République et canton de Genève

Grand Conseil

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RD 1171
Hommage à M. Frédéric HOHL, député démissionnaire

Le président. Je vous informe que nous avons reçu la lettre de démission de M. Frédéric Hohl de son mandat de député. Je prie M. Lefort de bien vouloir nous lire le courrier 3611. (Applaudissements à l'issue de la lecture.)

Courrier 3611

Le président. Il est pris acte de cette démission, qui sera effective à l'issue de cette séance. Mme Nathalie Schneuwly, première vient-ensuite, prêtera serment ce soir à 20h30.

M. Frédéric Hohl a siégé sur les bancs du parti radical, puis du PLR, pendant plus de onze ans, cela a été rappelé. Elu au Grand Conseil pour la première fois en 2005, il a été réélu en 2009 puis en 2013. Il a tenu le rôle de chef de groupe de 2009 à 2010.

Durant ses mandats, il a présidé les commissions des finances et des pétitions, ainsi que la commission judiciaire. Il a en outre participé aux travaux des commissions de l'économie, de contrôle de gestion, d'aménagement, des travaux et de grâce.

Il a été à l'origine de plusieurs objets parlementaires qui ont été adoptés, parmi lesquels une motion ayant pour but d'améliorer la collaboration entre les corps cantonaux de police et les agents de sécurité municipale, ou une autre visant à étendre la durée et le champ d'application d'une mesure d'exclusion de zone, texte qui par la suite a donné lieu à un projet de loi lui aussi accepté.

Enfin, on lui doit le dépôt de deux autres objets à signaler. En effet, il a été l'auteur de l'un des deux seuls postulats à avoir été votés par le Grand Conseil, mais aussi de l'un des rares projets de lois à avoir été soumis deux fois - et avec succès - aux suffrages de l'assemblée, et qui nous vaut d'avoir une synthèse brève et neutre dans les brochures de votations.

A titre personnel, je regrette particulièrement le départ de M. Hohl, puisque nous perdons une fois de plus une personnalité à l'esprit libre et entrepreneurial. Malgré tout, je suis content de voir que la Confrérie des vignerons a choisi un Genevois pour l'organisation de la prochaine Fête des Vignerons et, au nom de tous les membres du Grand Conseil, je forme mes voeux les meilleurs pour la réussite de ce beau projet. (Applaudissements.) Fidèles à la tradition, nous lui remettons le stylo souvenir du Grand Conseil. (Le président descend de l'estrade, embrasse M. Frédéric Hohl et lui remet le stylo souvenir. M. Frédéric Hohl salue ensuite chacun des conseillers d'Etat.)

La parole est maintenant à Mme Nathalie Fontanet.

Mme Nathalie Fontanet (PLR). Merci, Monsieur le président. Chers collègues, c'est évidemment avec regret, mais aussi beaucoup d'émotion que le groupe PLR prend aujourd'hui congé de M. Frédéric Hohl. Cela fait plus de onze ans que Frédéric siège dans cette enceinte, et il n'a ménagé ni son investissement ni son énergie dans cette fonction. Frédéric est un hyperactif, mais dans le bon sens du terme: il est partout, il s'investit dans différentes causes et il travaille ses dossiers, qu'il maîtrise et connaît parfaitement. Pour nous, PLR, Frédéric représente l'antithèse du proverbe selon lequel qui trop embrasse mal étreint. Et Frédéric est surtout un homme avec lequel il est possible de discuter, de trouver des accords. Le dogmatisme de certains, il ne connaît pas. Son but: avancer et faire avancer les dossiers. Son bon sens, son pragmatisme vont nous manquer. Entrepreneur et indépendant, Frédéric connaît la valeur d'un franc. Il connaît la responsabilité d'avoir des employés, d'avoir des salaires à payer. En ce sens, il a beaucoup apporté non seulement à ce parlement, mais aussi à notre groupe en siégeant au sein des commissions des finances et de l'économie.

Frédéric nous quitte, il quitte le navire du Grand Conseil pour un immense paquebot, la direction de la Fête des Vignerons 2019, à laquelle il va devoir consacrer tout son temps et toute son énergie. Nul doute que son amour pour les grands bateaux lui permettra de le mener à bon port. Tous nos voeux de succès l'accompagnent, et surtout nous espérons que, une fois la croisière achevée, il nous reviendra et reviendra à ce parlement. Merci, Monsieur le président. (Applaudissements.)

