République et canton de Genève

Grand Conseil

R 255
12. Proposition de résolution de MM. Philippe Joye, Charles Bosson, Nicolas Brunschwig, Thierry Du Pasquier, Bénédict Fontanet, Michel Balestra, Hervé Burdet, Hermann Jenni, Paul Passer, Jean Opériol et Jacques Torrent concernant la mise en oeuvre des mesures de substitution et des restrictions du trafic suite à l'ouverture de l'autoroute de contournement. ( )R255

Débat

M. Charles Bosson (R). En février, nous avons voté le projet de loi concernant les transports publics genevois et leur extension d'ici l'an 2000 et au-delà. Je vous rappelle qu'à cette occasion le parti radical avait conditionné le vote de ce projet de loi à l'acceptation par ce Grand Conseil d'une motion concernant la présentation de la coordination de «Transports collectifs 2000»

et «Circulation 2000». Le Conseil d'Etat avait accepté cette motion qui fut votée sans opposition par ce Grand Conseil. Parallèlement, le Conseil d'Etat avait mandaté le professeur Bovy de l'EPUL pour étudier cette coordination «Transports collectifs 2000» et «Circulation 2000». Son rapport a été déposé. Il semble faire état de conclusions qui sont les mêmes que les nôtres, c'est-à-dire que ces projets «transports publics» et «circulation» sont bons, mais que les mesures de substitution doivent passer avant les mesures de restriction.

Or, qu'apprend-t-on à la lecture de la presse ces derniers jours, et à celle de la FAO? Le Conseil d'Etat met à l'enquête publique des restrictions de trafic qui concernent la rue de la Corraterie, Coutance, le quai des Bergues, ceci en relation, semble-t-il, avec l'ouverture de l'autoroute. Je ne vois d'ailleurs pas comment l'autoroute pourrait être une mesure de substitution à ces diverses voies de communication du centre-ville.

D'autre part, la loi sur les transports autorise le Conseil d'Etat à entreprendre rapidement les travaux de réalisation de la ligne 13. Il y aura donc des perturbations sur l'axe place du Cirque - Cornavin, perturbations qui existeront même si les mesures les plus judicieuses sont prises pour diminuer les nuisances dues à cette construction.

Dès lors, il faut bien relever que l'axe visé, Corraterie - Bel-Air - Coutance, pourrait être utilisé comme itinéraire de décharge en période d'urgence, c'est-à-dire pendant la durée des travaux. Il est donc urgent d'attendre les effets qu'auront la mise en place et la circulation de la ligne 13 dans ce secteur. Il est urgent d'attendre aussi l'effet réel de l'autoroute sur la circulation en ville de Genève. Après quelques mois, une analyse permettra de constater s'il est opportun ou non de fermer ces rues ou de procéder à toute autre restriction de trafic. De par ces éléments et analyses, il faudra aussi tenir compte, a posteriori, de l'impact sur les différents commerces du centre-ville.

Par ailleurs, il est inadmissible que le Conseil d'Etat ne respecte pas, une fois de plus, la volonté que le Grand Conseil a exprimée à l'unanimité, et ce après l'avoir pratiquement exhorté à accepter la motion 844. A ce propos, je n'ose pas imaginer que le Conseil d'Etat nous ait volontairement trompés sur ses intentions le 12 février dernier. Si ce n'est pas le cas, ce que j'espère, qu'il mette en pratique la motion 844 et qu'il respecte la volonté du législatif et les engagements qu'il avait pris à ce moment-là. Qu'il suspende donc la procédure entamée pour rétablir la confiance accordée en février par ce parlement. Si ce n'est le cas et qu'il maintienne sa position, le Conseil d'Etat portera la responsabilité d'affrontements stériles qui ne serviront qu'à paralyser un peu plus nos institutions et le développement de notre ville et de notre canton.

Je vous invite donc à accepter cette résolution et à la renvoyer au Conseil d'Etat pour qu'il respecte la volonté de ce Grand Conseil, et respecte également les engagements qu'il a pris, en février dernier, à savoir mettre en préalable à toute mesure de restriction de trafic les mesures de substitution nécessaires.

M. Philippe Joye (PDC). Notre parti est favorable aux objectifs du projet «Circulation 2000» qui vise à améliorer la mobilité des personnes dans un trafic de plus en plus complexe, ceci au sens de l'article 31 sur la protection de l'air. Il est aussi favorable au fait que «Circulation 2000» doit s'inscrire dans une conception globale des transports dans la région et pense que pour atteindre les objectifs définis par vos pairs, il est indispensable de proposer des programmes ordonnés, coordonnés dès l'ouverture de l'autoroute de contournement en 1993. C'est l'axe autour duquel tourne cette résolution.

Pour que le projet, qui est quand même une mini-révolution, ait quelques chances d'aboutir, nous pensons qu'il doit être soutenu par la population qui aura été préalablement informée des enjeux. Pour ce qui est des délais pour la mise en train de toutes ces mesures, une remarque est à faire: il nous semble que les délais proposés sont un peu courts, voire irréalistes, parce que l'échéance de juin 1993, date de l'ouverture de l'autoroute de contournement, ne saurait justifier l'entrée en vigueur précipitée du plan de mesures envisagé, notamment en ce qui concerne la fermeture du centre-ville. A noter qu'à ce jour déjà, l'accès des voitures en ville de Genève est sensiblement ralenti en raison des mesures adoptées. Nous avons lu avec beaucoup d'intérêt le rapport du professeur Bovy et avons pris note d'un élément très positif: M. Bovy a dit qu'il s'agit d'interventions réversibles. Cela signifie que dans l'opinion du professeur Bovy, en gérant la voie publique, en réglementant les sens de la circulation, en faisant des régulations lumineuses et des gestions du stationnement qui n'impliquent pas de constructions coûteuses et de chantiers trop importants, l'on peut corriger le tir.

M. Bovy a dit aussi considérer le plan comme étant un peu trop déterministe, parce qu'il comporte, surtout au niveau du plan initial, une certaine rigidité. Je ne reprendrai pas les propos de mon excellent collègue, M. Bosson, si ce n'est pour dire que nous avons la chance de vérifier, à l'échelle 1/1, les effets d'une mesure urbanistique colossale pour nos standards genevois, puisque des centaines de millions de francs ont été investis dans cette autoroute. Aussi je pense qu'il serait important d'attendre au moins six mois pour voir les effets de cette mesure et comment elle pourra exercer un délestage sur le centre-ville.

La quasi-totalité des commerçants du centre-ville, vous le savez, est en souci à cause des mesures de restriction programmées. On peut les comprendre. Je pense qu'en six mois, nous ne courrons pas le risque que les automobilistes prennent des habitudes extrêmement néfastes pour le trafic. On donne souvent l'exemple de Zurich en disant qu'à la suite de l'introduction du S-Bahn la circulation n'a pas été réglementée d'une façon suffisamment coercitive et que le trafic n'a pas notablement diminué. Je pense que cet argument a prévalu, mais je ne puis me résoudre à dire que l'on ne devrait pas s'accorder un laps de temps à dater de l'ouverture de l'autoroute. Je tiens à rappeler que M. Grobet s'est toujours référé, pour ce qui est des retards apportés à la construction d'un tunnel ou d'un pont sur la rade, à l'autoroute de contournement pour juger «sur pièce». Au fond, je ne fais que reprendre son argument au profit d'un petit moratoire qui, je l'espère, sera accepté.

