à la sautière.) Elle veille sur vous et sur votre bien-être pratiquement nuit et jour. Sur ce point, je veux attirer l'attention de mes successeurs. Gardez-la précieusement, car chaque fois que je vais à Berne, au Palais fédéral, ils tentent de nous la reprendre. Alors choyez-la!

Maria, ce Grand Conseil te doit beaucoup, merci! Je veux aussi remercier ceux qui travaillent un peu plus dans l'ombre, que l'on rencontre moins souvent, mais qui sont la vraie ruche du service du Grand Conseil. J'aimerais leur rendre hommage et, pour une fois, citer leurs noms, pour qu'il leur soit ici accordé notre reconnaissance. Milena Guglielmetti, tout d'abord, notre nouvelle directrice adjointe qui prend très bien ses fonctions. Je cite ensuite les collaborateurs dans l'ordre alphabétique pour ne pas donner l'impression à l'un ou l'autre que je le privilégie : Stéphane Baldassari, Catherine Ben Hammoud, Michèle Burdet, Françoise Chételat, Jean-Luc Constant, Patricia de Lavergne de Cerval, Sonia Gatti, Josiane Geandier, Françoise Hediger, Patricia Pestalozzi, Yvan Reynard, Christian Roy, Didier Thorens, et je ne saurais oublier Paul Perrin et Emile Tinner. (Applaudissements.)

Toujours au chapitre des remerciements, j'en adresse également à la chancellerie et au protocole avec qui nous développons de mieux en mieux de nouvelles collaborations. Un petit mot aussi pour le Conseil d'Etat et particulièrement à Carlo Lamprecht qui, au cours d'une année de présidence parallèle à la mienne, s'est toujours assuré qu'un bon accueil me soit réservé dans les manifestations auxquelles nous avons été appelés à assister. (Applaudissements.) Enfin, parce que l'on m'a toujours dit qu'il fallait les flatter, merci aux journalistes - au singulier ce soir - de restituer à la population genevoise la substantifique moelle de nos débats. (Applaudissements.) Mesdames et Messieurs les députés, permettez avant que je n'aborde quelques propos plus politiques, que je partage encore avec vous deux ou trois clins d'oeil qui ont marqué pour moi cette année. Tout d'abord, ce qui faisait la Une des discours de mes trois prédécesseurs, tous masculins, à savoir le test de la balance. Contrairement à eux, je n'ai pas pris 12 kilos. Je n'ai donc pas eu besoin de changer ma garde-robe. Bernard, il t'incombera de prouver que ce ne sont pas seulement les femmes qui savent être raisonnables. A toi de relever ce défi!

J'ai eu l'occasion de rencontrer, dans l'exercice de mes fonctions, des grands de ce monde et ce furent des moments forts. Pourtant, l'apothéose de ma carrière politique est incontestablement d'avoir été proposée comme lot dans une tombola! Avouez que, appartenant à un parti qui lutte contre la femme objet, j'ai fait là vraiment très fort. Je rassure ceux qui auraient de mauvaises pensées : il ne s'agissait que d'un repas.

Enfin, à la veille de quitter ce poste de présidente, je me dis, pour me consoler de ce départ qui est douloureux, que j'aurai été la seule présidente de toute l'histoire du parlement genevois à siéger sur deux millénaires.

Voilà ce que je voulais partager avec vous sur un ton un peu léger, mais, Mesdames et Messieurs les députés, vous conviendrez avec moi qu'au vu de l'actualité récente je ne peux en rester, dans ce discours d'au revoir, à ces quelques souvenirs. Ces dernières semaines et ces derniers jours ont été, ailleurs, faits de violence et de mort. La vie reprend son cours et il ne faut surtout pas rester bloqué sur ces tragédies. Pourtant, tenter de faire un bilan de cette année d'activité parlementaire et de cette législature, tenter d'en tirer quelques conclusions ne peut mener aujourd'hui qu'à mesurer à la fois un privilège et une fragilité. Le privilège d'être cette République paisible avec ses problèmes et ses interrogations certes, mais dans une situation plutôt favorisée. La fragilité aussi de toute collectivité face à la violence : la violence folie, c'était pour les autres jusqu'à aujourd'hui, le meurtre de masse se déroulait ailleurs. Soudain, la violence apparaît aussi chez nous. Pourtant ce qui s'est passé aux Etats-Unis et à Zoug, comme ce qui s'est passé et continue de se passer en plusieurs autres endroits de la planète sans que nous n'y prenions garde, tout cela ramène à leur juste mesure et à leur vraie place les enjeux sur lesquels nous nous sommes arrêtés, voire affrontés dans cette enceinte.

Cela nous amène également à réfléchir aux causes de ces événements et aux liens qui les unissent les uns aux autres. C'est l'occasion ici pour moi de redire que j'ai la profonde conviction - acquise au contact de populations du Sud dans ma lutte contre les mines antipersonnel - que, parce que nous sommes ce parlement de Genève et parce que le nom de ce canton est partout ailleurs lié aux droits de l'Homme, à la recherche de la paix et à la défense des plus faibles, nous sommes et nous devons être à la fois plus sensibles et plus attentifs aux désordres du monde, plus engagés dans l'expression de la solidarité et plus exemplaires dans le fonctionnement quotidien de notre société.

Une société, cela se construit jour après jour, à notre échelle. L'une de nos tâches prioritaires n'est-elle pas de tisser et de retisser sans cesse, ici même, la probable seule et unique protection possible contre la violence : le lien social et l'écoute de chacun? Ce qui se passe ailleurs devrait nous inciter à agir plus, à agir mieux. Nous avons à construire ces liens sociaux qui préviennent la violence, toutes les violences, les petites et les grandes, les délirantes et les calculées, celles dont on nous fait un spectacle, mais également celles que nous ne voyons pas. Nous avons également, pour créer ce lien social, à trouver impérativement des solutions pour ceux qui soudain se retrouvent de l'autre côté de la barrière, perdant leur travail et perdant ainsi reconnaissance et dignité.

Comment concilier toutes ces tâches, comment assurer ces vastes et multiples responsabilités ? Nous devons nous en donner les moyens, car notre parlement étouffe sous le travail. Je ne vous donnerai pas de chiffres, de nombre de pages de Mémorial, de nombre de motions ou de projets de loi déposés, de nombre de séances supplémentaires : tous ces chiffres explosent. Alors que faire?

