République et canton de Genève

Grand Conseil

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R 880
Proposition de résolution de Mmes et MM. Jean-Luc Forni, Pierre Eckert, Jocelyne Haller, Sandro Pistis, Thomas Wenger, Yvan Zweifel, Anne Marie von Arx-Vernon, Claude Bocquet, Jean-Marc Guinchard, Delphine Bachmann, Souheil Sayegh, Patricia Bidaux, Vincent Maitre, Beatriz de Candolle, François Lance, Jacques Blondin, Olivier Cerutti, Bertrand Buchs, Sylvie Jay, Salika Wenger, Nicole Valiquer Grecuccio, Jean-Charles Rielle, Christian Dandrès, Xhevrie Osmani, Charles Selleger, Salima Moyard pour le maintien à Genève de l'actualité télévisuelle (Résolution du Grand Conseil genevois à l'Assemblée fédérale exerçant le droit d'initiative cantonale)
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session I des 14 et 15 mai 2019.

Débat

Le président. Nous traitons la proposition de résolution 880 déposée par M. Jean-Luc Forni et consorts. La parole est à Mme Delphine Bachmann.

Mme Delphine Bachmann (PDC). Merci, Monsieur le président. J'ai l'honneur de représenter ce soir mon chef de groupe et collègue Jean-Luc Forni. (Brouhaha. Le président agite la cloche.) Mesdames et Messieurs les députés, l'année dernière, la RTS et la SSR annonçaient leur...

Le président. Un instant, Madame Bachmann !

Une voix. Je n'aime pas trop attendre ! (Rire.)

Une autre voix. Elle est drôle !

Le président. Mesdames et Messieurs, je vous prie d'effectuer vos appels téléphoniques à l'extérieur de la salle !

Mme Delphine Bachmann. Merci. L'année dernière, la RTS et la SSR annonçaient leur volonté de transférer à l'horizon 2024 une partie de la production radiophonique de Berne à Zurich ainsi que l'information télévisuelle de Genève à Lausanne. Or ces restructurations basées sur des arguments économiques, voire stratégiques, enfreignent l'équilibre fédéral des régions.

Les réactions du Conseil d'Etat et du Grand Conseil genevois à l'encontre de ce projet, qui n'est pas sans rappeler le déplacement des rédactions genevoises du «Temps» et de la «Tribune de Genève» à Lausanne, ne se sont pas fait attendre. Notre gouvernement a adhéré au principe d'un large mouvement citoyen d'adhésion cantonal, dépassant les limites politiques ou culturelles habituelles, propre à mobiliser les partis politiques, les députés au Grand Conseil ainsi que toute sorte de secteurs issus des associations professionnelles et des milieux directement concernés par la présence de la SSR à Genève. Une telle coalition aura les meilleures chances de rallier les médias et de porter la voix de Genève au-delà de la Versoix et surtout au-delà de la Sarine. Il est grand temps que notre canton envoie un signal clair aux autorités fédérales.

Pour Genève, le déménagement du département «Actualités» et du plateau de son fameux «19h30» représenterait une perte de substance notoire: la richesse et la diversité des intervenants issus du terreau genevois, notamment des milieux économiques, académiques, culturels et internationaux, risqueraient de diminuer fortement; l'ONU et l'UIT deviendraient des offices subalternes; en matière d'emploi, près de 200 postes seraient concernés; la formation journalistique serait touchée, des places d'apprentissage et des stages formateurs perdus; les entreprises qui font du canton de Genève le seul contributeur romand à la péréquation financière continueraient à payer une redevance élevée alors que le démantèlement de la tour SSR les couperait d'une présence directe dans l'actualité; des émissions radio phares seraient filmées, obligeant les intervenants à se rendre dans les studios de Lausanne, même appelés à la dernière minute. C'est inacceptable, c'est complètement incohérent. Jusqu'à aujourd'hui, la SSR n'a pas indiqué en quoi la délocalisation de l'actualité à Lausanne permettrait de véritables économies.

Mesdames les députées, Messieurs les députés, nous vous remercions d'accepter largement cette résolution signée par l'ensemble des chefs de groupes et des partis politiques du Grand Conseil. C'est notre contribution politique au vaste mouvement citoyen d'adhésion cantonal qui invite l'Assemblée fédérale à intervenir sur trois points: pour un meilleur équilibre des activités audiovisuelles de la RTS en Suisse romande, pour le maintien à Genève de l'information télévisuelle, pour le maintien à Berne de la production radiophonique. Cette résolution viendra renforcer la voix de Genève lors des débats parlementaires consacrés à ce sujet aux Chambres fédérales. Je vous remercie. (Applaudissements.)

