République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 5 mars 2021 à 16h15
2e législature - 3e année - 9e session - 57e séance
M 2735 et objet(s) lié(s)
Débat
Le président. Nous passons à l'urgence suivante, soit la M 2735 et la R 952, que nous traiterons ensemble en catégorie II, trente minutes. Je donne d'abord la parole aux auteures en commençant par Mme Katia Leonelli.
Mme Katia Leonelli (Ve). Merci, Monsieur le président. Mesdames les députées, Messieurs les députés, la crise que nous traversons depuis bientôt une année a eu de sérieuses conséquences pour le milieu culturel et ses «acteurices». La pérennité de ces lieux est mise à mal; selon un sondage récent réalisé par la task force Culture romande auprès de 270 institutions culturelles et 513 professionnels des arts vivants, 43% des sondés envisagent d'abandonner leur métier pour des raisons financières.
Lorsque nous avons déposé cette proposition de motion, la situation était différente et ce texte se voulait un message politique fort, qui mettrait la pression sur le gouvernement genevois pour qu'il plaide la cause du milieu à Berne. Aujourd'hui, les musées sont autorisés à rouvrir mais leur caractère essentiel - comme celui des librairies et des disquaires - n'est toujours pas reconnu. Si notre première invite, telle que formulée actuellement, n'est donc pas complètement caduque, nous nous permettons quand même de vous soumettre un amendement de forme pour la mettre à jour et la rendre plus cohérente en ne demandant plus l'ouverture immédiate, mais uniquement la reconnaissance du caractère essentiel des musées, centres d'art, espaces d'exposition, librairies et disquaires.
La motion que nous vous proposons ne demande en rien des faveurs particulières pour le milieu culturel, mais tout simplement de la cohérence. Le Conseil fédéral a créé des scissions entre différents secteurs économiques en ouvrant de manière différenciée les commerces non essentiels et les lieux culturels; il s'agit de rétablir un traitement équitable. Si les commerces non essentiels sont autorisés à ouvrir, les institutions culturelles doivent également l'être. Une nouvelle étude de l'institut Hermann-Rietschel de Berlin démontre que les théâtres - avec 30% d'occupation et le port du masque - présentent des risques très faibles de contamination, à savoir deux fois moindres que dans un supermarché.
En ce qui concerne notre seconde invite, elle mérite aussi une petite reformulation. Dès lors que les commerces non essentiels ont été autorisés à ouvrir le 1er mars, nous estimons que dans une logique d'égalité de traitement, il serait souhaitable d'obtenir des autorités fédérales l'autorisation d'ouverture immédiate des théâtres et des cinémas notamment.
En parallèle, il est nécessaire d'engager une vraie consultation des milieux culturels au sens large. Nous avons pris connaissance du groupe de travail «Objectif mars» mis sur pied par le conseiller d'Etat chargé de la culture. Nous saluons ce projet mais souhaiterions que le processus de consultation et de concertation soit plus large, plus démocratique. Il est absolument primordial qu'un groupe de ce type puisse représenter la scène culturelle locale dans toute sa diversité. Ce groupe peut être consulté et partager son expérience de terrain, dans une optique de réouverture, quant aux prochaines dispositions sanitaires en vigueur dans les milieux culturels. (Le président agite la cloche pour indiquer qu'il reste trente secondes de temps de parole.)
Enfin, après plusieurs mois de dispositif d'aide covid pour la culture, il semblerait qu'une simplification et une accélération des démarches administratives soient nécessaires. Obtenir une indemnité financière peut devenir un véritable casse-tête. Au vu de la situation de crise, il est tout simplement inacceptable que des démarches administratives compliquées et des délais prolongés s'ajoutent aux difficultés que les «acteurices» rencontrent actuellement.
Pour finir, une meilleure concertation communes-canton s'impose. Entre évolution rapide de la situation et changements parfois radicaux des dispositifs sanitaires...
Le président. Vous passez sur le temps de votre groupe.
