République et canton de Genève

Grand Conseil

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P 2125-A
Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition pour une réhabilitation des dégagements visuels sur la rade et le lac
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session VII des 27 et 28 janvier 2022.
Rapport de M. Alexis Barbey (PLR)

Débat

Le président. Nous enchaînons avec la P 2125-A. Je passe volontiers la parole à Mme Francine de Planta... une fois qu'elle sera installée. Voilà, Madame, allez-y.

Mme Francine de Planta (PLR), rapporteuse ad interim. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, la pétition 2125 «pour une réhabilitation des dégagements visuels sur la rade et le lac»... (Brouhaha.)

Le président. Un instant, s'il vous plaît ! (Le président marque un temps d'arrêt en attendant que le silence se rétablisse.) Vous pouvez reprendre.

Mme Francine de Planta. La pétition demande tout bonnement de démolir l'ensemble des constructions érigées sur la plage des Eaux-Vives, à savoir le bâtiment des pêcheurs, le restaurant et les WC, ainsi que de supprimer la ligne d'arbres sur la digue nord. La seule chose qui pourrait subsister, c'est la plage elle-même. L'argument avancé est que les normes urbanistiques appliquées à la rade de 1870 jusqu'en 2000 n'ont pas été respectées.

La commission, Mesdames et Messieurs, après avoir entendu les pétitionnaires, a procédé à plusieurs auditions et s'est rendue sur place pour effectuer une visite du site. Alors s'il est vrai que la construction, notamment de la maison des pêcheurs, a pu susciter certaines interrogations quant à son volume et à son architecture, il était essentiel d'entendre avant tout ses utilisateurs, ce d'autant que la presse s'était fait l'écho de nombreuses critiques. Eh bien, Mesdames et Messieurs les députés, l'audition des pêcheurs a révélé que le nouvel édifice leur convenait très bien et qu'ils étaient reconnaissants d'être beaucoup mieux installés que dans les petites cabanes vétustes sur les quais qu'ils occupaient jusqu'alors.

S'agissant de la digue nord et des arbres, la Société Nautique de Genève - qui, à l'issue d'une étude paysagère, a réalisé un très gros travail d'arborisation lors de l'extension de son port - nous a affirmé qu'elle cohabitait harmonieusement avec l'ensemble des nouvelles structures voisines. Ses représentants nous ont d'ailleurs rappelé que le bâtiment des pêcheurs tant décrié avait été primé par une revue d'architecture zurichoise.

Enfin, le directeur du service cantonal du lac a souligné que l'ouvrage avait non seulement rendu aux Genevoises et aux Genevois un accès important à l'eau, mais également permis de remplacer les vieilles baraques des pêcheurs par des installations modernes, fonctionnelles et performantes. Il a conclu son intervention ainsi: «Cet aménagement du XXIe siècle a d'ailleurs trouvé son public.» C'est donc à l'unanimité, Mesdames et Messieurs, que la commission a voté en faveur du dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Je vous remercie.

Mme Christina Meissner (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, comme la remplaçante du rapporteur de commission l'a signalé, cette pétition demande de détruire l'ensemble des constructions de la plage des Eaux-Vives: elle réclame l'enfouissement des WC, le démantèlement du restaurant et de la maison des pêcheurs, l'arrachage des arbres, car tous constituent une barrière visuelle; seuls les roseaux trouvent grâce aux yeux des pétitionnaires.

Sauf que ces derniers n'ont pas pris en compte la complexité de l'ouvrage ni les contraintes qui ont mené à la réalisation des infrastructures telles qu'elles sont. Enterrer les toilettes alors que le niveau du lac est variable et risquerait de noyer les usagers dans leurs propres ablutions, c'est - comment dire ? - saumâtre. Supprimer l'alignement des arbres sur la digue nord, qui a coûté 24 millions à la Société Nautique, c'est oublier que ces arbres protègent le dispositif des intempéries.

Quant à critiquer le restaurant et le bâtiment des pêcheurs du fait qu'ils sont trop hauts et trop larges, et à exiger leur démolition, c'est faire peu de cas de leur utilité tant pour les visiteurs de la plage que pour les pêcheurs professionnels du lac, c'est méconnaître l'impératif fondamental de construire sur pilotis, ce qui interdit des sous-sols, c'est ignorer le rôle des marquises pour ranger du matériel et, enfin, c'est laisser claquer des dents par temps froid ou rôtir par temps ensoleillé les usagers du restaurant, qui ne sont pas des canards.

Le choix des matériaux n'est pas anodin: opter pour du métal plutôt que du bois, sur une infrastructure fortement soumise aux éléments, permet d'éviter un entretien très coûteux et d'épargner par là même une pollution du lac.

Permettez-moi de mentionner la consternation des commissaires quant au manque de préparation de la personne auditionnée qui représentait la CMNS: elle ne savait à peu près rien sur le préavis émis par cette commission ni sur son suivi, et ce alors même que la CMNS a été un sacré frein dans l'élaboration de ce projet complexe.

Mais terminons sur une note positive en remerciant l'Etat et tout particulièrement les responsables du service du lac, de la renaturation des cours d'eau et de la pêche pour le remarquable travail réalisé à la plage des Eaux-Vives; ils ont su être à l'écoute, revoir et adapter les plans pour parvenir à un résultat qui bénéficie aujourd'hui autant à la population qu'à la nature - et toutes deux en avaient bien besoin. Pour ces raisons, le PDC votera le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Je vous remercie.

Le président. Merci bien. Dans ses conclusions, la commission des pétitions préconise le dépôt du texte; vous êtes priés de vous prononcer là-dessus, Mesdames et Messieurs.

Mises aux voix, les conclusions de la commission des pétitions (dépôt de la pétition 2125 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 81 oui (unanimité des votants).