République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 27 novembre 2020 à 14h
2e législature - 3e année - 7e session - 37e séance
RD 1351-A et objet(s) lié(s)
Débat
Le président. Nous enchaînons avec le RD 1351-A et la R 926-A. Le rapport est de M. Philippe Poget, à qui je passe la parole.
M. Philippe Poget (Ve), rapporteur. Merci, Monsieur le président. Mesdames les députées, Messieurs les députés, nous avons abondamment parlé - à juste titre - de crise sanitaire et économique durant cette session, mais ce point de l'ordre du jour nous permet aussi de rappeler que nous vivons une crise climatique et un déclin général de la biodiversité.
La commission de l'environnement et de l'agriculture a étudié le RD 1351 du Conseil d'Etat et la R 926 durant trois séances, en auditionnant tant les milieux agricoles que les représentants des communes et de la protection de la nature, ainsi que divers services de l'administration. Il en est ressorti un certain nombre de soutiens et de points positifs, même si quelques réticences et craintes ont également été exprimées, notamment par le milieu agricole, concernant la mise en oeuvre du plan d'action et le possible impact qui en découlerait, surtout sur la zone agricole.
J'aimerais rappeler que la biodiversité est la base de la vie: c'est elle qui nous fournit les services écosystémiques dont nous bénéficions et qui sont vitaux pour toute la société, et ce non seulement dans l'espace rural, mais aussi en milieu urbain. Et si nous devons préserver la biodiversité en suivant la vision que nous donne la stratégie et en mettant en oeuvre le plan d'action - qui reste bien sûr perfectible et pourra être amélioré dans sa prochaine version - c'est également pour offrir plus de résilience à notre environnement, pour lui permettre d'encaisser le choc du changement climatique et pour accompagner la transition écologique. La vision de la stratégie tend aussi à nous montrer que la biodiversité est un bien commun qui exige l'engagement de tous, de tous les acteurs sur le territoire. Ainsi, nous devons prendre conscience que nous ne ferons pas l'économie de la biodiversité.
Pour conclure, je citerai M. Delannoy qui, dans son ouvrage intitulé «L'économie expliquée aux humains», nous dit ceci: «Préserver la biodiversité, c'est d'abord, au-delà d'une légitime préoccupation pour un présent plus vivable et plus solidaire, ouvrir le champ des futurs possibles, de futurs souhaitables que vous aimeriez léguer à vos descendants. La biodiversité, c'est nous, ensemble. Et c'est cela qu'il faut chérir et préserver.»
Pour toutes ces raisons, les Vertes et les Verts vous demandent de suivre les décisions prises par la commission sans opposition en prenant acte du rapport du Conseil d'Etat et en acceptant la proposition de résolution approuvant la stratégie et le plan d'action biodiversité. Je vous remercie. (Applaudissements.)
Mme Françoise Nyffeler (EAG), députée suppléante. Le groupe Ensemble à Gauche soutient tant la stratégie que le plan d'action. En effet, la crise climatique et écologique que nous vivons nous impose de prendre très au sérieux les mesures stratégiques et le plan proposés. Rappelons que 68% des vertébrés ont déjà disparu. A Genève, la moitié des milieux naturels et un tiers des espèces sont menacés. L'augmentation de la sécheresse a de graves conséquences sur la biodiversité, et nous constatons cette hausse chaque année. Il est important d'augmenter tant les réservoirs que les corridors permettant la circulation nécessaire à la vie. En outre, il faut absolument que l'on se saisisse de la question de la pollution lumineuse afin d'offrir la nuit aux espèces qui en ont besoin. Il faut que les communes se mobilisent elles aussi, et nous devons agir pour diminuer la pollution lumineuse tant en ville qu'à la campagne. Enfin, il faut absolument, comme pour tout projet qui implique l'avenir et les comportements de la population, développer la formation et l'éducation, mettre en place des structures et faire preuve de souplesse quant aux sorties, notamment, pour permettre aux élèves, aussi bien de la campagne que de la ville, d'avoir accès à cette compréhension, à cette sensibilité. Il est bien sûr également nécessaire de faire appel à des compétences extérieures, tant des milieux agricoles que des associations, pour former les élèves et les enseignants à ces problématiques.
Pour accomplir ce grand défi, il faudrait sûrement, au vu de son urgence, adopter davantage de mesures contraignantes et non se restreindre uniquement au volontariat, notamment dans les milieux agricoles. Pour accomplir ce grand défi, enfin, il faut évidemment des moyens. Comme le dit le texte, il manque encore 13 millions sur les 58 millions nécessaires pour le temps de la législature. Nous sommes donc étonnés que, cette année encore, le budget sous-estime complètement cette question et que le magistrat, qui fait pourtant partie des Verts, ne prenne pas les choses un peu plus au sérieux sur le plan financier. Il faut arrêter de dire simplement que l'on apporte son appui et que l'on est d'accord: il faut des moyens or, comme toujours, ces derniers manquent. Le groupe Ensemble à Gauche soutiendra donc ces deux objets. (Applaudissements.)
M. Eric Leyvraz (UDC). L'UDC soutiendra cette stratégie biodiversité, mais nous espérons que les gens de la ville n'oublieront pas qu'elle ne se réalisera pas sans l'appui et sans l'aide des paysans. Merci.
Mme Claude Bocquet (PDC). Le PDC soutiendra bien entendu ces objets. J'aimerais tout de même faire remarquer à mon préopinant que l'agriculture participe pour beaucoup à la biodiversité, puisque à Genève 14% du territoire des agriculteurs sert à cette fin. Il faudra surtout faire un gros travail du côté de la ville, notamment lors des constructions, de même qu'il sera important d'agir du point de vue du comportement des Genevois, par exemple lorsqu'ils se promènent à la campagne. Le travail est réalisé du côté de l'agriculture, nous souhaiterions donc maintenant que tous les acteurs accomplissent ce même travail, comme ces plans le demandent, et c'est un effort que les gens de la ville devront également fournir. Merci.
Le président. Merci, Madame la députée. La parole n'étant plus demandée, nous allons procéder au vote sur la proposition de résolution.
Mise aux voix, la résolution 926 est adoptée par 69 oui (unanimité des votants).
Le Grand Conseil prend acte du rapport du Conseil d'Etat RD 1351.