Je vous encourage donc à voter cette résolution.

Mme Maria Roth-Bernasconi (S). Comme l'a dit M. Bosson hier, de graves problèmes nous préoccupent actuellement, tant au niveau cantonal que national ou mondial: récession économique, chômage, guerres, famines, etc.

Hier, vous trouviez qu'une pétition concernant l'histoire de Genève ne méritait pas notre attention. Et moi, au nom de mon groupe, je vous dis qu'il est tout simplement pitoyable que vous mettiez une fois de plus la voiture privée au centre de vos préoccupations. Comme évoqué il y a un mois, nous trouvons extrêmement important de mettre la qualité de la vie au centre de nos préoccupations. Il n'est pas du tout sûr que le fait d'être dans une ville où l'on ne peut plus respirer, où l'on ne peut plus circuler, même pas à pied parce que les rues sont obstruées par des bouchons de voitures, va inciter des personnes à s'y établir ou à y faire des investissements. Regardez un peu autour de vous. D'autres villes, qui ont la grandeur de Genève, ont éliminé les voitures du centre-ville, et elles s'en portent à merveille. C'est pour cette raison que cette résolution ne mérite qu'une chose: le classement vertical.

M. Chaïm Nissim (Ve). Parmi les noms des nombreux députés qui ont signé cette proposition de résolution, j'observe qu'il y en a deux qui sont tapés à la machine: Joye et Bosson, et que tous les autres sont simplement écrits à la main. J'imagine donc que les deux auteurs principaux sont MM. Philippe Joye et Charles Bosson. Or, j'observe une chose assez intéressante en écoutant ces deux députés, c'est qu'ils nous donnent des opinions relativement différentes.

Ecoutez bien M. Joye. Il vous dit: «Je suis d'accord en gros avec les mesures proposées par le plan Circulation 2000. Moi aussi j'ai envie de fluidifier la circulation en ville en supprimant les bouchons dus aux excès du trafic de transit. Mais j'aimerais bien attendre encore un petit peu, car je voudrais qu'il y ait une adhésion de la population, qu'elle ait le temps d'être informée et que les choses se passent d'une façon plus douce et plus conciliante». Alors que M. Bosson nous dit: «Je suis contre Circulation 2000, parce que c'est un ensemble de mesures de blocage». Je simplifie, Monsieur Bosson, mais c'est en gros ce que vous avez dit. Vous avez parlé de blocages de la circulation et avez affirmé que «Circulation 2000» serait une catastrophe pour le trafic en ville.

Ainsi je remarque de notables différences. M. Joye étant relativement modéré, M. Bosson beaucoup plus dur, j'observe en fait...

Une voix. Joye est candidat! (Eclats de rire de toute l'assemblée.)

M. Chaïm Nissim. Cela n'a rien à voir! Je crois que M. Joye était absolument sincère. (Rires.) Il y a des politiciens sincères. Je vous apprendrai encore qu'à la commission des transports, nous avons commencé à nous intéresser à ce plan de «Circulation 2000» et avons écouté les experts qui l'ont rédigé pour savoir, en fait, s'il était susceptible de bloquer la circulation ou, au contraire, s'il était destiné à la fluidifier. Nous ne sommes pas encore très avancés. Nous n'avons eu qu'une séance à ce sujet, mais je me demandais s'il n'était pas un peu prématuré de voter cette résolution alors qu'ici des gens ne savent pas -- et moi je ne sais pas -- si ce plan doit aboutir à un blocage relatif ou à une fluidité relative.

Je proposerais d'attendre en tout cas un mois pour avoir des idées un peu plus claires sur ce plan. Ensuite, dans un mois, il sera toujours temps de proposer un moratoire de six mois.

Je vous invite donc à rejeter cette résolution.

M. Michel Balestra (L). En période de crise, nous devons rétablir la confiance. Les commerçants sont inquiets à juste titre. Cette Genève qui n'a pas su mettre l'argent de côté en période d'euphorie, cette Genève... (Brouhaha, contestation.) ...qui n'a plus les moyens de mener une politique d'impulsion économique anticyclique, cette Genève et ses conseillers, du haut de leur tranquille «réussite», assurent à ces commerçants que le blocage des rues va améliorer leurs affaires. Eh bien, les commerçants genevois sont sceptiques, et je les comprends! Nous devons leur montrer que nous sommes là pour les aider à continuer à développer leurs activités. S'ils sont convaincus et acceptent des mesures sectorielles pouvant leur apporter des avantages commerciaux, il conviendra de prendre ces mesures. Mais, de grâce, votez cette résolution! Si vous ne le faites pas pour nous, faites-le pour eux!

M. Philippe Joye (PDC). Je suis très touché par les propos de M. Chaïm Nissim qui, juste avant, m'a dit qu'il trouvait que j'étais un type bien, mais... en gros! (L'assemblée s'écroule de rire.) J'ignore s'il faisait allusion au volume de la bête ou aux circonvolutions de son cerveau! En ce qui concerne les signatures, bien que deux soient dactylographiées, je puis vous assurer, Monsieur, qu'il s'agit d'une signature collective à dix-huit. Nous en avons amplement discuté. C'est uniquement pour une question de dépôt de la résolution que nous n'avons pas pu mettre les noms définitifs des cosignataires. Enfin, puisqu'il faut toujours citer ses sources, je cite les miennes: la première est l'excellente synthèse du professeur Bovy, dont j'ai tiré quelques éléments. La deuxième est la prise de position, non pas de Philippe Joye, mais du PDC sur le projet «Circulation 2000». C'est une de nos très nombreuses commissions qui travaillent d'arrache-pied, à la vitesse de l'éclair et avec la qualité que vous avez cru devoir déceler dans nos rapports. Merci, Monsieur!

M. Andreas Saurer (Ve). Il faut se rappeler que le réseau routier cantonal constitue un tout. Si on supprime le pont du Mont-Blanc, il est évident qu'il y aura des répercussions à Chancy. Si nous ouvrons l'autoroute, il y aura des répercussions aux Pâquis et aux Eaux-Vives.

Deuxième remarque. Lors du débat sur «Circulation 2000», j'ai cru comprendre qu'un des buts du plan de circulation était la diminution du trafic de transit au centre de la ville, afin d'attirer un plus grand nombre de visiteurs. Le problème est que cela ne peut se faire spontanément. Il ne s'agit pas de prendre des mesures coercitives, terme que vous utilisez à tout bout de champ, mais de comprendre que la circulation se fait déjà maintenant selon un plan. La circulation est incitée. Si nous voulons connaître les répercussions de l'ouverture de l'autoroute de contournement sur la circulation au centre de la ville, il faut prendre des mesures d'incitation, sinon, la comparaison ne signifie strictement rien. Nous avons plein de feux rouges, plein de sens uniques, et c'est dans ce contexte-là que nous pouvons réellement apprécier l'utilité ou l'inutilité d'un certain nombre de mesures.

