République et canton de Genève

Grand Conseil

M 1290-A
28. Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la motion de Mmes et MM. Bernard Clerc, Erica Deuber Ziegler, Luc Gilly, Marie-Paule Blanchard-Queloz, Jeannine de Haller, Christian Ferrazino, Christian Grobet, René Ecuyer, Christian Brunier, Françoise Schenk-Gottret, René Longet, Alain Etienne, Jean-François Courvoisier, Alberto Velasco, Pierre Vanek, Georges Krebs et Anne Briol sur la fermeture de succursales de la Banque cantonale de Genève. ( -) M1290
Mémorial 1999 : Développée, 5847. Adoptée, 5848.

Lors des débats du 25 juin 1999, le Grand Conseil a renvoyé au Conseil d'Etat la motion 1290 avec les deux invites suivantes :

lui faire rapport sur les intentions de la BCGe quant à la fermeture de certaines agences ;

intervenir auprès de la BCGe pour que celle-ci maintienne sa vocation de banque de proximité.

Lors de la fusion, la BCGe a hérité de deux réseaux d'agences, celui de l'ex Caisse d'Epargne du canton de Genève (ci-après CEG) et celui de l'ex Banque hypothécaire (ci-après BCG). A l'évidence, ces deux réseaux comportaient des doublons. Toutefois avant de prendre toute décision en la matière, la BCGe a procédé en 1995-96 à une étude de marketing approfondie afin de connaître les potentialités de son réseau.

Qui dit potentialités dit aussi meilleure réponse à donner à la clientèle. C'est ainsi qu'après un temps d'observation et sur la base de l'étude qui a été faite, la direction de la banque a jugé opportun d'orienter sa politique d'agences sur les compétences, en développant notamment les quatre métiers que sont le caissier, le gestionnaire de crédit, le gestionnaire de fortune et le conseiller en épargne. Ceci impliquait une modernisation et des réaménagements dans les agences avec, en particulier, l'implantation d'espaces conseils. Elle a par ailleurs observé un changement rapide dans les habitudes des clients avec l'apparition des nouvelles technologies comme les guichets automatiques (bancomats) qui, avec le temps, sont devenus de plus en plus performants, nécessitant aussi de sa part une adaptation.

L'optimalisation du réseau devait également s'accompagner d'impératifs de rentabilité, afin de permettre de dégager des forces pour d'autres points.

Tout ceci a conduit la direction de la banque à se pencher sur son réseau. Il lui est rapidement apparu que d'être implantée à de nombreux endroits avec de petites structures ou avec des structures trop proches les unes des autres n'était pas forcément valable, car cela ne répondait pas nécessairement aux besoins des clients et coûtait finalement cher à la banque. Il a aussi été constaté que le réseau comportait des trous qu'il s'agissait de remplir.

Dès lors et concrètement, décision a été prise dans un premier temps de fermer l'agence de l'avenue Pictet-de-Rochemont de l'ex BCG, voisine immédiate de l'agence de la rue Versonnex de l'ex CEG. Cette décision a été réalisée sans aucun licenciement.

Plus tard, en 1996, la BCGe a ouvert une agence à Plan-les-Ouates pour étendre son réseau dans cette région.

En janvier 1999, le Conseil d'administration de la banque a décidé, sur préavis de la direction générale, d'organiser différemment les zones d'implantation de la banque, lesquelles ont été réparties depuis lors en six secteurs : Centre-Ville, Servette, Carouge, Chêne, Onex et Vernier.

Dans ce cadre, il a été décidé de supprimer les derniers doublons existants. C'est ainsi que les deux agences de Plainpalais (rue de Carouge 53) et de Plainpalais Rond-Point (rue de Carouge 19) ont fermé leurs portes au public le 12 mai 1999. En contrepartie, et dans un espace plus convivial et plus spacieux, la nouvelle agence de Plainpalais, sise à la rue de Carouge 22, a ouvert le 17 mai 1999.

