République et canton de Genève

Grand Conseil

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P 2060-B
Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la pétition déposée par les habitants, commerçants et usagers du quartier de la Coulouvrenière
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session IV des 22 et 23 septembre 2022.

Débat

Le président. Nous poursuivons avec la P 2060-B et je passe la parole à M. Alexis Barbey.

M. Alexis Barbey (PLR). Merci, Monsieur le président. Vieille affaire que celle de la rue de la Coulouvrenière ! Et vieille requête des habitants pour essayer de remédier à une situation qui a complètement dérapé au fil des ans ! Les habitants de la Coulouvrenière se plaignent du deal de rue qui se déroule à leur porte jour et nuit, quels que soient donc le moment et la fréquentation du quartier - que ce soit par des adultes ou par des enfants qui rentrent de l'école.

C'est un problème extrêmement grave parce qu'il n'y a plus, maintenant, de vergogne. Les dealers ne font plus preuve de prudence pour exercer leur commerce: ils interpellent les gens du quartier et ceux qui y passent, et vont vers eux pour essayer de leur vendre de la drogue. A cette nuisance de base, qui est déjà largement suffisante pour qu'on s'en inquiète, s'ajoute toute une série de nuisances découlant de la saleté des lieux et de leur fréquentation, jour et nuit, non seulement par les dealers mais également par leurs clients. Ils font preuve d'aussi peu de retenue les uns que les autres et mettent donc la population dans une situation qui est simplement insupportable.

Alors que peut-on faire par rapport à cette situation-là ? On peut naturellement s'assurer que la présence policière est suffisamment grande, mais on se rend compte que même la présence de policiers, même la présence de personnes en uniforme ne décourage pas les gens qui exercent le deal de rue. Par conséquent, sauf à mobiliser des effectifs énormes jour et nuit, ce n'est pas simplement par une présence policière qu'on pourra régler le problème. (Le président agite la cloche pour indiquer qu'il reste trente secondes de temps de parole.) L'autre possibilité, c'est d'aborder le problème sous l'angle social et de faire appel à des travailleurs sociaux hors murs pour essayer de ramener ces dealers de rue à la raison. Les habitants...

Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député.

M. Alexis Barbey. Les habitants pensent que ce ne sera pas suffisant et demandent donc des mesures plus urgentes et...

Le président. C'est terminé, Monsieur le député.

M. Alexis Barbey. ...et plus importantes pour traiter le problème du deal de rue. Je vous remercie.

M. Olivier Baud (EAG). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, il y a eu pléthore de pétitions dirigées contre les dealers et elles ont été plus ou moins traitées. Si la tranquillité, la lutte contre les nuisances dans les quartiers, la salubrité sont de vraies préoccupations pour les citoyens, pour les habitants de cette ville, c'est toutefois un peu exagéré de tout mettre sur le dos des dealers. Il n'y a qu'à lire cette pétition pour découvrir les propos quand même nettement outranciers qu'elle contient - en gros, c'est une pétition menaçante; des personnes, des citoyens déclarent qu'ils vont régler eux-mêmes le problème si le Conseil d'Etat ne s'y attelle pas.

Je pense que la réponse du Conseil d'Etat est tout à fait correcte; le problème a été traité, et je vous invite à prendre acte de cette réponse qui est pondérée, raisonnable et qui passe outre les propos outranciers qu'on trouve dans la pétition - je vous invite quand même à la lire, parce qu'il y a une certaine inquiétude par rapport à des démarches citoyennes qui voudraient créer des sortes de milices privées, etc. Prenons donc acte du rapport du Conseil d'Etat, qui apporte une réponse tout à fait acceptable, et on verra après comment ça va... mieux - si jamais c'est possible !

Mais c'est un problème global de salubrité, de lutte contre les nuisances, contre le bruit. On voit qu'une partie de ce parlement est beaucoup moins encline à voter une limitation de vitesse sur certains tronçons de route ou d'autres choses qui contribueraient au bien-être des citoyens: réfléchissez quand même à adopter des mesures qui peuvent apporter une meilleure qualité de vie pour toutes et tous. Je vous remercie.

Le président. Merci, Monsieur le député. Mesdames et Messieurs, je vous rappelle que nous sommes à la séance des extraits et que vous n'êtes pas forcément censés prendre la parole ! Faites-le si vraiment vous ne pouvez pas vous en empêcher, mais je pense qu'on ne va pas avancer très vite à ce rythme-là. Je continue donc de passer la parole et elle va maintenant à M. Marc Falquet.

