République et canton de Genève

Grand Conseil

M 959
8. Proposition de motion de MM. Pierre Meyll et Chaïm Nissim : 3e voie CFF Coppet-Genève. ( )M959

LE GRAND CONSEIL,

considérant:

- les inquiétudes et les questions qui se posent à Versoix du fait des projets de 3e voie CFF de Coppet à Genève,

invite le Conseil d'Etat

à tout entreprendre auprès des CFF pour que les horaires actuels soient au moins maintenus - à quoi servirait sinon une 3e voie ? - et pour que l'impact environnemental des travaux indispensables soit réduit autant que faire se peut.

EXPOSÉ DES MOTIFS

Ce projet de 3e voie des CFF, qui irait de Coppet à Genève, est le bienvenu dans la région, où tous reconnaissent que les voies actuelles sont surchargées, et où tous souhaitent une augmentation des cadences, vu le besoin de mobilité qui augmente. Mais les séances d'information entre la population et la direction des CFF ne sont pas toujours claires, les gens en ressortent avec des informations contradictoires, notamment sur les cadences - allons-nous vraiment avoir moins de trains à Versoix avec 3 voies ? - et sur les nuisances dues aux travaux. C'est la raison pour laquelle nous soumettons cette motion au Conseil d'Etat, pour qu'il puisse nous renseigner et, le cas échéant, exercer des pressions sur les CFF dans l'intérêt de la population genevoise.

Débat

M. Jean-Claude Genecand (PDC). Notre groupe accepte cette motion, car Versoix est confrontée à un double problème. C'est, d'une part, la nuisance qu'elle va subir par de gros travaux et, d'autre part, une diminution sensible de la desserte par le train à laquelle les Versoisiens doivent s'attendre. Je ne ferai pas l'injure au président du département de justice, police et des transports de l'instruire sur la réalité de sa commune d'origine, mais je tiens à relever quelques appréhensions dont m'ont fait part des citoyens de cette commune.

La construction de la troisième voie va provoquer le rehaussement d'une dizaine de ponts, la suppression de la voie industrielle qui mène à la papeterie et au Moulin de Versoix. C'est dire que les travaux de rectification des chaussées, d'aménagement des ponts et autres urbanisations vont causer des perturbations durant plusieurs années. Cela serait acceptable si les perspectives de dessertes de Versoix s'en trouvaient améliorées, mais tel n'est pas le cas.

Le plan Rail 2000 choisit Coppet comme gare régionale, un service de bus doit sillonner la Terre Sainte ramenant les voyageurs à Coppet. Plusieurs petites stations vont être supprimées. Quant à la gare de Versoix, on lui prédit la suppression sans nuance des trains accélérés, ce qui a pour conséquence de rallonger le temps de parcours entre Versoix et Genève. Cette diminution de fréquence des trains s'arrêtant en gare de Versoix exigera des Versoisiens, s'ils veulent aller à la rencontre des Confédérés, de prendre l'omnibus jusqu'à Coppet, puis un autre train jusqu'à Nyon, pour enfin prendre un direct pour un plus long voyage.

La pilule est amère, car les Versoisiens ne comprennent pas pourquoi ils sont moins bien desservis que Coppet, alors qu'ils sont près de 10 000 habitants contre 2 300 à Coppet. Ils exigent que nos autorités se penchent sur ce problème et apportent un rééquilibrage de la desserte par le train, notamment aux heures de pointe. Précisons, par ailleurs, que la commune est favorable à l'aménagement d'un parking aux abords de la gare !

Le sentiment des Versoisiens pourrait être celui-là. Sommes-nous des mal-aimés ? Non seulement la capitale s'éloigne de nous, mais elle refuse de s'occuper du coeur de notre bourgade qui attend, en vain, une route de contournement.

M. Bernard Annen (L). Après avoir entendu M. Genecand, cette motion nous paraît plus importante que ce qu'en dit l'exposé des motifs. Je pense qu'il doit y avoir un certain nombre de problèmes, sinon nos deux collègues n'auraient pas déposé une motion. Je vous suggère de la renvoyer à la commission des transports de manière que nous ayons plus d'explications que les quelques phrases sibyllines de M. Nissim. Après vous avoir entendu, Monsieur Genecand, je pense que cela mérite d'être travaillé en commission.