Vous présentez ce plan de circulation comme une mesure statique, ce qui est faux. Lisez les conclusions, lisez le rapport! Vous verrez qu'il s'agit d'avancer pas à pas et d'apprécier les mesures. Et là, vous m'étonnez un peu, Monsieur Joye, vous qui généralement êtes sérieux et très rigoureux... (Rires.) de demander l'ouverture de l'autoroute de contournement sans rien d'autre. C'est totalement inintéressant! Après six mois, que pourrez-vous dire? Que X voitures ont circulé? Mais pas grand-chose de plus.

Si nous voulons réellement apprécier les effets de l'autoroute, il faut le faire avec ces mesures d'accompagnement, quitte à y revenir par la suite. Demander de surseoir à toutes les mesures de modération et d'incitation de la circulation jusqu'à six mois après l'ouverture de l'autoroute est un non-sens au niveau de la méthodologie. C'est pourquoi je vous demande vraiment -- et je m'adresse particulièrement aux architectes et spécialistes de la circulation -- de ne pas exiger des aberrations du Conseil d'Etat en proposant des mesures qui ne permettent aucune appréciation sérieuse.

M. Yves Meylan (Ve). Nous avons déjà eu un débat de ce type à propos des parkings, lors de la précédente séance du Grand Conseil. Je constate que l'Entente cherche à nouveau à faire des résolutions provocatrices...

Des voix. Oh, quelle horreur!

M. Yves Meylan. ...alors que des dispositions sont prises par le Conseil d'Etat pour étudier globalement les mesures ayant trait à la circulation automobile, au développement des transports publics et à l'application de la loi fédérale sur la protection de l'environnement. D'un ensemble de mesures étudiées, concertées, cohérentes, vous ne voulez prendre qu'un petit morceau, parce que cela vous arrange.

Il n'est pas cohérent de faire appel aux commentaires de M. Bovy qui a examiné le tout, qui accepte le tout, pour n'en prendre qu'une petite partie.

Si l'on vous suivait, M. Balestra pourrait entrer avec ses camions dans la salle du Grand Conseil... (Ouais! Applaudissements sur les bancs de droite.) Il y a déjà la rampe et ce ne serait pas difficile! Si je me réfère au plan directeur en matière d'aménagement du territoire voté ici à une grande majorité, je constate qu'un des objectifs retenus par le Conseil d'Etat et par le Grand Conseil vise à diminuer le trafic de transit au centre-ville. Et c'est ce que vous voulez refuser pendant six mois. Vous voulez refuser la diminution du trafic de transit au centre-ville, vous voulez l'ouverture de l'autoroute de contournement dont on a dit qu'elle allait décharger le centre-ville. Vous voulez une augmentation générale du trafic, c'est-à-dire l'ouverture de l'autoroute de contournement et une circulation toujours aussi dense, avec plein de bouchons au centre-ville.

Puisque vous donnez dans la provocation, que dans l'ensemble des mesures proposées il y a aussi des objectifs en matière de protection de l'environnement qui sont visés et que le canton doit se soumettre aux objectifs définis par le Conseil fédéral et par les ordonnances qu'il a édictées, je dépose un amendement. Je propose de remplacer les invites de la résolution par l'invite suivante: «Surseoir à l'ouverture de l'autoroute de contournement ouest du canton tant que les normes fédérales en matière de lutte contre le bruit et la pollution de l'air ne sont pas respectées à Genève».

La présidente. Monsieur Meylan, je vous demande d'apporter votre amendement.

M. Alain Rouiller (S). Les partis de l'Entente aiment parler de circulation. Quasiment à chaque séance, nous avons l'avantage de bénéficier de projets de lois, de motions, de résolutions de MM. Bosson, Balestra et consorts. Si quelques personnes, Mesdames et Messieurs les journalistes, sont lasses de ces débats, je les prie de se plaindre auprès des auteurs qui reviennent sans cesse sur le même sujet, j'allais dire à leur marotte.

Un premier point, suite à la déclaration de notre collègue Charles Bosson. A la commission des transports, lors du vote du plan «Transports collectifs 2000», notre collègue nous a présenté deux motions, l'une concernant le financement, l'autre la mise en parallèle des deux plans «Circulation 2000» et «Transports collectifs 2000». Presque tous les partis de ce parlement ont voté ces deux motions. Le groupe socialiste les a signées de bonne foi. Aujourd'hui, nous disons à M. Bosson avoir été trompés. En effet, contrairement à ce que dit notre collègue, nous avons signé un texte qui disait: «Il faut mettre en parallèle les plans «Circulation 2000» et «Transports collectifs 2000», sauf en ce qui concerne l'autoroute de contournement». Sauf en ce qui concerne l'autoroute de contournement, Monsieur Bosson! Nous avons signé et voté ce texte. Aujourd'hui, vous venez nous dire que le Conseil d'Etat ne suit pas le parlement. Mais il le suit puisque nous avons dit: «sauf l'autoroute de contournement». Il était évident que, lorsque nous avons signé ce texte, le Conseil d'Etat était prié d'attendre l'ouverture de l'autoroute de contournement et tout ce qui était lié à cette dernière, avant de mettre en place les mesures intitulées, en jargon, «Circulation 93». C'est cela que nous avons voté à une très large majorité dans ce Conseil.

Il est un deuxième point que M. Bosson semble ignorer et c'est assez grave. Il nous dit que l'on ne peut pas prendre de mesures de restriction de la circulation sans que soient mises en place des mesures de substitution ou d'accompagnement. Alors là, on se fiche du monde, Monsieur Bosson! Il faut quand même savoir que l'ouverture de l'autoroute de contournement correspond à une augmentation de 25% des kilomètres-véhicule dans le canton de Genève. Alors que l'on ne vienne pas nous dire qu'il n'y a pas de mesures de substitution, car là nous avons la mesure de substitution la plus importante de ces dernières années. Ne dites donc pas qu'il n'y a pas de mesures de substitution! Dans sept ou huit ans, le métro représentera une mesure équivalente. Mais, en attendant, c'est la mesure de substitution la plus importante. Les autres mesures à venir -- l'évitement de Plan-les-Ouates, le développement des transports publics, l'augmentation des places de stationnement -- ont été également acceptées par le groupe socialiste. Nous avons accepté une augmentation de la rotation des véhicules en stationnement pour avoir plus de visiteurs au centre-ville. Cela va se concrétiser avec la mise en place de la zone bleue dont le principe a été accepté. Cela fait une augmentation de 20 à 30% du nombre de places disponibles, voire plus, si les surveillants du trafic font appliquer la nouvelle réglementation. Mesures de substitution il y a! Mesures de substitution il y aura!

Troisième point, la désinformation, Monsieur Joye, que vous menez avec MM. Balestra et Bosson. C'est de la désinformation de dire que l'on va fermer le centre-ville. En tant que chef de groupe, vous avez reçu et vu les projets du Conseil d'Etat mis à l'enquête publique. Ils étaient de quatre couleurs différentes. Si vous aviez consulté leurs planches en couleur, vous auriez constaté qu'au quai des Bergues, l'accès des visiteurs aux commerces sera facilité par rapport à ce qui existe. Actuellement, des colonnes de voitures traversent le quai des Bergues et ne s'y arrêtent pas. (Contestation de M. Brunschwig.) C'est la pure vérité, Monsieur Brunschwig! Je vois que vous en doutez et c'est pourquoi j'essaie de vous convaincre, cher collègue. Dans le nouveau projet, les colonnes de véhicules ne passeront plus, car il ne leur sera plus possible de traverser le carrefour du pont du Mont-Blanc. En revanche, les visiteurs pourront accéder facilement au quartier de Saint-Gervais, car ils auront des places de stationnement supplémentaires puisqu'il n'y aura plus de colonnes de véhicules.

