République et canton de Genève

Grand Conseil

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M 2250
Proposition de motion de Mmes et MM. Christo Ivanov, Michel Baud, Bernhard Riedweg, Patrick Lussi, Gabriel Barrillier, Stéphane Florey, Jean-Louis Fazio, Serge Hiltpold, Bénédicte Montant, Jean-Marie Voumard, Jean Sanchez, Danièle Magnin, Sandra Golay, Ronald Zacharias, Jean-François Girardet, Daniel Sormanni, Christian Flury, Alberto Velasco pour une implantation du « Sablier du Millénium » dans le canton de Genève
Ce texte figure dans le volume du Mémorial «Annexes: objets nouveaux» de la session XV des 18 et 19 décembre 2014.

Débat

Le président. Pour l'objet suivant, nous sommes dans un débat de catégorie II avec trente minutes de temps de parole. Monsieur Ivanov, auteur de la motion, vous avez la parole.

M. Christo Ivanov (UDC). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, chers collègues, cette modeste motion vise à ressortir de l'oubli le Sablier du Millénium. Pour le passage à l'an 2000, un chef-d'oeuvre digne des compagnons du devoir, alliant technique, précision et justesse - en deux mots: qualité suisse - trônait sur la plaine de Plainpalais. Une foule immense, tous les Genevois et les gens de la région, qui se sont pressés là, pouvaient admirer la création de notre ancien collègue Thomas Büchi, maître charpentier. Cette prouesse technique, qui mesure près de 6 m de hauteur pour 4,5 m de diamètre, a coûté près de 500 000 F au contribuable et a donc déjà été payée. Il s'agit de réhabiliter ce chef-d'oeuvre qui s'empoussière dans un dépôt depuis 2003 et de l'ériger dans un lieu emblématique qui pourrait être - pourquoi pas ? - l'Aéroport international de Genève. Ce serait un petit clin d'oeil à la précision helvétique et au SIHH si cher à Genève, qui se déroule actuellement à Palexpo. Je vous remercie de faire bon accueil à cette motion en la votant et en la renvoyant au Conseil d'Etat.

M. François Lefort (Ve). Alors voilà... On n'est pas capables de planter les Réverbères de la mémoire en souvenir du génocide arménien, alors on va se consoler avec le Sablier du Millénium ! Qu'est-ce que c'est, en fin de compte, ce sablier ? C'est un symbole, le symbole du passage de Genève à l'an 2000. C'est une oeuvre d'art, c'est une prouesse technique, nous sommes au moins tous d'accord sur ce sujet. Cette motion fort utile nous rappelle que cette propriété de l'Etat de Genève dort dans un entrepôt des SIG à Pregny-Chambésy, ce qui est un peu une insulte à l'artiste genevois qui l'a conçue. C'est un peu un gâchis, c'est même un vrai gâchis, mais c'est un vieux gâchis ! Et pour une fois, l'ambassade de Turquie n'y est pour rien !

Nous, écologistes, nous n'aimons pas le gâchis. Cette motion demande donc à l'Etat de sortir le sablier de son - grand - placard et de lui trouver un emplacement. Ce ne sera pas une chose facile, parce que ce sablier mesure 5,7 m de hauteur pour 4,5 m de diamètre et qu'il pèse 4,5 tonnes. Ce ne sera pas une chose facile, parce que le sablier a bientôt quinze ans, et même pour un sablier, ça commence à faire vieux. Ce ne sera pas une chose facile puisqu'il avait été envisagé de l'implanter à l'aéroport, à la gare Cornavin, au CERN ou dans le Bâtiment des forces motrices, sans oublier les trois lieux qui l'avaient déjà accueilli: l'ONU, Balexert et Plainpalais. Finalement, personne n'en veut, et c'est peut-être bien un peu la raison pour laquelle il dort dans un très grand placard à Pregny-Chambésy. Je vous aurais bien proposé que la salle du Grand Conseil accueille cet emblématique sablier, pour y mesurer, bien sûr, la longueur de nos séances tout en nous fournissant un objet hypnotique qui nous fasse oublier un peu la vacuité de certains discours. Mais je dois avouer que le plancher ne tiendrait pas, ce n'est donc pas une très bonne idée. Il faut en convenir, il est trop tard pour le Sablier du Millénium: le temps a passé dans ce sablier. Il faut en convenir, et les Verts ne soutiendront donc malheureusement pas le renvoi de cette motion au Conseil d'Etat, Conseil d'Etat qui a bien d'autres choses à faire que de trouver une place pour une oeuvre dont la nature était éphémère; d'autres choses, comme trouver une implantation qui ne soit pas éphémère aux Réverbères de la mémoire du génocide arménien, par exemple ! Voilà, Mesdames et Messieurs, la position des Verts: nous ne soutiendrons pas cette motion.

