République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 27 mars 2014 à 8h
1re législature - 1re année - 6e session - 33e séance
M 2170
Débat
Le président. Nous traitons encore la proposition de motion 2170. Nous sommes en catégorie II, trente minutes. La parole est à M. le député Lussi.
M. Patrick Lussi (UDC). Merci, Monsieur le président. Chers collègues, cette motion a été rédigée, vous vous en souvenez, à la suite du drame de la Pâquerette, au moment où nous voulions de l'information et que l'information était distillée non pas au compte-gouttes, mais selon un système de caste sur lequel l'Union démocratique du centre aimerait simplement porter votre attention aujourd'hui. Ce qui s'est passé ce soir-là pourrait en effet recommencer. Et si vous regardez l'exposé des motifs, nous tenons simplement à dire que les députés - pour autant qu'on le sache et pour autant que la population nous fasse confiance - sont là aussi pour apprécier des situations, faire des propositions et gérer des problèmes. Si vous observez ce qui se passe, actuellement, lorsque vous avez des événements importants, des événements méritant d'être traités en urgence, eh bien oui, le Grand Conseil, ou du moins ses députés ou d'autres élus - est-ce que ce n'est pas un crime de lèse-majesté ? - ne sont pas conviés aux conférences de presse. Je n'incriminerai pas la relation que peut faire la presse de cela, mais nous trouvons paradoxal et dommage de devoir attendre soit la télévision, soit la presse pour obtenir quelques informations. Raison pour laquelle cette proposition de motion - que nous ne sommes pas du tout opposés à renvoyer en commission - vise à ouvrir le débat et à demander au Conseil d'Etat, si ce n'est la priorité, du moins la simultanéité de l'information, c'est-à-dire que quand des conférences de presse sont tenues en urgence, les élus qui désirent y participer puissent y aller et ne soient pas refoulés sous prétexte qu'ils n'ont pas de carte de presse. Je vous remercie.
Mme Sophie Forster Carbonnier (Ve). Les Verts ne soutiendront pas cette motion, ni son renvoi en commission. Certes, les députés ne sont pas invités aux conférences de presse du Conseil d'Etat, mais ils reçoivent tous les mercredis le communiqué de presse du Conseil d'Etat, qui contient toutes les informations essentielles. Si ces informations ne vous suffisent pas, rien ne vous empêche, Monsieur le député, d'aller vous renseigner plus avant auprès des conseillers d'Etat.
En fait, nous trouvons assez normal que le parlement n'assiste pas aux conférences de presse du Conseil d'Etat; en effet, si des députés ou une commission organisaient également, à leur tour, une conférence de presse, vous n'aimeriez pas que le Conseil d'Etat soit présent. Nous restons donc dans la logique des choses.
Je voudrais encore souligner le fait que les termes utilisés dans cette motion sont assez déplaisants. Je note que l'UDC qualifie spontanément les députés de «vauriens» et de «malpropres». Je ne sais pas si ces qualificatifs sont appropriés pour les députés de l'UDC, mais les Verts n'ayant jamais tenté de s'imposer aux conférences de presse du Conseil d'Etat, ils ne se sentent nullement visés.
En résumé, il nous paraît que les députés et les conseillers nationaux ont certainement autre chose à faire, le mercredi, que d'aller assister à des conférences de presse. (Commentaires.) Si vous ne savez vraiment pas comment occuper vos journées, j'en suis désolée pour vous, mais nous, en tout cas, nous estimons avoir autre chose à faire. Sinon, on pourrait même aller plus loin que votre motion: un illustre député m'a suggéré que nous puissions assister aux discussions du Conseil d'Etat, à leurs séances du mercredi ! (Exclamations. Brouhaha.) Voilà peut-être une manière d'être encore plus informés ! Bref, les Verts n'ont pas besoin de chercher de nouveaux passe-temps et ne voteront donc pas cette motion. Merci, Monsieur le président.
M. Bernhard Riedweg (UDC). Les députés sont les représentants du conseil d'administration de la République et canton de Genève; la bienséance et les règles de courtoisie voudraient qu'ils puissent être assurés d'assister à une conférence de presse du Conseil d'Etat, surtout s'il s'agit d'un drame affectant directement le canton de Genève. Il n'est pas normal que les élus apprennent par la presse ce qu'il se passe dans le canton, surtout s'il s'agit d'informations officielles. Nous sommes conscients qu'il pourrait y avoir un problème de place si les cent députés ainsi que les suppléants devaient assister à une conférence de presse donnée par le Conseil d'Etat à l'Hôtel de Ville. Cependant, nous estimons que la salle où nous siégeons actuellement pourrait faire office de lieu adapté... (Commentaires.) ...pour une conférence de presse ! (Remarque.) Nous vous demandons donc de donner une suite favorable à l'invite de cette motion, et nous vous en remercions. Merci, Monsieur le président.
M. Frédéric Hohl (PLR). Mesdames et Messieurs les députés, le PLR ne va pas suivre cette motion et ne va pas soutenir non plus son renvoi en commission. Nous nous étonnons, parce que l'UDC est quand même un des partis très forts au niveau de la communication en Suisse; or, toute personne qui a déjà organisé une conférence de presse sait que ce qui est important, c'est d'abord de faire passer son message, et puis si possible d'avoir des journalistes dans la salle ! Alors si on suit votre motion, et puis que nous avons trois journalistes dans la salle, trente-cinq députés, huit ou neuf conseillers nationaux et puis encore une dizaine d'assistants parlementaires, vous ne ferez plus passer votre message ! Donc c'est complètement faux en termes de com' ! Imaginez-vous, Messieurs et Madame de l'UDC, vouloir faire passer un message: vous voulez parler aux journalistes ! Ce n'est pas une tribune ! Cela a été dit tout à l'heure, chaque mercredi nous recevons le communiqué de presse du Conseil d'Etat. Moi, en neuf ans de députation, j'ai peut-être lu une ou deux fois un sujet sur lequel je ne travaillais pas en commission... (Commentaires.) ...et pour lequel j'ai appris par la presse que certaines mesures avaient été mises en place, mais c'est extrêmement rare. Donc soyons un peu sérieux, laissons travailler l'exécutif et je vous demande, Mesdames et Messieurs, de rejeter cette motion, merci.
Fin du débat: Session 6 (mars 2014) - Séance 34 du 27.03.2014
Le président. Merci, Monsieur le député. Vu le nombre d'inscrits et l'heure qu'il est, je vous propose une petite pause. Nous reprenons à 10h.