Mme Nicole Valiquer Grecuccio (S). Mesdames les députées, Messieurs les députés, le parti socialiste s'associe pleinement à cette résolution, bien évidemment. Je ne reprendrai pas les arguments très bien développés par ma préopinante, j'aimerais juste souligner que notre parlement s'est déjà mobilisé pour garantir la diversité de la presse en soutenant «Le Temps» et la «Tribune de Genève»: nous contestions un fort mouvement de centralisation à Zurich et la puissance de Tamedia qui se manifestait de manière problématique.

Aujourd'hui, les décisions prises concernant la télévision nous laissent à penser que nous assistons au même processus. Le transfert d'activités audiovisuelles qui ont actuellement lieu à Genève vers le campus universitaire de Lausanne nous fait craindre un mécanisme de centralisation qui, peu à peu, remplacera même Lausanne par Zurich. Nous dénonçons ce mouvement qui est tout à fait contraire à l'équilibre des régions et qui péjore Genève, ville internationale, ville transfrontalière, ville-centre d'agglomération dont la voix spécifique mérite d'être entendue.

En conséquence, pour garantir non seulement la diversité des médias, mais aussi une vision plurielle de la Suisse qui intègre les différents cantons, les villes et les campagnes, il est important que Genève et sa région conservent les activités de la RTS. C'est principalement pour cette raison que le parti socialiste soutiendra cette résolution. Je vous remercie. (Applaudissements.)

M. Stéphane Florey (UDC). Tout d'abord, je tiens à relever que l'UDC, contrairement à ce qui a été mentionné, n'est pas signataire de cette résolution. Disons-le clairement: on n'a pas réussi à se mettre d'accord sur le bien-fondé de ce texte que vous tentez de défendre, Mesdames et Messieurs. Il faudrait commencer par rappeler certaines choses et arrêter de vendre du vent à la population en lui faisant croire que vous voulez maintenir coûte que coûte les emplois à Genève.

C'est un pur mensonge, et la raison en est toute simple. Le parti qui a déposé cette résolution - comme tant d'autres ici - s'est opposé avec véhémence à l'initiative «No Billag» en avançant les mêmes arguments qu'on entend ce soir: il y aura des pertes d'emplois, c'est un scandale pour la diversité, blabla et blabla. Ah, du blabla, vous en avez brassé !

Or ce qui se passe aujourd'hui, on savait que ça allait arriver, parce que la réorganisation ne s'est pas faite du jour au lendemain. D'ailleurs, l'UDC l'avait dit: «No Billag» ou pas, on perdra des emplois. Ça fait longtemps qu'on était au courant. Bien sûr, l'UDC regrette cette restructuration et la perte d'emplois qui en découle pour Genève, mais soyons honnêtes s'agissant de la situation qu'on vit maintenant.

Ce qu'on regrette surtout, à l'UDC, c'est que l'initiative «No Billag» ait été rejetée: on continue à payer des redevances élevées, mais Genève perd des emplois malgré tout. Alors il faut arrêter vos gesticulations qui ne servent à rien. En ce qui nous concerne, comme on est divisés sur la question, certains soutiendront la résolution, d'autres s'abstiendront ou la refuseront, parce qu'il faut être réaliste...

Le président. Monsieur Florey, pouvez-vous parler un peu plus fort, s'il vous plaît ? On ne vous entend pas très bien.

M. Stéphane Florey. ...ces départs étaient annoncés depuis longtemps. Tout ce que vous avez réussi à faire, c'est convaincre la population de refuser «No Billag». Je vous remercie.

Une voix. Bravo !

Une autre voix. Très bien !

Mme Jocelyne Haller (EAG). Mesdames et Messieurs les députés, avant de vous communiquer ce que j'avais prévu de dire à propos de cette résolution, j'aimerais réagir aux propos de M. Florey - vous transmettrez, Monsieur le président. Une grande partie de la population a refusé l'initiative «No Billag» dans l'optique de défendre un service public. Or la lecture de la situation que nous propose M. Florey est la suivante: le service public importe peu, les grandes entreprises de médias font de toute façon ce qu'elles veulent. Ce sont là deux choses différentes, les unes étant en revanche vectrices de l'autre.