Mme Katia Leonelli. ...les «acteurices» culturelles ont besoin de pouvoir trouver facilement des réponses à leurs multiples questions pratiques. Nous proposons de répondre à ce besoin criant en désignant une personne qui puisse faire le lien, de manière transversale, entre les communes - en particulier la Ville de Genève - et le canton pour gérer au mieux cette situation de crise.
Mesdames et Messieurs les députés, sans culture, il n'y a pas de futur. Pour que le canton de Genève envoie un message clair à Berne et pour soutenir les institutions et les «travailleureuses» culturelles, je vous encourage à voter en faveur de cette motion. Je vous remercie. (Applaudissements.)
Le président. Merci. Madame la députée Nicole Valiquer Grecuccio, à vous de présenter votre proposition de résolution.
Mme Nicole Valiquer Grecuccio (S). Merci, Monsieur le président. Mesdames les députées, Messieurs les députés, je tiens tout d'abord à remercier le Bureau qui a assumé l'ajout et le traitement en urgence de cette proposition de résolution, ce qui montre que la culture rassemble au-delà de nos partis respectifs. Nous avons accepté en janvier dernier une motion PLR qui visait aussi la réouverture progressive des lieux culturels. Aujourd'hui, nous avons une proposition de motion des Verts qui va dans le même sens - on vous l'a présentée - et qui très certainement obtiendra le soutien de ce parlement, ainsi que la proposition de résolution que je présente. Cela montre qu'il est urgent de se fédérer pour répondre à une autre urgence, celle des acteurs et des actrices culturels, qui réclament de pouvoir travailler, en proposant l'ouverture des lieux culturels avec des mesures sanitaires adaptées à leur public respectif et à leur jauge.
Cette réouverture sera progressive quant à son ampleur. Il est toutefois possible de commencer le processus en mars, comme le montre le Netzwerk Kulturpolitik de Bâle: il a élaboré un concept qui permet un nombre de spectateurs adapté au lieu, tout en respectant les mesures les plus strictes possible en matière de sécurité. Cette résolution permet au Conseil d'Etat de s'adresser de manière engagée au Conseil fédéral, comme l'a fait par exemple la commission nationale de la sécurité sociale et de la santé publique, qui demande notamment la réouverture des lieux culturels le 22 mars prochain. Cette proposition vise donc à demander la même chose, avec force: que notre canton s'engage pour la réouverture des lieux culturels. Avec une réouverture en mars, la culture redevient essentielle, ce qu'elle n'a bien évidemment jamais cessé d'être pour moi, pour nous, pour le public, pour toutes celles et tous ceux qui ont affiché avec conviction «No culture, no future».
Habitée par la conviction que le public a besoin de renouer avec les arts vivants, une conviction profonde que j'espère partagée, je vous invite à accepter cette résolution, tout comme je vous invite évidemment, au nom du groupe socialiste, à accepter la motion des Verts. C'est unis que nous ferons en sorte que la culture puisse continuer à vivre, car c'est elle qui fonde notre vivre-ensemble et notre volonté de partage, ce qui est d'autant plus important avec cette crise sanitaire. Pour toutes ces raisons, je vous invite à vraiment vous engager maintenant, dans une belle unanimité, en faveur de la culture. Je vous remercie. (Applaudissements.)
Le président. Merci, Madame la députée. La parole va à Mme la députée Alessandra Oriolo pour deux minutes vingt.
Mme Alessandra Oriolo (Ve). Merci, Monsieur le président. Mesdames les députées, Messieurs les députés, le 13 mars prochain sera un autre bien triste anniversaire: celui d'une année presque entière sans culture. Un silence assourdissant a remplacé le public dans des salles désormais vides, des théâtres déserts. Un silence qui coûte très cher à nos artistes et à nos institutions culturelles, tout comme à notre vie sociale. Les comédiennes sont à bout, répétant et annulant spectacle après spectacle, les musiciennes voient leurs concerts annulés et leur retour sur scène sans cesse retardé. Rarement les artistes et toutes les personnes travaillant pour les arts ont autant eu le sentiment de ne servir à rien, alors que rarement nous avons autant regardé de films et de séries, écouté autant de musique, lu autant de livres, etc. La situation culturelle est aujourd'hui dramatique ! C'est tout un écosystème qui est menacé par cette fermeture si longue, touchant de nombreux corps de métiers. C'est tout un pan de notre société qui s'effondre.