Le président. Je vous remercie, Monsieur le député. Je passe la parole à Mme la députée Marion Sobanek... qui n'est pas là. (Rires.)

M. Jean-Louis Fazio. Merci, Monsieur le président !

Le président. Désolé, Monsieur le député.

M. Jean-Louis Fazio. Oui, je suis un peu blonde ! (Rires.)

Le président. Je passe donc la parole à M. le député Jean-Louis Fazio, avec mes excuses !

M. Jean-Louis Fazio (S). Pour le groupe socialiste, il s'agit là d'une oeuvre d'art majeure ! (Exclamations. Applaudissements.) Nous soutiendrons donc le renvoi de cette motion au Conseil d'Etat et nous sommes sûrs que ce symbole remplacera le jet d'eau et l'horloge fleurie d'ici quelques années. Ce sablier sera le futur emblème de Genève ! Nous soutenons donc cette motion pour que cette oeuvre d'art se retrouve sur le domaine public et nous espérons que le Conseil d'Etat trouvera un emplacement qui en soit digne. (Applaudissements.)

Mme Geneviève Arnold (PDC), députée suppléante. Mesdames et Messieurs les députés, je tiens à signaler que le Conseil d'Etat n'a pas attendu le dépôt de cette motion pour s'intéresser à ce sablier. Comme on l'a rappelé, il y a de nombreuses années que ce sablier traîne dans des hangars. Vous savez certainement que je représente une commune, celle de Plan-les-Ouates, et nous avions également été approchés, il y a de nombreuses années, pour étudier la possibilité de trouver un emplacement pour ce fameux sablier. Reconnaissons la belle valeur symbolique de ce sablier, reconnaissons le magnifique travail qui a été effectué. Simplement, je tiens à signaler ici que lorsque j'ai été approchée, nous avons vu qu'il n'est pas si simple de trouver une solution et un lieu. Je tiens à rappeler que ce lieu doit être intérieur ou alors qu'il faudrait créer une sorte de coupole pour protéger le sablier qui ne peut pas être placé en extérieur. Il y a donc un volume énorme à envisager et, pour cette raison, d'autres solutions à trouver, peut-être du côté du privé. Dans les communes approchées, nous n'avons à ce jour pas trouvé de solution et nous ne soutiendrons donc pas ce projet.

M. Serge Hiltpold (PLR). Mesdames et Messieurs les députés, il est vrai que ce sablier est d'une grande complexité technique et que c'est un chef-d'oeuvre moderne. On se gausse beaucoup de notre formation professionnelle et j'ai eu droit à passablement de remarques disant que c'était risible parce que ça ne représentait pas grand-chose; mais on a là l'occasion d'avoir une reconnaissance pour une pièce technique. En tout cas, pour les métiers que nous représentons dans la construction, cette oeuvre est véritablement une prouesse, et si certains sont amusés ou même méprisants par rapport à cet ouvrage, je le trouve dommage. En rapport avec la tradition du compagnonnage, je vous invite à aller visiter le musée de Romanèche-Thorins, à une heure de Genève, où les prouesses techniques font que tout le monde reconnaît les vertus du travail, de l'engagement et de la recherche de perfection. Je pense que le travail du sablier représente non seulement un symbole du temps, qu'on peut raccrocher à l'horlogerie, mais aussi qu'il est nécessaire de mettre en valeur cette pièce. Ça peut sembler risible, mais un emplacement intérieur est nécessaire pour contempler ce travail. Je remarque que mon ami Thomas Büchi a quand même été le constructeur du Palais de l'équilibre d'Expo.02, du centre Vitam Parc de Neydens et du refuge du dôme du Goûter qui sont des symboles importants pour la région lémanique et même pour la Suisse. Je crois que Thomas représente même la Suisse avec un pavillon à l'exposition nationale. Ce symbole et ce savoir-faire méritent d'être reconnus, au-delà des rires. C'est une pièce qui peut aussi donner envie à des jeunes de crocher sur le métier du bois qui a besoin de soutien.