D'ici au 31 décembre 1999, les agences du Petit-Lancy (et non du Grand-Lancy indiqué par erreur par les motionnaires), de Meyrin-Village (et non de Vernier-Village), de Moillesulaz et de la Servette cesseront leurs activités au profit d'agences toutes proches. Les clients du Petit-Lancy sont ou vont être accueillis à Lancy-Centre (route de Chancy 67), ceux de Meyrin-Village à Meyrin-Cité récemment rénovée, ceux de Moillesulaz à Chêne (rue de Genève 73) et ceux de la Servette à Servette-Wendt. Les agences de Chêne et de Servette-Wendt feront l'objet, avant ces transferts, l'objet d'importantes rénovations.

Les distances qui séparent les agences qui vont être supprimées de celles qui sont maintenues et développées se situent entre 300 et 600 mètres environ. Seule Meyrin-Cité se trouve à une distance un peu plus importante.

Toutes ces opérations n'auront pas d'incidence sur l'emploi, puisqu'aucun licenciement n'est prévu. Bien au contraire, afin de renforcer le personnel de réseau, la BCGe cherche à engager de nouveaux collaborateurs.

Le personnel et les autorités communales concernées ont été avisées bien avant l'annonce officielle de la décision.

Le Conseil d'Etat comme les motionnaires soutient la vocation de banque de proximité de la BCGe. Il appuie la BCGe dans sa démarche d'en faire sa spécificité par rapport à d'autres banques établies sur le territoire cantonal. Sa politique d'agences orientée « clientèle » répond d'ailleurs à cette préoccupation.

Compte tenu de ces explications, le Conseil d'Etat vous demande, Mesdames et Messieurs les députés, de prendre acte du présent rapport.

Débat

M. Christian Grobet (AdG). Bien que notre président nous ait fait comprendre hier soir qu'en certaines circonstances ses oreilles chauffaient selon ce que l'on pouvait dire sur la Banque cantonale, j'espère néanmoins qu'elles ne chaufferont pas trop ce soir !

Nous avons pris note avec intérêt des explications données par la Banque cantonale à travers le Conseil d'Etat. En ce qui concerne tout d'abord la désignation inexacte des succursales de la BCG dont nous pressentions la fermeture, je tiens à préciser que nous n'étions pas certains de quelles succursales il s'agissait lorsque nous avons déposé notre motion. Nous avions indiqué qu'il s'agissait de certaines succursales, mais nous demandions bien entendu au Conseil d'Etat de le confirmer. Nous prenons donc note que certaines des succursales concernées ne sont pas celles auxquelles nous avions pensé. Mais le résultat est quand même le même, à savoir qu'il y a quatre succursales qui sont fermées.

Deuxième remarque : il est exact qu'avec la fusion de la Caisse d'épargne et de la Banque hypothécaire certaines succursales de ces deux établissements se sont retrouvées à proximité immédiate. L'on peut effectivement admettre, lorsque deux succursales se situent à la rue de Carouge, à faible distance, que l'on n'en maintienne qu'une. Par contre, certaines des succursales en cause, à savoir notamment celles du Petit-Lancy, de Meyrin-Village, voire de Moillesulaz, sont tout de même - le rapport du Conseil d'Etat l'admet en ce qui concerne Meyrin-Village - des succursales qui se trouvent à une certaine distance des succursales au profit desquelles ces fermetures ont été opérées.