Oui, il faut indemniser le secteur culturel, mais ces aides ne sont pas encore arrivées à ce jour. On a autorisé les commerces à ouvrir, mais pas les lieux culturels, alors qu'aucune contamination n'a été relevée dans ces espaces. Des études l'ont prouvé: les lieux culturels sont moins dangereux quant à la transmission du virus. Les chiffres ont parlé; il a manqué une véritable volonté politique de soutenir la culture dans cette crise.
La culture revêt pourtant une fonction essentielle. La culture est l'identité de nos vies, c'est elle qui nous permet de penser nos sociétés, de questionner, d'imaginer, de rêver collectivement et de nous unir. Que serait une société sans artistes ? Les artistes se sont mobilisés et fédérés avec le mouvement «No culture, no future». Ils tirent la sonnette d'alarme; à nous de les entendre et de relayer ce cri avant qu'il ne soit trop tard. Le canton de Genève doit envoyer un signal fort à Berne. C'est pourquoi je vous remercie de faire bon accueil à cette motion des Verts et à cette résolution du parti socialiste, qui sont complémentaires et nécessaires au vu de la crise que nous traversons. Je vous remercie. (Applaudissements.)
M. Christian Zaugg (EAG). Mesdames et Messieurs les députés, nous sommes tous d'accord: la culture est indispensable. Elle est le sel de la terre, et toutes les personnes actives dans ce domaine souffrent - souffrent de ne pas avoir de public, de ne pas pouvoir partager leur art in vivo ni faire connaître leurs oeuvres, leurs prestations ou leur travail. Il est vrai, la motion le dit, que les milieux culturels peinent à trouver des alternatives pour fonctionner en temps de pandémie, et ils ont le sentiment d'être abandonnés et totalement oubliés - à juste titre, malgré la réouverture des musées et des bibliothèques - au regard des autres secteurs jugés non essentiels.
Quant à la situation économique de ces milieux, tant du côté du théâtre que de la musique, du cinéma ou des arts plastiques, elle est catastrophique. Encore heureux si quelques artistes bénéficient d'une RHT ! Mais nous savons bien qu'il s'agit là d'une petite minorité et que le monde de la culture entre dans la plus grande des précarités. Alors oui, nous soutenons pleinement cette motion, mais attention quand même: il faudra rouvrir avec prudence et bien sûr avec toutes les mesures de protection, de distanciation nécessaires - cela va sans dire.
Cette motion, adressée via le Conseil d'Etat aux autorités fédérales, ne doit pas être une réplique de ce qui vient de se produire au Conseil national pour des activités commerciales.
Alors un grand oui à la culture, car elle nous est aussi indispensable que l'eau ou le soleil, mais nous comptons - et nous sommes sûrs de pouvoir le faire - sur les milieux culturels pour trouver les solutions qui nous permettront de sortir de ce tunnel bien sombre. Notre groupe acceptera les amendements des Verts et soutiendra la résolution de Mme Valiquer. Vive la culture et vivent les artistes ! (Applaudissements.)
Une voix. Bravo !
M. Stéphane Florey (UDC). Tout d'abord, même remarque que lors du débat précédent sur Lesbos: vous avez des représentants à Berne ! Que vos groupes respectifs répercutent vos idées ! Là, vous demandez que nous intervenions directement auprès des autorités fédérales alors que notre rôle n'est pas de nous immiscer dans ce qui se passe à Berne. La deuxième chose, c'est qu'on s'aperçoit, à la lecture des invites, que la motion est finalement déjà très obsolète puisque les musées... enfin, un certain nombre d'établissements répertoriés dans vos invites ont déjà rouvert depuis le 1er mars.