Pour nous, il s'agissait, face à l'initiative «No Billag», de garantir un service public fonctionnel et de qualité. Aujourd'hui, nous parlons d'autre chose, nous parlons des mécanismes de concentration et de délocalisation mis en oeuvre par les grands groupes de médias, et c'est contre cela que nous nous insurgeons. Nous nous associons à d'autres pour protester contre la décision, notamment de la SSR, de procéder aux centralisations telles qu'elles ont été décrites par les personnes qui se sont exprimées avant moi. Très clairement, ces projets vont à l'encontre de la pluralité et de la diversité des médias tout en portant atteinte à l'indispensable équilibre entre les régions. Avec le temps, au fil des délocalisations et concentrations successives, notre canton devient le parent pauvre des médias et de la presse, et cela doit nous alarmer.

Le mandat de droit public de la SSR est de refléter la diversité au plan national, régional et local. La désertion de notre canton représente une atteinte à cette vocation, c'est une manière de ne pas remplir cette mission. Si le projet de la SSR devait se réaliser, notre canton perdrait, cela a été dit, près de 200 postes de travail, mais aussi des compétences et autant d'occasions de former la relève professionnelle, ce qui est particulièrement dommageable. Il a été dit tout à l'heure que notre parlement s'est largement engagé contre les délocalisations et le recul de la presse dans notre canton. Une coalition s'est dégagée, à laquelle le Conseil d'Etat s'est associé et que nous soutenons évidemment aussi.

Mesdames et Messieurs, la pluralité et la diversité de la presse constituent les ferments de la libre formation de l'opinion, une liberté garantie par la Constitution. Aujourd'hui, c'est bien ce droit constitutionnel que nous devons défendre et c'est pourquoi le groupe Ensemble à Gauche vous invite à exercer le droit d'initiative cantonale qui est le nôtre en acceptant cette résolution adressée à l'Assemblée fédérale.

M. Pierre Eckert (Ve). Mesdames les députées, Messieurs les députés, la SSR se trouve sous pression financière, nous le comprenons bien. Cette situation est partiellement due à l'évolution du marché publicitaire, mais surtout à des pressions politiques que, pour notre part, nous n'avons jamais exercées. Alors que sur les réseaux sociaux, tout un chacun se sent habilité à exprimer un avis éclairé sur l'ensemble des sujets possibles, il est important que des médias de service public forts et critiques continuent à vivre - ou plutôt à survivre. Toutefois, ils ne doivent pas rester figés, mais s'adapter aux évolutions techniques et sociétales.

Refaisons une partie de l'histoire, mais sans remonter aux pionniers de la radio et de la télévision. Au XXe siècle, la partie romande de la SSR a passé cinquante ans à regrouper l'ensemble de ses activités radiophoniques à Lausanne et télévisuelles à Genève. Et hop, tout à coup, changement de stratégie, les gourous du management ont décidé qu'elles seraient regroupées de façon thématique: information, culture, divertissement, société. Pourquoi pas, mais alors il faut qu'elles soient échangées, pas juste transférées. Il ne suffit pas de dépecer certains secteurs se trouvant à Genève pour les déplacer à Lausanne, il faut que des pôles radio ou internet soient rapatriés chez nous.

De toute façon, même si on suivait cette logique thématique, nous considérons, Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, que l'idée de soustraire l'information à notre canton est très mauvaise. Nous l'avons déjà dit en déposant une résolution à l'intention du Conseil d'Etat: Genève, qu'on le veuille ou non, n'est pas seulement un endroit où il se passe de petites histoires plus ou moins croustillantes, c'est une ville internationale totalement connectée à l'actualité du monde. Les nouvelles régionales peuvent être couvertes par un certain nombre de bureaux situés dans les cantons, comme c'est le cas aujourd'hui, mais il est essentiel que la connexion au monde demeure à Genève.

Pour nous, la décision de transfert est incohérente, tout autant que celle de fermer le bureau bernois de production radiophonique, comme s'il ne se passait rien dans la capitale fédérale sur le plan de l'actualité nationale. Dans sa prise de position, la SSR a indiqué qu'après le déménagement, il restera environ mille emplois à Genève. Comment ça, «il restera» ? Nous signalons fermement à la SSR que Genève ne se contentera pas de manger les restes. Mesdames et Messieurs, nous vous invitons à accepter cette résolution que nous irons cas échéant défendre avec conviction auprès des Chambres fédérales.