Tout d'abord un souhait que je veux exprimer ce soir. Ne tombons pas dans le piège de la professionnalisation. Restons un parlement de milice proche du peuple : c'est notre richesse. Réfléchissons plutôt à changer certaines de nos institutions. Nous sommes le parlement d'une vieille république et nous avons parfois de vieilles habitudes. Certaines sont excellentes et ne pèsent guère sur notre travail. D'autres sont plus lourdes et plus lentes que les enjeux mêmes que nous avons à affronter. Il nous faut, par exemple, presque quatre ans pour accoucher du revenu minimum, quand il ne faut que quelques jours à tel ou tel de nos concitoyens pour se retrouver plongé dans une situation de pauvreté ou de précarité. Nous ne sommes certes pas responsables de tous ces dysfonctionnements, mais nous sommes responsables de penser un changement fondamental de certaines de nos institutions. Ce soir, mon voeu c'est que - au-delà de chacun de nous ou de chaque groupe politique dans son coin d'hémicycle - reconnaissant la nécessité d'un changement, la nécessité de la réforme des institutions, nous soyons collectivement capables de susciter ce changement, d'amener cette réforme, d'en assumer les procédures démocratiques et les conséquences politiques. Dans quelle autre ville le slogan «Vive la réforme!» pourrait-il avoir plus de sens qu'à Genève?

Il y a un an, lorsque vous m'avez confié la présidence de ce Grand Conseil, je ne vous avais fait qu'une promesse : faire tout ce qui me serait possible pour aider ce parlement à être plus qu'une chambre d'enregistrement et mieux qu'un lieu de débat stérile. Je ne sais si j'y suis parvenue autant que je l'aurais voulu, mais ce soir, à la fin de cette législature, je peux faire avec vous ce constat : notre travail de député est difficile, parce qu'il est de plus en plus pointu dans des domaines très spécialisés, parce qu'il est de plus en plus prenant, parce qu'il est de plus en plus lourd. Il faut le dire pourtant, ce travail de député est une activité merveilleuse et passionnante, nous devons mieux l'expliquer à la population qui pose un regard très critique sur l'homo politicus qui lui devient de plus en plus étranger. Aidons les citoyens à comprendre comment nous travaillons, où se passent les véritables débats, de quelle manière nous les menons, quelles sont les réflexions qui amènent à nos décisions, quelles sont les véritables enjeux. A nous également d'être attentifs à l'image que nous donnons. Quand certaines forces politiques représentatives ne jouent pas leur rôle, ou le jouent mal, c'est tout le débat politique qui plonge dans le caniveau. Il ne suffit pas de nous consoler de nos propres insuffisances seulement parce que ceux qui pourraient les exploiter nous annoncent qu'ils sont prêts à faire bien pire et à rabaisser le débat politique au niveau de l'attaque personnelle, de l'injure et de la calomnie. Mesdames et Messieurs les députés, il en va de notre responsabilité, et elle est grande.

Voilà les réflexions, en vrac, que j'avais envie de partager pour ma dernière prise de parole devant vous. Je remercie chacune et chacun de son engagement au cours de cette année et de ces quatre dernières années. Je souhaite à ceux qui seront sur ces bancs lors de la prochaine législature de parvenir à trouver cet équilibre fragile entre notre devoir de député ouvert à l'avenir de Genève et du monde et notre devoir d'offrir à la population des députés engagés et respectueux des gens et d'eux-mêmes. En plus de cela, il nous faut parvenir à concilier ces activités avec une vie professionnelle et une vie familiale. C'est là l'enjeu principal de l'avenir de notre parlement et par là même de notre démocratie. Quant à ceux qui ne reviendront plus dans cette enceinte, à eux aussi, je souhaite d'oeuvrer, depuis l'extérieur, à donner au monde politique un visage humain et répondant aux attentes de la population.

Mesdames et Messieurs les députés, en ce jour ensoleillé du mois d'octobre, il ne me reste qu'à conclure. J'espère de tout coeur que, malgré les attaques de grêle et les quelques tempêtes, les vendanges de cette législature auront été bonnes. (Applaudissements prolongés.)

Merci beaucoup pour ces applaudissements qui me vont droit au coeur. Je passe maintenant la parole à M. Bernard Annen, premier vice-président.

M. Bernard Annen (L). Madame la présidente, Mesdames et Messieurs les députés, après les remerciements de notre présidente, j'aimerais moi aussi remercier ce parlement. Le remercier pour avoir accepté ce soir de faire la fête. Les uns et les autres n'ont pas voulu la faire au même moment, mais les uns et les autres nous ont indiqué qu'ils voulaient la faire.

Chère Elisabeth, te voici arrivée au terme de ton mandat, que le temps passe vite! J'entends comme si c'était hier Daniel Ducommun regretter de te céder la place. Madame la présidente, j'espère que vous aurez obtenu toute la satisfaction ou presque que vous pouviez légitimement attendre de cette fonction. Vous allez certainement tirer un bilan de cette année présidentielle. Sera-t-il unique? J'en doute. Vous en avez brossé un tout à l'heure : il était officiel. Le vrai, le personnel, c'est celui que vraisemblablement nous ne connaîtrons jamais, sauf si un jour vous deviez écrire vos mémoires. A l'intérieur de ce bilan vérité quels seraient les qualificatifs imaginables à l'égard de votre Bureau? Vous décririez peut-être le caractère de ses membres comme baroudeur pour Anita Cuénod, discipliné pour Pierre-Pascal Visseur, angélique pour Antonio Hodgers ou ancestral pour Etienne Membrez. Je ne m'aventurerai pas à qualifier le caractère de Maria Anna ou de Milena avec qui j'aurai peut-être à travailler prochainement... (Rires.) Quant à moi, je sais vous avoir excédée de temps à autre. L'histoire ne dit pas si cela était ou non à bon escient. Il vous fallait encore, Madame la présidente, gérer la communauté des chefs de groupe : Pierre Ducrest, l'anti sans débat, Christian Grobet, suivez-moi et seulement moi, Christian Brunier, d'accord si Hiler est d'accord... (Rires et applaudissements.) ...David Hiler, d'accord si Brunier est d'accord, et Jean-Marc Odier qui suit volontiers Pierre Ducrest à condition que Nelly Guichard le suive. La conséquence de ces coalitions est une politique de bloc que vous auriez pu, Madame la présidente, appeler une politique débloque. Cela me rappelle votre premier vote pour départager ce parlement, sur un amendement de coin de table touchant le projet relatif au parking de la Nautique. Le débat fut difficile. Vos commentaires aussi discrets que sévères ne laissaient aucun doute sur votre position au moins aussi forte que celle de l'opposition. Malgré cela et contre votre for intérieur, vous avez opté pour la solidarité Alternative. Je reconnais qu'il vous était difficile de faire autrement, mais c'est ce que j'appelle, et je devrai certainement le subir, un passage obligé désobligeant.

Vous vous êtes révélée, Madame la présidente, être une femme de dialogue, parfois à sens unique, mais souvent - je me plais à le reconnaître - à la recherche du consensus. «Ils vont moins parler, nous disiez-vous; j'ai bien fait d'aller négocier avec eux, ajoutiez-vous.» Dans l'adversité, vous savez être diplomate et il vous fallait une forte dose de diplomatie pour réussir à nous imposer les nombreuses séances supplémentaires. Les libéraux, à tort ou à raison - je reconnais humblement avoir mes préférences - n'en voulaient aucune. L'Alliance de gauche ne voulait que cela. Il n'était pas facile dans ces conditions d'arbitrer. Vous cherchez très certainement encore aujourd'hui la formule pour résoudre l'équation de la quadrature du cercle. De mon point de vue, cette équation contient au moins cent inconnues.