On voit bien que la motion est par conséquent inutile, et j'espère en outre que les milieux culturels n'attendent pas une motion du Grand Conseil pour être consultés ! Ce serait dramatique que ce soit au Grand Conseil d'intervenir aujourd'hui pour demander qu'un dialogue s'instaure. On croit rêver !
Pour conclure, la motion ne servant finalement plus à rien, en tout cas pour une bonne partie de mon groupe, nous la refuserons pour éviter d'engorger l'administration en lui demandant de vous répondre sur ce qui existe déjà et est déjà fait - ça, nous le savons. Nous voterons par contre avec une certaine sympathie la résolution de Mme Valiquer qui garde, elle, toute sa pertinence et a encore tout son sens. Nous vous invitons donc à refuser cette proposition de motion qui ne sert plus à rien et à soutenir la résolution. Je vous remercie.
M. Jacques Blondin (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, la crise covid a fait des dégâts considérables, non seulement au niveau de la santé mais aussi de notre vie sociale. Et force est de constater que la culture a jusqu'à présent largement été oubliée quand il s'est agi de mettre en place des mesures. La culture, c'est bien sûr un domaine vaste et varié - ce qui a évidemment compliqué l'analyse, mais nous sommes en manque de culture et il faut absolument réagir. Je ne suis pas l'approche de mon préopinant: il y a une symbolique, un geste politique. Il faut absolument que les choses bougent et que nous puissions retourner là où nous avons envie d'aller, quels que soient les goûts des uns et des autres.
La motion et la résolution le disent: c'est nécessaire pour les acteurs et les actrices, mais pas que ! Tous les métiers liés à la culture sont concernés, des auteurs aux réalisateurs, mais aussi les intermittents du spectacle et tous les métiers qui en dépendent. Tous ces gens sont dans des situations difficiles, et tant la résolution que la motion vont dans le bon sens, raison pour laquelle le parti démocrate-chrétien les soutiendra. Nous avons autant à coeur de retourner dans les lieux de culture que nous aimons que dans les restaurants dont nous avons parlé hier ! Merci. (Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole va maintenant à M. Jean Batou pour cinquante-huit secondes.
M. Jean Batou (EAG). Merci, Monsieur le président. Je me concentrerai donc sur un point: la culture, ce ne sont pas seulement les professionnels de la culture - ils sont bien sûr essentiels -, ce sont aussi tous les amateurs qui pratiquent des arts ou des formes de création collective et qui pendant cette période ont été privés des moyens nécessaires pour cela. J'ai bien aimé l'idée que la culture est un environnement, aussi indispensable que l'environnement naturel: c'est un environnement humain, social, culturel. Nous commettrions une grave erreur en sous-estimant cela. Nous devons par conséquent voter ces deux objets pour envoyer un message à l'ensemble de la population, à l'ensemble des créateurs. Merci.
Le président. Merci beaucoup. Monsieur le député André Pfeffer, c'est à vous pour cinquante-cinq secondes.
M. André Pfeffer (UDC). Merci, Monsieur le président, j'ai juste un point, un seul point, à ajouter. Toutes les mesures sont effectivement de la compétence de la Confédération, mais celle-ci a l'obligation de consulter les cantons depuis le mois de juin de l'année dernière. Il y a un problème à ce sujet: le canton de Genève - c'est-à-dire le Conseil d'Etat genevois - tient les consultations secrètes ! Dans ce cas, je pense quant à moi que la première chose à faire serait vraiment de solliciter que les négociations relatives aux mesures mises en consultation par la Confédération auprès du Conseil d'Etat dans le cadre du covid soient publiques et transparentes. Merci de votre attention.
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole va à M. Emmanuel Deonna pour deux minutes trente-six.
