République et canton de Genève

Grand Conseil

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P 2107-A
Rapport de la commission des pétitions chargée d'étudier la pétition : Sécurisons les eaux du Rhône entre le barrage du Seujet et le pont de la Jonction, en demandant la présence de sauveteurs bénévoles ou professionnels équipés de bateaux à moteur
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session II des 1er et 2 juillet 2021.
Rapport de majorité de M. Sylvain Thévoz (S)
Rapport de minorité de M. Sandro Pistis (MCG)

Débat

Le président. Nous reprenons le traitement des extraits avec la P 2107-A, classée en catégorie II, trente minutes. La parole va au rapporteur de majorité, M. Sylvain Thévoz.

M. Sylvain Thévoz (S), rapporteur de majorité. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, cette pétition intitulée «Sécurisons les eaux du Rhône entre le barrage du Seujet et le pont de la Jonction» demande la présence de sauveteurs bénévoles ou professionnels équipés de bateaux à moteur. Elle demande également une synergie entre le canton et la Ville pour créer une unité de sauvetage fluvial opérationnelle et dotée de moyens d'action nécessaires pour intervenir immédiatement aux abords du Rhône. La majorité de la commission des pétitions vous invite à déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.

Ce texte part d'une intention bien évidemment louable et aussi, je dirais, d'une réaction émotionnelle face au nombre de décès dans le Rhône, évalué entre trois et quatre par an. Elle propose les mesures que je viens d'énoncer: sécuriser les eaux du Rhône, avec la présence de sauveteurs bénévoles ou de professionnels équipés de bateaux à moteur - c'est la première demande.

Les auditions - de qualité - qui ont pu être menées avec la police, la gendarmerie du lac, l'office cantonal de l'agriculture et de la nature, ainsi qu'avec la direction des eaux, ont pu montrer que cette première demande n'était pas opportune. Tout d'abord, la présence de sauveteurs bénévoles n'est pas souhaitable: il s'agit là d'un fleuve, qui est un espace dangereux, et si les personnes ne sont pas formées et régulièrement mises à niveau pour des interventions dans ces milieux dangereux, elles risqueraient de se mettre elles-mêmes en danger. Le Rhône est un fleuve dangereux, et particulièrement à ce niveau-là, en raison du barrage du Seujet, qui, vous le savez, est ouvert en fonction du niveau du lac et entraîne des hausses de débit brutales. Par conséquent, l'idée de la pétition consistant à mettre des sauveteurs bénévoles à disposition n'est évidemment pas bonne.

Concernant le fait d'engager des professionnels équipés de bateaux à moteur, suite aux auditions, nous avons pu constater qu'il était impossible de sécuriser les 80 000 mètres carrés, soit l'espace délimité par les pétitionnaires. C'est plus ou moins l'équivalent de 300 fois la piscine des Vernets, soit 800 mètres de long sur 100 mètres de large, et, évidemment, ce ne serait pas une garantie de sécurité supplémentaire.

S'agissant de la demande d'une meilleure synergie entre le canton et la Ville - c'est la deuxième demande -, là encore, l'audition des professionnels a pu montrer que cette synergie existe depuis plus de quinze ans. Je pense que la majorité de la commission a été littéralement bluffée par la qualité des interventions, par le professionnalisme et par l'expertise tant de la police que des pompiers. Il n'y a pas à demander une meilleure concertation entre la Ville et le canton: elle est efficace et efficiente.

Finalement, le véritable problème, à cet endroit, c'est la prévention, qui doit encore être renforcée. Elle existe, des efforts ont été faits ces dernières années. Il y a le projet «Lâche pas ta bouée !», dans le cadre duquel des jeunes vont au contact d'autres jeunes. Il s'agit évidemment de faire de la prévention concernant le fait de ne pas se baigner en étant alcoolisé. Et puis, les sauveteurs ont pu rappeler qu'en réalité, la première source de sauvetage est l'autosauvetage ou le sauvetage par les pairs; il faut donc intervenir en amont de la catastrophe, quand une personne est réellement en difficulté.

Trois à quatre morts par an, c'est une moyenne stable. Ce sont environ quarante décès par an à l'échelle de la Suisse. Pour information, 93% de ces décès surviennent en eau libre ou stagnante, et la majorité des personnes qui décèdent, soit 84%, sont des hommes âgés de 15 à 29 ans, contre 16% de femmes.

