République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 10 juin 1993 à 17h
52e législature - 4e année - 6e session - 22e séance
M 862
Débat
Mme Sylvia Leuenberger (Ve). Cette motion est la suite logique d'une motion que nous avons déposée en octobre 1992.
En fait, il y avait une volonté unanime, aussi bien du Grand Conseil que des associations genevoises de tout bord, de réaliser une maison de l'environnement au Palais Wilson. Cette volonté avait été manifestée justement par la motion 818, adoptée par ce Grand Conseil en octobre 1992.
Si nous revenons aujourd'hui sur ce sujet, c'est que la Confédération qui finance, financerait ou financera la rénovation du Palais Wilson à raison de 80 millions prévoit, elle, la rénovation du Palais Wilson avec l'objectif de créer des bureaux, ce qui va à l'encontre du concept genevois visant à faire du Palais Wilson un espace de rencontre et d'animation ouvert au public.
Actuellement -- je le sais par M. Laurent Rebeaud -- une commission de travail sur le plan fédéral, formée des conseillers aux Etats et nationaux genevois, planche pour influencer le Conseil fédéral et le faire aller dans le sens développé par la motion 818. Le but de cette motion est de reprocher au Conseil d'Etat de ne pas avoir transmis le dossier indiquant nos objectifs au Conseil fédéral et de lui rappeler ce devoir. En fait, la deuxième invite de cette motion consiste, je cite: «à soutenir la position adoptée par le Grand Conseil le 12 octobre 1992 concernant la motion 818 auprès de la Confédération».
Nous invitons donc le Conseil d'Etat à soutenir et à transmettre au Conseil fédéral le projet de la Maison de l'environnement tel que défini dans la motion 818.
M. Claude Haegi, conseiller d'Etat. Cette proposition de motion nous amène à faire une remarque plus générale, surtout après avoir entendu les propos de Mme Leuenberger au sujet de la non-intervention du Conseil d'Etat auprès de l'autorité fédérale.
En ce qui concerne l'avenir de notre canton, nous savons quelle est l'importance des organisations internationales qui en représentent une des composantes essentielles, en particulier sur le plan économique. Si nous voulons confirmer notre situation, nous avons besoin de l'appui de la Confédération; aussi c'est avec détermination que notre Conseil d'Etat a engagé des relations suivies avec l'autorité fédérale pour qu'elle tienne compte davantage des besoins du canton de Genève et des organisations internationales.
Il y a quelques jours, avec la majorité de mes collègues du Conseil d'Etat, nous nous sommes rendus à Berne pour y rencontrer les parlementaires fédéraux genevois et l'essentiel de cette séance a été consacré au problème des organisations internationales à Genève. Vous savez que la politique d'accueil des organisations internationales est l'une des composantes de la politique internationale de notre pays. Mais nous voudrions que celle-ci soit accompagnée d'investissements substantiels dès lors qu'il s'agit de mettre à la disposition des organisations des moyens de localisation qui sont ceux que vous connaissez.
Les temps ont changé, et l'époque où l'on pouvait venir s'installer sans problème à Genève est révolue. Aujourd'hui, nous sommes en concurrence avec un certain nombre de villes et nous devons offrir des prestations beaucoup plus importantes qu'avant. Nous devrons donc envisager des conditions bien plus favorables, voire même la gratuité dans un certain nombre de cas, si vraiment nous voulons maintenir ces organisations internationales à Genève. C'est un choix à faire! Vous parlez de la Maison de l'environnement, mais ne croyez pas que je m'éloigne du sujet en vous expliquant tout ceci; il me semblait simplement nécessaire de vous préciser ma pensée.
En effet, notre souci actuel est d'obtenir la subvention de 80 millions de la Confédération, et il ne faudrait pas qu'elle soit remise en cause par des demandes spécifiques au canton de Genève. Ce n'est pas le moment d'ouvrir un débat. Cette précision étant donnée, cela ne signifie pas que nous oublions ce que nous vous avons dit; nous sommes toujours allés dans la direction que vous nous suggérez et avons imaginé une synergie autour de la Maison de l'environnement, une ouverture aux ONG et à un certain nombre d'organisations, une dynamique de groupe qui permette un mariage entre l'écologie et l'économie. Nous avons tout cela bien en tête, et nous avons même oeuvré pour arriver à un concept qui permette le développement de ces activités.
Faut-il que tout cela soit réalisé sous le toit du Palais Wilson? La question reste posée. La maison est moins grande que vous ne l'imaginez, aussi ne croyez pas que nous pourrons tout loger. Nous travaillons néanmoins dans ce sens.
Je me permets, au nom du Conseil d'Etat, d'insister sur la nécessité d'avoir un peu de retenue dès lors que l'objectif numéro un est d'obtenir de la Confédération ce soutien pour la réalisation du bâtiment en question. Alors, encore une fois, nous vous confirmons que nous n'avons aucunement envisagé une maison dans laquelle il n'y aurait que des bureaux et de l'hébergement. Nous vous suggérons de vous éloigner, en quelque sorte, de la Maison de l'environnement, de raisonner à une autre échelle pour vous attacher à un concept qui nous permettra d'avoir à Genève un certain nombre d'activités liées à l'environnement. De toute façon, toutes ne pourront pas être développées au Palais Wilson. Ce n'est déjà pas le cas aujourd'hui, cela ne le sera pas non plus demain! Si nous avons de réelles ambitions, il est évident que l'espace dont nous parlons est trop réduit pour cela.
Voilà, Madame la députée, ce que je peux vous signaler. Nous acceptons très volontiers votre motion si vous nous l'adressez directement. Elle nous permettra de vous confirmer ce que je viens de vous dire. Nous devons agir avec l'élémentaire diplomatie qui doit être la nôtre pour conduire ce projet à son terme.
Mise aux voix, cette motion est adoptée.
Elle est ainsi conçue: