République et canton de Genève

Grand Conseil

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M 2213
Proposition de motion de Mmes et MM. Mathias Buschbeck, Lisa Mazzone, Frédérique Perler, Sophie Forster Carbonnier, François Lefort, Jean-Michel Bugnion, Yves de Matteis, Sarah Klopmann pour un parc public à la pointe de la Jonction
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session X des 26, 27 juin, 28 août et 9 septembre 2014.

Débat

Le président. Nous passons à la proposition de motion 2213. Nous sommes en catégorie II, trente minutes. Monsieur Buschbeck, vous avez la parole.

M. Mathias Buschbeck (Ve). Merci, Monsieur le président. Chers collègues, il est particulièrement heureux que ce texte nous soit proposé à la sortie de ce bel été qui a vu des centaines, voire parfois des milliers de personnes tous les jours prendre le soleil et se baigner à la pointe de la Jonction, au bord du Rhône. (Remarque.) Quiconque s'est promené sur le sentier des Saules et à la pointe de la Jonction cet été a pu mesurer l'engouement populaire et le besoin de disposer d'espaces de verdure au bord de l'eau dans notre ville. Un autre élément nouveau est apparu depuis le dépôt de cette motion: il s'agit des inondations survenues ce printemps. Il y a eu de nombreux projets pour cet endroit, mais je pense qu'au lendemain des inondations, peu de gens auraient pensé réaliser autre chose qu'un parc à cet endroit-là. En effet, si on avait vraiment prévu d'y construire autre chose, on aurait rencontré de gros problèmes, étant donné que l'eau est montée de plusieurs mètres sur la pointe de la Jonction. Aujourd'hui, il apparaît comme une évidence qu'il faut prévoir un parc à cet endroit. S'il faut y prévoir un parc, c'est aussi parce que - autre fait nouveau depuis le dépôt de cette motion - les travaux ont démarré à En Chardon, le nouveau dépôt des TPG situé sur la commune de Meyrin, qui permettra de libérer les locaux prévus aujourd'hui pour la maintenance des transports publics qui se trouvent actuellement à la pointe de la Jonction. Je ne serai pas plus long pour l'instant et vous invite à renvoyer ce texte au Conseil d'Etat. Je vous remercie.

Présidence de M. Jean-Marc Guinchard, premier vice-président

Mme Bénédicte Montant (PLR). Mesdames et Messieurs les députés, mes chers collègues, la pointe de la Jonction est un site complexe et magnifique, un site en mutation, et c'est aussi une sorte de poche secrète que la Ville découvre peu à peu, qu'elle rejoint et tente de s'approprier. Voilà pourquoi, depuis quelque temps, ce lieu est devenu l'objet d'un certain nombre de convoitises et de projets. Nous avons d'ailleurs étudié récemment l'excellente proposition de mon non moins excellent collègue Patrick Saudan qui propose de dédier une partie de ce lieu à la construction de logements, et dont nous débattrons lorsque notre ordre du jour nous le permettra. Mais ce lieu sédimenté est aujourd'hui fractionné entre les différentes activités qui s'y effectuent et peine à trouver une identité équilibrée. Parc ? Logements ? Infrastructures culturelles ? Les deux ? Les trois ? La question mérite d'être étudiée sérieusement et dans le respect de ce lieu magique qui, situé en plein coeur de la ville, se campe magnifiquement au pied du bois et au confluent des cours d'eau. Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, le parti libéral-radical vous recommande donc de renvoyer cette motion à la commission d'aménagement du canton.

Une voix. Bravo !

Une autre voix. Très bien !

M. Stéphane Florey (UDC). Cette motion ne sert malheureusement pas à grand-chose parce que, comme l'a relevé Mme Montant, la commission des travaux vient justement de se pencher sur un projet de loi sur la pointe de la Jonction et la possibilité d'y construire des logements. Or nous avons appris que ce que demande cette motion est en marche: les avant-projets qui nous ont été présentés impliquent que l'ancien couvert que tous les véhicules vont quitter à l'occasion du fameux déménagement vers le nouveau site d'En Chardon va être libéré et qu'il est précisément prévu d'y créer un parc public, puisque cette zone est déjà une zone de verdure. Il n'y aura donc même pas besoin de la déclasser et de toute façon, comme l'a souligné M. Buschbeck, personne ne veut véritablement y construire quelque chose, puisqu'on se trouve partiellement en zone inondable et qu'il est vrai que cela poserait de gros problèmes en cas de construction, ce qui ne concerne bien évidemment pas l'autre partie, constituée de l'usine Kugler et du dépôt des TPG lui-même. Celui-ci risque fortement de rester sur place pendant un certain nombre d'années encore; même les TPG souhaitent pouvoir y rester encore de nombreuses années. Cette motion n'amène donc rien, puisque les projets existent déjà. En ce qui le concerne, le groupe UDC ne voit donc pas l'intérêt d'un tel texte ni même de l'envoyer en commission pour étude, étant donné que nous avons déjà eu un point de situation par rapport à la question. Personnellement, je n'y vois pas d'intérêt. Mon groupe votera ce qu'il souhaite sur le renvoi mais en tout cas, pour ce qui est de la motion, nous la refuserons. Je vous remercie.