Une de vos qualités, parmi d'autres, a été de défendre la cause du Grand Conseil durant cette année présidentielle. Vous avez pris cette mission à coeur et vous avez su imposer votre fonction, ce dont je vous félicite. Vous avez représenté dignement l'Etat et su défendre la place du parlement au sein des pouvoirs ternaires de notre canton. Les relations avec l'exécutif ne sont pas toujours aisées. La lutte d'influence existe même si elle est courtoise. Vous y avez toujours répondu avec déférence et avez défendu les intérêts du Grand Conseil avec fermeté.

Il me faut conclure, chère Elisabeth, mais que dire sans être soupçonné d'être devenu un libéral socio-culturellement déviationniste ? L'exercice est difficile, alors comme je suis courageux mais pas téméraire, j'ai choisi de citer Guy-Olivier Segond dans l'hommage qu'il vous a rendu à l'occasion de la réception de Troinex, le 7 décembre de l'an dernier. Je le cite s'adressant à vous, Madame la présidente : «Vous avez un idéal éclairé, des convictions qui soutiennent des principes, qui guident l'action, vous avez de l'intelligence, de la détermination, du courage, de l'ouverture aux autres et le sens de la décision. Vous avez donc toutes les qualités pour faire une excellente présidente du Grand Conseil. Merci. Bravo et bonne chance.» Force est de constater que Guy-Olivier Segond a vu juste. Au nom de mes collègues du Bureau, je puis te dire que ce fut un réel plaisir de travailler avec toi durant cette année présidentielle. Je dirai ce soir, en te regardant, chère Elisabeth, que tu as le sourire du devoir accompli. Autrement dit, chère Elisabeth, tu as bonne mine. Garde ta bonne mine, car elle t'est personnelle. Bon vent pour l'avenir et merci pour cette année de présidence! (Applaudissements.)

La présidente. Merci à Bernard Annen pour ces compliments dont je ne suis pas sûre qu'ils soient tous authentiques.

Des voix. Mais si!

La présidente. Mesdames et Messieurs les députés, il a été souhaité que chaque groupe puisse prendre la parole étant donné que, dans chaque groupe, des députés nous quittent et ne se représentent pas aux prochaines élections. J'aimerais vous donner ici un chiffre qui doit nous faire réfléchir. Au cours de cette législature, vingt-cinq députés nous ont quittés et ce soir vingt-huit ne se représentent pas aux élections de ce week-end. C'est dire que par rapport au début de la législature plus de cinquante députés ne poursuivent pas leur chemin dans cette enceinte. Cela indique bien la lourdeur de la tâche. Encore une fois, j'aimerais remercier tous ceux qui s'en vont. Je donne maintenant la parole à qui la veut. 

RD 417
6. Hommage aux députés qui ne se représentent pas. ( )RD417

M. Michel Halpérin (L). Madame la présidente, Mesdames et Messieurs les députés, il se trouve que le groupe libéral est la plus importante formation de ce parlement, ce qui explique peut-être pourquoi il a aussi la plus forte proportion de députés qui le quittent ce soir. J'ai donc pensé qu'il était légitime que je m'exprime immédiatement pour dire à ceux de mes collègues qui me quittent la reconnaissance qui, je crois, leur est due. Permettez-moi à titre de préambule d'ajouter mes compliments aux vôtres pour la manière admirable dont notre sautier, Mme Hutter, s'est acquittée de sa tâche. Nous avons énormément apprécié son travail et celui de l'ensemble des collaborateurs du service du Grand Conseil. Nous leur sommes très reconnaissants de l'appui qu'ils nous ont apporté dans nos travaux souvent difficiles. Vous avez évoqué tout à l'heure votre qualité de lot essentiel d'une loterie et c'est vrai que le gagnant à dû avoir bien de la chance de pouvoir dîner avec vous...

Mme Alexandra Gobet. C'est moi!

M. Michel Halpérin. C'est vous? Bravo, quelle chance! Je voudrais savoir qui était chargé de tirer au sort. Je me doute que la main ne devait pas être totalement innocente... Si cela avait été la mienne, je peux vous assurer que Mme Gobet n'aurait pas gagné. Vous avez le droit, Madame la présidente, d'avoir vos préférences. Vous l'avez évoqué tout à l'heure, il nous est arrivé sur ces bancs de vous le reprocher. Cela m'est arrivé à moi-même, mais vous savez que j'ai toujours eu plus le coeur à vous féliciter de ce que vous êtes, qu'à vous reprocher ce que vous faisiez. J'en reste à mon premier choix. Vous êtes ma préférence et ce que vous avez fait ne nous importe plus.

Madame la présidente, Mesdames et Messieurs les députés, je voudrais saluer les députés libéraux qui s'en vont. Je le ferai très brièvement en m'excusant auprès d'eux de la brièveté du parcours. Lorsque je songe au travail que nous accomplissons les uns et les autres et surtout eux, l'idée de devoir résumer en quelques secondes, une minute peut-être, par personne l'immensité de la tâche à laquelle ils se sont associés, comme chacun d'entre vous il est vrai, je me dis qu'il y a quelque chose de douloureux dans ce résumé. C'est pourtant la loi du genre. Pardon à vous mes amis d'être bref. Vous savez que ma pensée serait très abondante si je me laissais aller à l'exprimer. Il faudra donc que vous vous contentiez de l'effort que je ne me suis pas assez souvent imposé au sein de ce Conseil : celui de la brièveté.

Mesdames et Messieurs les députés, la députation libérale perd ce soir M. Michel Balestra, qui a siégé dans ce Conseil durant douze ans : trois mandats successifs. Il a siégé à la commission de l'enseignement, à la commission des finances et à celle de l'économie ; il a présidé celle du contrôle de gestion, la commission judiciaire, vice-présidé la législative, présidé celle des constructions et installations et vice-présidé celle des transports. C'est dire qu'il a pratiquement touché à l'ensemble des aspects de la vie politique de notre canton, mais là n'est pas l'essentiel. Mesdames et Messieurs, pour avoir eu comme moi le privilège de vivre aux côtés de Michel Balestra une partie de cette période, vous savez que cet homme réunit sous une charpente d'acier un esprit de finesse et de délicatesse, une culture profonde, un amour de son prochain et de l'humanité qui font honneur à ses idées, à son combat et au parti sous les couleurs duquel il s'est engagé. Il a dirigé ce parti avec talent vers certaines victoires, dont ses adversaires n'arrivent même pas à lui en vouloir, tellement ils lui sont reconnaissants de ce qu'il est. Michel Balestra, merci infiniment! (Applaudissements.)