C'est une concession considérable parce que venant des milieux qui souhaitent moins de circulation en ville. On accepte qu'il y ait plus de visiteurs, c'est-à-dire plus de clients pour les commerces. Nous avons donc fait cette concession. Mais ce qui ne va pas, c'est que dans ce parlement, ou dans la population, il n'y a qu'une partie qui fait des concessions. Quant à vous, vous refusez toute concession, vous refusez d'appliquer le plan directeur de l'aménagement du territoire voté par ce Grand Conseil et tous les autres plans visant à diminuer le transit par le centre-ville. Ce sont de bons plans qu'il faut accepter.

Il ne faut pas voter cette résolution. Je propose, Madame la présidente,

afin de voir dans ce parlement qui défend le tout-voiture ou la qualité de la vie en ville, que l'on procède à un appel nominal. Ainsi, l'on verra qui des partis électoralistes soutenus par M. Balestra défend quoi. (Appuyé.)

M. Hermann Jenni (MPG). Je ne pensais pas prendre la parole sur cette motion qui me paraissait évidente en ce qu'elle s'élevait contre des mesures que je qualifierais d'irresponsables. Je ne m'attendais pas à une pareille levée de boucliers de gens dont je pensais qu'ils s'abstiendraient de combattre cette motion. Il est indéniable que les mesures que l'on s'apprête à prendre conduisent à la paralysie générale et sont d'un coût peut-être mortel pour notre économie qui n'en avait vraiment pas besoin.

Monsieur Meylan, lorsque vous parlez de provocation, vous faites ce que les psychologues appellent de la projection. Car s'il y a quelque chose qui ressemble à une provocation, ce sont justement les mesures de paralysie. On a parlé d'un plan de circulation. Moi, je l'appelle un plan de paralysie, et c'est ce plan que le département de justice et police veut imposer à l'économie genevoise.

De qui se moque-t-on dans cette République? Faudra-t-il que le «Renquilleur», parvenu à un très grand âge, passe le témoin à un successeur pour tenir scrupuleusement le compte des jours qui nous séparent de la votation populaire sur la traversée de la rade? Qu'il le fasse aussi pour obtenir que le gouvernement fasse enfin son devoir, c'est-à-dire assure la liberté de mouvement, la liberté de transport, la liberté de fournir, la liberté tout simplement de se déplacer! (S'adressant à un député: «Toi, tu pollues chaque fois que tu ouvres la bouche!».) C'est un besoin vital. On veut mettre dans la constitution le droit au travail, le droit au logement, le droit à ceci, le droit à cela... Et le droit de se mouvoir, devra-t-on aussi l'inscrire dans la constitution?

M. Charles Bosson (R). Il n'a jamais été dans mon intention de mettre la voiture au premier rang, comme le dit Mme Roth-Bernasconi. Vous n'avez peut-être pas participé aux travaux de la commission des transports, mais sachez que j'ai toujours prêché la complémentarité. Dire que cette position n'est pas sérieuse est faux.

Monsieur Nissim, je vous adresse la même remarque. Si nous sommes parvenus à une solution de compromis pour voter «Transports collectifs 2000», c'est bien grâce au travail fait par les partis du centre, le PDC et le parti radical, sinon nous serions arrivés à un affrontement qui n'aurait débouché sur aucune solution. Il ne faut donc pas mélanger et affirmer des choses qui ne sont pas vraies.

M. Saurer nous parle des effets de l'autoroute et de mesures à prendre dès le départ: l'autoroute est ouverte, on boucle! Monsieur Saurer, en tant que médecin, vous faites un certain nombre d'examens, de diagnostics, puis vous prenez une décision quant à l'intervention que vous allez pratiquer. Vous ne faites pas une intervention sans diagnostiquer avec précision les causes de la maladie.

M. Rouiller, lui, a l'air de vouloir faire croire que l'autoroute de contournement sera la substitution à toutes les mesures qu'il faudrait prendre pour la circulation en ville. Mais je vous ferai remarquer, Monsieur Rouiller, que le troisième considérant de l'invite dit qu'il n'est pas possible que des restrictions de circulation, de parcage supplémentaire soient ordonnées sans que des mesures de substitution préalables soient prises dans les périmètres concernés par ces projets. Je ne pense pas, Monsieur Rouiller, que la place Bel-Air soit dans un proche périmètre de l'autoroute de contournement. Que l'on attende l'efficacité de cette mesure, que l'on attende que la ligne 13 soit construite, car vous n'en avez jamais parlé dans votre intervention. Attendons que la ligne 13 soit construite, et après je serai entièrement d'accord d'entrer en matière sur des restrictions de trafic au centre-ville, une fois que les mesures de substitution auront été prises, comme indiqué dans la motion. Quand vous nous accusez de vous avoir trompés au moment de cette motion, je vous répondrai que c'est vous qui nous avez trompés au sujet de vos intentions et dans l'interprétation que vous en avez donnée. C'est malhonnête de votre part de dire aujourd'hui que vous avez voté cette motion dans cette intention, c'est-à-dire que toutes les mesures de substitution seraient reliées à l'autoroute. C'est une malhonnêteté intellectuelle que je n'admets pas.

Je vous invite à voter cette résolution pour que le Conseil d'Etat puisse mettre en oeuvre des propositions correctes au niveau de la circulation.

M. Philippe Joye (PDC). Je reviens sur un mot énoncé par M. Rouiller. Monsieur le député, vous avez dit que je faisais de la désinformation. Vous êtes un grand spécialiste du trafic, mais vous devez avoir un problème d'oreille. Il vous faut brancher votre «Sonoton», parce que le PDC, je l'ai dit, est favorable aux objectifs du projet «Circulation 2000» -- je vous relirai volontiers le texte, je vous le montrerai après pour que vous vérifiiez dans le Mémorial. Nulle part, dans la motion, nous disons critiquer le fait que l'on veuille modifier le centre-ville. Je ne me suis pas exprimé là-dessus. Lisez attentivement et vous verrez que vous êtes en avance sur notre motion et notre résolution.

Docteur Saurer, quand vous faites une opération chirurgicale très importante, quand vous pontez le coeur de la ville avec une autoroute d'un milliard, laissez le malade au repos au moins pendant quelques jours avant de modifier l'ensemble du tracé artériel.

M. Thierry Du Pasquier (L). Je voudrais poser une question au groupe socialiste, et plus particulièrement à M. Rouiller. J'aimerais savoir si le groupe socialiste va ou non voter l'amendement de M. Meylan. Cela me paraît relativement intéressant.

Nous n'avons pas l'avis de M. Grobet, mais pour nous déterminer, il serait utile de le connaître.

