République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 18 septembre 1997 à 17h
53e législature - 4e année - 9e session - 39e séance
IU 376
La présidente. Monsieur Vanek, vous avez la parole !
M. Pierre Vanek (AdG). Excusez-moi, Madame la présidente, j'étais en train d'assurer le «service après vente» de ma première interpellation urgente !
Ma deuxième interpellation porte sur un élément plus sérieux que la première. Elle concerne également les élections et s'adresse plus précisément à M. Haegi, qui est chargé de ces questions.
Vous avez certainement vu les différentes affiches qui ornent les murs de notre ville en cette période de votations, puis d'élections. J'aimerais évoquer l'une de ces affiches qui ne mentionne pas son auteur, mais dont j'imagine qu'elle émane bien de vos services, Monsieur Haegi, et dont le but louable est d'inciter la population à participer aux opérations électorales.
Le mot d'ordre est : «J'existe, je vote : un privilège pour tous !». Il s'agit bien d'une affiche officielle qui provient de vos services... Il manque la signature, mais nous savons qui est l'auteur de cette opération. La signature est un détail, et ce n'est pas cette lacune qui me choque. Il m'est d'ailleurs déjà arrivé de coller des affiches non signées. (Rires.) Ce qui me choque, c'est le message qui transparaît à travers le slogan : «J'existe, je vote : un privilège pour tous !».
Il y là un réel problème. Sur le mode «Je pense, donc je suis», «J'existe, donc je vote», on fait passer le message que pour affirmer son existence on doit voter, ou qu'en votant on a une existence sociale. Sachant que nous vivons et que nous travaillons à côté de nombreux habitants de ce canton qui sont privés de ce «privilège pour tous», c'est-à-dire du droit de vote, il y a de quoi être choqué.
Monsieur Haegi, pensez-vous, après réflexion, que ce message était bien conçu ? Pendant vingt-huit années, j'ai vécu, habité et travaillé dans ce canton sans passeport rouge à croix blanche... En voyant une telle affiche, une personne dans le même cas peut se dire, en toute logique, que puisqu'elle n'a pas le droit de voter elle n'existe pas... C'est le message... (L'orateur est interpellé par M. Lombard.) Monsieur Lombard, que vous le vouliez ou non, c'est le message de cette affiche : «Je n'ai pas le droit de vote, donc je n'existe pas» ! Ou, a contrario, «naïvement», une personne privée de ce droit pourrait se dire : «J'existe, donc je peux me présenter avec mon passeport vert, bleu ou grenat au local de vote et voter.» - mais ce n'est certainement pas l'esprit de cette affiche, ou alors il faut le dire !
Ce message a été conçu dans une logique qui ne tient pas compte de l'ensemble de notre communauté. Le droit de vote n'est pas un privilège pour tous. Malheureusement, ce droit n'est pas un droit pour tous ! Aujourd'hui, c'est un privilège pour certains !
Je conteste donc le contenu de ce message émanant du département de l'intérieur, et j'aimerais avoir quelques éclaircissements sur les intentions de ses auteurs.