La commission a estimé que cette pétition n'amenait finalement pas les bonnes réponses et que c'est vraiment avec de la prévention, en ciblant ce public particulièrement susceptible de se mettre en danger, qu'on obtiendrait des résultats.

La question des installations de qualité a été évaluée. Les commissaires pensaient qu'il fallait peut-être interdire les sauts depuis le pont Sous-Terre ou surélever ses barrières. Là aussi, cela n'est pas recommandé par les professionnels.

Le président. Vous passez sur le temps de votre groupe.

M. Sylvain Thévoz. Le rehaussement des barrières du pont Butin a limité le nombre de noyades, mais vous constaterez qu'il s'agissait plutôt de personnes qui, bien que comptées comme des noyés, se jetaient du pont Butin vraiment dans le but d'attenter à leur vie. Rehausser les barrières du pont Sous-Terre n'est pas une option de sécurisation: cela empêchera les personnes de sauter, mais ce n'est pas véritablement en sautant du pont que les gens se mettent en danger; les causes sont celles que je vous ai rappelées: l'alcool, l'inexpérience et, très souvent, parce que des personnes se pensent plus fortes qu'elles ne le sont face au fleuve qui est dangereux.

Les professionnels recommandent donc de renforcer la prévention et l'autosauvetage et entament une réflexion avec les SIG consistant à se demander s'il faut signaler quand le débit du barrage change. Ils se heurtent néanmoins à des difficultés techniques: quel type d'alarme déclencher ? Par ailleurs, si les alarmes sont mal comprises, cela pourrait procurer un faux sentiment de sécurité quand le débit n'est pas haut, alors que le Rhône reste malgré tout dangereux. On a ainsi pu constater que ce sujet est suivi par des gens compétents et que les mesures actuelles sont suffisantes.

J'ajouterai un dernier mot. Vous avez constaté que la fréquentation a augmenté. C'est depuis quelques années maintenant un lieu de plus en plus peuplé, de plus en plus utilisé par les Genevois, qui manquent d'espaces d'accès à l'eau. Or le nombre de décès demeure identique. Nous sommes donc plutôt enclins à soutenir que le fait de maintenir des installations, voire les renforcer - par exemple par des chaînes pour sortir facilement, pour permettre d'anticiper la sortie du Rhône - est un véritable gage de sécurité. Pour toutes ces raisons, la majorité de la commission vous invite à déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Merci.

M. Sandro Pistis (MCG), rapporteur de minorité. Comme l'a indiqué à juste titre la représentante des pétitionnaires, Mme Yasmine Menétrey, c'est la sécurité de nos habitants qui est en jeu, puisque nous dénombrons chaque année plusieurs morts dans les eaux du Rhône. Durant son audition, elle a rappelé que de nombreux jeunes sautent depuis le pont Sous-Terre et a fait remarquer que la plateforme installée en contrebas facilite l'accès à l'eau. Il est donc important d'étudier encore plus attentivement la question, même si les autorités municipales et cantonales n'ignorent pas le problème.

Le représentant du SIS a rappelé en commission l'ampleur du problème en Suisse. Depuis 2017, la baignade en eau libre est passée en troisième position dans les activités mortelles en Suisse, soit 350 décès depuis dix ans. Mme Yasmine Menétrey estime que le canton et la Ville de Genève ont une part de responsabilité, puisqu'un ponton et des marches d'escalier ont été installés pour permettre d'entrer dans l'eau. Selon de nombreux habitants du quartier avec qui elle s'est entretenue, ceux-ci se sentiraient mieux protégés avec des sauveteurs; elle suggère d'organiser un système de sauveteurs bénévoles, afin d'assurer une présence plus importante. Mme Yasmine Menétrey a relevé que la Ville de Berne explique les possibilités de descente de l'Aar sur un site web. Or elle constate qu'à Genève, aucune explication n'est donnée sur la sortie du fleuve. Elle pense que le canton pourrait suivre l'exemple bernois. Il serait en particulier judicieux de donner des informations sur le débit du fleuve et sur sa température. Elle propose également de rappeler les règles élémentaires de la baignade sur les panneaux.

Pour toutes ces raisons, Mesdames et Messieurs les députés, la minorité de la commission vous invite à soutenir cette pétition et à la renvoyer au Conseil d'Etat. Merci.

Mme Christina Meissner (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, quand il n'y avait pas d'aménagements, de pontons et d'échelles pour sortir de l'eau, seules les personnes qui connaissaient bien les courants se baignaient. Depuis, des milliers de personnes se sentent aptes à nager en eau vive, gonflent leurs licornes en aval du quai du Seujet, et forcément, les risques augmentent.