M. Emmanuel Deonna (S). Merci, Monsieur le président. Mmes Valiquer et Oriolo, MM. Zaugg, Blondin et Batou l'ont rappelé: nos décideurs à Berne semblent considérer la culture comme un divertissement superflu, comme un luxe réservé aux temps de prospérité économique. Jugée non essentielle, la culture a été cruellement mise au second plan depuis le début de la pandémie. Or c'est l'ensemble de l'écosystème culturel - les théâtres, les musées, les galeries, les cinémas, les salles de concert - qui paie aujourd'hui un tribut extrêmement lourd à cette pandémie !
L'impossibilité de reprogrammer des événements ou de réunir des équipes dispersées, affaiblies par la pandémie, bloque complètement aujourd'hui le flux des productions et des coproductions, et va l'interrompre durablement. Cet engorgement complique énormément le travail des acteurs culturels, l'établissement des calendriers et la planification des budgets. Sans le déploiement de nouvelles mesures de soutien, les intermittents, les mandataires ou les indépendants en particulier ne pourront pas survivre à cette crise. C'est pourquoi la réouverture des lieux culturels est un signal majeur; il permettra de renforcer les mesures de soutien urgentes dont le secteur culturel a besoin.
M. Cyril Aellen (PLR). Lors de la dernière session du Grand Conseil, le PLR et le PDC ont déposé une motion qui invitait à un début de réouverture dans le domaine culturel. Nous avions conscience - et nous remercions tous ceux qui l'ont votée, une large majorité - d'initier un mouvement. De façon plus large, des démarches judiciaires ont aussi suscité d'autres mouvements qui ont notamment abouti à la réouverture des lieux de culte. Et puis ces deux mouvements ont par exemple récemment permis au festival Antigel de présenter de vrais concerts, avec un vrai public - certes très limité et avec des conditions - dans certains lieux genevois. Si la résolution du parti socialiste et la motion des Verts - la première étant ouverte aux signatures, nous l'avons signée - que l'on nous présente aujourd'hui sont déjà en partie caduques, comme la motion précédente, elles constituent néanmoins des symboles importants s'agissant de la volonté d'accorder toute sa place à la culture.
Cela nous permet aussi de nous interroger sur ce qu'est un lieu de contamination, soit un lieu où la circulation des gens génère une circulation du virus. C'est important et c'est pour cela qu'il faut passer - ce que nous défendons également - d'une logique de moyens à une logique d'objectifs, un principe éminemment libéral-radical. Mais cela implique, et c'est l'une des invites de la motion des Verts, d'avoir un échange entre le public et le privé, et aussi d'avoir confiance en ceux qui font et ceux qui savent ! Et la délégation de cette maîtrise aux milieux culturels doit montrer qu'il faut également appliquer cela dans d'autres milieux. Je me réjouis que la gauche nous dise et nous explique que cette collaboration entre le public et le privé est une bonne chose pour la culture, mais c'est une bonne chose tout court !
Tous les domaines sont liés, il faut aussi en tenir compte: il n'y a pas l'essentiel et le non-essentiel - cette crise révèle l'importance du lien social. Lors de la dernière session, je disais que sauver la culture, ce n'est pas seulement sauver les acteurs: c'est également sauver les spectateurs. Voilà ce que signifie sauver le lien social. Je me réjouis que la culture serve de tremplin à d'autres milieux économiques pour une ouverture progressive, responsable et concertée - je pense à d'autres milieux qui s'ouvrent et qui constituent aussi du lien social dans notre canton.
Nous applaudissons donc, au PLR, ces deux objets - nous les approuverons et les amendements également: ils vont dans le bon sens et disent comment les choses doivent se passer. Car ce qui vaut pour la culture ne vaut pas seulement pour la culture. (Applaudissements.)