M. Claude Blanc (PDC). Je réponds à M. Du Pasquier que, bien sûr, M. Rouiller votera l'amendement de M. Meylan, parce que, bien sûr, M. Rouiller s'était opposé à la construction de l'autoroute de contournement, et parce que, bien sûr, M. Rouiller -- qui vient de nous dire que l'on a fait des parkings au centre-ville -- a passé vingt ans de sa vie à empêcher que l'on construise le parking de Saint-Antoine, dont on vient de donner le premier coup de pioche. Alors quand M. Rouiller met en cause notre bonne foi et nous dit que l'on a construit des parkings, alors qu'il passe son temps à faire en sorte que l'on n'en construise pas, je vous demande où est la bonne foi?

Revenons à l'autoroute de contournement puisque c'est au nom de sa mise en service que vous voulez, une fois de plus, brimer la circulation au centre-ville. En réalité, vous avez fait tout ce que vous avez pu pour empêcher la construction de l'autoroute de contournement. Le peuple vous a battus. M. Grobet a été obligé de construire l'autoroute et il s'apprête

maintenant à l'inaugurer en grande pompe. Alors, vous vous dites que les automobilistes doivent être punis pour cela et qu'on les punira tout de suite. Voilà votre mentalité! (Quelques applaudissements des bancs radicaux.)

M. Bernard Ziegler. Cette résolution pose deux problèmes, l'un institutionnel, l'autre de fond.

Le problème institutionnel, c'est celui de la séparation des pouvoirs. Nous vivons dans une société complexe, fondée sur des équilibres délicats. L'un de ces équilibres, c'est que le parlement légifère mais ne gouverne pas, et que l'exécutif gouverne mais ne légifère pas. Sous des dehors patelins et modérés, où l'on sent davantage la patte de M. Joye que celle de M. Balestra, vous introduisez pourtant avec cette résolution un régime d'un extrême simplisme. L'assemblée peut tout, elle peut tout faire et tout défaire, selon son bon plaisir. Certes, elle le demande gentiment au Conseil d'Etat, mais ce n'est que pour la forme. On sent bien que pour vous, ce n'est pas un avis parmi d'autres versés au dossier de l'enquête publique qui est ouverte, mais un ordre.

C'est le régime de la Convention, sauf que l'on ne cherche plus à plaire aux tricoteuses en faisant tomber des têtes, on cherche à exciter des frustrations populistes en faisant un carton sur les autorités et en désignant comme boucs émissaires du ralentissement des affaires l'Etat, les socialistes et les écologistes. C'est le régime dont Boris Eltsine essaie de débarrasser la Russie (Rires.) avec le soutien des démocraties occidentales. (Vifs applaudissements.) C'est la dictature d'un Congrès qui veut «tout le pouvoir au Soviet» en imposant ses oukases, car c'est ainsi que l'on appelle une résolution comme celle-ci en russe. Je croyais que les milieux économiques, qui veulent un Conseil d'Etat à leur botte, cherchaient leur inspiration chez M. Blocher ou chez M. Maspoli -- comme nous l'a appris le Journal de Genève de ce jeudi -- mais non, leur maître à penser est M. Kasboulatov!

M. Balestra et les libéraux aiment bien citer Adam Smith. Il feraient bien de lire aussi, de temps à autre, les ouvrages de droit constitutionnel suisse d'un grand libéral contemporain, le professeur Jean-François Aubert, pour éviter de pareils impairs. Le côté éléphant dans un magasin de porcelaine sied à M. Balestra et à ses amis libéraux (Rires.) dont on connaît l'appétit de pouvoir, mais il est plus surprenant de voir des esprits modérés et raisonnables comme MM. Joye et Bosson s'y joindre. Je suis bien obligé de mettre cela sur le compte de péripéties préélectorales, Monsieur Joye, mon cher peut-être futur collègue, si Dieu et le peuple le veulent, mais cela est encore plus surprenant quand on sait que ce sont les radicaux et les démocrates-chrétiens qui sont les premiers visés par les appétits libéraux.

J'aimerais vous rappeler que le Conseil d'Etat -- c'était de sa compétence -- a approuvé le plan de mesures OPair à Genève, dont l'élément central est le nouveau plan de circulation. Ce plan est fondé sur une politique de substitution et non de contrainte. L'autoroute de contournement et, plus tard, la traversée de la rade doivent servir à réduire le trafic en ville, d'une manière sélective et non mécanique, puisque le trafic visiteur pourra, lui, augmenter. Le développement des transports publics doit servir à opérer un transfert modal, sinon cela ne vaut pas la peine. C'est la recherche d'un développement durable pour Genève, d'une mobilité durable au service de la qualité de la vie et de la prospérité de tous.

Mon département ne fait que mettre en oeuvre cette politique dont il a été l'inspirateur -- et j'en suis fier -- mais qui, à l'époque, a recueilli l'assentiment général. Laissez-moi vous dire que c'est la pire des démagogies que de se déclarer d'accord avec les principes quand leur concrétisation paraît lointaine, puis de fuir ses responsabilités lorsqu'elles se présentent.

Cela m'amène directement au problème de fond posé par cette résolution, à côté du problème institutionnel. Par esprit idéologique, les auteurs de la résolution prétendent s'opposer à une mesure de simple bon sens: la modification des itinéraires de transit pour alléger la charge du trafic au centre, en profitant de la mise en service de l'autoroute de contournement.

Et pourtant, que ne disiez-vous pas en 1980, lorsque cette autoroute était contestée par un référendum promettant qu'elle contribuerait à réduire le trafic en ville! Aujourd'hui, moi, je me propose de tenir vos promesses. Et vous, vous les reniez, ou en tout cas, vous avez soudain des doutes et il est urgent d'attendre. Et les quais que la traversée de la rade est censée libérer, faudra-t-il aussi y maintenir le trafic lorsque la traversée sera ouverte?

Maniant allègrement la tautologie et le sophisme, l'exposé des motifs de cette résolution dit, dans son premier paragraphe: «Il apparaît à plusieurs députés que nous devrions profiter du fait que l'autoroute de contournement va être mise en service incessamment...». On s'attend à ce que cela continue: «pour réduire le trafic au centre-ville», mais non! Il faut profiter de ce que l'autoroute va être mise en service pour bénéficier de l'expérience de l'autoroute. M. de La Palice n'aurait pas dit mieux. Plus loin, on nous dit en somme qu'il est erroné d'attendre d'avoir l'autoroute pour savoir si la traversée de la rade est nécessaire, mais que, par contre, c'est seulement une fois que nous aurons l'autoroute que nous pourrons savoir, à l'usage, si elle est bien utile et prendre des mesures en conséquence. Ce n'est plus Philippe Joye, c'est saint Thomas! (Rires.)

En réalité, toutes les villes qui ont introduit une nouvelle infrastructure, que ce soit une autoroute de contournement ou un RER comme à Zurich, ont démontré qu'il y a deux possibilités:

Soit on attend pour voir venir, comme vous le proposez, et le trafic qui se reporte sur l'infrastructure est rapidement remplacé par du trafic nouveau. Lorsqu'on veut introduire six mois plus tard, comme vous le suggérez, des mesures d'accompagnement, c'est alors que l'on parle de mesures restrictives et coercitives et que l'on réclame des mesures de compensation à des mesures qui sont elles-mêmes la compensation de la nouvelle infrastructure.

