République et canton de Genève

Grand Conseil

M 536-A
11. Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la motion de M. Jacques Torrent  : La gare routière de Genève : une misère! ( -) M536
Mémorial 1988 : Développée, 6003. Adoptée, 6008.

Débat

M. Claude Blanc (PDC). Voilà à nouveau une occasion de s'amuser! Cette motion a treize ans : il y a treize ans, j'étais déjà dans ce Grand Conseil... (Commentaires.) Oui, j'y étais déjà et c'est pour cette raison que je me souviens de beaucoup de choses et qu'on ne peut pas me prendre en défaut sur un certain nombre de problèmes!

Il y a treize ans, le problème de la gare routière se posait déjà d'une manière aiguë. Tout le monde s'en inquiétait, notamment M. Torrent, député radical... (L'orateur est interpellé par M. Grobet.) Ah oui, il est facile de parler de M. Maitre : celui-ci n'étant plus là, on peut le charger de tout, mais en fait tout le monde sait où étaient les responsabilités! Cela dit, là n'est pas la question et si j'ai fait cette digression, Madame la présidente, c'est parce que M. Grobet m'a interrompu. Je souhaite que vous l'empêchiez dorénavant de m'interrompre...

Aujourd'hui, après treize ans, le Conseil d'Etat nous dit benoîtement, à la fin de la page 2 : «Il est donc envisagé d'articuler l'accueil des cars touristiques, régionaux et internationaux à Genève en trois lieux...» : après treize ans, il est envisagé! Ensuite, on lit : «Pour fonctionner, cet ensemble nécessitera un accord entre l'Etat, la Ville et la Société d'exploitation de la place Dorcière.» Fort bien, mais on ajoute immédiatement : «La Ville doit prendre l'initiative d'une séance avec les représentants respectifs. A noter que la commission d'aménagement du Conseil municipal n'est pas encore entrée en matière sur un crédit d'étude.» Eh bien, voilà, Mesdames et Messieurs les députés : cette motion a treize ans, on envisage aujourd'hui des solutions, mais la Ville doit donner le la, qu'elle semble avoir perdu, hélas!

M. Roger Beer (R). Mesdames et Messieurs les députés, j'aurais voulu intervenir sur la motion précédente... (Protestations.) Mais non, laissez-moi parler! En fait, je vais intervenir sur la motion de M. Torrent et souligner que ce qu'a dit M. Blanc sur la façon de régler le problème au niveau du Conseil d'Etat est juste. J'aimerais également m'associer, bien sûr, aux remerciements et aux félicitations par rapport à la diligence avec laquelle le nouveau magistrat du DAEL répond à des motions très anciennes... (Commentaires.) Oui, le nouveau magistrat : cela fait trois ans, ou trois ans et demi qu'il est là! Quoi qu'il en soit, il fait les fonds de tiroirs qui n'ont pas été faits avant et je l'en remercie.

En l'occurrence, M. Torrent n'a pas encore d'enfants qui soient députés, mais en revanche M. Odier a eu un fils, qui est aujourd'hui député. Ce soir, c'est donc le fils qui reçoit la réponse! Pour ma part, j'espère que d'ici la fin de mon mandat, à fin septembre, j'aurai reçu les réponses à mes motions et que je ne devrai pas attendre que mes enfants, qui ont 14 et 12 ans, soient députés!

M. Christian Ferrazino (AdG). Deux mots à M. Blanc, qui joue les mélomanes ce soir! La Ville s'est effectivement préoccupée de ce dossier, d'autant qu'elle n'a pas comme seule préoccupation le développement des routes pour les voitures : nous nous soucions également de faire en sorte que les usagers des cars soient accueillis dans des conditions convenables, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui à Genève.

Pour essayer de débloquer ce dossier, Monsieur Blanc, nous avons formulé une proposition de développement de la gare routière en trois volets. Afin de permettre aux cars régionaux de venir déposer les usagers là où se trouve actuellement la gare routière, soit à la place Dorcière, nous avons projeté un réaménagement de cette place, avec l'octroi d'un droit de superficie à la société d'exploitation. Or, celle-ci a connu des difficultés économiques, vous le savez certainement, qui ont rendu difficile la concrétisation de cette proposition. Le deuxième volet prévoyait que les cars internationaux aillent directement à l'aéroport : c'est le parking P33 auquel il est fait allusion dans la réponse du Conseil d'Etat. Enfin, troisième volet, nous avions envisagé que ces cars puissent stationner à Montbrillant, près de la poste : il existe une proposition d'aménagement dans ce sens.

Avec ces trois volets, nous répondions aux demandes des usagers, sans pour autant que la place Dorcière devienne impossible à gérer du fait du nombre de cars qui s'y rendraient. Mais, en l'occurrence, il y a un hic et le Conseil d'Etat le dit dans sa réponse : le deuxième volet relatif au P 33 de Cointrin va engendrer des coûts d'exploitation. Ils ont été estimés par le Conseil d'Etat lui-même à environ 200 000 F. Je me suis donc adressé à M. Moutinot en lui disant que nous serions heureux si un projet de loi pouvait être déposé devant le Grand Conseil, de sorte que la question des frais d'exploitation puisse être réglée. Il m'a été répondu que le projet était prêt, mais que le financement n'était toujours pas réglé. En effet, les problèmes que la Ville connaît par rapport à la société d'exploitation pour l'octroi du droit de superficie, l'Etat les connaît en ce qui concerne la prise en charge des frais d'exploitation du parking de l'aéroport.

C'est dire, Monsieur Blanc, que vous ne pouvez pas laisser entendre des choses inexactes. Les projets sont là et si les membres de la commission d'aménagement municipale ne sont pas très enthousiastes à aller de l'avant, c'est qu'à l'heure où nous parlons la question du financement des frais d'exploitation n'est toujours pas réglée. Mais je retiens votre suggestion et je crois que M. Moutinot l'a entendue aussi : si le Grand Conseil est prêt à accueillir favorablement le projet de loi du Conseil d'Etat permettant une prise en charge des frais d'exploitation de la gare, nous serons pour notre part favorables aux aménagements prévus. Car aujourd'hui, vous l'aurez compris, c'est le financement de l'exploitation qui manque. Le projet existe, encore faut-il savoir qui paiera les frais d'exploitation.

En conclusion, ne laissez pas croire que la Ville se désintéresse du problème. Bien au contraire, nous nous y intéressons beaucoup et nous avons même été jusqu'à proposer au Conseil d'Etat de saisir votre Grand Conseil d'un projet visant à régler, une fois pour toutes, le problème de la prise en charge des frais d'exploitation.

Le Grand Conseil prend acte de ce rapport.