M. François Baertschi (MCG). Le MCG soutiendra la motion et la résolution. Nous estimons qu'il s'agit d'un secteur sinistré et qu'il convient de le soutenir déjà moralement. C'est vrai que l'effectivité de ces deux textes est malgré tout relative: cela dépend des directives du Conseil fédéral, voire d'autres directives sanitaires dont nous dépendons tous. Il y a là le principe de réalité; s'il peut également être un obstacle à leur mise en oeuvre, il n'est contradictoire ni avec la motion ni avec la résolution, étant donné que les deux textes expriment une volonté. La résolution exprime une volonté beaucoup plus théorique et la motion une volonté beaucoup plus pratique, beaucoup plus précise, mais les deux vont dans la même direction.
Pour le MCG, il est essentiel d'exprimer le désir, la volonté d'aller vers cette réouverture, d'aller vers le mieux, de soulager une partie importante de notre société, qui a été frappée de manière assez insupportable - elle n'est pas la seule, de nombreux secteurs de notre société ont été touchés, de nombreuses personnes se sont retrouvées en difficulté -, et ce soutien, à notre modeste niveau, nous essayons de l'apporter par ce vote. C'est pour cela que nous allons voter autant la motion que la résolution. Merci, Monsieur le président.
Le président. Merci, Monsieur le député. Combien de temps reste-t-il pour le MCG ? (Remarque.) Monsieur Patrick Dimier, à vous pour une minute dix-huit.
M. Patrick Dimier (MCG). Merci, c'est bien plus que ce dont j'ai besoin ! Je dirai que vu ce qu'on sert, il n'y a pas de place pour une fausse note et qu'il faut bien entendu soutenir ces textes. La culture a suffisamment souffert pour qu'on ne la mette pas en berne.
M. Thierry Apothéloz, conseiller d'Etat. Mesdames les députées, Messieurs les députés, merci tout d'abord de l'accueil favorable de vos groupes - en majorité du moins, pour l'instant - à cette motion et à cette résolution. Le Conseil d'Etat acceptera bien volontiers de traiter ces deux textes tant il est absolument nécessaire aujourd'hui de donner un signe aux actrices et aux acteurs concernés, à celles et ceux qui, passionnés par la culture, par l'enrichissement de la rencontre, doivent effectivement pouvoir en bénéficier.
Le monde politique a également besoin de votre appel, raison pour laquelle il est aujourd'hui nécessaire de donner un signe. Ce signe, je l'espère le plus unanime possible en prévision du 17 mars prochain, lorsque le Conseil fédéral se penchera sur les décisions qu'il entend prendre le 22 mars; il est nécessaire de donner d'ores et déjà un signe.
Le département et le Conseil d'Etat ont fait en sorte de démarrer la mise en oeuvre des différentes volontés exprimées dans la motion et dans la résolution. Tout d'abord, parce que j'ai réuni l'ensemble des collègues conseillères et conseillers d'Etat chargés de la culture pour permettre une discussion à deux niveaux. Premier niveau: comment faire en sorte, dans la situation sanitaire actuelle, de trouver quand même le moyen de maintenir les activités culturelles ? Deuxième niveau: comment est-ce que nous pourrons monter en puissance lorsque la situation sanitaire se détendra, tant il est vrai, on l'a dit, que nous ne pourrons pas ouvrir rapidement l'ensemble des espaces et des institutions culturels ? Raison pour laquelle il m'apparaît nécessaire - et c'est ce que nous avons fait - de travailler sur quatre temps d'ouverture. Ainsi, nous pourrons concilier la situation sanitaire et notre besoin légitime de culture.
Nous avons écrit un courrier au conseiller fédéral Alain Berset pour plaider non seulement la volonté unanime des cantons romands, mais également le temps nécessaire à l'organisation des travaux. Il faut en effet éviter ce qu'on appelle en mauvais français des «stop-and-go», c'est-à-dire des ouvertures, des fermetures, des ouvertures et à nouveau des fermetures. Cela déstabilise bien sûr énormément le milieu culturel et nous avons besoin, dans ce milieu-là, de stabilité et de soutien. Par ailleurs, cela a été dit, l'«Objectif mars» que j'ai proposé avec un certain nombre de faîtières contribuait aussi, à Genève, à préparer ces ouvertures.