M. Marc Falquet (UDC). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs, c'est vrai qu'il ne faut pas rejeter la responsabilité sur les dealers mais sur ceux qui prennent les décisions en matière de lutte contre la drogue à Genève. C'est ça, le vrai problème: il n'y a pas de volonté politique de lutter contre la drogue. On dit qu'il faut créer des zones de deal; mais c'est inadmissible ! C'est incroyable - c'est une démission totale; c'est de la lâcheté politique ! Il n'y a donc pas de volonté.

Lorsqu'il y aura la volonté de lutter contre le trafic de drogue, on réglera ce problème ! On n'est pas à New York; on est une petite ville: c'est possible de lutter contre le trafic de drogue ! Il faut simplement en prendre la décision ! Merci.

M. Sylvain Thévoz (S). Je serai extrêmement bref. Il faut peut-être rappeler à la droite que la police est gérée depuis bientôt plus de quinze ans au Conseil d'Etat, avec M. Maudet et Mme Rochat, et actuellement avec M. Poggia... En Ville de Genève, c'est à peu près la même chose: Mme Marie Barbey-Chappuis et M. Maudet avant elle. On va donc dire, en arrondissant, que ça fait plus ou moins quinze-vingt ans que la droite a le pouvoir - le pouvoir s'agissant de la police - et une majorité confortable au Grand Conseil. Pourtant, année après année, elle arrive à nous faire croire que c'est une fatalité, que c'est parce qu'il n'y a pas assez de moyens ou que sais-je - voire de volonté politique - que la question du deal n'est pas réglée. M. Maudet nous avait dit: on va mettre des caméras aux Pâquis et vous allez voir, on va régler le problème ! Il s'est passé ce qu'on a toujours dit qu'il se passerait: on a déplacé le problème un peu plus loin, vers le préau des Pâquis, et puis en périphérie, dans d'autres zones habitées.

On se réjouit donc au moins d'entendre aujourd'hui des propositions innovantes qui nous viennent de la Ville de Genève, et je pense qu'il faut les écouter. Elles s'inspirent de l'exemple de Zurich, qui a porté ses fruits sur la Langstrasse notamment et qui part du constat suivant: en gros, la guerre à la drogue est un échec. New York, qui a essayé pendant vingt ans, a échoué. A Genève, la droite a complètement échoué depuis vingt ans, de Mme Rochat jusqu'à M. Poggia. Essayons, inspirons-nous de ce qui a réussi dans d'autres villes, dont Zurich, en proposant des solutions innovantes: mettre sur pied des patrouilles mixtes - par exemple police-travailleurs sociaux -, s'appuyer sur les communautés et les associations, et puis négocier des horaires pour que le deal soit le moins nocif possible. Il ne s'agit pas du tout de créer des zones de non-droit !

C'est exactement, Mesdames et Messieurs - vous transmettrez, Monsieur le président -, ce que proposaient les habitants des Pâquis dans une pétition que la majorité de droite a refusée il y a deux mois à peu près. J'ai donc envie de dire: Mesdames et Messieurs de la droite, si vous voulez continuer à échouer en matière de politique de la drogue et de lutte contre les dealers, continuez, mais assumez vos responsabilités. Vous avez le pouvoir, vous avez la possibilité de changer. Vous vous obstinez dans une politique inutile, coûteuse et qui ne règle pas le problème; tournons-nous plutôt vers des politiques innovantes. Bien sûr, nous accepterons ce rapport du Conseil d'Etat. Merci.

M. Daniel Sormanni (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, c'est quand même un comble que la gauche vienne aujourd'hui donner des leçons alors que le parti socialiste Ville de Genève a justement proposé de créer des zones de deal, soit des zones de non-droit, pour régler le problème des Pâquis ! Vous avez bien refusé de clôturer le préau des Pâquis, alors ne donnez pas de leçons ! Il y en avait même certains qui... Il y en avait un, aujourd'hui devenu procureur, qui disait: oh, mais les dealers de drogue, ce sont des commerçants ! Alors ne venez pas donner des leçons; vous êtes incapables de régler ce problème et c'est précisément vous qui, en les autorisant et en libéralisant finalement la drogue, ne voulez pas le régler. Donc, ne donnez pas de leçons à ceux qui essaient de le faire !

En ce qui nous concerne, je rappelle quand même que M. Poggia essaie de mettre en place une politique et je pense qu'il est effectivement nécessaire... Il y a la répression, mais il y a aussi la prévention: ce sont les deux piliers sur lesquels il est nécessaire de s'appuyer. C'est difficile à réaliser, oui, mais ce ne sera en tout cas pas avec les propositions de la gauche et du parti socialiste de créer des zones de non-droit. Et je vous rappelle que le MCG, c'est ni gauche ni droite ! Merci.

Le président. Merci, Monsieur le député. La parole n'est plus demandée.

Le Grand Conseil prend acte du rapport du Conseil d'Etat sur la pétition 2060.