Le président. Merci, Monsieur le député. Je passe la parole à M. Guy Mettan pour une minute trente.

M. Guy Mettan (HP). Merci, Monsieur le président. Je soutiendrai cette résolution par principe et par souci de cohérence, puisque j'avais moi-même déposé en automne 2017 une motion pour dénoncer les velléités de délocalisation de la «Tribune de Genève» à Lausanne. Bon, cela a eu un effet mitigé, mais il est tout de même important que nous prenions des positions de principe dans ce parlement. Je ne me fais pas beaucoup d'illusions quant à l'issue de la démarche, mais il est nécessaire, je le répète, que nous témoignions notre soutien politique à la place médiatique genevoise.

A la décharge de la SSR, il faut souligner qu'elle a annoncé vouloir créer un pôle de développement rédactionnel consacré à la Genève internationale. Alors on prend acte de cet engagement, mais jusqu'ici, on ne connaît pas très bien les contours de cette structure, le nombre de journalistes qui y seront affectés, on ne sait pas exactement quels secteurs seront délocalisés à Lausanne. Il me paraît essentiel qu'on en apprenne davantage, qu'on obtienne des garanties dans ce domaine et qu'on défende notre canton. Ce serait quand même dommage qu'au bout du compte, il ne reste que «Tout l'immobilier» et «GHI» comme derniers survivants des médias genevois indépendants. Par conséquent, je me joindrai à ceux qui soutiennent cette résolution.

M. Bertrand Buchs (PDC). Ce soir, on va voter une résolution gentille; on hausse les sourcils, en quelque sorte. Mais dans quelque temps, on devra se montrer beaucoup plus agressifs vis-à-vis de la TSR, parce que ce qui se passe est un pur scandale. Mesdames et Messieurs, vous croyez vraiment que la TSR va rester à Genève alors qu'elle construit à Lausanne des bâtiments tout modernes sur un site de l'EPFL, bâtiments qui vont d'ailleurs coûter extrêmement cher ? Vous pensez qu'ils vont garder deux immeubles ? Ils disent qu'ils ne vont jamais vendre la tour de la TSR, mais ils peuvent la louer. Vous pensez qu'ils vont laisser à Genève les magazines d'information ? Non: aujourd'hui déjà, les magazines d'information sont réalisés par les mêmes journalistes que ceux du téléjournal, donc ils seront au même endroit, dans les mêmes locaux, dans les mêmes studios. Vous pensez qu'on va séparer les deux ? Pas du tout !

Qu'est-ce qu'on a appris dernièrement ? L'émission de radio «Forum» va être filmée. Très bien, maintenant on fait de la radio télévisée ! Ça veut dire que si on veut s'exprimer à «Forum», il faudra aller à Lausanne. Aller au studio genevois quai Ernest-Ansermet, c'est fini. Voilà, donc n'imaginez pas que cette résolution va servir à grand-chose. On est en train de se moquer du monde !

Je rappelle que l'Etat a donné les terrains à la TSR, il n'y a pas de droits de superficie, c'était gratuit ! On a permis de construire cette tour qui a été rénovée il n'y a pas longtemps, rehaussée, désamiantée, qui a coûté extrêmement cher, et maintenant on va construire de nouveaux bâtiments à l'EPFL pour des sommes astronomiques ?! Et vous pensez vraiment qu'ils vont garder les deux immeubles ? Pas du tout. La télévision va disparaître de Genève et à ce moment-là, il faudra qu'on se montre beaucoup plus sévères face à la Berne fédérale. Rappelez-vous qu'on paie la péréquation financière tandis que les Vaudois ne déboursent pas un centime. Merci.

M. François Baertschi (MCG). La télé et la radio de papa, c'est fini, nous sommes entrés dans l'ère numérique. A présent, il faut suivre cette logique et ne plus penser en termes de postes de travail, de vieux concepts comme la presse écrite ou la télévision des années 60 et 70. Nous entrons dans un autre monde, c'est certain, c'est net, c'est clair. Néanmoins, dans cet autre monde, il est important que Genève défende ses intérêts, qu'elle défende ce qu'elle est, qu'elle défende son identité genevoise dans le cadre de la défense d'une identité romande forte. Voilà la question qui est posée incidemment par cette résolution - elle n'est pas posée de façon frontale, mais nous ne pouvons pas y échapper.