Mme Nicole Valiquer Grecuccio (S). Le groupe socialiste salue cette motion qui répond au niveau du Grand Conseil à de nombreux projets initiés d'ailleurs en Ville de Genève, y compris par le groupe socialiste. Je signale qu'un certain nombre de motions ont été adoptées par cette commune à l'unanimité du Conseil municipal pour aménager la pointe de la Jonction. Pendant très longtemps, il a été opposé qu'il n'était pas possible de l'aménager de concert entre la Ville et l'Etat. Eh bien, cette motion constitue déjà l'opportunité de lancer un projet de manière conjointe. Par ailleurs, comme il a été rappelé tout à l'heure, un projet de loi sur ce sujet est déjà à l'étude à la commission des travaux, des auditions sont en cours, raison pour laquelle il nous semble pertinent de renvoyer cette motion à cette commission: au fond, les objets sont les mêmes et nous sommes convaincus qu'il sera ainsi peu à peu possible de faire aboutir un projet de qualité dans ce lieu tout à fait exceptionnel. Je vous remercie donc d'appuyer le renvoi de cette motion à la commission des travaux et je suis tout à fait convaincue que nous saurons faire aboutir ce projet ensemble.

M. Rémy Pagani (EAG). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, lors de la crue centennale de l'Arve, je me suis rendu à la pointe de la Jonction et il y avait un mètre cinquante d'eau. Effectivement, la motion dont nous sommes en train de discuter concerne une zone située exactement sur la zone inondable, ce qui rend impossible la construction de quoi que ce soit. On ne va pas commencer à discuter, Monsieur Florey, pour savoir s'il faut des logements ou pas, puisque c'est impossible de construire sur cette zone de verdure ! C'est d'ailleurs ce qui a motivé son classement en zone de verdure, notamment par un parlement de droite, parce qu'il a été constaté que... (Remarque.) Oui, elle est déjà en zone de verdure pour cette raison-là ! Je pense donc qu'il est quand même plus opportun de le signifier plutôt que de dire «oui, oui, tout le monde est d'accord», pour se retrouver ensuite sans écrit manifestant la volonté du Grand Conseil quand il s'agira de prendre contact avec la Ville de Genève. Je trouve intéressant et même important que cette volonté soit signifiée par le soutien de cette motion parce que, comme vous l'avez remarqué, et comme on le remarque tous les étés, y compris au bord du lac, les gens ont besoin de se réapproprier l'eau ! Alors qu'on les installe à la pointe de la Jonction... Il y a des dangers, je préférerais aussi qu'on les installe au bord du lac, c'est vrai, mais toujours est-il que ce besoin est là, qu'il faut y répondre. Le groupe Ensemble à Gauche soutiendra vivement cette motion, même si les autorités municipales comme cantonales sont d'accord de mettre en oeuvre un tel projet.

M. Daniel Sormanni (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, nous n'accepterons pas cette motion. Nous ne voulons pas la renvoyer en commission parce que cela n'a pas de sens ! D'abord parce que j'ai entendu les propos de M. Pagani et ensuite, parce qu'il existe des projets de construction de logement. Si on peut construire quelques logements à la pointe de la Jonction - peut-être pas à l'extrême puisqu'elle est semble-t-il en zone inondable - je pense que c'est préférable. Je rappelle quand même... Et d'ailleurs, nous avons discuté tout à l'heure d'une motion des Verts qui demandait de densifier en ville plutôt que de déclasser la zone agricole, alors il faudrait savoir ce qu'on veut ! On veut construire en ville, mais on crée un parc ! On veut construire en ville, mais on s'oppose à toutes les surélévations ! On veut construire en ville, mais on s'oppose à tout ce qui est proposé ! Non, ça ne va pas ! Il faut donc être un petit peu cohérent. En ce qui nous concerne, nous ne renverrons pas cette motion en commission, elle n'a pas de sens. Nous soutiendrons plutôt le projet de loi qui vise à la construction de logements à cet endroit, de logements dont la population a besoin ! (Commentaires.)