Certains d'entre vous s'imagineront peut-être que la députation libérale tire au sort ceux qui s'en vont et qu'elle procède comme pour la désignation des jurés des tribunaux, par ordre alphabétique. Le deuxième député qui nous quitte a également le B pour initiale : il s'agit de Jacques Béné. Contrairement à Michel Balestra, il n'a pas longtemps siégé dans ce Conseil, puisqu'il termine sa première législature, mais les défis professionnels qu'il a dû relever récemment l'amènent à préférer se concentrer sur cette tâche pour l'instant. C'est pourtant un vrai talent politique. C'est un homme qui s'est engagé en quelques années dans la commission des droits politiques, dans celle du contrôle de gestion où il a accompagné Mme Gobet dans les débats difficiles que nous savons au sein de la sous-commission sur les offices des poursuites et faillites. Par conséquent, il a pu donner la mesure de sa profondeur et de son sérieux. Il a présidé la commission du logement et il a été membre de la commission ad hoc sur l'initiative 109 «Genève, République de paix». Jacques Béné est un vrai talent politique. Il a du talent sur le plan humain. Il a de la combativité, mais il a de l'humanité. Je pense que la politique le réactivera comme la lumière les phalènes en été. Par conséquent, ce n'est qu'un au revoir, mon cher Jacques. (Applaudissements.)

Le troisième B qui nous quitte, c'est Nicolas Brunschwig. Comme Michel Balestra, Nicolas Brunschwig a siégé trois législatures dans ce Conseil. Il a présidé la commission des finances, la commission fiscale et il a été chef de groupe comme Michel Balestra. Je n'ai pas besoin de vous dire le plaisir que j'ai eu à siéger avec Nicolas Brunschwig, nous l'avons tous partagé. Cet homme est l'intelligence et l'élégance incarnées. Il a su dans les débats les plus complexes et parfois les plus houleux apporter - avec cette touche de distinction qui n'est qu'à lui - le mot juste, généralement tempéré, avec une voix posée, sans excès. Il est exactement à l'opposé du rhétoricien et du sophiste : il pense ce qu'il dit et j'en sais plus d'un sur les bancs d'en face qui ont regretté d'avoir dû, par discipline, voter autrement que comme lui tant ils étaient séduits par ce qu'il est, physiquement et moralement. Nicolas Brunschwig, tu nous manqueras beaucoup, mais je crois que tu as dans la vie tellement de désirs à satisfaire que ceux que la politique pouvait t'offrir sont, au moins pour l'instant, épuisés. Nous te souhaitons beaucoup de bonheur dans les désirs que tu vas cultiver désormais. (Applaudissements.)

La quatrième lettre B qui nous quitte, c'est Mme Juliette Buffat. Mme Buffat, comme Jacques Béné - remarquez l'alternance! - nous quitte après une législature. Elle a vu, elle a compris, elle s'en va. Peut-être reviendra-t-elle un jour. Certains d'entre vous, en face, l'espéraient chez eux. Eh bien non! C'est que Juliette Buffat est l'incarnation de ce que l'on peut, en étant libéral, siéger à la commission judiciaire, aux affaires sociales, à la santé, et encore ailleurs ; que l'on peut être atypique et néanmoins complètement libérale. Certains auraient voulu qu'elle soit pour nous la démonstration d'une marginalisation. Pas du tout! Juliette Buffat, nous l'avons adoptée telle qu'elle est ; c'était notre enfant terrible. Elle nous donnait bonne conscience, car nous savions qu'avec elle nous ne pensions pas tous dans la même direction. Grâce à elle, nous savons que le libéralisme est encore le lieu de la diversité. Bonne chance à Juliette! (Applaudissements.)

Et puis nous avons voulu montrer la diversité des genres et nous avons décidé que quelques députés libéraux dont le nom ne commence pas par B s'en iraient aussi... C'est le cas de Jean-Pierre Gardiol dit Gonzo : lui, c'est double G. Gonzo! Gonzo naturellement a été membre d'un tas de commissions, il a été président des travaux, il a été à l'économie, aux finances, à la LCI, au logement, il a enquêté sur la Banque cantonale de Genève quand c'était encore la mode - il n'y avait rien d'autre à se mettre sous la dent à l'époque. Il a siégé comme tout le monde à la commission des grâces à chaque fois que la malchance voulait qu'il soit tiré au sort. Jean-Pierre Gardiol a siégé douze ans dans ce Conseil. Non seulement il y a apporté une forme de bonhomie, de bonne humeur et de joie de la vie. Non seulement, il y a apporté un goût des bonnes choses de la vie, de la gastronomie, des débats entre amis. Non seulement il nous a apporté le dédain pour ces violences avec lesquelles nous nous sommes parfois entrepris les uns les autres, mais il a surtout réinventé l'aile humaniste du parti libéral. (Rires.) Nous lui en sommes reconnaissants. Le parti libéral avait une aile humaniste, à partir du moment où Gardiol est arrivé il en a eu deux. Nous volons enfin de nos propres ailes tandis que les autres le font de leurs propres mains... Mesdames et Messieurs, merci à Jean-Pierre Gardiol! (Applaudissements.)

C'est à n'y pas croire, mais Yvonne Humbert aussi veut nous quitter, après tant d'années de participation à nos travaux. Eh oui! Tante Yvonne, notre tante à tous. Celle qui a tant de gentillesse dans sa conduite des travaux, que ce soit à la présidence des commissions de l'enseignement, des pétitions, de l'agriculture et de l'environnement, de l'aménagement, comme deuxième vice-présidente du Grand Conseil ou comme cheffe du groupe. La gentillesse d'Yvonne, sa capacité à méditer en silence sur nos erreurs...

M. Louis Serex. Et son pâté de canard!

M. Michel Halpérin. Et son pâté de canard que Louis Serex connaît par coeur, mais qu'il est le seul à connaître, car elle le réserve à ses amis de coeur et pas à ses amis de politique. Le vrai choix est là. Yvonne nous quitte donc, avec discrétion et pudeur, comme elle a vécu parmi nous, parce qu'il y a de l'élégance à savoir observer et connaître sans jamais être sceptique ni destructeur. Ce que Kipling souhaitait Yvonne l'a accompli, merci Yvonne! (Applaudissements.)

