République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 7 juin 2019 à 14h
2e législature - 2e année - 2e session - 7e séance
P 2056-A
Débat
Le président. Nous passons aux pétitions, que nous traitons en catégorie II, trente minutes. La première est la P 2056-A. Monsieur Jean Romain, rapporteur de majorité, vous avez la parole.
M. Jean Romain (PLR), rapporteur de majorité. Je vous remercie, Monsieur le président. De temps en temps, chers collègues - mais avec une certaine régularité, n'est-ce pas ? - la question de l'école le mercredi matin revient nous préoccuper d'une manière ou d'une autre. Cette fois-ci, il s'agit d'une pétition.
Pour commencer, je rappelle que la réintroduction de quatre jours et demi de cours résulte d'un long travail des députés d'abord, du DIP ensuite. Ce long travail a été sanctionné par un vote positif de la population qui a accepté que Genève ait le même nombre de jours d'école que les autres cantons. Cela nous a donné l'occasion de réorganiser l'instruction publique: on a notamment introduit une nouvelle discipline au primaire, à savoir l'anglais, mais également revu le parascolaire.
Les élèves genevois sont fatigués, nous dit-on. En fait, ce sont deux jeunes filles du primaire - dont je parlerai tout à l'heure - qui sont venues nous exposer la situation, la pétition émane d'elles. Les élèves genevois sont donc fatigués. Mais enfin, ceux des autres cantons le sont aussi, parce que travailler fatigue. «Dura lex, sed lex» ! La véritable question n'est pas tant de savoir s'ils sont fatigués ou pas, mais plutôt si cette fatigue provient de la seule école, et la réponse est évidemment non. Non, parce que beaucoup de parents imposent ou offrent à leurs enfants d'innombrables activités, activités évidemment intéressantes, mais qui s'ajoutent à celle, usuelle, de l'école.
Les écolières à l'origine de cette pétition sont de bonnes élèves, leur niveau de langage a surpris en bien la commission et il est évident que pour elles, une neuvième demi-journée n'est pas aussi importante que pour d'autres. Or l'école obligatoire, chers collègues - vous me voyez désolé de le rappeler - s'adresse à chacun et chacune, tout le monde doit avoir les mêmes chances. Il est intéressant de noter que ce sont justement deux élèves ne connaissant aucune difficulté scolaire qui demandent la suppression du mercredi matin en raison de la fatigue.
Mesdames et Messieurs, il nous faut respecter la volonté du peuple qui a décidé de donner les mêmes chances aux élèves genevois - à l'ensemble des élèves genevois ! - qu'à ceux des autres cantons. Dans cette perspective, la majorité de la commission a voté, dans sa grande sagesse, le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil. Je vous remercie.
Mme Delphine Klopfenstein Broggini (Ve), rapporteuse de minorité. Mesdames les députées, Messieurs les députés, avant de vous expliquer pourquoi la minorité ne partage pas du tout les arguments de M. Jean Romain, j'aimerais d'abord féliciter les deux autrices de cette pétition. Elles ont dix ans, elles sont décidées, courageuses et déterminées, équipées d'arguments affûtés, et je me réjouis de leur démarche citoyenne exemplaire.
Ensuite, sur le fond - parce que c'est évidemment sur le fond que nous devons nous prononcer - ou plutôt sur le rythme, car il s'agit bien ici du rythme scolaire, la pétition questionne à juste titre le programme et les horaires scolaires, et cela tout juste cinq ans après la réintroduction de la semaine de quatre jours et demi et l'entrée en vigueur du mercredi matin. Ces deux élèves le disent clairement: «Pourquoi nous ne voulons plus le mercredi matin ? Parce que nous sommes fatigués ! Si on avait un jour de congé, nous serions plus concentrés en fin de semaine. C'était bien quand le mercredi nous pouvions nous reposer, faire nos devoirs, déjeuner tranquillement, jouer à la maison ou avec les copains, faire des cours de sport, de la musique, etc.»
Alors oui, en 2014, la population votait le mercredi matin, mais il nous paraît aujourd'hui légitime de nous poser quelques questions à notre tour. Ce nouvel horaire ou la manière de l'appréhender conviennent-ils réellement à l'apprentissage de nos enfants ? Comment est-il vécu de l'intérieur par les écoliers, par les enseignantes et enseignants, par les familles ? A-t-il un impact sur l'apprentissage, sur l'avancée des programmes ? Si un premier bilan partiel a certes été réalisé, la pétition amène des réflexions toujours d'actualité sur la place qu'occupent les cours de musique, d'arts plastiques, de travaux manuels ou de gym, dont le rôle est essentiel pour la formation et l'intégration, des réflexions sur notre rapport aux langues étrangères et la manière de les apprendre.