Cette pétition demande deux choses: d'abord, une synergie entre le canton et la Ville pour créer une unité de sauvetage fluvial opérationnelle. Eh bien, cela est réalisé depuis huit ans, grâce à la collaboration et au développement du sauvetage entre Ville et canton, car le sauvetage est impossible à assurer par une seule entité.

Quant à la deuxième demande, celle de garantir la sécurité des baigneurs dans cette zone trois mois par année, elle est réalisée elle aussi, d'abord par la prévention. L'office cantonal de l'eau a créé des vidéos pour les réseaux sociaux et engage des jeunes, à travers le projet «Lâche pas ta bouée !», qui assurent une présence constante et distribuent des flyers multilingues. Ils arpentent les rives et interpellent les personnes qui ont trop bu pour les empêcher de se jeter dans l'eau. Cette mesure semble très efficace quant à la prévention.

Le groupe d'intervention PolNav du SIS est présent tous les après-midis de 14h à 18h par beau temps et est prêt 24 heures sur 24 à intervenir en nombre au besoin. Ce doit être et ce sont des professionnels qui interviennent, et la tâche est ardue. Il faut un nombre important d'intervenants, sur terre, plongeurs, etc. On ne s'improvise pas sauveteur, il y a une formation spécifique en eau vive. Quant à augmenter le nombre d'intervenants présents sur le Rhône, ce n'est pas si simple: il y a plusieurs endroits, le Rhône est vaste, on n'est pas forcément au bon endroit en cas d'accident.

Un canal spécial coordonne les interventions. Il faut continuer cette collaboration et insister toujours sur le caractère sauvage et naturel du fleuve et sur la responsabilité individuelle. Cette prévention semble payer, puisqu'il n'y a pas eu davantage de morts par noyade depuis 2013, alors que l'été, ce sont plus de trois mille personnes par jour qui se retrouvent au bord du Rhône. Soulignons que ceux qui décèdent ne sont pas ceux qui sautent du pont Sous-Terre, mais ceux qui font un malaise dans l'eau.

Synergie, prévention, intervention existent et fonctionnent, raison pour laquelle le PDC votera le dépôt de cette pétition. Je vous remercie.

M. Pierre Nicollier (PLR). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, la baignade dans le Rhône n'est pas organisée, contrairement aux piscines publiques, par exemple. De son côté, la population genevoise n'a pas l'expérience de la baignade en eau vive, contrairement à celles de Bâle ou de Berne. Les baigneurs doivent appréhender les dangers que présente ce fleuve. Ils doivent être informés et décider s'ils peuvent se baigner ou pas. Il n'est pas possible d'assurer à 100% leur sécurité, comme mes préopinants l'ont mentionné. Le seul moyen serait d'interdire totalement la baignade, ce qui serait un non-sens et irréalisable.

Ces éléments de réflexion doivent nous mener plutôt vers des outils de communication, comme l'a mentionné l'excellent rapporteur de majorité. Nous pourrions par exemple avoir des indicateurs de variation de débit, similaires à ce que nous pouvons trouver en montagne s'agissant des avalanches. La proposition de créer une unité de sauvetage fluvial et de sécuriser les abords ne semble pas réaliste.

Le travail en commission a permis d'illustrer à quel point la collaboration entre le SIS et la police de la navigation était bonne, ce qui a également été mentionné par mes préopinants. Avec la caserne du Vieux-Billard à quelques brasses du Rhône, les moyens sont en place pour permettre des sauvetages rapides. Les plongeurs peuvent intervenir et les services agissent avec professionnalisme et célérité depuis longtemps. Nous estimons donc que les mesures demandées manquent leur cible. Le groupe PLR vous propose de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Merci.

M. Stéphane Florey (UDC). Mesdames et Messieurs les députés, le vrai problème dans cette affaire existe justement depuis qu'on a mis en place des installations incitant les gens à se baigner dans le Rhône. Avant cela, il n'y avait pas de problèmes, pas de nuisances. Certes, il y avait des morts, mais cela s'est accentué depuis qu'on a créé ce faux sentiment de sécurité. Parce que quand vous mettez en place des installations, forcément, les gens se disent: «Ah, ben tiens, on peut aller se baigner !» Et ils se croient en sécurité, alors que c'est totalement faux. C'est là que réside tout le problème. Ici, visiblement, personne ne veut réellement investir pour la sécurité de ceux qui se croient à tort en sécurité, et c'est exactement ce que pointe du doigt cette pétition: un manque de moyens flagrant. Les pompiers l'ont dit, ils font ce qu'ils peuvent; dire qu'ils sont là constamment, c'est totalement faux. Là également, vous donnez un mauvais signal à la population. En plus, le commandant Schumacher l'explique très bien, il le dit: ils ne peuvent pas assurer une présence constante ! En définitive, cela reste uniquement une question de moyens. Par conséquent, en ce qui nous concerne, nous préconisons de renvoyer cette pétition au Conseil d'Etat pour qu'il étudie les possibilités réelles qui existent pour sécuriser les lieux.

