République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 26 janvier 2012 à 20h30
57e législature - 3e année - 4e session - 19e séance
M 2047
Débat
Le président. Nous passons maintenant aux urgences. Je donne la parole à M. Desbaillets, en vous rappelant que nous sommes en catégorie II, trente minutes.
M. René Desbaillets (L). Merci, Monsieur le président. Chers collègues, comme vous le savez, la circulation à Genève n'était pas le paradis jusqu'à cet automne, mais depuis la mise en service du nouveau système de bus, c'est l'enfer. Evidemment, on ne peut pas demander à la DGM d'être le bon Dieu et de tout solutionner depuis ses bureaux; il faut voir ce qui se passe sur le terrain. Ainsi, comme avec mon métier j'ai la chance de parcourir de long en large notre ville de Genève, cela depuis plus de quarante ans, avec un million de kilomètres environ et sans accident - c'est à relever quand même, je me permets ! - lorsque je suis bloqué dans les bouchons, j'observe la circulation et j'ai abouti à quelques constats.
Je me suis aperçu qu'avec le nouveau système de transports publics qui oblige les piétons et les usagers des TPG à traverser les places pour changer de transport - ce qui est tout à fait normal, je ne suis pas contre ce nouveau système - les flots de piétons qui traversent les rues, comme ils sortent par la porte d'un tram ou d'un bus à la queue leu leu, franchissent les passages cloutés également les uns à la suite des autres. Cela fait que souvent, quand il y a 50, 60 ou 100 personnes qui sortent d'un ou de deux trams de cette manière à la place Neuve ou à la place Bel-Air, les bus et les automobilistes s'arrêtent devant le passage clouté, comme la loi le requiert. Ce qui fait qu'une voiture s'arrête, puis une deuxième, si bien que les trams ou les bus ne peuvent plus passer et que donc tout se bloque.
L'exemple frappant se produit à la place Neuve: lorsque vous voulez en sortir pour aller en direction de la Croix-Rouge, vous vous arrêtez devant le passage piéton, et ce dernier est tellement mal placé que l'arrière de votre voiture se trouve sur les voies de tram. Cela a comme conséquence que tant que des piétons traversent, vous ne pouvez pas avancer et le tram ne peut pas repartir. Et si une deuxième voiture s'arrête derrière, le tram provenant de la Corraterie est lui aussi bloqué.
Je propose par conséquent que la commission des transports étudie ce problème et qu'à certains endroits de la ville - à des places et des carrefours - des signalisations lumineuses soient réinstallées pour les piétons. Il est bien clair que celles-ci doivent être un peu intelligentes. Il ne sert à rien qu'elles fonctionnent 24h/24, parce que le problème se pose durant environ deux à trois heures de pointe par jour où il faut aussi réguler les piétons afin que tout le monde dispose d'un certain temps pour traverser la route.
Je vous demande donc s'il vous plaît de renvoyer cette proposition de motion à la commission des transports, et je pense qu'il sera intéressant d'aller voir aux heures de pointe comment cela se passe réellement aux carrefours. Je vous remercie.
Mme Lydia Schneider Hausser (S). Mesdames et Messieurs les députés, les socialistes ont accepté l'urgence sur cette proposition de motion et ce pour pouvoir la refuser. En effet, ce n'est pas des feux pour les piétons qu'il faut installer dans les endroits charnières de transbordement d'un tram à l'autre ou d'un transport public à l'autre; il s'agit plutôt de réfléchir à ce qu'il n'y ait plus de trafic automobile.
Prenons le quai de l'Ile... (Commentaires. Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...la proportion des gens qui utilisent les transports publics - c'est-à-dire ceux que vous nommez «les piétons» - est impressionnante: ce sont des milliers, des dizaines de milliers de personnes par jour, versus quelques centaines, peut-être quelques milliers éventuellement, mais je dirais plutôt quelques centaines d'automobilistes qui passent par cet endroit. A un certain moment, il faut savoir fixer des priorités. On a beau dire tout ce que l'on veut sur les transports publics - les TPG - ces temps-ci, si on ne se donne pas les moyens de mettre l'accent sur les gens qui les utilisent dans ces noeuds de transports, comme le pont de l'Ile ou Cornavin, on est à côté des priorités que Genève peut se donner maintenant.
Mesdames et Messieurs les députés, les socialistes refuseront par conséquent bien entendu cette motion et espèrent que vous comprendrez l'urgence d'accorder peut-être à Genève la place aux piétons avant de l'accorder aux voitures. Merci beaucoup.
M. Hugo Zbinden (Ve). Monsieur le président, Mesdames et Messieurs les députés, si vous allez sur le site de la «Tribune de Genève», vous trouverez une page qui s'appelle «Genève au fil du temps» et vous y découvrirez des photos historiques de Genève. (Brouhaha.) Sur certaines, il y a beaucoup de piétons, sur d'autres beaucoup de trams, sur d'autres encore il y a beaucoup de piétons et de trams, mais il n'y a pas de bouchons. Parce qu'il faut quand même se rappeler que s'il y a des bouchons, c'est à cause des voitures et non des piétons... (Exclamations. Commentaires.)
Vous mentionnez dans la motion des endroits critiques comme Bel-Air. J'aimerais effectivement dire comme ma préopinante socialiste qu'il faudrait peut-être commencer par éviter qu'il n'y ait trop de voitures qui passent illégalement par la rue du Rhône. Nous aurions déjà résolu une partie du problème. Néanmoins, j'admets volontiers qu'à certains endroits un feu peut avoir du sens; nous ne sommes pas absolument contre les feux pour les passages piétons.