Nous avons aussi été interpellés quant à la fatigue relevée par les deux élèves, qui remet frontalement en question le rythme scolaire. Qu'en est-il de la réflexion sur l'horaire continu qui fait ses preuves en Finlande ou en Allemagne, où tant les élèves dans leur apprentissage que les enseignantes et enseignants et les parents dans leur vie professionnelle sont favorisés ? Le projet pilote établi à l'école des Eaux-Vives pourrait-il un jour être généralisé ?
Ces deux jeunes filles ont raison: l'école occupe beaucoup de place dans la semaine d'un enfant. Adapter les horaires au mieux, respecter le rythme des enfants, le travail des enseignantes et enseignants, les programmes à tenir et l'activité des parents constitue un vrai défi, et pour cette bonne raison, la minorité vous encourage à entendre ces questions en soutenant la pétition intitulée «Pourquoi nous ne voulons plus le mercredi matin». Je vous remercie de réserver un bon accueil à ce texte en le renvoyant au Conseil d'Etat. (Applaudissements.)
Mme Anne Marie von Arx-Vernon (PDC). Mesdames et Messieurs les députés, pour le parti démocrate-chrétien, le mercredi matin est utile aux élèves, à tous les élèves qui n'ont peut-être pas la chance de bénéficier du même environnement culturel et sportif que les deux excellentes militantes qui ont présenté la pétition. Ces autres écoliers ont besoin non seulement de régularité dans leur apprentissage, mais surtout d'avoir la certitude que si les parents ne peuvent pas leur transmettre l'éducation dont ils ont besoin, l'école la leur garantira grâce aux horaires adaptés, dont fait partie le mercredi matin. C'est sur ces réflexions-là, Mesdames et Messieurs les députés, que le parti démocrate-chrétien s'est appuyé pour décider qu'il fallait déposer ce texte sur le bureau du Grand Conseil. Je vous remercie.
Mme Léna Strasser (S). Mesdames et Messieurs les députés, les deux pétitionnaires sont arrivées en commission pleines d'aplomb, nous ont présenté leur pétition et le cheminement de leurs réflexions. Vingt ans à elles deux - dix ans chacune - de la repartie, des arguments, un sérieux à toute épreuve: je les ai écoutées avec beaucoup d'intérêt et, je vous l'avoue, d'admiration.
Ensuite, j'ai vu notre commission débattre avec elles du mercredi matin, mais pas seulement; j'ai vu notre commission débattre des horaires, du planning des écoliers, des enfants connaissant des problèmes scolaires, de la souffrance de certains élèves, de la fatigue liée à l'apprentissage, de la façon dont on apprend, des difficultés de certains parents face aux travaux scolaires, des devoirs trop durs et trop longs pour certains.
Ces deux jeunes filles, Mesdames et Messieurs, ne sont pas venues nous voir parce qu'elles ont un problème avec le mercredi matin, mais parce qu'elles constatent qu'il s'agit d'un problème pour leurs camarades qui font peut-être face à plus de difficultés qu'elles à l'école. Elles ont pris leur temps, réfléchi à des compromis, proposé d'autres solutions que l'abolition du mercredi matin, par exemple repousser son entrée en vigueur à la 7e primaire, moment où l'anglais vient s'ajouter au programme scolaire. Elles ont pris en compte la difficulté pour l'école de s'organiser dans les branches proposées le mercredi matin, bien qu'elles pensent que ce temps-là devrait être dédié à des disciplines sportives ou artistiques, qu'elles trouvent trop peu présentes dans le cursus scolaire. Elles ont aussi dit leur plaisir d'aller à l'école malgré le rythme soutenu et nous ont expliqué que l'une d'entre elles a cessé ses activités extrascolaires parce qu'ajoutées au mercredi matin, elles la fatiguaient trop.
En raison de leurs préoccupations, du sérieux de leurs propositions, de leur engagement, du débat qu'elles ont suscité, de leur ouverture à des solutions alternatives, de ce retour concret sur leur expérience et celle des autres élèves ayant soutenu leur idée et au nom desquels elles témoignaient, notre groupe, bien que largement partagé sur l'invite de la pétition, a décidé de laisser la liberté de vote sur cet objet. Pour ma part, j'aimerais les remercier d'être venues jusqu'à nous pour se faire entendre, c'était très courageux et elles l'ont fait avec brio. (Applaudissements.)
M. Olivier Baud (EAG), député suppléant. Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, face à ce texte, il s'agissait essentiellement de déterminer si le mercredi matin introduit à la rentrée 2014 engendre réellement une fatigue accrue pour les élèves genevois. La pétition est sympathique - forcément, le fait que des enfants l'aient initiée ne laisse pas indifférent - et méritait d'être traitée consciencieusement, ce qui a été le cas: ces deux jeunes filles ont été prises au sérieux dans leur démarche, et c'est tout à l'honneur de la commission des pétitions d'avoir réalisé ce travail correctement.