Je dirai encore que pour ce qui est de prévoir des alertes quand le niveau des eaux augmente, c'est juste une blague ! Vous ne pouvez pas informer la population dans ce sens-là, parce que le niveau entre le barrage du Seujet et Verbois change tout le temps, à tout moment, à toute heure de la journée, que ce soit le matin, l'après-midi ou même la nuit. Ça dépend des besoins, mais il y a de nombreux facteurs qui entrent en ligne de compte: vous avez un orage en Haute-Savoie et tout à coup, le débit de l'Arve augmente, ce qui va forcément influer sur le Rhône. Dans ce sens-là, vous pouvez installer tout ce que vous voulez, mais tant qu'il n'y aura pas une présence humaine pour sécuriser les lieux, malheureusement, il continuera à y avoir des morts et il continuera à y avoir des problèmes dans ce secteur. Je vous remercie.

Mme Katia Leonelli (Ve). Mesdames les députées, Messieurs les députés, je ne peux qu'abonder dans le sens de mes préopinants socialiste, PDC et PLR, et féliciter le rapporteur de majorité pour la qualité de son rapport.

Cette pétition réclame, par le biais de deux demandes que je ne répéterai pas, une sécurisation des eaux du Rhône entre le barrage du Seujet et le pont de la Jonction. Les travaux de commission ont pu démontrer que tous les services de la Ville et du canton travaillaient en synergie, ce qui répond à la première demande de cette pétition. Leur collaboration est étroite, et ce depuis désormais plusieurs années. La Ville et le canton ne se renvoient pas la balle, le SIS collabore étroitement avec la police de la navigation.

Les travaux de commission ont été très enrichissants, puisque nous avons pu beaucoup apprendre de la part d'experts de la sécurité en eau vive. Nous avons rapidement compris qu'une présence de sauveteurs dans le périmètre indiqué par la pétition ne serait ni envisageable ni même forcément efficace. En effet, la pétition désigne une surface de 80 000 mètres carrés d'espace fluvial. Même si des sauveteurs étaient présents, il serait trop dangereux de circuler avec un bateau au milieu des nageurs et il serait trop compliqué, voire impossible, encore une fois, d'avoir suffisamment de présence pour couvrir tout le périmètre, au vu de la taille de la surface en question.

J'aimerais revenir aussi sur la question des installations. Effectivement, les pontons et les échelles qui ont été installés ont accueilli un public de plus en plus large, mais nous devons aussi nous réjouir de cette affluence: ces installations offrent des activités en ville à nos concitoyens et sont particulièrement agréables en été, surtout alors que nous faisons l'expérience d'étés de plus en plus chauds.

Nous avons été convaincus par les efforts déployés depuis plusieurs années par la Ville et le canton pour sauver des vies, et ce de la manière la plus efficace possible, c'est-à-dire en grande partie à travers la prévention. Pour ces raisons, nous voterons en faveur du dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil et vous invitons à en faire de même. Je vous remercie.

Mme Françoise Nyffeler (EAG), députée suppléante. Je ne vais pas répéter encore une fois à quel point effectivement nous avons appris des tas de choses, à quel point nous avons aussi pu constater que des mesures de sécurité très importantes existaient. La question qui subsiste, c'est que, dans ces conditions d'eau vive, la sécurité totale n'existe pas. Il n'existe pas de sécurité totale quand on prend sa voiture et qu'on va sur l'autoroute; il n'existe pas de sécurité totale quand on va se baigner en eau vive. C'est une réalité.