Une voix. Bravo !

Le président. Je vous remercie, Monsieur le député. Je passe la parole à M. François Lefort.

Une voix. Encore ?

M. François Lefort (Ve). Oui, encore ! Désolé, j'ai le temps !

Le président. Il vous reste trente secondes.

M. François Lefort. Merci, Monsieur le président. Bon, soyons bien clairs, et vous transmettrez à M. Hiltpold: nous avons dit que c'était une oeuvre d'art; nous avons dit que c'était une prouesse technique, et ce n'est pas ça qui est risible ! Ce qui est risible, c'est la volonté de quelques députés de demander au Conseil d'Etat de faire ce qu'il fait déjà et de penser que c'est une chose absolument fantastique que de demander cela. C'est ça qui est risible ! Soyez simplement raisonnables. Et ça ne met pas du tout en cause la qualité du travail des menuisiers, des professionnels du bois et de M. Büchi, que ce soit clair !

M. Jean-François Girardet (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, il est difficile de parler après le spécialiste du bois Serge Hiltpold pour vanter les qualités - oui, les qualités - et les compétences d'un ancien député de ce Grand Conseil, Thomas Büchi. A Meyrin, nous avons déjà hérité du Globe de la science et de l'innovation qui est effectivement une oeuvre symbolique, à côté du CERN, à l'entrée de Genève, pour faire la promotion du bois. Thomas Büchi et son associé Hervé Dessimoz ont également été avec succès les architectes du nouveau refuge du Goûter sur le Mont-Blanc. Là aussi, ils portent haut les couleurs de la Genève architecturale et innovatrice. Afin de défendre également les couleurs de la Genève horlogère, nous appuierons le Conseil d'Etat pour essayer de trouver un emplacement symbolique à ce Sablier du millénium qui représente notre belle Genève horlogère. C'est pour cette raison que le MCG soutiendra cette motion.

Le président. Merci, Monsieur le député. Je passe la parole à notre ancien président du Grand Conseil, M. Antoine Droin.

M. Antoine Droin (S). Merci, Monsieur le président. Chers collègues, Mesdames et Messieurs les députés, «patience et longueur de temps font plus que force ni que rage» ! (Applaudissements. Remarque.)

Le président. Je vous remercie, Monsieur le député, pour la concision de vos propos ! Je passe la parole à M. le conseiller d'Etat Serge Dal Busco.

M. Serge Dal Busco, conseiller d'Etat. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, je prends la parole en l'absence de notre président du Conseil d'Etat qui avait l'air particulièrement inspiré par cet objet hier lorsqu'il vous a rappelé que 5501 jours, 5502 aujourd'hui, s'étaient écoulés depuis la date pour laquelle cet objet avait été conçu. Le Conseil d'Etat, évidemment, suivra la volonté de ce parlement. Il fera ce qu'il a fait à maintes reprises: essayer de trouver un endroit approprié pour cet objet dont il reconnaît volontiers le caractère artistique et technique et la grande valeur. Mais cela pose quand même un certain nombre de problèmes: nous observons simplement que pendant tout le temps où il était stocké, il était certainement dans de bonnes conditions de conservation, et s'il y reste encore un certain temps, ce ne sera pas si grave que ça. Mesdames et Messieurs, nous suivrons bien entendu votre volonté et attendrons évidemment qu'elle s'exprime.

Le président. Je vous remercie, Monsieur le conseiller d'Etat. Je vais donc vous faire voter sur cette motion 2250 pour un renvoi au Conseil d'Etat.

Mise aux voix, la motion 2250 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 56 oui contre 17 non et 6 abstentions.

Motion 2250