Beaucoup seront étonnés de l'apprendre, mais Armand Lombard s'en va. Armand Lombard s'en va parce qu'il a douze ans de présence au parlement et qu'il estime - comme beaucoup d'entre vous, mais les uns l'institutionnalisent, les autres le laissent à leur conscience - que douze ans ça suffit, que l'usure vous vient et qu'il faut passer à autre chose, pour soi d'abord, mais aussi pour les autres. Il a été aux droits politiques, il a été à l'université, il s'est occupé de médecine. Vous le savez très actif au Forum interparlementaire romand. C'est un homme à tout faire et il s'est même trouvé des journaux pour écrire qu'il était banquier de naissance, mais pas de coeur... C'est un homme comme on en voudrait tous les jours. Pourtant Armand Lombard, lui, ne veut plus de nous parmi lui. Par conséquent il a décidé de nous quitter, mais c'est pour mieux s'occuper des affaires de la République en dehors du lieu où elle sont supposées se discuter. Je le soupçonne en effet d'avoir compris que la vraie République est ailleurs que dans ce parlement. Cher Armand, bonne continuation. (Applaudissements.)

Mesdames et Messieurs les députés, nous avons quand même des recordmen qui pensent que douze ans n'est pas la limite de toute chose. Ils pensent que l'on peut avoir de 0 à 12 ans et passer tout simplement de l'enfance à l'enfance, puis de l'enfance à l'âge adulte sans connaître l'adolescence. C'est le cas de Geneviève Mottet-Durand qui nous quitte après vingt ans de présence dans ce parlement : vingt ans qui sont passés pour nous comme une plume et qui sont passés pour elle aussi avec légèreté. En effet, pendant ces vingt ans elle a été secrétaire du bureau, présidente de la commission des transports deux fois, des affaires sociales, du logement, de l'environnement et de l'agriculture, des visiteurs officiels. Elle a été cheffe de notre groupe et avec quelle autorité, je vous prie de le croire. Madame Bugnon, si vous trouvez que je suis autoritaire, vous n'avez pas connu Mme Mottet-Durand dans ses grands jours. Cela ne lui suffisait pas, parce que Mme Mottet-Durand est une boulimique de la politique. Elle a donc été vingt-quatre ans à l'exécutif communal : douze ans adjointe et douze ans maire. C'est vous dire que rien dans la politique ne pouvait la lasser, et pourtant elle nous quitte. Elle m'affirme que ce n'est pas par désamour, que c'est par discipline et pour s'orienter vers des tâches nouvelles. Son mari voit avec inquiétude cette femme d'élite à la maison, mais il s'est préparé au pire depuis vingt-quatre ans. Il est armé de pied en cap. Geneviève nous manquera car elle était la sagesse incarnée. De tous les libéraux, c'était celle qui avait le plus la main dans la réalité et les oreilles partout. La rumeur ne nous atteignait pas, mais elle nous la rapportait... (Rires.)

Mesdames et Messieurs les députés, vous voyez qu'il est difficile de faire court avec des personnalités de cet immense talent, mais je m'en voudrais de conclure et de me rasseoir sans avoir évoqué une personnalité de notre parlement qui parce qu'elle n'appartient à aucun groupe risque de ne faire l'objet d'aucun hommage. J'ai nommé Mme Lonfat qui, parce qu'elle s'est lancée avec une sensibilité particulière dans tous les combats qui lui étaient chers, a mérité elle aussi notre reconnaissance. Merci Myriam! (Applaudissements. Mme Lonfat va embrasser l'orateur.)

M. Christian Brunier (S). Comme vous le savez toutes et tous, les socialistes sont des inconditionnels de la limite de mandat à douze ans et nous l'appliquons strictement dans notre parti. Cette règle a plein d'avantages que nous avons abondamment soulignés dans les débats politiques et sur lesquels je ne reviendrai pas ce soir. Ces dispositions ont pourtant un très gros désavantage. Une fois tous les quatre ans, nous devons nous séparer de quelques-unes ou de quelques-uns de nos amis, des députés de valeur.

Deux des nôtres subissent cette limite de mandat, mais elles sauront en tirer profit pour d'autres occupations au service de la collectivité. Comme quoi il y a une vie en dehors de notre Grand Conseil! Ces deux victimes de nos bons statuts sont notre présidente bien-aimée Elisabeth Reusse-Decrey et Christine Sayegh, notre ancienne bien-aimée présidente. Ces deux femmes ont mené parfois ce parlement à la baguette, mais il faut bien reconnaître que nous le méritions. Elles l'ont toujours fait avec beaucoup d'humour. Elisabeth pourra engager encore plus d'énergie pour lutter contre les mines qui tuent lâchement et quotidiennement des milliers de personnes et des enfants dans ce monde. Les salauds qui fabriquent ces objets de malheur ont du souci à se faire, car cette femme est tenace. Elle a réussi à faire taire nombre de députés au cours de cette année, comme... je ne citerai pas les noms pour ne faire de tort à personne. Christine quant à elle continuera à agir notamment à la tête de la commission judiciaire de notre parti. Cela nous permettra de travailler à nouveau ensemble, l'été ou en d'autres saisons, sur les terrasses des restaurants genevois, avec en main une petite anisette bien méritée que nous avons encore dégustée hier soir. Christine, je m'adresse directement à toi pour te dire que les députés ici présents, voire certains conseillers d'Etat, sont tout à fait à disposition pour venir déguster tes mets et tes spécialités orientales. Comme quoi nous sommes toujours là pour rendre service et passer un moment de convivialité ensemble! (Applaudissements.)

Sans atteindre la limite de mandat de douze ans, deux autres députés, deux autres lâcheurs, ont décidé de partir. Ce sont Nicole Castioni et François Courvoisier. Nicole, en plus de l'écriture, restera active politiquement, puisque vous savez qu'elle est très présente, en tant que double nationale, dans les instances du parti socialiste français. Elle est la cheville ouvrière de la section suisse du PSF. Nous espérons que cet engagement permettra à notre petit copain Lionel d'obtenir un poste assez en vue, il le mérite bien! François, quant à lui, continuera à développer son côté rebelle en ne perdant rien de son sens de l'indignation si utile dans ce monde politique un peu trop correct. François pourra soutenir deux initiatives qui lui sont très chères, à savoir les deux initiatives du GSSA qui auront bien besoin de son soutien.

Au nom du groupe socialiste et, je crois, au nom de la plupart des présents, je tiens à remercier ces quatre élus, ces quatre militantes et militant, nos quatre amies et ami pour le travail accompli dans cette enceinte, mais aussi pour leurs engagements futurs. Je vous rappelle, chers amis, que vous serez toujours les bienvenus dans ce milieu qui compte de plus en plus dans la politique genevoise : je veux parler bien entendu du Club de la bière blanche! (Rires.) Je vous laisse les applaudir pendant que je vais les embrasser. (Applaudissements.)