Or ce qui en ressort malheureusement - ou heureusement, c'est selon - c'est qu'il n'existe à ce jour aucune étude prouvant que le mercredi matin causerait une fatigue accrue pour les écoliers. On ne peut pas avancer avec des a priori, des on-dit, des appréciations de bistrot qui ne sont basés sur aucun fait réel. Ainsi, Ensemble à Gauche est assez favorable au dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.
Toutefois, je n'omets pas de rappeler que lors du débat sur l'horaire scolaire avant la votation du 11 mars 2012 qui a instauré la semaine de quatre jours et demi dans la loi sur l'instruction publique, toutes les alertes avaient été lancées, notamment quant à cette possible fatigue qu'il faudrait évaluer, quant à l'accroissement des tâches pour le corps enseignant. Aujourd'hui, le nouvel horaire semble poser problème, ce nouvel horaire qui fait que sur l'ensemble de la Suisse, les élèves du canton de Genève sont ceux qui ont le plus d'heures, le plus de minutes - on peut compter comme on veut. Ce n'est pas anodin, cela mérite une étude sérieuse, mais vu que la volonté populaire s'est exprimée en 2012 et que ce système est entré en vigueur en 2014, il faut attendre un peu avant de le modifier ou de proposer une solution à la va-vite: on ne peut pas simplement supprimer le mercredi matin en pensant que tout ira bien.
Les syndicats et Ensemble à Gauche avaient relevé ces difficultés à l'époque - qui ont pourtant été niées par le parti socialiste - car il est clair que quand on réforme l'organisation de l'école, cela augmente les tâches, cela accroît la charge de travail, et les élèves en paient les frais, tout comme le corps enseignant. Alors reprenons la question de l'horaire sérieusement - c'est la demande que j'adresse au département de l'instruction publique - recréons une commission, examinons ce sujet sous toutes ses coutures, et si un véritable travail de consultation et de concertation est effectué avec les partenaires sociaux, peut-être qu'on aboutira à une nouvelle solution d'ici la fin de la législature. Soyons optimistes ! Merci.
Mme Danièle Magnin (MCG). Tout d'abord, je voudrais faire un petit rappel historique: du temps où j'étais élève, nous allions à l'école le samedi matin tout comme nos parents travaillaient le samedi matin - du moins nos pères, puisque les mères restaient davantage à la maison à cette époque. A un moment donné, on a décidé de supprimer le samedi matin et on s'est retrouvé avec un programme insuffisamment fourni, on a donc décidé d'ajouter une demi-journée le mercredi matin. Selon moi, l'horaire que nous supportions de mon temps est tout à fait supportable actuellement.
Je précise que plus on possède de connaissances, plus on est armé pour suivre une formation complète et de qualité qui donne accès à la profession qu'on souhaite exercer; plus on a acquis d'instruction, plus on est indépendant et libre, et moins on est le jouet de multinationales qui manipulent les gens, comme on le lit dans la presse. Pour ma part, j'ai toujours été indépendante, sauf pendant mon stage d'avocate, et je n'envie pas la situation des gens qui doivent se plier à des exigences qui ne me semblent pas vraiment humaines dans le sens humaniste du mot.
Ainsi, en ce qui me concerne et en ce qui concerne mon parti, je suppose, nous n'avons pas l'intention de diminuer le nombre d'heures que les élèves doivent passer à l'école et nous pensons même que c'est un mauvais moment pour envisager un tel changement, sachant que la somme des connaissances humaines ne cesse d'augmenter et que nous avons au contraire besoin de plus de cours, par exemple en informatique, mais aussi dans d'autres domaines.
J'aimerais ajouter que bien souvent, lorsque mes enfants étaient à l'école, il m'a semblé que l'enseignement était devenu farfelu: apprendre à compter aux élèves en base 1, base 2, base 3, alors que nous avons dix doigts - enfin, la plupart d'entre nous - ou leur expliquer la grammaire en couleur avec des groupes gris, des groupes rouges, des groupes verts... A mes yeux, c'est de la pédagogie - comment dire ? - «onanique», si je peux me permettre un terme de ce genre, ça n'a rien à voir avec enseigner le b. a.-ba. Je pense qu'il faut en revenir à des techniques pédagogiques convenables et peut-être que de cette façon, les écoliers devront moins se torturer les méninges. Je vous informe que le MCG votera le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil, bien qu'elle ait été présentée avec beaucoup de bonne volonté et de pertinence par ces deux jeunes filles. Merci.