Le MCG votera cette résolution. Ce n'est pas une question de postes de travail, parce qu'ils finiront par disparaître d'une manière ou d'une autre, ne nous berçons pas d'illusions; essayons plutôt de mener une politique sociale pour aider les gens à se reconvertir, parce que ça arrivera de toute façon, à Genève ou ailleurs. Agissons de manière efficace dans l'intérêt de Genève et des citoyens genevois. C'est en tout cas dans cette optique que le groupe MCG acceptera cette résolution.

M. Jean Romain (PLR). Chers collègues, Genève est en train de se transformer en désert médiatique: il ne reste comme rédactions proprement cantonales que «GHI», «Tout l'immobilier» - elles ont été citées - et «Le Courrier»; à cela, il faut ajouter la télévision Léman Bleu qui pratique un journalisme local. Nombreux sont les grands médias genevois qui ont fermé ou quitté notre territoire; je pense à «La Suisse», je pense au «Journal de Genève», je pense au «Matin». D'autres ont migré, ou du moins en partie: la «Tribune de Genève», la Télévision suisse romande depuis quelques années, la radio romande, tout ça est maintenant à Lausanne.

La question est la suivante: à qui profite cette migration ? On me répondra: aux grands groupes qui réalisent des économies en centralisant. C'est vrai, mais qui a finalement intérêt à ce que les rédactions genevoises soient réduites à l'essentiel et que les grandes investigations qui exigent du temps, donc des moyens, soient limitées ? Deux types de personnes: d'une part les politiciens - avec la disparition des journalistes, il y aura de moins en moins d'enquêtes dans les coulisses du monde politique - d'autre part une certaine économie.

Ce n'est pas ce que nous souhaitons à Genève, car pour qu'une démocratie fonctionne - cela a été dit et redit - il faut que l'opinion publique puisse se forger, il faut que certains dossiers paraissent dans les journaux. Certes, il arrive que les médias aillent trop vite en besogne, comme ce fut le cas récemment: on a monté, on a enflé des affaires qui auraient dû rester relativement anodines. Il n'empêche que le rôle des journaux locaux, c'est de chercher ce qui se passe chez nous. Si toutes les rédactions se réduisent à une présence squelettique, le risque est patent: il en va au final de la démocratie - ou de notre conception de la démocratie. C'est la raison pour laquelle le PLR soutiendra cette résolution.

M. Marc Fuhrmann (UDC). Mesdames et Messieurs les députés, la décision de la SSR doit nous interpeller quant à notre place en Suisse, quant à la qualité de l'emplacement que représente Genève. Cette décision doit nous ouvrir les yeux, Mesdames et Messieurs les députés, sur la détérioration et la perte de crédibilité que subit notre canton au niveau national. Nous devons cesser les Genfereien et surtout nous inspirer de ce qui se fait ailleurs dans le pays.

M. Patrick Dimier (MCG). Avec un directeur général qui s'appelle Marchand, comment vouliez-vous que ça se termine ?

M. Serge Dal Busco, conseiller d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, le Conseil d'Etat constate que vous allez voter cette résolution à une large majorité et s'en réjouit vivement. A plusieurs reprises, nous avons eu l'occasion de dire l'inquiétude du gouvernement face aux plans de regroupement de la RTS sur le site de l'EPFL. Nous ne comprenons pas la logique qui prévaut dans cette entreprise, ni du point de vue économique, ni du point de vue médiatique, ni du point de vue du marché - puisqu'il semble que cette valeur soit la nouvelle constante qui habite cette entité.

A nos yeux, la démarche n'a aucun sens, eu égard à la position que détient Genève dans notre pays et sur la place internationale, eu égard à la riche matière médiatique propre à notre canton - je ne parle pas de celle dont nous sommes parfois, voire trop souvent, à l'origine, je parle de l'importance de Genève au niveau mondial.

Le Conseil d'Etat ne peut que saluer et soutenir l'initiative que votre parlement s'apprête à prendre pour intervenir auprès de l'Assemblée fédérale et appuyer davantage encore la position du gouvernement. Le processus risque d'être compliqué, mais nous nous engageons à fournir toute l'énergie nécessaire afin que les desseins qui nous ont été annoncés ne se réalisent pas. Merci de votre attention. (Applaudissements.)

Le président. Je vous remercie. Mesdames et Messieurs, nous passons au vote.

Mise aux voix, la résolution 880 est adoptée et renvoyée à l'Assemblée fédérale par 76 oui et 2 abstentions. (Applaudissements à l'annonce du résultat.)

Résolution 880