Mme Nelly Guichard (PDC). Madame la présidente, Mesdames et Messieurs les députés, je n'ai ni la légèreté, ni l'aisance, ni l'élégance de mon collègue Me Michel Halpérin. J'aimerais néanmoins prendre congé de trois de nos collègues qui n'ont pas souhaité se représenter pour une nouvelle législature. Nos remerciements vont donc à Michel Parrat, qui nous quitte avec beaucoup de regrets, parce que le rôle de député l'intéresse, le passionne même, mais cette charge est devenue trop lourde et il ne peut plus faire face à ses obligations professionnelles, préserver une vie privée et affronter des problèmes de santé. Sur ce dernier plan, Michel, tous nos voeux t'accompagnent. En commission, tu as été un compagnon précieux. Nos avis divergeaient parfois, mais il est stimulant de se remettre toujours en question. En caucus, les discussions étaient souvent nourries et le moins que l'on puisse dire, c'est que tu ne nous laisses pas nager dans nos certitudes. Merci Michel pour ces quelques années partagées et pour tout ce que tu nous a apporté.

Henri Duvillard est un entrepreneur à la fois humaniste et homme de terrain. Proche des milieux campagnards, des gens en général, il est un vrai magistrat des campagnes au sens noble du terme. Pour lui aussi, la charge de député est devenue beaucoup trop lourde. Tous ses collègues des différentes commissions dans lesquelles il a été actif ont apprécié son attitude franche, mais toujours respectueuse de l'autre. C'est particulièrement en commission qu'il donnait la pleine mesure de son dynamisme et de ses compétence, de ses qualités de négociateur. Tu quittes le canton après huit ans pour te consacrer à ta commune. Nous regrettons le départ d'un compagnon dont j'apprécie la grande finesse, d'un homme cultivé, d'un épicurien. C'est un fin bec qui s'en va, mais fin bec il restera. Merci Henri. (Applaudissements.)

Pierre Marti, famille, politique, partage, solidarité, amitié, respect, fidélité, générosité. Ce n'est pas un inventaire à la Prévert, ce sont les mots qui me sont venus à l'esprit en pensant à toi, Pierre, qui as donné tant d'années à la politique communale, puis cantonale durant deux législatures. Comme entrepreneur, ce ne fut pas facile non plus de concilier vie familiale, professionnelle et engagement social et politique. Comme tu as l'ambition et l'habitude de faire tout à fond, nous nous demandons seulement comment tu as réussi ce pari de tout concilier et nous te disons toute notre admiration. Caritas, Transport handicap, Genève Tiers-Monde, Fédération genevoise de coopération et j'oublie sans doute des noms qui illustrent ton engagement social sur le terrain de la coopération, depuis ta jeunesse. Hier soir, lorsque ce parlement a voté la loi qui fixe à 0,7% la participation de notre canton, ce canton dont tu es fier, à la solidarité internationale, tu as été heureux. Et nous, nous avons été fiers qu'un combat de vingt ans trouve enfin un aboutissement. Tu nous quittes certainement avec nostalgie, comme nous regretterons ton dynamisme et ton humanité profonde. Avec toi, nous partageons la joie du sentiment du devoir accompli. Nous te disons tous un très grand merci. (Applaudissements.)

M. Jean-Marc Odier (R). Chez les radicaux, six députés ont décidé de ne pas se lancer dans une nouvelle épopée. Je leur adresse à chacun une phrase et je les remercierai en groupe à la fin. Trois députés ont fait valoir leur droit à une retraite anticipée après quatre ans d'apprentissage. Il s'agit de Jean-Louis Mory, adjoint au maire de Dardagny, meunier de métier... (L'assemblée chante «Meunier tu dors...».) Il ne s'est endormi qu'une seule fois en quatre ans, pour un vote nominal! (Rires.) Walter Spinucci, l'élégant du groupe, toujours là malgré sa lourde charge de magistrat de Lancy. Il fait de la politique une stratégie et évite les coups de gueule. Pierre-Pascal Visseur, membre radical au Bureau du Grand Conseil pour cette année, le type même du parlementaire original qui prend un malin plaisir à lancer le débat en lançant le pavé dans la mare.

Les trois autres députés sont atteints par la limite d'âge, ou plus exactement par notre limite interne qui limite la présence au parlement à trois mandats de quatre ans. Ils partent à la retraite avec le label «twelve years old», celui de l'expérience et de la sagesse. Il s'agit de Roger Beer, qui probablement ne fait que prendre quatre années sabbatiques et pour qui le plus grand regret sera de ne plus pouvoir donner la réplique à notre ami Lescazescu... (Rires.) Hervé Dessimoz, l'urbaniste du groupe, qui use souvent de sa mémoire parlementaire pour rappeler aux bancs d'en face le pourquoi du comment, avec une petite pointe sarcastique très souvent bienvenue. Enfin, le plus sérieux de tous, le président radical de la législature, qui a su maintenir avec maestria la sérénité des débats presque tout au long de l'année. Je dis presque parce qu'effectivement, au mois de juin 2000, un petit couac s'est produit comme vous pouvez le voir... (L'orateur présente une manchette de la «Tribune de Genève» portant la mention «Pagaille au Grand Conseil».)

Je pourrais développer les qualités réelles de chacun, mais l'essentiel n'est pas là. L'essentiel est de les remercier sincèrement de leur engagement pour défendre ensemble, et malgré les différences, les causes qui sont les nôtres dans le respect de nos institutions démocratiques. Simplement, Messieurs les députés, un grand merci qui n'est pas seulement le mien et celui de mes camarades de groupe, mais aussi celui des personnes qui vous ont fait confiance pour les représenter. Vous les avez honorées. Je ne voudrais pas terminer cette dernière séance de législature sans adresser, au nom du groupe radical, nos vifs remerciement à Mme la sautière, Maria Anna Hutter, et à l'ensemble du service du Grand Conseil pour son excellente collaboration. (Applaudissements.)

M. David Hiler (Ve). Madame la présidente, Mesdames et Messieurs les députés, quatre d'entre nous ne se sont pas représentés. Vous avez tous eu, je pense, une fois ou l'autre, ces samedis difficiles après une session : vous tardez à vous lever et vers 13 heures vous pensez qu'une sieste serait la bienvenue. Certaines personnes n'ont pas cette chance et c'est le cas notamment de Louiza Mottaz qui, vous le savez, est infirmière de formation et qui régulièrement, après nos séances, reprenait le travail le samedi à 17 heures, pour des horaires qui peuvent aller jusqu'à douze heures de suite. Dans ces conditions, évidemment, l'engagement politique prend une valeur très considérable, parce que le sacrifice est présent. Louiza Mottaz a essayé de concilier ses activités en diminuant son temps de travail, mais ses compétences professionnelles ayant été reconnues, elle est devenue infirmière responsable, puis infirmière cheffe dans un EMS. Elle estime, avec raison, ne plus pouvoir aujourd'hui concilier ces deux activités. Louiza Mottaz était novice en politique. Elle est entrée sans coup férir dans notre Grand Conseil avec des idées très arrêtées sur les sujets qu'elle connaît bien. Elle a regretté - à juste raison, je crois - les excès de la polarisation. Elle nous a aussi trouvés trop gourmands sur le plan fiscal et elle nous l'a reproché à quelques reprises. Pourtant, je crois véritablement que Louiza Mottaz indique clairement quel est le problème aujourd'hui. On peut évoquer le parlement de milice avec la main sur le coeur. Nous ne sommes pas favorables à la professionnalisation, mais admettons au moins, pour que les choses soient claires avec le souverain, que le travail qui est effectué ici est un travail semi-professionnel. C'est une partie de notre temps : pour les uns c'est 20%, pour les autres c'est 30%, pour les autres 50%. Quoi qu'il en soit, il est relativement difficile dans les professions les plus proches du terrain de mener en parallèle une carrière politique et cela assèche la réflexion de nos parlements. (Applaudissements.)