Soit on décide de marier à chaque fois de la manière la plus simultanée possible les mesures dont on attend un transfert de l'une à l'autre. C'est ainsi que de nouvelles habitudes se prennent en douceur et non dans la douleur. C'est la démarche que le Conseil d'Etat a choisie dans le plan de mesures pour l'assainissement de l'air à Genève, au travers de l'adaptation systématique du plan de circulation aux nouvelles infrastructures. Aujourd'hui: l'autoroute; demain: les transports publics et la traversée de la rade.

J'aimerais aussi vous dire que les quelques mesures que nous proposons sont extrêmement modérées par rapport à l'impact réel que l'autoroute peut avoir sur notre système de transports, c'est-à-dire sur les réserves d'autres mesures favorables à la réduction du trafic au centre-ville qu'elle permet. Vous faites un usage bien singulier, et de la motion que vous avez votée, et du rapport du professeur Bovy. La motion réserve expressément la nécessité de prendre les mesures liées à l'insertion de l'autoroute dans notre système de transports, Monsieur Bosson. Je vous cite ce qu'écrit le professeur Bovy:

«Principale recommandation de l'expertise, la première phase du plan de circulation 93-95 devrait être engagée dès l'ouverture de l'autoroute de contournement, en été 93».

J'aimerais terminer sur le seul point vraiment sérieux de ce débat, soit l'inquiétude des commerçants qui font face à une conjoncture difficile. Je voudrais m'adresser à eux pour leur dire ceci: il est facile, dans l'adversité, de chercher des boucs émissaires, d'écouter ceux qui vous les dénoncent. On croit que le monde entier vous en veut, on se rassure en se disant que si les affaires baissent, c'est la faute des autorités, c'est la faute des écologistes, c'est la faute des socialistes. Mais examinez sereinement les propositions qui sont mises à l'enquête publique. Vous verrez que l'accessibilité est maintenue et renforcée, que toutes les places de parking sont accessibles et sont même plus nombreuses qu'aujourd'hui, et que le trafic utilitaire si vital à l'économie -- Monsieur Balestra, cela peut vous intéresser -- est favorisé. Mais pour cela il faut se donner la peine de prendre connaissance du dossier et pas se contenter de manchettes de journaux qui sont, et c'est normal, simplificatrices, ou de rumeurs accréditées à des fins politiques, ce qui est moins normal, de désinformation pour tenter de capter votre désarroi par pure démagogie. (Applaudissements des bancs socialistes.)

M. Nicolas Brunschwig (L). A une époque où presque tous les pays se font fort de rechercher un partenariat entre milieux économiques et gouvernements, l'entêtement de M. Ziegler est étonnant. Entêtement face aux milieux économiques, entêtement face au parlement et peut-être même entêtement face au Conseil d'Etat, car il s'agit de décisions gouvernementales, comme vous le savez. C'est désolant, car les projets -- si modestes, selon M. Ziegler -- de fermeture à la circulation privée amènent une réactivité extrêmement forte. J'espère que ce débat et ces différents actes parlementaires auront le mérite d'en faire prendre conscience au Conseil d'Etat.

Ce ne sont pas seulement des commerçants, bien qu'ils appartiennent à la branche qui emploie le plus de personnes à Genève, mais ce sont des restaurateurs, des hôteliers, des exploitants de salles de cinéma et beaucoup d'autres encore, ainsi que la totalité des sous-traitants de ces différentes entreprises qui sont concernés.

Monsieur Ziegler, quand vous dites que dans des périodes de difficultés conjoncturelles, les milieux économiques recherchent des boucs émissaires ou des responsables, c'est peut-être vrai. Le problème est qu'à Genève, la conjoncture est beaucoup plus difficile qu'ailleurs en Suisse. Si vous interrogez les directions de toutes les chaînes qui ont des réseaux nationaux, elles vous répondront que les indices à Genève, depuis quelques années, sont très largement inférieurs aux indices des autres villes de Suisse. A ce stade, il faut se poser quelques questions fondamentales. Quand vous dites qu'il s'agit de mesures absolument anecdotiques, quand les bancs d'en face nous disent que nous devrions être contents parce qu'au quai des Bergues les automobilistes pourront accéder au parking et se rendre ensuite dans les commerces, vous avez une appréciation de la situation fondamentalement différente de la nôtre. Je vous donne un simple exemple: quelqu'un qui désire aller d'Onex, de Lancy ou de Saint-Jean, au centre-ville rive gauche, soit à la place Longemalle ou au parking du Mont-Blanc, il sera refoulé à l'extérieur de la ville, direction gare, par le biais de la fermeture du quai des Bergues. Vous appelez cela du trafic de transit! Pensez-vous que quelqu'un qui, de Saint-Jean ou de Lancy, va au Molard, fait du trafic de transit? Eh bien, nous, les milieux économiques, nous ne le croyons pas et pensons que cela pourra dissuader beaucoup de personnes de se rendre au centre-ville. Cela provoquera la centrifugation de l'ensemble des activités commerciales ou économiques.

Dès lors, Monsieur Ziegler, vous raisonnez, comme vos services, en technocrate. Je crois que leurs connaissances des phénomènes de l'économie de marché sont très faibles. Ayez au moins l'amabilité d'enregistrer les réactions qui existent par rapport à ces projets.

M. René Koechlin (L). Mon cher Boris! Permettez, Monsieur le conseiller d'Etat, que je vous appelle par ce prénom en cette circonstance. Je ne ferai pas de démagogie comme M. Rouiller, mais un peu de méthodologie. Mon cher Boris, vous êtes un vrai juriste. C'est tout à votre honneur, car en cette qualité vous avez des compétences que tout le monde vous reconnaît. Quand une proposition vous dérange, vous relevez immédiatement tous les griefs et les motifs juridiques qui y font obstacle et il est facile, quand on est un bon juriste, de les trouver. En l'occurrence, vous évoquez ce soir la séparation des pouvoirs. Mais quand la proposition vous convient, vous ignorez momentanément le juridisme; et en cela, vous êtes encore un bon juriste qui sait ignorer le juridisme quand cela l'arrange. Vous abandonnez les problèmes de forme et vous vous rabattez sur les questions de fond, au nom du prétendu pragmatisme du gouvernement. Vous vous proposez de tenir des promesses, celles de l'autoroute de contournement, lesquelles...

M. Bernard Ziegler, conseiller d'Etat. C'est vous qui les avez faites!

M. René Koechlin. Oui, même si c'est nous qui les avons faites. Vous alléguez ces promesses relatives à l'autoroute de contournement avant d'avoir la preuve qu'elles sont réalisées, ou du moins avant de savoir lesquelles, parmi elles, ont réellement été concrétisées. C'est le seul grief que ce parlement vous adresse ce soir. Il vous dit simplement d'adapter les mesures de circulation au centre-ville à l'impact réel, observé, que l'autoroute aura sur le trafic; et de le faire après et non pas avant. Vous êtes juriste, et malheureusement pas scientifique du tout. Or la gestion de la ville, et celle du trafic en particulier, relèvent de la science expérimentale. Et quand on parle d'expérience, généralement c'est de quelque chose qui se passe et dont on ne connaît les effets qu'ultérieurement.

Pour ces motifs, je suivrai mon groupe et voterai cette résolution.