M. Eric Leyvraz (UDC). Nous voici, comme de nombreuses fois, en train de saluer un collègue qui quitte le Grand Conseil. J'ai souvent trouvé exagérés les commentaires que l'on adresse aux partants - un peu comme un éloge funèbre où il faut attendre d'être mort pour être paré de toutes les vertus - aussi, j'ai décidé depuis longtemps de ne prendre la parole que pour ceux que je regretterai, et Frédéric est vraiment de ceux-là.

J'ai eu le plaisir de le côtoyer pendant plusieurs années, notamment à la commission des finances, où j'ai pu constater qu'en plus d'une subtile intelligence et d'un solide humour, il était doté par la nature d'une qualité rare, que je vais essayer de copier dans mon intervention: la concision. Toujours calme et aimable dans ses propos, à l'écoute des autres, il s'exprime en trente secondes, il a dit ce qu'il avait à dire et il a tout dit. Ah, s'il n'y avait que des Frédéric Hohl, nos séances seraient nettement plus courtes ! On pourrait donc lui en vouloir d'abandonner le navire, mais il a pour le faire la plus noble des excuses, le plus beau challenge dont peut rêver un organisateur de spectacles, le Graal - évidemment, je suis très objectif ! - celui de nous préparer la Fête des Vignerons de Vevey en 2019. Nous sommes très fiers que nos voisins aient choisi un Genevois pour mettre sur pied ce prestigieux événement, ce qui démontre toutes les qualités et le professionnalisme de Frédéric. L'UDC a cependant une réelle inquiétude le concernant: il sera éloigné de sa ville pour travailler dans des contrées lointaines où l'on ne boit que du chasselas. Aussi, nous lui offrons deux bouteilles de pinot noir... (Exclamations.) ...ayant obtenu la meilleure note et donc le Sanglier lors du concours des vins de Genève - et élaboré dans une illustrissime cave que je ne nommerai pas - car avec les difficultés de sa tâche, un bon coup de rouge de temps en temps lui fera du bien ! Bonne route, Frédéric, on se réjouit d'assister à ton spectacle, et à bientôt, bien sûr ! (Applaudissements.)

Mme Lydia Schneider Hausser (S). Mesdames et Messieurs les députés, on l'a dit, Frédéric Hohl a été un député radical - et bien radical - au début, puis PLR ensuite. Frédéric, je n'ai pas fait le calcul, je l'avoue, mais je pense - et je suis même persuadée - que tu es le député avec lequel j'ai le plus souvent siégé, que ce soit ici ou en commission. On a passé beaucoup de temps ensemble, toi et moi - respectivement en tant que commissaire et président, et réciproquement - et je pense pouvoir dire que j'ai apprécié, même si très souvent nous n'étions pas du même avis, bien entendu. Cela dit, nous nous sommes également retrouvés ailleurs. Car il y a d'une part le parlement, où nous représentons certes des choses, mais nous en représentons aussi à l'extérieur. Nous nous sommes notamment retrouvés - j'ose le dire maintenant - à des séances où nous soutenions la cause de la réduction des risques, où nous l'expliquions à des notables et des exécutifs de grandes villes de l'Hexagone, voire d'Europe, et c'était aussi une démarche importante.

Je vais vous faire un autre aveu: je crois que j'ai eu le privilège d'accompagner Frédéric dans sa première - et peut-être son unique - manifestation politique publique dans les rues de Genève. Je vous laisse deviner de quoi il s'agissait, mais c'était un moment assez impressionnant tout de même. (Brouhaha.) J'ai aussi failli lui en vouloir - mais pas très longtemps, j'avoue - de m'avoir épinglée dans une scène de la Revue des députés. Du reste, c'est tout de même un élément qu'il faut noter: je pense que cette Revue des députés n'aurait pas existé - en tout cas dans sa dernière version - si Frédéric n'avait pas été là, et je voulais également l'en remercier.

Frédéric a donc souvent été un adversaire, cependant, je le répète - et c'est important - on peut avoir des adversaires, mais lorsqu'ils ont un esprit ouvert, c'est une qualité, et je le relève et le répète vis-à-vis de Frédéric. Merci pour tous les débats que nous avons eus, que nous avons perdus ou gagnés certaines fois, mais l'important était de pouvoir se témoigner du respect mutuel, et je pense que nous avons pu le faire et que tu as été - je te dis «tu» ! - que M. le député Frédéric Hohl a été ici une personne de ce type-là, c'est-à-dire respectueuse.

Pour terminer, le groupe socialiste et moi-même te souhaitons bon vin... (Exclamations.) ...une belle vie, et peut-être à bientôt sur la côte veveysanne ! (Applaudissements.)