Maintenant, il faut éviter au maximum les accidents. La façon de les éviter au maximum, c'est en effet notamment à travers l'information. Les spécialistes que nous avons entendus nous ont expliqué qu'après avoir étudié ce qu'il se passait à Berne et à Bâle - car ils se sont évidemment rendus sur place pour comprendre le contexte -, ils ont réalisé qu'une des grandes différences, c'est que la population pratique cette baignade en eau vive depuis beaucoup, beaucoup plus longtemps que la population genevoise. Cela fait des générations que les gens se baignent dans l'Aar et dans le Rhin; ils sont donc habitués à la différence entre la baignade en eau vive et celle en piscine, par exemple. A Genève, c'est nouveau. On a donc un travail d'éducation à effectuer.

Il a été suggéré, j'aimerais relever ce point, qu'il y aurait éventuellement la possibilité de se rendre dans les écoles, de la même façon que la police routière le fait déjà, afin d'informer sur les dangers - sur les côtés agréables aussi -, sur les mesures de sécurité à observer pour la baignade en eau vive, car ce n'est pas la même chose de nager en eau vive que de nager dans une piscine. Ce serait important; les personnes présentes, notamment la brigade du fleuve, étaient très intéressées par cette possibilité, et j'espère que cela a été transmis au DIP.

Ensemble à Gauche va donc évidemment accepter de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.

M. Daniel Sormanni (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, moi je suis complètement abasourdi par ce que je viens d'entendre de la députée Nyffeler - vous lui transmettrez, Monsieur le président ! «Je ne veux pas voir ce qu'il se passe, je me cache et je mets la tête dans le sable !» A partir du moment où on autorise les citoyens et les citoyennes à se baigner dans des endroits extrêmement dangereux - il y a des courants, des différences de températures, des courants qui sont différents entre la surface et la profondeur -, soit on organise une surveillance, soit on fait en sorte de pouvoir intervenir. Cela fait des années qu'on discute de cela, on en a aussi discuté au Conseil municipal, tout le monde s'en lave les mains: «C'est pas moi, c'est ma soeur qu'a cassé la machine à vapeur !» (Commentaires.) C'est comme ça que ça se passe ! Et je ne suis absolument pas d'accord avec ce qui se dit et ce qui se fait, parce que personne ne veut véritablement faire en sorte qu'on puisse avoir un minimum de régulation et un minimum de sécurité. Ce ne sont pas forcément toujours les citoyens qui sont là depuis des lustres, Genevois, habitant à Genève depuis longtemps, qui viennent se baigner là ! Il y a toute une série de gens qui ne connaissent pas ces dangers, et on ne fait pas attention à cela ! Je pense donc qu'il est complètement erroné de s'en laver les mains et de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil ! C'est un véritable scandale ! On doit faire en sorte qu'à partir du moment où on autorise cette baignade à ces endroits, la sécurité soit assurée. Alors bien évidemment, elle ne peut jamais l'être à 100% ! Mais là, ce n'est pas qu'elle l'est à 100%: elle l'est à rien du tout ! (Commentaires.) Parce que, quand on appelle les pompiers, en général, le noyé est déjà noyé... (Commentaires.) ...si je peux me permettre cette expression ! C'est complètement erroné, c'est se moquer du monde, c'est se moquer des situations - ça va bien à la gauche, ça leur va tout à fait bien ! Nous contestons cette façon de faire; pour notre part, nous voulons renvoyer cette pétition au Conseil administratif, et je vous invite à faire de même !

Des voix. Au Conseil d'Etat !

Le président. Au Conseil administratif, Monsieur le député ?

M. Daniel Sormanni. Ah, au Conseil d'Etat, pardon !

Le président. Au Conseil d'Etat, très bien. (Commentaires.) Monsieur le député Christian Flury, vous avez la parole pour quarante secondes.

M. Christian Flury (MCG). Merci, Monsieur le président. Ce sera largement suffisant. J'ai été sauveteur bénévole et aussi professionnel sur le Rhône, sur ces tronçons-là. Effectivement, la présence de sauveteurs à demeure est une fausse sécurité. La prévention passe par l'éducation des gens à la natation, dans un contexte où les eaux sont mouvantes. J'avais déposé il y a quelques années dans ce même Grand Conseil une motion, qui avait été acceptée d'ailleurs, qui préconisait la mise en place d'un panneau informant sur la température de l'eau et la vitesse du courant. La meilleure solution, c'est quand même de porter un gilet de sauvetage quand on se baigne dans ce fleuve. Je vous remercie.

Le président. Merci, Monsieur le député. Mesdames et Messieurs, la parole n'étant plus demandée, je vous invite à vous prononcer sur les conclusions de la majorité de la commission, à savoir le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.

Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des pétitions (dépôt de la pétition 2107 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 60 oui contre 18 non.