M. Philippe Joye (PDC). Je ne suis que candidat au Grand Conseil et au Conseil d'Etat et je suis très impressionné, Monsieur le président, de me voir renvoyé aux confins des steppes russes de M. Eltsine ou dans la cellule d'un couvent avec saint Thomas d'Aquin. Monsieur Ziegler et, si Dieu le veut, cher camarade, (Rires.) je vous fais le crédit -- vous n'avez pas fait de même à mon sujet -- de votre profonde intelligence. Laissez aux esprits plus simples que nous sommes le crédit de leur réflexion, fruit d'une appréciation de situation, sérieusement menée, même si ce n'était pas tout à fait scientifiquement.

Les assassinats politiques ne font pas plus avancer le «Schmillblick» que la prise en considération exclusive de soucis pourtant très nettement et massivement exprimés par la population de cette ville. Je sais, Monsieur le conseiller d'Etat, que les mesures de restriction de trafic sont presque toujours mal prises quand on les annonce, mais au lieu de sonner le hallali, proposez quelque chose de concret. Limitez à trois mois la période de non-intervention. Proposez d'exclure les camions de ces mesures, etc. Je vous remercie, car je suis persuadé que vous saurez aller à notre rencontre.

M. Jean Spielmann (T). Il y avait plusieurs options quand nous avons débattu de la réalisation de l'autoroute. Nous pouvons, les uns et les autres, être contents aujourd'hui de n'avoir pas été arrêtés par les contre-propositions qui prévoyaient de faire passer cette autoroute sous la rade et d'amener ainsi l'ensemble du flot de circulation quasiment dans le centre urbain.

Aujourd'hui, nous sommes en passe d'inaugurer cette autoroute de contournement. A chaque débat tenu sur la circulation, je suis intervenu pour dire qu'il serait intelligent, avant de passer à des réalisations importantes -- je pense à la traversée de la rade et à d'autres projets -- d'évaluer l'impact qu'aura l'autoroute de contournement sur l'ensemble du réseau de circulation de ce canton. Sa mise en service permettra de dégager des axes de circulation répondant aux besoins qui s'exprimeront quand on aura extrait le trafic de transit.

Il est clair qu'à l'ouverture prochaine de cette autoroute de contournement, le trafic de transit suivra un autre itinéraire. Aussi, la question qui se pose maintenant est de savoir si, au moment de la mise en service de l'autoroute, on va prendre des mesures complémentaires parallèles pour répondre à l'énorme investissement dévolu à l'autoroute et au postulat d'extraire du centre urbain la circulation de transit qui n'a rien à y faire; si l'on va prendre des mesures complémentaires pour permettre à cet investissement, à cette construction, de répondre à ce que l'on en attendait quand il a été décidé de les entreprendre.

Nous avions à prouver l'utilité de l'autoroute de contournement, estimant impossible de laisser le seul petit secteur genevois à l'écart d'une autoroute allant du nord au sud. Ensuite, nous avions préconisé une série de mesures pour éloigner au maximum cette autoroute du centre urbain, afin qu'elle réponde pleinement à cette option de transit.

Dans quelle situation nous trouvons-nous aujourd'hui? Juste avant l'ouverture de l'autoroute de contournement il s'agit de connaître les options que nous prenons. Si nous sommes conséquents avec nous-mêmes, il faut mettre le maximum de poids pour éviter que le trafic de transit ne passe par le centre-ville et pour que l'investissement réponde à ce que nous en attendons. Il est clair que si, aujourd'hui, nous ne prenons pas de mesures parallèles pour favoriser ce transfert, je dirais même pour le rendre plus efficace, et pour supprimer le trafic de transit dans le centre-ville, nous manquerons l'objectif que nous nous étions fixé, les uns et les autres, avec la réalisation de l'autoroute de contournement.

Ce qui est en cause présentement n'est pas la mise en place de chicanes au centre-ville pour régler la circulation, mais l'utilisation maximum des nouvelles possibilités de trafic qu'offre l'autoroute de contournement, c'est-à-dire la conduite sur cet axe des véhicules qui sortent de la ville pour aller à l'extérieur et de ceux qui ne sont qu'en transit.

Par conséquent, les mesures préconisées dans le plan de «Circulation 2000» sont tout à fait adéquates et sont la suite logique de l'investissement que nous paierons encore pendant des années. Il serait absurde de ne pas prévoir une série de mesures aptes à rendre efficace cette réalisation. Surseoir maintenant à toutes les mesures de restriction de trafic signifierait permettre la prise d'habitudes de circulation qui feraient que l'on n'utiliserait pas pleinement le potentiel du contournement et que l'on continuerait à développer le transit à travers les lieux habités et urbanisés. Rappelez-vous tous les débats de la T 104, les problèmes de la Servette, regardez comment se développe le réseau de circulation. Il est clair que cette nouvelle voie doit être utilisée d'une manière optimale le plus rapidement possible et qu'il serait irresponsable de ne pas prévoir, aujourd'hui déjà, des mesures permettant d'utiliser son potentiel.

La proposition de résolution a un certain nombre de qualités. Elle préconise ce que nous avons affirmé dès le début, à savoir attendre l'impact de l'autoroute pour juger des mesures à prendre dans le milieu urbain. Mais nous devons concevoir ces deux axes de manière complémentaire. Je considère que la réalisation de l'autoroute et le trafic qui s'y développera demain nous inciteront encore à de nombreuses modifications. Peut-être l'autoroute ne répondra-t-elle pas à toutes nos attentes, peut-être nous faudra-t-il réaliser la traversée de la rade car le trafic aura augmenté, mais il serait faux de ne pas prendre aujourd'hui même des mesures propres à diriger le trafic sur l'autoroute. Attendre six mois serait particulièrement grave, parce que cela induira des habitudes qui feront que tout l'investissement consenti aura été vain. Il faut laisser la porte ouverte. Personnellement, je suis persuadé que la circulation et le déplacement des personnes auront lieu en fonction de l'offre qu'on leur fera et qu'il faut maintenant mettre en place un système de circulation dans notre canton donnant la priorité à l'autoroute de contournement pour le trafic de transit et le déplacement vers les agglomérations extérieures.

Prenons des mesures, adaptons-les. Nous saurons, les uns et les autres, prendre les mesures de correction nécessaires. Ne rien faire aujourd'hui, attendre six mois et laisser la circulation en l'état, serait une grave erreur. Là, vous vous contredisez complètement, parce que toute votre argumentation que j'avais suivie, la trouvant intelligente, était de sortir le trafic de transit du milieu urbain. Vous risquez de perdre cet avantage en laissant perdurer une situation comme s'il n'y avait pas d'autoroute. Il y a un nouvel axe et il faut inciter les gens à le prendre. Je trouverais ridicule que notre collectivité continue à amortir l'investissement de cette autoroute sans qu'elle soit utilisée de manière optimale et sans que l'on puisse extraire le trafic de transit du centre-ville, un milieu où il commence de nouveau à faire bon vivre.

Les mesures que vous proposez partent d'une bonne idée. Je suis persuadé qu'il faudra, je le répète, réexaminer la situation en fonction des réalités de ce trafic, mais ne rien faire aujourd'hui serait une très grave erreur, et c'est pourquoi l'intelligence commande de rejeter cette résolution.

M. Alain Rouiller (S). Je me dois de répondre à une question de notre collègue Du Pasquier qui me demandait si je voterais l'amendement de notre collègue Meylan. Je trouve cet amendement excellent dans le cadre de la résolution présentée. Si la résolution est retirée, il ne se justifie pas. En revanche, si elle est présentée, l'amendement est excellent.

