République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 4 novembre 1993 à 17h
53e législature - 1re année - 1re session - 39e séance
E 654
M. Bernard Annen (L). Le groupe libéral a l'honneur et le privilège de présenter la candidature de M. Hervé Burdet à la présidence du Grand Conseil.
Né en 1939, Hervé Burdet est directeur adjoint des conservatoire et jardin botanique de la Ville de Genève. Après une formation classique et des études universitaires de biologie et de botanique poursuivies à Genève, en France et aux Etats-Unis, Hervé Burdet est député au Grand Conseil depuis 1981.
Actuellement premier vice-président du Grand Conseil, il a notamment siégé à la commission des finances, à celle des grands travaux de l'énergie, à la commission de l'université. Spécialiste des problèmes d'environnement, d'approvisionnement énergétique ainsi que de finances publiques, Hervé Burdet pratique par ailleurs l'histoire, l'archéologie et la musique.
Hervé Burdet est un botaniste genevois directeur adjoint de l'institution scientifique mondialement connue que nous appelons modestement notre «Jardin botanique». Il vous faut savoir que Hervé a produit à ce jour plus de 200 publications scientifiques dont certaines sont des traités fondamentaux dans le domaine de la botanique. Quelque 500 espèces de végétaux portent aujourd'hui le nom scientifique qu'il leur a assigné.
Réalité presque ignorée à Genève, Hervé Burdet est en ce moment président de la section de nomenclature du Congrès international de botanique. Cette haute fonction - la plus haute dans le domaine de la botanique - n'a été revêtue que trois fois par des Suisses dans l'histoire des sciences, et trois fois par des Genevois : Alphonse de Candolle, à la fin du XIXème, John Briquet en 1920, et Hervé Burdet aujourd'hui.
D'une certaine manière, Hervé, en siégeant depuis douze ans déjà dans notre Grand Conseil, renoue avec la tradition des botanistes genevois des deux derniers siècles, les De la Rive, les Candolle, les Boissier, qui ne se sont jamais enfermés dans une tour d'ivoire et qui ont vigoureusement affirmé sur les bancs du Grand Conseil leur souci des intérêts de la République dans le contexte le plus large.
Nous sommes convaincus que Hervé Burdet sera digne de ses illustres prédécesseurs et qu'il recueillera vos suffrages.
Le président. Il est pris acte de cette candidature.
M. Christian Ferrazino (AdG). Dès lors que le parti libéral est le plus grand parti ce de parlement, nous n'entendons pas contester qu'un député libéral soit choisi pour la présidence de ce Grand Conseil. Par contre, nous souhaiterions - et la chose a au moins le mérite de la logique et de la cohérence - que ce raisonnement soit appliqué dans les deux sens. Comme l'Alliance de gauche - que je représente - est la deuxième formation de ce parlement, il nous paraît nécessaire que notre groupe soit également représenté dans le Bureau du Grand Conseil.
Pour cette raison, je signale d'ores et déjà que nous proposerons une candidature pour la première vice-présidence du Bureau.
Le président. Je prie les huissiers de bien vouloir distribuer les bulletins de vote.
Bulletins distribués : 90
Bulletins retrouvés : 90
Bulletins blancs : 9
Bulletins nuls : 14
Bulletins valables : 67
Majorité absolue : 34
M. Hervé Burdet est élu par 67 suffrages. (Applaudissements. Mme Humbert remet à M. Burdet une gerbe de fleurs et M. Annen un magnum de vin rouge, ce qui provoque des rires.)
(Les deux huissiers, en manteau rouge et jaune, entrent à nouveau dans la salle et se placent comme précédemment.)
Le président. Je félicite notre nouveau président pour sa brillante élection.
La cordialité avec laquelle j'accueille Hervé Burdet, adversaire politique dont les confrontations sont parfois rudes, n'est pas feinte. En fait, j'apprécie en lui l'honnête homme; j'entends par honnête que lorsque Hervé Burdet promet quelque chose, c'est chose tenue. Une parole honorée, c'est beaucoup. Un engagement pris hors de la salle et qui n'est pas maintenu dans la salle m'apparaît au-dessous de tout. Un contrat n'a jamais été trahi par Hervé Burdet. C'est oui, ou c'est non, mais il n'y a jamais d'ambiguïté.
Hors politique, c'est un homme très fréquentable. (Rires.) Il est intelligent, méthodique, peu enclin à prendre le devant de la scène. Quoi qu'on en pense, c'est un homme modeste. En plus de cela - comme l'a relevé tout à l'heure notre collègue Annen - il est reconnu comme un excellent historien de la botanique. En plus de ce qui a déjà été dit - sa modestie va peut-être en souffrir - il est auteur d'un livre sur les savants prélinnéens qui fait autorité en la matière et qui a reçu un prix international. J'espère que Hervé Burdet, spécialiste de la systématique en botanique, n'aura pas classé la gauche dans la mauvaise herbe... (Rires.) ...puisque par définition, pour un botaniste, la mauvaise herbe n'existe pas ! (Rires redoublés.)
Petite nuance, j'ai appris par Pierre Perret, le chanteur, qui m'a soufflé que Hervé Burdet était spécialiste dans l'organisation des colonies de vacances. Alors, compte tenu de la chanson de Pierre Perret, je lui dirai : «Merci, papa, merci maman !». (M. Pierre Meyll chante ces derniers mots sur l'air des "Jolies colonies de vacances".)
Je lui souhaite bonne chance. Je suis persuadé qu'il sera un président objectif, qu'il n'aura pas d'oeillères du côté gauche et qu'il dominera sa tâche - j'allais dire sa classe - avec beaucoup d'autorité. Bonne année ! (Chaleureux applaudissements.)
Présidence de M. Hervé Burdet, président.