M. Jean-Marie Voumard (MCG). Monsieur Hohl... Non, ça fait trop sérieux ! Cher Fred, cher contemporain, depuis 2009 j'ai le plaisir de te côtoyer, et il m'est apparu - ainsi qu'à l'ensemble de mon groupe - pour avoir siégé à tes côtés en commission, que c'est un travail que tu as toujours fait avec sérieux, courtoisie et respect. Pour ces motifs-là, sache-le, le groupe MCG t'a beaucoup apprécié et il continuera à t'apprécier dans tes futures scènes de la Fête des Vignerons.

Je mentionnerai encore un de tes traits de caractère en évoquant le P'tit Music'Hohl. Pourquoi le P'tit ? On voit bien que Fred est une personne humble ! Il aurait très bien pu l'appeler le Grand Music'Hohl... Pourquoi le P'tit ? Il y a de grands hommes au niveau politique, mais la taille ne compte pas forcément. La preuve en est mon cher Fred. Tu as été une pièce maîtresse en 2013 pour l'ensemble des députés lorsque tu étais notre régisseur à la Revue des députés, qui a connu un succès cantonal, voire extracantonal. Maintenant tu vas te consacrer à la Fête des Vignerons; c'était une fête nationale mais, avec ton coup de patte légendaire, nous sommes persuadés qu'elle va s'étaler en dehors de nos frontières. Cher Fred, bonne continuation dans ta carrière et bon vent ! (Applaudissements.)

Une voix. Bravo !

M. François Lefort (Ve). Cher Frédéric, c'est avec un peu de tristesse que nous prenons congé de toi ce soir, un congé que tu as choisi, ce qui est toujours mieux en politique, on doit l'avouer. C'est justement un artisan de la politique que nous saluons ce soir, un artisan talentueux de la société du spectacle; non pas des spectacles que tu organises et que tu continueras à organiser, mais de cette société du spectacle chère à Guy Debord et dont nous tous - même les Verts, malheureusement - sommes ici des acteurs plus ou moins doués. Ce soir, c'est un fin dribbleur politique que nous saluons, ainsi qu'un homme de théâtre; comme quoi, l'art et le sport peuvent faire bon ménage chez la même personne, même en politique ! Ce soir, c'est enfin un adversaire joyeux que nous saluons. C'est une précision importante, car tous ne le sont pas autant. Un adversaire joyeux, de ceux que nous préférons, bien sûr, qui rejoint une troupe non moins joyeuse, les vignerons, pour qui tu vas organiser, nous le souhaitons, une mémorable Fête des Vignerons, à laquelle - nous l'avons compris et noté - tu nous as tous invités. Cochon qui s'en dédit ! (Rires.) Et nous t'en remercions, bien sûr. Cher Frédéric, nous te saluons une dernière fois, puisque tu l'as voulu, et nous te garderons dans nos souvenirs avec affection, car il est possible, et même recommandé, d'aimer ses adversaires. Bonne chance, Frédéric ! (Applaudissements.)

M. Guy Mettan (PDC). Cher Frédéric, comme nos collègues, c'est avec une grande émotion que nous prenons congé de toi ce soir. J'ai en effet eu l'occasion de siéger avec toi en commission pendant de nombreuses années, notamment au sein des commissions des finances et des travaux, et j'ai toujours apprécié ton humour, ta bonne composition et ton souci de ne pas trop perdre de temps en vaines palabres. De même, en bon radical historique et en bon chef d'entreprise, tu as toujours cherché des solutions pragmatiques, pratiques, plutôt que de privilégier le conflit idéologique. Mais à côté de toutes tes prestations politiques qui ont été abondamment citées ce soir, j'aimerais également préciser - comme on l'a aussi rappelé - que nous n'oublions pas tes prestations théâtrales ainsi que tes contributions précieuses au théâtre politique au sens premier du mot. En effet, sur scène, comme responsable et inspirateur de la Revue des députés, mais aussi de la grande Revue, tu as joué un rôle très important dans la vie politique genevoise, puisque la Revue a toujours contribué à dégonfler des egos qui parfois se prenaient souvent au sérieux. Nous te quittons donc aujourd'hui avec regret, mais pour peu de temps, comme l'a rappelé mon camarade Lefort, parce que nous aurons l'occasion de te revoir à Vevey. En effet - cela a été dit - nous nous réjouissons d'être invités à la prochaine Fête des Vignerons et, en attendant, le groupe démocrate-chrétien te souhaite bon vent ! (Applaudissements.)

Le président. Merci, Monsieur le député. Je vous rappelle, Mesdames et Messieurs les députés, que vous êtes invités au verre de l'amitié offert par M. Frédéric Hohl à la salle des Pas-Perdus à 19h. Je l'en remercie par avance !