Georges Krebs est dans ce parlement depuis trois ans, il se soucie en revanche d'écologie depuis plusieurs décennies. Il a été en Ville de Genève, vous le savez, un des pionniers des économies d'énergie. Georges, nous le savons tous, a plusieurs particularités qui font se dresser les cheveux sur la tête des uns et qui amusent les autres. Il a tout d'abord un sens assez aigu de la provocation. Il a aussi un art très développé pour prendre le contre-pied de ce que les gens qui l'entourent pensent pour essayer de tester jusqu'à quel point une idée peut résister à une discussion de très longue haleine, allant dans les moindres détails. Ceci dit, j'espère que dans notre groupe nous aurons encore de ces techniciens compétents et totalement non conformistes, pour nous déranger, nous ennuyer, et aussi nous rappeler à l'ordre quand nous devenons à notre tour définitivement politicards et délirants. Merci donc à Georges d'avoir - à la fin d'une carrière professionnelle très chargée - accepté de faire trois ans parmi nous et nous savons que, jusqu'au dernier souffle, Georges Krebs se battra pour l'écologie. (Applaudissements.)

Anne Briol entre et sort de ce parlement avec une facilité déconcertante. Lors de cette fameuse législature que M. Grobet appelle la législature du gouvernement monocolore de droite, elle avait fait une brève apparition pour se consacrer, à l'époque, à la science. Elle entendait donner l'ensemble de son temps à la thèse en biologie qu'elle préparait, ainsi qu'à la défense de la nature. Elle est revenue pour cette législature et elle a fait quelques progrès puisqu'elle est restée quatre ans. Cependant elle nous quitte. Elle nous quitte parce qu'essayer d'avoir une activité professionnelle qui se passe essentiellement hors de Genève et s'occuper d'un enfant en bas âge est très difficilement compatible avec la vie que nous menons dans ce parlement. Nous la regretterons bien sûr infiniment, parce que Anne est véritablement l'image de ces écologistes qui ont milité depuis tout petit dans les associations de protection de la nature et qui, en même temps, affrontent les grands problèmes, comme le génie génétique. Elle a une connaissance réelle du terrain et une grande sensibilité qui la rendent précieuse, car ils ne sont pas si nombreux ceux qui, dans nos milieux, savent faire ce que Anne Briol sait faire. Merci pour son apport et sans doute à bientôt. (Applaudissements.)

Fabienne Bugnon nous quitte au bout de treize ans, atteinte il est vrai par la limite que nous nous sommes fixée, mais je crois aussi qu'elle est convaincue qu'après toutes ces années il est bon de passer à autre chose, d'avoir d'autres projets et d'autres ambitions. Fabienne Bugnon, vous le savez, c'est le cerveau des Verts et son coeur est à gauche à plus d'un titre... J'ai vraiment eu, depuis que nous partageons la banquette, à défaut d'autre chose, un plaisir immense à travailler avec Fabienne. Elle a fait récemment une chose qui concerne, à vrai dire, surtout les Verts, mais je veux profiter de l'occasion pour lui rendre hommage. Au moment où elle savait qu'elle partait de ce Grand Conseil, elle a accepté de conduire la campagne électorale des Verts. Cela indique une conviction et un désintéressement que l'on ne rencontre pas toujours. Sa compétence dans les dossiers, Fabienne Bugnon a encore eu durant cette législature l'occasion de vous la démontrer. Avec coeur et avec raison, elle a ferraillé avec les meilleurs orateurs de ce Grand Conseil. Elle a toujours montré une pugnacité que je lui envie. J'avoue en effet trouver ces joutes oratoires un peu lassantes : elle jamais. C'est là encore le signe d'une grande conviction. Il y a des personnalités qui marquent l'existence d'un parti et Fabienne Bugnon, à n'en pas douter, a marqué la courte existence des Verts. Je la remercie pour son immense apport et je suis vraiment désolé à l'idée qu'elle ne sera plus là si je devais, par extraordinaire, revenir dans ces murs. Merci Fabienne! (Applaudissements.)

M. Christian Grobet (AdG). Je voudrais souligner ici que sept députés qui ont siégé sur les bancs de l'Alliance de gauche ont soit quitté le Grand Conseil, soit ne se représentent plus. Tout à l'heure, M. Halpérin nous a rendu un hommage indirect, lors du débat sur la loi sur les droits politiques, en disant que l'Alliance de gauche n'avait pas besoin de beaucoup d'argent pour ses campagnes électorales, car elle pouvait compter sur ses militants. Effectivement, ce soir, ce sont six militants auxquels j'aimerais rendre un bref hommage. Je pense tout d'abord à une députée qui a été sans emploi et qui a beaucoup milité pour les droits des chômeurs. Je pense à un député qui siège depuis vingt ans sur les bancs de ce Grand Conseil, défendant les plus humbles et ayant fait preuve d'un courage remarquable face à un accident qu'il a subi. Je pense à un autre député qui s'est préoccupé des problèmes sociaux et de la santé. Je pense encore à un député, dont la rigueur dans la gestion des deniers publics est, je crois, reconnue par chacun. Je pense à une députée qui nous a quittés il y a un certain temps déjà et qui a fait preuve à l'époque d'une vision très claire au sujet des problèmes de la détention et qui avait fait preuve d'un grand courage avant d'être effleurée, dirais-je, par la presse. Je pense à un député qui s'est engagé contre le militarisme et qui est présent ce soir à la tribune. Enfin, je pense à une députée qui n'était pas de nos rangs, mais que nous avons cru de notre devoir d'accueillir sur nos bancs pendant un certain temps. J'ai évoqué : Magdalena Filipowski, Pierre Meyll, Gille Godinat, Bernard Clerc, Martine Ruchat, Luc Gilly et Myriam Lonfat. Merci à toutes et à tous. (Applaudissements.)

Mme Myriam Sormanni-Lonfat (HP). J'ai rédigé une lettre et je demande qu'elle soit lue. Ensuite, je dirai quelques mots.

M. .

«Concerne mes adieux forcés au Grand Conseil

»Mesdames et Messieurs les députés,

»Je ne veux pas refaire l'histoire, mais je tiens à vous dire ma tristesse de devoir vous quitter, quitter ce parlement dans lequel je pense avoir ma place, contre mon gré.

