République et canton de Genève

Grand Conseil

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RD 1515
Discours du président pour la fin de la 2e législature

Le président. Mesdames et Messieurs les députés,

Monsieur le président du Conseil d'Etat,

Mesdames les conseillères d'Etat, Messieurs les conseillers d'Etat,

Le 28 avril prochain, je quitterai la présidence du Grand Conseil et sortirai du rang, comme un petit nombre de nos collègues qui ne solliciteront pas un nouveau mandat. Cette date marquera en effet la fin de cette deuxième législature et le début d'une troisième législature que je souhaite fructueuse.

Durant cette année de présidence, j'ai souhaité servir Genève en répondant favorablement aux nombreuses invitations, qu'elles soient incontournables, habituelles ou nouvelles. J'ai vécu de très beaux moments en assistant à des assemblées, à des inaugurations et à tout autre événement associatif, culturel, sportif, économique ou populaire où j'étais convié. J'ai rencontré et conversé avec beaucoup de belles personnalités genevoises ou étrangères, issues de tous les milieux. J'ai eu l'occasion aussi de représenter notre canton aux festivités du 14 juillet à Paris et je remercie M. Mauro Poggia, président du Conseil d'Etat, d'avoir pris le soin particulier de m'associer aux réceptions protocolaires du gouvernement, notamment lors des visites confédérales à Genève. Par ailleurs, j'ai voulu marquer l'attachement de ce parlement à notre université en recevant M. Hugo Duminil-Copin, lauréat de la médaille Fields, accompagné du recteur de l'université et du doyen de la faculté des sciences.

A côté de cette fonction de représentation, nous avons eu l'opportunité d'accueillir des visites dans notre nouvelle salle, comme celles du Club diplomatique de Genève et du Cercle féminin des Nations Unies, plus récemment une session du parlement des jeunes ou encore des séances fictives destinées aux élèves de l'enseignement public; cette dernière sensibilisation au fonctionnement des institutions rencontre toujours un grand succès.

Chaque visite est l'occasion de montrer à nos hôtes la beauté architecturale de notre salle et l'impression de sérénité qui s'en dégage... lorsqu'elle est inoccupée. (Rires.) Il n'est pas évident de mesurer l'effet sur nos débats du changement de disposition - nous sommes passés du modèle «à l'anglaise» à l'orientation en hémicycle -, mais je considère que ceux-ci ont été corrects dans l'ensemble.

S'il fallait recenser les événements marquants de cette législature, je retiendrais tout d'abord que notre parlement fut itinérant pendant une bonne partie de celle-ci et qu'il a su assumer son rôle pendant une crise sanitaire mondiale qui a grippé - sans mauvais jeu de mots - la mécanique bien huilée d'un espace mondialisé. Nos institutions ont également surmonté une crise gouvernementale qui s'est ajoutée à la crise sanitaire, démontrant malgré tout la capacité de résilience de notre système. Hélas, de nouveaux défis s'annoncent pour nos démocraties alors que l'utilisation de la force prime sur celle du droit et que les principes garantis par la Charte des Nations Unies sont remis en question.

Devant ces enjeux qui nous dépassent, il me semble important de nous arrêter un instant sur le rôle de notre parlement, un parlement avec des compétences toutes cantonales et exclusivement cantonales. Sommes-nous encore assez efficaces ? Que dire de notre ordre du jour où sont inscrits 250 points ? Nous peinons à examiner ne serait-ce que les objets urgents ou jugés comme tels.

Aux critiques, je répondrai que notre assemblée a traité l'entier des initiatives populaires dans les délais et que tout ce qui était réellement urgent a été débattu et accepté, y compris pendant la pandémie. Au cours de l'année écoulée, nous avons adopté pas moins de 130 projets de lois qui déploieront leurs effets dans l'organisation de notre vie en société. Notre plénum a aussi voté un budget pour 2023 et, dans ce sens, il a pris ses responsabilités, sans déléguer cette compétence à sa seule commission des finances par le biais de dépassements de crédits.

Je relève néanmoins que notre Grand Conseil vit une crise avec son ordre du jour pléthorique et que cette situation n'est pas satisfaisante. Cet état de fait est avant tout dû à un grand nombre d'objets rejetés en commission qui attendent une confirmation de refus de la plénière - sauf retournements de votes exceptionnels. Ainsi, sur les 250 objets que compte notre ordre du jour, 150 ont subi un refus en commission; un refus parfois serré, mais souvent sans appel. La minorité ne se résignant pas à la décision de la commission, ces textes sont accompagnés d'un ou de plusieurs rapports de minorité et ne peuvent donc pas être abordés aux extraits.

J'aime notre parlement et je suis sûr que chacune et chacun d'entre vous également, au-delà des appartenances partisanes. Si nous l'aimons vraiment, nous devrions être capables de prendre acte des refus des commissions et de retirer ces textes qui n'ont aucune chance en plénière et perturbent l'organisation de nos travaux. Ou alors, et je laisse cette idée aux prochains élus, il faudrait étendre la procédure sans débat pour entériner rapidement en plénière les préavis négatifs, ou largement négatifs, des commissions. Je pense que tous les membres du Grand Conseil y trouveraient avantage et j'espère qu'un climat apaisé après les élections offrira des opportunités.

Nous arrivons au terme de cette législature. Permettez-moi de remercier l'ensemble des membres du Bureau. Nos discussions ont toujours été menées dans le but de trouver les meilleures options pour le fonctionnement de notre institution parlementaire, et je salue cet esprit consensuel qui a parfois pu les mettre en porte à faux avec leur groupe sur telle ou telle décision, voire avec le Conseil d'Etat lorsqu'il s'est agi de l'inviter à plus de concision.