M. Mathias Buschbeck (Ve). Je vais quand même préciser deux ou trois points. Premièrement, on parle bien de la pointe de la pointe, c'est-à-dire qu'il n'est pas question de toute la partie qui commence à la rue des Deux-Ponts, mais bien de la partie aujourd'hui en grande partie située en zone de verdure et où toute construction est non seulement impossible mais en plus pas souhaitable. En effet, si on avait construit à cet endroit-là, et si on souhaitait construire à cet endroit-là avec les inondations qu'on a connues ce printemps, je trouve que ce serait une attitude assez irresponsable. J'espère avoir été mieux compris maintenant, parce que je trouve un peu surprenant que des personnes veuillent construire là où il y avait deux mètres d'eau il y a encore quelques mois. Je suis un petit peu surpris. Je constate qu'il n'y a pas de majorité pour renvoyer ce texte aujourd'hui directement au Conseil d'Etat, mais manifestement une majorité pour le renvoyer en commission. Je me plierai donc à cette volonté qui se dégage. Je regrette néanmoins qu'on ne parvienne pas à aller de l'avant sur ce projet et qu'on ne cesse de l'étudier encore et encore, alors que certaines choses semblent évidentes, à savoir que cet endroit qui se trouve aujourd'hui en zone de verdure, en tout cas l'extrême pointe, pourra être transformé en un parc aussitôt que les TPG auront déménagé. (Commentaires.) Le compte à rebours est lancé. Lorsque les TPG déménageront, il ne faudra pas encore tergiverser cinq ou six ans pour savoir ce qu'on veut faire d'une zone de verdure qui est déjà en zone de verdure et qui sera désaffectée par les TPG. J'espère que si le renvoi en commission est accepté, une décision sera prise pour mettre en oeuvre la transformation de la pointe en parc et en véritable zone de verdure, parce que chaque été, des centaines de personnes, voire des milliers, souhaitent pouvoir en profiter, et pour que ce soit effectivement le cas lorsque le centre de maintenance d'En Chardon sera en service. Je vous remercie.

M. Bertrand Buchs (PDC). Le PDC a un peu de peine à suivre: cette zone dont on souhaite faire un parc public ne peut pas être destinée à autre chose que cela, puisque c'est déjà une zone de verdure. C'est une zone inondable, on l'a bien compris, on ne peut donc pas faire de construction. Donc pourquoi cela se retrouve chez nous ? Si la Ville de Genève veut créer un parc, elle crée un parc, point ! Je ne vois pas en quoi le Grand Conseil... (Commentaires.) Mais il s'agit d'une zone inondable; vous n'allez pas construire d'immeubles sur une telle zone, c'est interdit par la loi ! C'est du bon sens ! Alors pourquoi en discutons-nous ? (Remarque.) Je ne vois pas. On dit ici: «Ah, il ne faudra pas rater l'occasion !» Eh bien la Ville de Genève ne ratera pas l'occasion, puisque nous avons entendu M. Pagani, qui s'occupe de cela, annoncer qu'ils créeront un parc - eh bien ils créeront un parc ! Je rappelle que nous avons décidé d'installer un immense parc sur le territoire du PAV et j'espère qu'il se fera. (Commentaires.)

Mme Magali Orsini (EAG). Je souhaitais simplement obtenir un éclaircissement, parce que je lis dans la proposition de motion: «la libération par les TPG du site entre l'usine Kugler et la pointe de la Jonction». Ce qui se trouve entre l'usine et la pointe, ce n'est pas la pointe de la pointe ! C'est beaucoup plus que la pointe de la pointe ! Peut-être que je comprends mal quelque chose, mais je voudrais quelques éclaircissements à ce sujet. Merci, Monsieur le président. (Brouhaha.)

M. Mathias Buschbeck (Ve). Rapidement, pour répondre au PDC qui demande: pourquoi est-ce à l'Etat de s'occuper de ce qui se passe sur cette parcelle ? Parce que cette parcelle appartient à l'Etat ! (Remarque.) Elle appartient à l'Etat !

Une voix. Et alors ? (Remarque. Rire.)

Le président. Merci, Monsieur le député. Mesdames et Messieurs les députés, nous sommes saisis de deux demandes de renvoi en commission. Je vous fais d'abord voter sur la demande de renvoi à la commission d'aménagement du canton.

Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 2213 à la commission d'aménagement du canton est adopté par 44 oui contre 33 non.