République et canton de Genève

Grand Conseil

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M 3015-B
Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la motion de Pierre Nicollier, Alexandre de Senarclens, Francine de Planta, Yvan Zweifel, Darius Azarpey, Céline Zuber-Roy, Fabienne Monbaron, Thierry Oppikofer, Joëlle Fiss pour plus de professionnels de santé formés en Suisse

Débat

La présidente. Nous continuons avec la M 3015-B (catégorie III), et je donne la parole à M. Baertschi.

M. François Baertschi (MCG). Merci, Madame la présidente. Mesdames et Messieurs les députés, ce rapport est révélateur d'une réalité qui devrait tous nous inquiéter, à savoir le nombre d'élèves infirmiers qui quittent la formation en cours de route. Alors il peut y avoir diverses raisons à cela, mais l'une d'entre elles qui ne doit pas être négligée, c'est le mobbing exercé à l'encontre des résidents genevois au sein des établissements hospitaliers, notamment par les frontaliers permis G... (Exclamations.) ...qui sont là, oui. Nous recueillons de nombreux échos de discrimination à tous les niveaux, ce qui inquiète le MCG. A notre sens, il y a quand même un certain nombre de questions sous-jacentes à examiner.

Nous avons lu attentivement le rapport, mais plusieurs points devraient être approfondis afin de préciser les raisons d'un tel phénomène, notamment celle que j'ai évoquée et qui demeure quelque peu taboue, c'est-à-dire les actes parfois déloyaux de mobbing pratiqués par les frontaliers permis G, qui sont très difficiles à prouver, mais qui existent.

D'ailleurs, nous avons envoyé un courrier au Conseil d'Etat à propos d'un cas spécifique aux HUG, mais nous n'avons pas été satisfaits de sa réponse. Nous allons continuer à mener ce combat afin de défendre les résidents genevois, car il s'agit d'un sujet de la plus haute importance. C'est précisément en nous concentrant sur des aspects de détail qu'on pourra améliorer la situation.

Etant donné la qualité du présent rapport - il faut le reconnaître - et l'étendue des réponses apportées, nous ne demanderons pas de retour en commission. Néanmoins, nous continuerons à étudier ce sujet avec attention. Nous examinerons par ailleurs le parcours des différents médecins qui ont été formés aux HUG. L'objectif est de les garder dans notre canton, qu'ils ne partent pas dans d'autres centres hospitaliers universitaires en Suisse ou à l'étranger, parce que nous devons conserver nos talents à Genève. Voilà également l'un des combats que nous devons livrer, et nous nous attelons à ce travail. Merci, Madame la présidente.

Mme Sophie Demaurex (S). Mesdames et Messieurs les députés, cette motion visant à renforcer l'attractivité des professions de la santé a été pleinement soutenue par le groupe socialiste. En ce qui concerne la réponse du Conseil d'Etat, nous tenons à exprimer une critique ferme et sans détour sur un point fondamental qu'il élude dans son rapport, à savoir la revalorisation salariale: depuis 2002 et malgré l'introduction du bachelor HES en 2006, aucune réévaluation salariale de la fonction publique n'a été effectuée. L'Association suisse des infirmières demande une revalorisation provisoire immédiate en classe 16 sans attendre le résultat du projet G'Evolue prévu pour 2028. Les syndicats SSP et SIT dénoncent une inégalité de traitement: les travailleurs sociaux de l'Hospice général ont obtenu le passage en classe 16, mais pas le corps infirmier.

Rappelez-vous: en février 2025, les professionnels manifestaient en faveur d'une revalorisation salariale des métiers de la santé et du social. Le même mois, une pétition munie de 3900 signatures et formulant les mêmes exigences était déposée au Grand Conseil. Et la mobilisation continue. Le 22 novembre prochain à Berne, les professionnels de la santé manifesteront pour réclamer la mise en oeuvre effective de l'initiative «Pour des soins infirmiers forts» et de meilleures conditions de travail.

Pourtant, à aucun moment le Conseil d'Etat ne mentionne une quelconque revalorisation salariale dans son volet concernant les conditions d'emploi; il y évoque des bourses, des stages, des campagnes de communication, mais évite soigneusement le coeur du problème, soit la reconnaissance financière du métier. Comment peut-on parler d'attractivité sans aborder la question du salaire ? Comment peut-on espérer retenir les professionnels sans leur offrir une rémunération à la hauteur de leur engagement et de leurs compétences ? La classe 15 est insuffisante, la classe 16 est une nécessité. Le niveau de formation (bachelor, master, doctorat) ainsi que des responsabilités accrues justifient une revalorisation. La pénurie de personnel est aggravée par des conditions de travail difficiles et des salaires non compétitifs. Le taux d'absentéisme élevé (près de 10% aux HUG), les départs précoces de la profession (43% en Suisse) constituent des signaux d'alerte.

Travailler à temps partiel ne représente pas un choix de confort, mais un impératif, une stratégie de survie face à la pénibilité du métier. Or la réduction du temps de travail a un coût: le salaire devient encore plus insuffisant.

En conclusion, alors que nous faisons face à une pénurie chronique, à un nombre de démissions en hausse, à des abandons de formation, la réponse du Conseil d'Etat reste timide, incomplète. Il est temps de cesser de contourner cette revendication, il est temps de reconnaître que l'attractivité passe aussi par la valorisation salariale. Nous demandons que le Grand Conseil, au-delà de cette motion, interpelle clairement le Conseil d'Etat sur cette omission et exige que la revalorisation salariale soit intégrée aux mesures d'attractivité; sans cela, nous continuerons à former des professionnels que nous ne saurons ni retenir ni respecter. Au nom du groupe socialiste, je vous remercie pour votre écoute. (Applaudissements.)

La présidente. Je vous remercie, Madame la députée.

Le Grand Conseil prend acte du rapport du Conseil d'Etat sur la motion 3015.

La présidente. Je salue à la tribune des collaboratrices et collaborateurs du Forum économique mondial venus assister à notre session, accompagnés de Mmes Micol Lucci et Lia Gerber. (Applaudissements.)

Par ailleurs, Mesdames et Messieurs, vous avez tous remarqué la magnifique coupe que nous a ramenée notre équipe de football, à qui nous adressons nos félicitations pour sa première place au tournoi des élus genevois. Bravo ! (Applaudissements.)