M. Jean Spielmann (AdG). Le problème de la troisième voie entre Versoix et Genève est directement lié au concept Rail 2000 qui prévoyait la réalisation d'une troisième voie sur l'axe Lausanne-Genève. Il faut savoir que ce concept a été revu et corrigé et qu'aujourd'hui plus de 800 millions de francs vont être investis pour la réalisation d'une deuxième double voie entre Zurich et Thalwil. La troisième voie entre Lausanne et Genève restera donc dans les tiroirs, en tout cas une décennie encore.

Nous examinons également aujourd'hui un autre concept, à savoir celui de l'aménagement du tronçon Genève-Lausanne qui permettra le passage des lignes rapides, mais cela conduira les CFF à supprimer six gares entre Genève et Lausanne. Ce concept est en train d'être mis en route avec la modification de la gare de Morges, avec l'automatisation de l'ensemble des gares qui réduira considérablement les présences dans les gares entre Genève et Lausanne et les prestations fournies à la population dans ces multiples centres.

Par conséquent, la motion déposée aujourd'hui soulève un vrai problème. Dans son exposé des motifs, il est fait état d'informations fournies par les CFF. Des diaporamas et des plans sont organisés, des conférenciers sont prêts à informer la population sur le tronçon Genève-Lausanne, mais on ne parle plus ni de la troisième voie, ni de la boucle de rebroussement entre Cointrin et Bellevue. Il faut intervenir si l'on veut que notre région économique puisse être présente dans l'application de Rail 2000 qui, je le rappelle, a été voté par le peuple suisse. Il faut réaliser concrètement ce concept, en dépit des difficultés financières, et je ne trouve pas acceptable que l'on concentre l'ensemble des investissements de ces réalisations dans une seule et unique région de Suisse.

Encore une fois, la région genevoise est mise à l'écart en ce qui concerne les subventions fédérales, les aménagements et les équipements. Vous savez ce qu'il en est entre les aéroports de Kloten et de Cointrin et je crois important que le Conseil d'Etat étudie ce dossier avec sérieux. Il faudrait également que nous puissions l'examiner à la commission des transports pour voir quelles seraient les démarches les plus utiles pour tenter d'inverser le cours des choses, parce que, si nous laissons faire aujourd'hui, rien ne se fera dans ce secteur dans les dix ou vingt prochaines années.

M. Chaïm Nissim (Ve). Je vais essayer de vous expliquer en quelques mots l'exposé des motifs de notre motion. Vous savez que j'habite Versoix depuis quelque temps, tout comme MM. Meyll et Ramseyer, et nous avons tous été invités à des séances d'information organisées par les CFF à propos de cette troisième voie. Il en ressort un certain brouillamini, mais, d'après certains des experts interrogés, il se pourrait que plusieurs trains supplémentaires - nous avons en principe un train par heure entre Versoix et Genève, mais deux par heure aux heures de pointe - soient supprimés avec l'introduction de cette troisième voie.

C'est la raison pour laquelle de nombreux habitants de Versoix se sont posé des questions, pour ne pas dire plus, à propos de ce programme et que nous avons voulu en discuter. Il semble, d'après M. Ramseyer, que ce soit raisonnable d'en discuter à la commission des transports et, comme ça, nous pourrons avoir de plus amples informations sur les projets des CFF et sur comment faire, nous, en tant que Genevois, pour essayer d'améliorer au maximum la desserte de Versoix et des villages environnants.

M. Gérard Ramseyer, conseiller d'Etat. Tant de sollicitude de ce Grand Conseil pour ma commune de Versoix me va droit au coeur ! J'aimerais simplement préciser qu'aux heures de pointe, Monsieur le député, il n'y a pas deux trains, mais cinq en quatre-vingt cinq minutes et c'est donc une desserte qui, pour l'instant, est convenable.

Les CFF ont effectivement pris des contacts exploratoires. Mais j'ai eu l'occasion de le dire et je le répète, il n'est pas sérieux de proposer à une commune sept années de travaux importants touchant une demi-douzaine d'ouvrages d'art pour, in fine, proposer un train en moins que la desserte actuelle. C'est la raison pour laquelle la commune de Versoix a déjà annoncé sa réaction, de même d'ailleurs que le très actif groupe «transports» du Groupement des communes de la rive droite du lac.

Cette motion est importante, je souhaite qu'elle soit renvoyée à la commission des transports et que son distingué président, M. Genecand, auditionne la commune de Versoix, d'une part, mais également le groupe de travail «transports» de l'ensemble des communes de la rive droite du lac, d'autre part.

Mise aux voix, la proposition de renvoyer cette proposition de motion à la commission des transports est adoptée.