Je remercie spécialement notre première vice-présidente qui a su me suppléer à différentes occasions, notamment lors des Assises transfrontalières des élus, qui nous ont permis de resserrer des liens indispensables avec nos voisins vaudois et français. N'oublions pas que le Grand Genève se construit parce qu'il possède une dynamique propre; il importe que les pouvoirs publics prennent l'initiative d'organiser cette région, comme cela a été le cas récemment avec la signature de la Charte du Grand Genève en transition.

Je tiens encore à relever le soutien indéfectible et la qualité du travail de notre sautier, Laurent Koelliker, de notre secrétaire générale adjointe, Irène Renfer - malheureusement malade aujourd'hui -, ainsi que de toute l'équipe du secrétariat général, y compris celle du Mémorial, qui constituent la véritable ossature de notre institution. Nous pouvons nous vanter de compter sur des collaboratrices et collaborateurs compétents, expérimentés, respectueux de l'institution et totalement dévoués aux sollicitations de la députation, des commissions et du président, manifestant le souci permanent de les préserver. Mes remerciements vont également aux hauts cadres de l'administration qui apportent leur expérience et leur soutien lors des travaux de commission.

Il est temps maintenant de rendre hommage aux députées et députés qui quittent ce parlement de même qu'à vous toutes et tous qui allez briguer un nouveau mandat. Je vous souhaite le meilleur pour ces cinq prochaines années, ici au Grand Conseil ou ailleurs dans vos autres activités. Je vais citer le nom des députés qui se retirent et qui ont reçu sur leur place le traditionnel stylo souvenir; je laisserai ensuite le soin aux chefs de groupe respectifs de leur rendre hommage. Pour le PLR, il s'agit d'Antoine Barde, Beatriz de Candolle, Edouard Cuendet, Serge Hiltpold, Jean Romain et Eric Grand, suppléant; pour les socialistes, Nicolas Clémence, suppléant; pour les Vertes et les Verts, Ruth Bänziger, François Lefort, Katia Leonelli, Philippe Poget et Maria José Quijano Garcia, suppléante; pour le PDC, Claude Bocquet, Bertrand Buchs et votre serviteur; pour le MCG, Françoise Sapin.

Je ne terminerai pas ce discours sans une note humoristique en remerciant le service du Mémorial, qui a récolté les «perles» de la législature, que vous avez trouvées sur vos places !

Merci d'avoir travaillé pour le bien de la république qui nous a confié ses destinées et bon vent pour la suite ! Vive la république, vive Genève et vive la Suisse ! (Longs applaudissements. L'assemblée se lève. Mme Céline Zuber-Roy embrasse M. Jean-Luc Forni et lui remet un bouquet de fleurs.)

Mme Céline Zuber-Roy (PLR). Monsieur le président, cher Jean-Luc, lors de la présentation de ta candidature, il y a une année, ton chef de groupe nous avait vanté trois de tes qualités: calme, qualité d'écoute et pragmatisme. Nous pouvons constater qu'il ne nous avait pas menti ! Ces caractéristiques se sont avérées précieuses.

Tout d'abord, en plénière, ton calme a constitué un atout majeur. Dans le climat électrique de la période électorale, tu as su apaiser les débats et les esprits de manière plus sûre que la nouvelle configuration de notre salle. Ton attitude, qualifiée de flegmatique par la presse, a permis de maintenir une certaine tenue dans nos débats et, par là même, la dignité de notre parlement. Cela n'a évidemment pas été un long fleuve tranquille, mais comme tu l'avais déjà relevé dans ton discours d'investiture, à l'impossible nul n'est tenu !

Tes compétences ont également été utiles pour présider le Bureau, qui est composé de forts caractères; certains débats y furent vifs. Tu as su laisser s'exprimer les diverses opinions, et ensuite, calmement, proposer un compromis ou, tout aussi calmement, trancher pour un camp ou l'autre.

Lors de ton discours d'investiture, tu t'es engagé à être le président de toutes et tous, et à représenter dignement notre parlement dans les représentations publiques ou privées. L'enseignante que je suis te remercie d'avoir énoncé des objectifs SMART, dans tous les sens du terme; il m'est ainsi possible de constater sans le moindre doute que tu les as atteints, et ce avec aisance.

Tu as fait preuve d'une parfaite impartialité et su être à l'écoute de toutes et tous tant en plénière qu'en dehors des séances. Mais surtout, tu as inlassablement sillonné notre canton, et même les terres au-delà, pour représenter notre parlement dans de très nombreuses cérémonies. A chacune de ces occasions, tu as représenté notre Grand Conseil avec dignité, mais également humanité. Tu as fait preuve d'une disponibilité et d'un engagement exemplaires.

Cher Jean-Luc, Monsieur le président, notre parlement ne s'est pas trompé quand il t'a brillamment élu le 19 mai dernier à sa présidence. Tu as été le remède - je dirais même le pharmacien ! - qu'il fallait pour surmonter cette dernière année de la législature. Au nom du Bureau et de l'ensemble des membres de ce parlement, je te remercie et te félicite pour ton excellente présidence qui a contribué au rayonnement de notre canton ! (Applaudissements. Mme Céline Zuber-Roy embrasse M. Jean-Luc Forni.)

Le président. Mesdames et Messieurs, merci pour vos hommages et vos félicitations qui me vont droit au coeur !