République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 18 septembre 1997 à 17h
53e législature - 4e année - 9e session - 39e séance
IU 365
Mme Claire Chalut (AdG). «Une histoire vraie qui ne devrait pas se produire : dispersée, l'aide sociale est pléthorique et dispendieuse» ou comment les libéraux prennent la pose et font de la prose !
Cette interpellation urgente s'adresse à M. le conseiller d'Etat, Guy-Olivier Segond.
Monsieur Segond, j'appelle au secours ! Je pense que vous avez reçu, comme tous les ménages de ce canton, cette brochure - la bible devrait-on dire - de campagne électorale ici présente ! Dans cette chose, on y lit, entre autres inepties, en page 20, une «histoire vraie...» qui met en scène un chef d'entreprise, sa femme et leurs quatre enfants. Le mari, quittant le nid très galamment, laisse tomber femme et enfants. Entre-temps, il apprend que cette dernière va toucher 8 000 F par mois par les différents services sociaux. Le mari, car ce serait trop bête de laisser passer une telle occasion - tiens donc ! - revient au foyer.
D'autre part, et c'est utile de le préciser, les auteurs de ce texte n'hésitent pas à citer des chiffres fantaisistes et à faire le mélange des genres.
J'en viens aux questions :
1. Peut-on recevoir en une seule fois : le chômage, l'allocation logement, une prestation complémentaire ou OCPA, de l'assistance de l'Hospice général, une rente AI, ainsi que des subventions à l'assurance-maladie, lorsqu'on quitte la Suisse ?
2. Sachant qu'en 1996 l'aide sociale apportée par l'Hospice général a touché onze mille cinq cent six personnes et que six mille deux cent vingt-trois dossiers ont été traités, est-il vrai que toutes ces personnes - en supposant que tous ces ménages comptent quatre enfants et un chef d'entreprise - perçoivent 8 000 F par mois leur permettant de «se la couler douce» sous d'autres cieux et de payer une «bonne école privée» à leurs enfants, comme nous l'apprend l'histoire «vraie» libérale ?
3. Ne faudrait-il pas, si ces informations diffusées urbi et orbi étaient justes, prévoir lors du prochain budget l'augmentation très substantielle de la subvention accordée à l'Hospice général ainsi que celles de tous les autres secteurs fournissant des prestations sociales - OCPA, logement, etc. ?
4. Devrait-on augmenter les taxes ? Au hasard, celle du droit des pauvres, par exemple ?
Monsieur Segond, rassurez-nous : dites-nous qu'en effet il est alloué 8 000 F par mois à toute personne en détresse !
Plus sérieusement - et c'est la raison de l'urgence de cette interpellation - rappelez aux libéraux de quoi il retourne et comment vos services fonctionnent; bref, remettez l'église au milieu du village !
Chacun a droit à l'erreur, mais, lorsque le mensonge devient un moyen délibéré pour tromper l'électeur, ce n'est plus d'erreur dont il faut parler, mais de populisme digne des milieux de l'extrême droite ! En effet, sans qu'ils veuillent l'avouer, par l'exemple publié dans leur brochure, les libéraux veulent prouver qu'il y a dans le canton plus de vingt mille profiteurs réels des prestations sociales. Et c'est sans doute pour faire cesser cet engouement qu'ils proposent une diminution drastique des impôts !