République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 28 avril 1994 à 17h
53e législature - 1re année - 6e session - 12e séance
IU 16
Mme Claire Chalut (AdG). J'adresse cette interpellation à M. Philippe Joye, conseiller d'Etat. Je lui ai donné un titre : «Les espaces du Prince».
Le roi Fahd d'Arabie est-il sur le point de s'approprier la totalité de Collonge-Bellerive ? Il y a dix ans, et après avoir obtenu une dérogation de densité, il se fit construire une somptueuse demeure pour ses petites vacances. Ayant obtenu cette dérogation, il promit qu'il n'en demanderait plus. Les années ont passé et voilà qu'il remet cela ! Le prince est gourmand, il lui faut encore plus d'espace et qu'importe les lois et ses promesses !
Aujourd'hui, c'est sur une surface boisée que le monarque absolu jette son dévolu. La loi cantonale sur les forêts est pourtant claire. Toute diminution de l'aire forestière est considérée comme un défrichement. Son règlement d'application va encore plus loin. Pour tout défrichement une compensation est exigée. Cela signifie qu'une surface équivalente doit être boisée. Je vous fais grâce de toutes les lois et tous les règlements d'application en matière de protection des espèces et de la faune, tant au plan fédéral qu'au plan cantonal.
Or, il s'agit de construire sur cette parcelle des villas et des parkings pour des dizaines de voitures. Cette situation est particulièrement choquante et le personnage bien arrogant, alors qu'on trouve toujours d'excellentes raisons pour retarder la construction de logements dont le peuple a tant besoin.
Dès lors, voici mes questions. M. le conseiller d'Etat peut-il nous dire si, malgré les oppositions et les lois qui, paraît-il, sont les mêmes pour tous, il entend délivrer une autorisation de déboiser, sans compensation, et de construire ? A en croire la presse, vous dites que Berne pousse à la roue ! Quels sont donc les intérêts de la Confédération pour qu'elle pousse à la roue ? M. le conseiller d'Etat peut-il nous fournir de substantielles explications à ce sujet ? Comment entendez-vous respecter la lex Friedrich ? La commune de Collonge-Bellerive a succombé au charme des pétrodollars. Elle vient, à une large majorité, d'accorder la dérogation autorisant un taux de densité allant jusqu'à 0,3. Le Conseil d'Etat va-t-il laisser faire ? Quelle sera sa décision ?
Le président. La réponse du Conseil d'Etat à l'interpellation urgente de Mme Claire Chalut prendra place au point 40 quater.