On retrouve ici un peu le débat que nous avons eu tout à l'heure à propos de l'office postal de Saint-Jean. On constate de plus en plus que les grandes sociétés de prestations, que ce soient les PTT, les banques - il est vrai que les banques privées ont fermé nombre de succursales - ferment des agences de quartier. Ce qui a été mal ressenti à Saint-Jean en ce qui concerne le bureau postal du quartier est également mal ressenti dans les quartiers qui étaient desservis jusqu'à présent par une agence de la BCG. On nous explique que ces fermetures, outre le fait qu'il y aurait des doublons - ce qui n'est pas toujours le cas - sont motivées par une adaptation technologique, c'est-à-dire un usage plus important des bancomats, et par le désir de fournir des prestations plus complètes à la clientèle. Il faut quand même savoir que la plus grande partie de la clientèle de quartier, souvent des personnes âgées, sont des personnes qui viennent faire des opérations tout à fait courantes et qui n'ont pas forcément besoin d'un gestionnaire de fortune pour leur soumettre des propositions de placement ! Au même titre que la Migros dispose de succursales avec un, deux ou trois M selon l'importance, on pourrait fort bien imaginer qu'il y ait, au-delà du siège de la Banque cantonale, quelques succursales d'arrondissement où l'on offrirait des prestations complètes.

Il est du reste intéressant de relever que la succursale à laquelle je pense n'est pas mentionnée dans ce rapport. Il s'agit de la petite succursale du boulevard Helvétique qui se trouve à proximité de la succursale de la rue Versonnex. C'est une toute petite succursale qui satisfait manifestement les besoins de la clientèle et qui a été maintenue.

Je déplore personnellement que le nombre de succursales de la BCG soit en diminution. On cite l'exemple d'une nouvelle succursale ouverte à Plan-les-Ouates. Bravo ! Mais je trouve que la fermeture de certaines succursales, si l'on estimait qu'elles étaient trop proches d'autres succursales, aurait pu donner lieu à l'ouverture de nouvelles succursales afin que la Banque cantonale remplisse véritablement un rôle de banque de proximité souhaité par la population. C'est d'autant plus important que beaucoup de personnes se plaignent qu'il n'y ait plus de contacts sociaux, qu'il faille s'adresser à des machines et que l'on ne puisse même plus poser des questions. Je ne suis donc personnellement pas satisfait de la réponse de la Banque cantonale sur sa politique en matière de succursales. Je trouve que cette question devrait être mieux examinée, quitte, je le dis, à envisager deux types de succursales. Car lorsqu'on se rend dans une petite succursale, on comprend bien que l'on ne peut effectivement pas y trouver certaines prestations qui seraient proposées par une autre succursale située peut-être un ou deux kilomètres plus loin.

M. Claude Blanc (PDC). Dans sa longue, trop longue intervention, M. Grobet a fait allusion entre autres à la fermeture de l'agence de la Banque cantonale de Meyrin-Village. Alors permettez au président de la Banque Raiffeisen de Meyrin, société coopérative qui fonctionne selon les principes les plus démocratiques et dont les buts obéissent à l'éthique la plus élevée, de se réjouir de la fermeture de la Banque cantonale de Meyrin-Village ! Ce départ a permis à la Banque Raiffeisen, qui était vraiment mal logée dans ses locaux, tout près de cette Banque cantonale qui lui faisait de l'ombre, de reprendre les locaux et de faire face à la clientèle abandonnée par la Banque cantonale. Il est vrai que nous avons eu le plaisir de voir arriver - il y a d'ailleurs une certaine ressemblance avec le débat sur la poste de tout à l'heure - toute une clientèle de gens qui sont un peu désarçonnés par les méthodes des grandes banques, notamment les guichets automatiques et toutes ces choses-là. Nous nous félicitons donc d'avoir pu nous installer à cet endroit. Cela nous permettra de remplir notre rôle de banque, comme je vous le disais tout à l'heure, à l'éthique la plus élevée, pour le plus grand bienfait des habitants de la région. J'espère que cela continuera comme ça dans d'autres quartiers !

Le Grand Conseil prend acte de ce rapport.

Le président. Mesdames et Messieurs, je vais lever la séance. Nous nous retrouverons à 20 h 30 avec la motion 1309 relative à la participation suisse au Millenium Round. Bon appétit ! 

La séance est levée à 19 h.