»Privée de commissions parlementaires depuis le 16 mai 2000, sur décision du parti socialiste, puis exclue par celui-ci le 21 novembre 2000, je considère que la volonté du peuple souverain qui m'a élue n'est pas respectée.

»Chacun dans cette enceinte sait pertinemment que tant le travail d'un conseiller communal ou municipal que celui d'un député se fait essentiellement dans les commissions parlementaires et non dans les séances plénières. J'ai donc été amputée d'une partie de mes attributions que me conférait ma qualité de députée.

»J'ai été élue le 16 octobre 1997, puisque vingt-cinquième sur la liste socialiste, les trois premières personnes se présentant comme candidates au Conseil d'Etat. Par le non-respect de son engagement d'un des candidats, je n'ai pu prêter serment que le 24 septembre 1998.

»Je voudrais malgré tout témoigner ma reconnaissance à toutes celles et tous ceux, plus nombreux à droite qu'à gauche, qui m'ont apporté leur amitié et leur soutien et qui ont su me respecter pour ce que je suis.

»Adieu

Myriam»

Mme Myriam Sormanni-Lonfat (HP). Chers collègues députés, ma motion 1429 et ma résolution 444 n'ayant pu être traitées ce soir, je les confierai à Antonio Hodgers, en qui j'ai toute confiance et qui en fera sûrement un bon usage. J'espère que le parlement soutiendra ma motion. En ce qui concerne ma résolution, sujet assez délicat, je donnerai également un texte à Antonio, pour qu'il la défende, malgré l'issue plutôt incertaine que le parlement risque de lui réserver.

Je suis de l'autre côté de la barrière, comme le disait la présidente dans son discours, sans activité lucrative. Qui me tendra la main en me proposant un travail dans le domaine social, qui corresponde à mes capacités, par exemple dans le domaine de l'asile? Exercer enfin une activité lucrative me donnera la reconnaissance sociale dont j'ai tant besoin et me permettra d'éponger mes dettes. J'en ai, elles sont nombreuses.

Merci à Michel Halpérin et à son groupe qui, a contrario des socialistes et d'autres personnes de la gauche, accordent de la valeur à la personne humaine, à l'individu, en l'acceptant dans sa spécificité, sa particularité, voire sa marginalité. J'ajoute des remerciements pour Christian Grobet qui a négocié ma place dans cette salle et qui a accepté de me laisser siéger aux côtés de son groupe.

Je suis très émue de l'hommage que m'a rendu ce soir Michel Halpérin. Il en est parmi vous qui vont cruellement me manquer, mais que je reverrai parfois lorsque j'assisterai aux séances plénières ou lors de cérémonies officielles. Merci encore à une grande partie de la chancellerie d'Etat et du service du Grand Conseil. Je voudrais citer en particulier Didier Thorens, Yvan Reynard, Mme Geandier, M. Hensler, Dominique Louis et Maria Anna Hutter, lesquels avec finesse et élégance ont su répondre à mes demandes et je crois aussi à celles des autres députés. Il est des gens que je ne remercierai pas. Il s'agit de certains journalistes, par exemple du «Courrier», de la «Tribune de Genève», de «Léman Bleu» et de la «TSR», lesquels ont organisé un boycott de ma personne allant jusqu'à bouder deux manifestations que j'avais organisées pour le peuple cachemiri du Pakistan. Sur «Léman Bleu», les dernières images de la manifestation du 30 septembre 2000 sur lesquelles je figurais ont été censurées. Un grand merci à Thierry Pierre dit Grain d'Orge qui ne s'est pas laissé influencer et m'a filmée comme toutes les autres autorités du canton. (Applaudissements.)

Mme Danielle Oppliger (AdG). J'ai écrit une lettre à l'ensemble de ce parlement. Je demande qu'elle soit lue.

M. .

«Madame la présidente,

»Mesdames et Messieurs les conseillers d'Etat,

»Mesdames, Messieurs,

»Chers collègues,

»Au terme de cette législature durant laquelle j'ai eu l'honneur et le plaisir de siéger auprès de vous, permettez-moi de vous adresser ce court message.

»Tout d'abord, je voudrais vous dire merci, un tout grand merci, pour votre esprit de collégialité qui a permis que nous puissions travailler ensemble, tous partis confondus, et concrétiser bon nombre de dossiers pour notre chère Genève.

»Elue en 1993 et reconduite en 1997 par les électeurs, j'ai vécu ces huit années à vos côtés comme un enrichissement continu, tant sur le plan moral et politique qu'amical.

»N'étant plus sûre - on ne sait jamais - d'être réélue pour la nouvelle législature, je me dois aujourd'hui de rendre hommage au groupe SolidaritéS pour m'avoir donné la possibilité de vivre une aussi fructueuse expérience... L'Alliance de gauche n'a pas jugé bon de me renouveler sa confiance et je ne lui en veux pas.

»Je voudrais aussi, et surtout, remercier tous les autres collègues, sans oublier nos conseillers d'Etat, qui ont su, durant toutes ces années, faire abstraction de toute sensibilité politique, pour m'accueillir au sein de cette merveilleuse enceinte qu'est le parlement, pour m'entourer sans aucun préjugé de parti - ou autre - pour me conseiller, voire pour m'aider à apporter quelque soutien aux nécessiteux de mon pays d'origine.

»Cette attitude chaleureuse m'a permis de me sentir à mon aise parmi vous malgré le caractère, disons, biscornu de ma présence à vos côtés.

»Je remercie enfin le chancelier d'Etat, la sautière et son adjointe, les huissiers et les secrétaires du Grand Conseil, sans oublier la responsable du bar, pour les excellents rapports que nous avons toujours su entretenir.

»C'est non sans une grande nostalgie que je termine cette législature, mais avec une certaine fierté d'avoir accompli ma tâche au plus près de ma conscience et avec tout mon amour.

»Merci et bonne chance à vous tous

Danielle Oppliger»

(Applaudissements.)

Mme Myriam Lonfat. Je voudrais juste préciser que j'ai oublié tout à l'heure de remercier le Conseil d'Etat!

La présidente. Voilà qui est fait! Mesdames et Messieurs les députés, deux informations encore : les députés qui nous quittent recevront le traditionnel stylo dans un instant, et vous trouverez, à la salle des Pas Perdus, le «Ki A Di Koa?» Il s'agit des perles relevées dans le Mémorial, que les mémorialistes ont imprimées pour nous, en souvenir. Vous trouverez aussi le texte de la petite revue qui aurait dû avoir lieu ce soir.

Enfin, j'ai calculé que nous avons passé environ 7500 heures ensemble au cours de cette législature, nous avons donc bien mérité un apéritif. J'invite le public de la tribune à nous rejoindre pour le verre de l'amitié. Merci à tous et bonne chance. 

La séance est levée à 22 h.