Quelques remarques quant aux éléments que vous avez abordés lors de votre débat, sur la consultation tout d'abord. Nous avons un organe qui s'appelle le Conseil consultatif de la culture et celui-ci a régulièrement été consulté. Cela a notamment encore été le cas en janvier dernier, s'agissant des mesures qu'il entendait proposer au gouvernement pour augmenter les offres malgré la situation sanitaire. Et puis j'ai régulièrement l'occasion, avec les faîtières culturelles diverses et variées - vous savez qu'il n'y a pas, à Genève, une seule fédération mais qu'il existe plusieurs faîtières - de rencontrer les représentantes et les représentants des arts de la scène, des arts plastiques et bien d'autres encore. Ce dialogue est maintenu régulièrement - avec les communes genevoises, entre autres, également - pour faire évidemment en sorte d'établir cette cohérence que vous appelez de vos voeux.
S'agissant des démarches, elles ont en effet pris du temps: nous avons dû apprendre un nouveau métier, notamment les collaboratrices et les collaborateurs de l'office cantonal de la culture et du sport. C'est pour eux un nouveau métier, car au fond, ils et elles n'étaient pas préparés et préparées à assumer des tâches administratives et financières. Ils s'y sont mis avec beaucoup d'énergie, beaucoup de volonté pour répondre au souci légitime des actrices et des acteurs culturels, comme des institutions, d'obtenir une réponse. Nous avons appris de la situation de 2020 pour que nous puissions faire encore mieux et encore plus vite en 2021.
Quant au guichet unique, au souhait d'avoir un seul interlocuteur, cela a été immédiatement mis en place, en mars 2020. Nous avons en effet monté le guichet Covid-Culture avec l'office cantonal de la culture et du sport, la Ville de Genève, les communes genevoises et l'organe genevois de répartition de la Loterie romande, ce qui nous a permis de faire immédiatement en sorte que chaque personne trouve un écho à ses demandes. Ce guichet unique s'est régulièrement organisé, non seulement d'un point de vue politique mais surtout d'un point de vue technique.
Pour terminer, Mesdames les députées, Messieurs les députés, si nous voulons ce soir, comme cela a été dit jusqu'à présent, que le vote de cette résolution et de cette motion puisse véritablement être un symbole et donne qui plus est ce signal fort dont nous avons besoin aux autorités fédérales, j'en appelle à un vote unanime. Mesdames et Messieurs les députés de l'UDC, je vous demande de nous rejoindre - de vous joindre - dans un vote unanime, nécessaire pour montrer que la culture est encore et toujours un bien essentiel. (Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, nous passons d'abord au vote de la M 2735 pour laquelle nous sommes saisis de deux amendements. Je vous lis le premier d'entre eux, proposé par Mmes Leonelli et Oriolo, qui remplace la première invite par l'invite suivante:
«à obtenir des autorités fédérales la reconnaissance du caractère essentiel des musées, centres d'art, espaces d'art indépendants, des librairies et des disquaires;»
Mis aux voix, cet amendement est adopté par 80 oui contre 10 non et 2 abstentions.
Le président. Nous passons au deuxième amendement proposé également par Mmes Oriolo et Leonelli, qui remplace la deuxième invite par celle-ci:
«dès lors que les commerces non essentiels ont été autorisés à ouvrir, à obtenir des autorités fédérales l'autorisation d'ouvrir immédiatement les institutions culturelles telles que les théâtres et les cinémas;»
Mis aux voix, cet amendement est adopté par 82 oui contre 8 non et 3 abstentions.
Mise aux voix, la motion 2735 ainsi amendée est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 83 oui contre 6 non et 2 abstentions.
Mise aux voix, la résolution 952 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 94 oui (unanimité des votants).