M. Murat Julian Alder (PLR). Mesdames et Messieurs les députés, très chers collègues, ainsi que le rapporteur de majorité l'a clairement expliqué, le concept du mercredi matin n'est pas une innovation adoptée par le peuple en 2012, mais une réintroduction. Voilà maintenant cinq ans que le système a recommencé à déployer ses effets et il n'y a absolument aucune raison valable de revenir dessus. Le rapporteur de majorité, M. le député Jean Romain, a fait la comparaison dans l'espace, puisqu'il a relevé que Genève s'alignait sur ce qui se pratique dans le reste de la Suisse, et Mme Magnin dans le temps, puisqu'elle a rappelé que nous-mêmes - du moins la plupart d'entre nous - avons connu une période où nous avions des cours le samedi matin ou à raison d'un samedi sur deux.
Est-ce que les autres élèves de Suisse sont plus fatigués que les Genevois ? J'en doute. Est-ce que nous étions plus fatigués à l'époque ? J'en doute. En revanche, plusieurs symptômes de fatigue chez les jeunes sont aujourd'hui dus à des facteurs qui n'ont rien à voir avec l'école, mais plutôt avec notre style de vie actuel et la multiplication des écrans que nous utilisons, que ce soit ceux des ordinateurs, des téléphones portables, des tablettes ou des consoles de jeux vidéo. Ces instruments-là n'existaient pas il y a trente ou quarante ans, et c'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles nous étions moins fatigués quand nous allions à l'école le matin.
J'aimerais encore rappeler qu'au-delà de la volonté populaire qui s'est exprimée, les familles genevoises se sont adaptées à cette nouvelle situation: elles ont pris leurs dispositions, se sont organisées en conséquence. Pour les familles les plus précaires, il serait sans doute beaucoup plus difficile que pour d'autres de concilier obligations professionnelles et présence des enfants à la maison le mercredi matin.
Enfin, j'ajoute que le principe du mercredi matin existe dans la nouvelle loi sur l'instruction publique qui a été traitée lors de la législature précédente, et personne ne l'a remis en question, ni nous-mêmes ici au Grand Conseil, ni le peuple qui n'a pas lancé de référendum contre cette loi. Pour l'ensemble de ces raisons, Mesdames et Messieurs, je vous invite, à l'image de la majorité, à voter le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil et je vous remercie de votre attention.
M. Stéphane Florey (UDC). Je voudrais préciser deux choses. D'abord, il faut bien se rendre compte que sans le mercredi matin, Genève comptait grosso modo mille heures d'enseignement en moins que les autres cantons sur la période du primaire, et c'est pour ça qu'il a été réintroduit, il faut bien le comprendre.
J'entends parler de fatigue; je me souviens que quand j'étais gamin, dans les années 70, à 19h55 pétantes, une très large majorité des enfants de mon âge regardaient «Colargol» ou «Nounours» - enfin, ce genre de programmes spécifiquement destinés aux tout-petits - et puis à 20h02 au plus tard, c'était au lit ! Aujourd'hui, les jeunes enfants se plaignent de l'école le mercredi matin, mais quand on leur demande à quelle heure ils vont se coucher, eh bien il faut s'accrocher, parce qu'avant 22h, voire 23h, la très grande majorité d'entre eux ne sont pas encore au lit.
Alors après, il ne faut pas s'étonner si le lendemain à 8h, c'est fatigué, ça bâille, ça a de la peine à suivre les cours. C'est ça, la réalité d'aujourd'hui. En ce qui me concerne, j'invite tous les enfants de ce canton à se coucher à huit heures... (Rires.) ...vous ne vous en porterez que mieux, et arrêtez de nous bassiner avec ces histoires de mercredi ! Je vous remercie.
Une voix. Bravo ! (Applaudissements.)
M. Bertrand Buchs (PDC). Très rapidement, Mesdames et Messieurs, j'aimerais rétablir une certaine vérité et fournir une explication médicale quant à la fatigue des enfants le matin: toutes les études pédiatriques démontrent qu'il s'agit d'une fatigue physiologique et que le rythme scolaire n'est pas du tout adapté aux jeunes. Pour ma part, je vous encourage, plutôt que de nous relater vos expériences, à bien réfléchir à la physiologie de l'enfant et à considérer le fait que 8h du matin, c'est beaucoup trop tôt pour aller à l'école; la majorité des pédiatres préconisent de commencer vers 9h. Je vous remercie. (Applaudissements.)
Le président. Merci. Je prie l'assemblée de se prononcer sur les conclusions de la majorité de la commission, à savoir le dépôt de cette pétition sur le bureau du Grand Conseil.
Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des pétitions (dépôt de la pétition 2056 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 51 oui contre 22 non et 3 abstentions.