Cela étant, nous estimons quand même que cette motion est parfaitement inutile, parce que chaque fois qu'il y a un aménagement, la DGM s'interroge sur la nécessité d'installer un feu... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...et ce sont ces spécialistes qui vont décider de l'opportunité ou non en fonction de leurs meilleures connaissances. Je pense donc que, même si la motion part peut-être d'un bon sentiment, elle est parfaitement inutile, et c'est pourquoi nous la refuserons. Merci.
M. Pascal Spuhler (MCG). Le MCG soutiendra le renvoi en commission de cette motion assez lumineuse, si j'ose dire. En effet, nous avons aujourd'hui tous conscience du problème que les TPG provoquent avec leur nouveau réseau; nous savons tous qu'il n'y a plus moyen de circuler correctement en ville. Si en plus, les piétons se jettent sur la chaussée sans crier gare, nous n'allons pas nous en sortir. Il faut ainsi que nous puissions revenir à une sollicitation des feux lumineux tant pour les piétons que pour les véhicules.
En effet, quand on roule en véhicule le soir ou le week-end, qu'il n'y a pas de trafic et qu'on est obligé de s'arrêter bêtement à des feux qui fonctionnent par automatisme, c'est un peu ridicule. Il serait bien de ce fait d'y penser un peu plus loin et pas seulement par rapport aux piétons qui obtiendraient le feu lumineux pour passer en le sollicitant, mais également pour les véhicules, grâce au contact magnétique, puisque le système est connu.
Nous pensons par conséquent que la motion est intelligente et qu'il serait effectivement judicieux de revoir le système de fonctionnement des feux sur sollicitation et non selon des automatismes qui bloquent les gens et qui font qu'ils se précipitent à travers les carrefours sans crier gare. Merci.
M. Christo Ivanov (UDC). Vous me permettrez de m'étonner, Monsieur le président, face à ceux qui prônent la mobilité douce dans ce parlement et qui aujourd'hui refusent cette motion qui va dans le bon sens. Vous me permettrez d'être surpris ! Vous êtes pour les rues piétonnes, mais contre les parkings. Nous, nous sommes pour les piétons, pour les cyclistes, mais également pour les parkings ainsi que pour ceux qui travaillent et qui utilisent leur véhicule à cette fin. Par conséquent, le groupe UDC soutiendra le renvoi de cette motion à la commission des transports.
M. François Gillet (PDC). Je crois qu'à travers cette motion la question n'est pas de savoir qui doit être privilégié à tel ou tel endroit, mais il s'agit surtout de voir comment améliorer un certain nombre de points chauds ou noirs de cette ville, notamment ces fameuses interfaces de transbordement dont nous reparlerons demain.
Ainsi, si cette motion permet en commission de rappeler les règles de fonctionnement aujourd'hui appliquées et de savoir quels seraient les réglages qui peuvent être apportés, je crois que ce sera salutaire pour tout le monde. Cela dit, est-ce que les invites de cette motion sont toutes pertinentes ? Je ne pense pas que nous irons forcément dans le sens de l'ensemble de celles-ci, mais la nécessité ou l'utilité de refaire le point sur cette question amène le groupe démocrate-chrétien à accepter le renvoi en commission.
Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, il est possible de demander encore plus de feux intelligents, mais peut-être qu'il faudrait plutôt des usagers de la route plus futés. En l'occurrence, notre ville a déjà - et vous vous en plaignez d'habitude - énormément de feux de circulation, gérés depuis une centrale, lesquels donnent satisfaction la plupart du temps.
Au centre-ville, là où les problèmes se sont posés de manière cruciale, ce n'est peut-être pas la meilleure solution, notamment à Bel-Air. Les feux qui existaient jusqu'en 2002 ont été retirés suite à une pétition des TPG et on a pu gagner des minutes pour le passage des personnes à cet endroit. Effectivement, que ce soit à Rive ou là, ce sont plutôt les incivilités qui posent problème... Je rappelle que la circulation est interdite à cet endroit, que nous avons accompli d'énormes progrès et que, grâce aussi à ma collègue Isabel Rochat, nous sommes intervenus à nouveau pour opérer des contrôles durant ces derniers mois et cela va continuer. Les infractions sont quand même passées de 5000 à 500 par jour; c'est encore 500 de trop, mais nous allons y arriver, parce que je ne lâcherai pas le morceau. Et nous ferons en sorte que cet endroit n'ait pas besoin de feux de régulation, parce que ce sera simplement inutile.
Ailleurs, des feux peuvent être installés, mais franchement je crois qu'il y en a déjà énormément à Genève; ce doit être la ville au monde où il y a le plus de feux de régulation et je ne pense pas qu'il soit utile d'en ajouter encore au centre-ville. Il faudra prendre plus de mesures sur la gestion du trafic, mais pas remettre des feux pour les piétons qui - on est à Genève - sont souvent peu respectés.
Alors si vous voulez renvoyer la motion en commission, nous pourrons vous montrer tout ce qui concerne la gestion des feux, mais je pense que l'objectif ne peut pas être atteint par cette mesure. Je vous remercie.
Le président. Je vous remercie, Madame la conseillère d'Etat. Nous allons passer au vote sur le renvoi à la commission des transports.
Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 2047 à la commission des transports est adopté par 49 oui contre 21 non et 2 abstentions.