République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 17 février 2000 à 17h
54e législature - 3e année - 5e session - 7e séance
IU 821
M. Luc Gilly (AdG). Mon interpellation s'adresse à M. Ramseyer.
Monsieur Ramseyer, c'est l'histoire d'un citoyen ordinaire, un citoyen suisse de 32 ans, marié et père d'une petite fille.
Ce citoyen a été arrêté au poste de police de la Servette, mercredi 9 février. On lui a demandé de vider ses poches. Il a refusé, puisqu'on ne lui donnait pas d'explication, et il a été - et je pèse mes mots - élégamment maltraité, une fois de plus, par vos services, en l'occurrence par trois policiers. Il en a eu des séquelles. SOS-Médecins a été appelé sur place pour constater et essayer de soigner ce monsieur molesté par les policiers du poste de la Servette.
Ce monsieur devait exécuter une peine de prison pour refus de servir. Il a été emmené à Champ-Dollon, comme il se doit. A Champ-Dollon, il a immédiatement commencé une grève de la faim. Il a claqué une porte effectivement un peu violemment et a pris quatre jours de cachot. Depuis neuf jours, il fait donc la grève de la faim.
J'ai eu un téléphone assez alarmiste de sa femme hier soir - que je ne connais pas, je le précise - me disant que les services de Champ-Dollon refusent de donner les soins adéquats à son mari. Je ne sais pas pourquoi celui-ci fait une grève de la faim, car je n'ai pas eu de contact direct avec ce monsieur. Cependant, cette situation est inadmissible. Cette femme a téléphoné deux fois à Champ-Dollon pour que l'on soigne son mari ou, au moins, que l'on examine son état de santé. C'est son droit le plus strict de faire une grève de la faim, mais la direction de Champ-Dollon a l'obligation de vérifier si ce monsieur n'est pas en train de mettre ses jours en danger.
J'aimerais savoir pourquoi cette femme a essuyé deux refus systématiques, hier soir, par rapport à sa demande. En effet, la gardienne qui lui a répondu a raccroché le téléphone au nez, ou plutôt à l'oreille de cette dame. Aujourd'hui, j'ai appris qu'une visite sera enfin rendue demain après-midi à ce monsieur, afin d'effectuer un diagnostic sur sa santé, soit dix jours après le début de sa grève de la faim !
Ma première question concerne le commissariat : dans ce genre de situation, est-ce une méthode de brutaliser des gens pour rien ? Deuxièmement, quelle est l'attitude des responsables du service médical à Champ-Dollon ou des gardiens vis-à-vis de cette personne ? Merci de me répondre demain, Monsieur Ramseyer.