République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 16 février 2006 à 17h
56e législature - 1re année - 5e session - 20e séance
RD 622 et objet(s) lié(s)
Le président. Je vous prie de rester debout, car notre ordre du jour appelle que nous rendions hommage à M. Georges Borgeaud, député au Grand Conseil entre 1973 et 1985, à M. Jean-Philippe Maitre, député au Grand Conseil entre 1973 et 1985 et à M. Jean-Claude Genecand, député au Grand Conseil entre 1985 et 1997.
Nous avons appris avec tristesse, il y a quelques jours, le décès de ces anciens collègues, tous trois députés démocrates-chrétiens. A leur famille et à leurs proches, nous adressons des messages de sympathie et d'amitié.
Si ces trois personnalités ont siégé sur les mêmes bancs, et à la même époque, elles n'ont pas pour autant partagé en toutes choses les mêmes opinions. Ainsi, par exemple, Jean-Philippe Maitre s'était engagé, comme député déjà, pour le développement économique du canton et, en particulier, de son aéroport, tandis que Georges Borgeaud, qui résidait à Vernier, a laissé dans les mémoires et les annales le souvenir d'un défenseur particulièrement farouche des riverains de l'aéroport contre le bruit des avions et de l'autoroute. Quant à Jean-Claude Genecand, sa sensibilité et son engagement social en faisaient un représentant traditionnel et militant des chrétiens sociaux.
Ainsi est attestée, si besoin était, la diversité des courants au sein d'une même famille politique.
Permettez-moi de m'arrêter un instant encore à la carrière de Jean-Philippe Maitre, qui, après douze ans d'activité parlementaire, a été tout naturellement élu au Conseil d'Etat et qui occupait une place à part dans le coeur des Genevois.
Durant les douze années qu'il consacra au département, qui était alors celui de l'économie publique, Jean-Philippe Maitre a poursuivi ses efforts pour la promotion du canton, aussi attentif aux problèmes des petites et moyennes entreprises, dont il savait bien qu'elles étaient créatives et pourvoyeuses d'emplois, qu'à ceux des multinationales.
Son art de la négociation, sa modération, son goût de la recherche du consensus, ont souvent fait merveille dans des situations difficiles, mais il savait aussi, quand l'essentiel était en jeu, renoncer aux compromis s'ils devenaient compromissions. C'est ainsi qu'il démissionna du Conseil d'administration de Swissair après la décision de la compagnie nationale de délaisser l'Aéroport de Genève.
Parallèlement à ses activités politiques cantonales, Jean-Philippe Maitre, en 1983 déjà, était devenu conseiller national. Il présida la commission des affaires étrangères, puis celle de l'économie et des redevances de la Chambre basse. Sa carrière fut couronnée par son élection à la présidence du Conseil national en novembre 2004, et nous fûmes nombreux, le 1er décembre de la même année, à le célébrer dans la joie, dans sa chère commune de Collonge-Bellerive. Quelques semaines plus tard, hélas, à l'occasion «d'un de ces rappels à la modestie que nous réserve la vie», pour reprendre sa formule, il démissionnait avec grandeur et dignité de sa haute fonction. Malgré son héroïsme, la mort l'a rattrapé et s'il est vrai que «rien n'est jamais acquis à l'Homme, ni sa force ni sa faiblesse...», Jean-Philippe Maitre restera pour longtemps dans la mémoire des Genevois avec son sourire pétillant d'intelligence, son intégrité et toute son éblouissante clarté. Sa disparition prématurée nous chagrine profondément, mais la sagesse exprimée par l'un de ses enfants lors des obsèques nous apporte à tous un vrai réconfort: «par le nombre d'années - nous disait-il - il est parti trop tôt; par l'intensité et par l'amour, il était plusieurs fois centenaire.»
Je vous invite pour honorer la mémoire de MM. Georges Borgeaud, Jean-Philippe Maitre et Jean-Claude Genecand, à observer un instant de silence. (Un instant passe.)
Vous pouvez vous asseoir. Monsieur Guy Mettan, vous avez la parole.
M. Guy Mettan (PDC). Merci, Monsieur le président. Je tiens à vous remercier pour l'éloge que vous avez fait de notre camarade et ami Jean-Philippe Maitre.
Mesdames et Messieurs les députés, un grand homme s'en est allé... Jean-Philippe Maitre nous a quittés ce 1er février, vaincu par sa tumeur au cerveau. Modèle de courage et de consensus, il laisse à tous les Suisses - les Genevois, en particulier - un souvenir et un héritage hors du commun.
Jean-Philippe Maitre aura beaucoup fait pour Genève... A Berne, il a défendu brillamment les intérêts de Genève en tant que parlementaire, d'autant qu'il savait rassembler. Pro-européen convaincu, il a mis en avant la Genève internationale à la commission des affaires étrangères, et, lorsqu'il présidait le groupe démocrate-chrétien aux Chambres, il a pu faire montre de son influence.
A l'exécutif cantonal, il aura gouverné l'économie durant douze ans. Il n'aura, hélas, pas eu la tâche facile. La crise des années 90 est arrivée avec son lot de problèmes, en particulier le chômage galopant. Pour un homme de conviction, cela a dû être difficile de ne pas pouvoir «booster» davantage le tissu local - ce qui lui a probablement laissé un goût amer...
Le style «Maitre» a épaté plus d'un politicien. Peu ont su, comme lui, alterner les moments de fermeté quand il fallait faire passer une idée, et les moments de souplesse quand il s'agissait de négocier. Des mauvaises langues disaient qu'il manquait de courage... Ils ne savaient sûrement pas que, parfois, Jean-Philippe était cinglant et s'enflammait. Mais il a fait preuve d'une écoute rare et son élégance était de tous les instants.
Au PDC, il était plutôt de conviction libérale et économiste, mais il n'en restait pas moins très sensible à l'humain. Pour nous tous, quelles que soient nos convictions politiques, c'est le souvenir exemplaire qu'il nous laissera.
M. Luc Barthassat (PDC). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, le parti démocrate-chrétien tient aussi à rendre hommage à M. Jean-Claude Genecand...
Ancien collègue avec qui j'ai eu la chance de siéger au sein de ce Grand Conseil en 1993, M. Jean-Claude Genecand était l'un des représentants de l'aile sociale de notre parti. Il était un homme de consensus, ne perdant jamais de vue le bien commun; un homme d'une grande force de travail, très engagé dans la défense professionnelle des commerçants et dans son métier d'artisan-boulanger. A Radio-Cité et, bien sûr, sur le terrain politique, il était toujours incollable sur les différents dossiers de notre Grand Conseil de l'époque. Nous garderons le souvenir d'un homme bon, souriant et sympathique, doté d'une grande foi chrétienne qu'il aimait partager.
Nous sommes aujourd'hui en pensée avec sa famille ainsi qu'avec la famille de M. Borgeaud, lui aussi trop tôt disparu.
Le président. Je vous remercie, Monsieur le député. Nous sommes à présent au point 2 de notre ordre du jour.