République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 26 avril 2013 à 15h30
57e législature - 4e année - 7e session - 42e séance
M 2081-A et objet(s) lié(s)
Débat
Le président. Nous passons au point 109 de notre ordre du jour. Le rapport est de Mme Marie Salima Moyard, qui ne souhaite pas prendre la parole. Je passe la parole à M. le député Jean Romain.
M. Jean Romain (R). Monsieur le président, chers collègues, lorsqu'on lit ce qu'on nous demande ici, c'est-à-dire une revalorisation des sciences expérimentales - physique, chimie, biologie - au cycle d'orientation, on ne peut être que d'accord, parce qu'il est évident que plus nos élèves auront accès à la science, plus nos élèves seront formés et plus ils auront une chance peut-être de trouver à l'avenir un métier qui puisse satisfaire justement à leur choix.
Cependant, il y a une difficulté - c'est la question que j'ai posée aux personnes qui sont venues en commission: mais si on augmente le nombre d'heures concernant les sciences expérimentales, c'est en défaveur de quelles disciplines ? Alors, bien sûr, on nous a répondu: «Ce n'est pas à nous de choisir cela.» Mais il est évident que, la grille horaire n'étant pas extensible à l'infini, ce n'est pas si facile que cela d'augmenter des heures de sciences et de ne rien toucher aux autres domaines.
Ce rapport très bien fait de Mme Moyard se réfère au rapport MINT, qui ne dit pas qu'il y a une relation directe entre le nombre d'heures que suivent les élèves au cycle d'orientation et le choix d'orientation qui sera fait ensuite par les futurs adultes. Il n'y a donc pas de rapport direct entre le nombre d'heures, c'est-à-dire la quantité, et la qualité.
En commission, j'ai quand même fait part d'une crainte que le parti radical avait, celle de rouvrir à Genève une guerre des disciplines: les uns contre les autres. Il ne s'agit pas de dire qu'il y a d'un côté ceux qui ont la bosse des maths et de l'autre côté les littéraires. Nous pensons au contraire qu'il s'agit d'un équilibre fragile, qui ne peut pas satisfaire tout le monde, c'est certain. Cet équilibre, dès qu'on y touche, chers collègues, risque justement de faire basculer les choses dans un dépit de la part de certaines personnes et finalement d'ouvrir une guerre inutile.
Nous n'avons plus besoin d'une guerre à l'école, Mesdames et Messieurs, nous avons besoin de retrouver une sorte de sérénité pour redonner confiance dans une école qui a perdu, en tout cas auprès des citoyens, une partie de cette confiance. C'est pour cela que nous étions quand même un peu dubitatifs quant au fait d'approuver sans autre ces deux objets parlementaires.
M. François Lefort (Ve). Je me sens un peu obligé de dire un mot suite à ce que vient de déclarer M. Romain. Evidemment, ce n'est pas dans le rapport MINT que vous trouvez l'évidence que l'imprégnation aux sciences favorise ensuite le choix pour des disciplines scientifiques et pour des métiers scientifiques. Dans le rapport MINT, on voit qu'il y a un manque d'étudiants dans les matières et les filières scientifiques des hautes écoles. C'est cela que montre le rapport MINT, cela n'a rien à voir avec le choix de ces étudiants.
Par contre, ce que l'on sait - et de nombreuses études le montrent, pas seulement en Suisse, mais dans le monde occidental en général - c'est que c'est bien à travers l'imprégnation aux sciences, après l'âge de 14 ans environ, que se font cette prise de connaissance et cet intérêt pour les métiers scientifiques. C'est dans ce sens que les signataires proposaient au Conseil d'Etat d'augmenter la dotation en heures de sciences expérimentales - biologie, physique et chimie - au cycle d'orientation. L'église étant remise au milieu du village, je clos cette intervention. (Exclamations.)
Mme Marie Salima Moyard (S), rapporteuse. Comme nous nous trouvons en séance des extraits, je ne comptais à priori pas prendre la parole, mais puisqu'un petit débat a commencé, il me fallait juste préciser deux éléments concernant la volonté majoritaire de la commission.
Je souhaitais d'abord vous rappeler, en complément de ce qui a été dit par MM. Romain et Lefort, qu'au sujet de ces trois invites il est question de conditions de travail pour les sciences expérimentales, à savoir notamment des effectifs restreints dans la mesure du possible, ainsi que des cours complémentaires en sciences pour les filières du nouveau cycle d'orientation qui n'ont pas la possibilité d'en suivre de manière spécifique, et enfin - et c'est uniquement sur cette dernière invite, qui est la première dans la rédaction, que mes deux collègues députés se sont exprimés tout à l'heure - la question des heures.
La commission sait bien que ce n'est pas le travail du Grand Conseil de rédiger, construire, reconstruire et modifier une grille horaire fort complexe. La majorité de la commission a néanmoins souhaité, par son acceptation et son renvoi au Conseil d'Etat de ces deux textes, indiquer au Conseil d'Etat qu'il y a un déficit par rapport aux moyennes prévues de manière informelle dans le plan d'études romand et par rapport à la moyenne de l'OCDE. Il s'agit d'une intention marquée à l'égard du Conseil d'Etat, dans le cadre de la révision partielle de certaines modifications qu'il y aura sur la grille horaire à la rentrée 2016 - la commission a changé la date qui était initialement prévue dans la motion.
C'est dire si la commission a tout à fait respecté - je terminerai par là - les prérogatives qui sont les siennes, ne confondant pas le travail du Conseil d'Etat et celui du Grand Conseil, mais elle marque un souci de la part des députés quant à la formation en sciences expérimentales des élèves à la fin de l'école obligatoire. Je vous remercie donc de renvoyer ces deux textes, comme la commission vous le demande, au Conseil d'Etat.
Le président. Merci, Madame le rapporteur. La parole est à M. Jean-François Girardet. Je vous rappelle qu'en séance des extraits, il n'y a qu'une intervention par groupe.
M. Jean-François Girardet (MCG). Merci, Monsieur le président. Le groupe MCG appuiera à la fois la motion et la pétition du fait que ces actes démocratiques sont soutenus par de nombreux signataires et constituent une question légitime posée au Conseil d'Etat. Il n'y a pas lieu de donner une réponse sur la base de ce qui a été discuté et travaillé en commission de l'enseignement; c'est le Conseil d'Etat qui viendra avec des réponses adéquates en fonction des moyens qui lui sont attribués par notre Grand Conseil, mais également en fonction de la politique à mener en matière de grille horaire pour le cycle d'orientation. Je vous remercie de soutenir à la fois la motion et la pétition.
Le président. Merci, Monsieur le député. Mesdames et Messieurs, la parole n'étant plus demandée, je vous fais d'abord voter sur la proposition de motion 2081.
Mise aux voix, la motion 2081 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 39 oui et 13 abstentions.
Le président. Je mets à présent aux voix les conclusions de la commission sur la pétition 1825, soit le renvoi au Conseil d'Etat.
Mises aux voix, les conclusions de la commission de l'enseignement, de l'éducation, de la culture et du sport (renvoi de la pétition 1825 au Conseil d'Etat) sont adoptées par 34 oui et 17 abstentions.