Pour le Mémorial, Madame la présidente, je me vois obligé de corriger M. Blanc qui me fait dire que je préconise, en quelque sorte, des garages souterrains. Je ne sais pas exactement ce qu'il a dit, mais il est bien clair que je ne préconise pas de garages souterrains, ni ne prétends qu'il va y en avoir bientôt. Cela prendra un certain nombre d'années. Par contre, j'ai dit que, pour la zone bleue dont le principe est acquis, il ne s'agissait que d'une question de peinture. On peut faire appel à un service spécialisé, employer des chômeurs en fin de droit, pour peindre en bleu tout ce qui est en blanc...

M. Jean Spielmann. On peut peindre l'autoroute en bleu!

M. Alain Rouiller. ...et l'on aura 30% de places de stationnement en plus. C'est facile!

J'aimerais mettre M. Brunschwig au défi de me trouver, sur les trois plans qu'il a reçus en tant que chef de groupe, un endroit qui ne puisse être atteint facilement. Il a donné l'exemple d'un départ de Saint-Jean en direction de Longemalle ou de Bel-Air. Le trajet se fera comme maintenant, c'est-à-dire par Chantepoulet. Donc, pas de changement, c'est un mauvais exemple. Deuxième exemple: les habitants de Lancy-Onex. Renseignez-vous auprès de la présidente qui demeure à Lancy. Elle ne prend pas le quai des Bergues, elle prend la petite ceinture et passe par l'autre côté. C'est tellement plus simple! On suit la route du Grand-Lancy, la route des Acacias, c'est tout à fait facile. Vous n'avez pas lu les dossiers. Ils ont été étudiés très sérieusement, puis vérifiés par l'EPFL.

On a été trop faible, on permet trop facilement l'accès au centre-ville et, comme je l'ai déjà dit, il s'agit d'une concession que nous sommes prêts à faire. Mais ne dites pas une contre-vérité, j'allais dire un mensonge, et, par respect pour vous, Monsieur Brunschwig, je n'irai pas jusque-là en faisant croire que l'on n'accédera pas à ces zones. On y accédera mieux après que maintenant. Vous ne pouvez pas dire cela, Monsieur Brunschwig, je suis désolé.

M. Hermann Jenni (MPG). C'est une hérésie totale que de vouloir acheminer une part importante du trafic local par une autoroute, fût-elle intitulée de contournement. Les autoroutes sont essentiellement destinées au trafic à longue distance. Toutes les villes importantes qui ont spéculé sur la construction d'une autoroute de contournement pour soulager leur trafic local ont été obligées, par la suite, de construire une nouvelle autoroute plus à l'écart de la cité, parce que ce tronçon d'autoroute, dit de contournement, où se mêlaient le trafic local et le trafic à longue distance, aux rythmes totalement différents, était devenu un piège meurtrier. C'était extrêmement dangereux. On en a fait l'expérience, notamment à Milan.

Mis aux voix, l'amendement de M. Meylan proposant de remplacer les invites par la nouvelle invite: «Surseoir à l'ouverture de l'autoroute du contournement ouest du canton tant que les normes fédérales en matière de lutte contre le bruit et la pollution de l'air ne sont pas respectées à Genève» est rejeté.

La présidente. L'appel nominal a été demandé, nous allons y procéder. Celles et ceux qui acceptent la résolution répondront oui, et celles et ceux qui la rejettent répondront non.

Ont voté oui (45):

 Jacques Andrié (HP)

 Raoul Baehler (MPG)

 Michel Balestra (L)

 Roger Beer (R)

 Claude Blanc (DC)

 Jeanine Bobillier (MPG)

 Charles Bosson (R)

 Hélène Braun-Roth (DC)

 Nicolas Brunschwig (L)

 Martine Brunschwig Graf (L)

 Hervé Burdet (L)

 Georges Cardinaux (L)

 Anne Chevalley (L)

 René Chuard (MPG)

 Andrée Dayer (DC)

 Thierry Du Pasquier (L)

 Daniel Ducommun (R)

 Jean-Luc Ducret (DC)

 Henri Duvillard (DC)

 Catherine Fatio (L)

 Jean-Pierre Gardiol (L)

 Maurice Giromini (R)

 Henri Gougler (L)

 Yvonne Humbert (L)

 Jacqueline Jacquiard (MPG)

 Hermann Jenni (MPG)

 Philippe Joye (DC)

 René Koechlin (L)

 Claude Lacour (L)

 Armand Lombard (L)

 Béatrice Luscher (L)

 Albert Maréchal (DC)

 Michèle Mascherpa (L)

 Jean Montessuit (DC)

 Geneviève Mottet-Durand (L)

 Jean Opériol (DC)

 Gérard Ramseyer (R)

 David Revaclier (R)

 Martine Roset (DC)

 Françoise Saudan (R)

 Philippe Schaller (DC)

 Jacques Torrent (R)

 Monique Vali (DC)

 Florian Vetsch (R)

 André Vial (MPG)

 Ont voté non (33):

 Robert Baud (S)

 Liselotte Born (S)

 Fabienne Bugnon (E)

 Pierre-Alain Champod (S)

 Robert Cramer (E)

 Jacqueline Damien (S)

 Liliane Johner (T)

 Michel Jörimann (S)

 David Lachat (S)

 Sylvia Leuenberger (E)

 Christiane Magnenat Schellack (S)

 Gabrielle Maulini-Dreyfus (E)

 Denis Menoud (E)

 Yves Meylan (E)

 Pierre Meyll (T)

 Chaïm Nissim (E)

 Vesca Olsommer (E)

 Catherine Rapp-Jotterand (E)

 Elisabeth Reusse-Decrey (S)

 Jean-Luc Richardet (S)

 Jean-Pierre Rigotti (T)

 Maria Roth-Bernasconi (S)

 Alain Rouiller (S)

 Andreas Saurer (E)

 Alain Sauvin (S)

 Irène Savoy (S)

 Christine Sayegh (S)

 Max Schneider (E)

 Jean Spielmann (T)

 Erika Sutter-Pleines (S)

 Michel Urben (S)

 Alain Vaissade (E)

 Martine Wenker Coskun (S)

 S'est abstenu (1):

 Philippe Fontaine (R)

 Etaient excusés à la séance (14):

 Bernard Annen (L)

 Florian Barro (L)

 Jeannik Dami (S)

 Hervé Dessimoz (R)

 Erica Deuber-Pauli (T)

 Marlène Dupraz (T)

 Bernard Erbeia (L)

 Bénédict Fontanet (DC)

 Alberto Genini (T)

 Michel Jacquet (L)

 Georges Jost (MPG)

 Bernard Lusti (R)

 Paul Passer (HP)

 Claire Torracinta-Pache (S)

 Etaient absents au moment du vote (6):

 Jacques Boesch (T)

 René Ecuyer (T)

 Jean-Claude Genecand (DC)

 Michel Rossetti (R)

 Jacques-André Schneider (E)

 Nicolas Von der Weid (L)

 Présidence: Mme Micheline Calmy-Rey, présidente.

La résolution est adoptée par 45 oui contre 33 non et 1 abstention.

Elle est ainsi conçue: