République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 14 octobre 2011 à 15h
57e législature - 2e année - 12e session - 73e séance
P 1774-A
Débat
M. Olivier Norer (Ve), rapporteur. Normalement dans les extraits - enfin, là nous ne sommes plus vraiment dans les extraits - quand il n'y a pas de débat entre majorité et minorité, le rapporteur ne prend pas la parole. Toutefois, semble-t-il, le sujet intéresse assez certains députés pour que l'on débatte des détails des travaux de la commission. Je vais donc me permettre d'aborder la thématique.
La pétition a été proposée par quelques habitants de Lancy, du square Clair-Matin, quartier qui souffre, notamment depuis l'inauguration du centre commercial Lancy Centre, de problématiques d'accès, de stationnement et de congestion routière. Il faut savoir que parallèlement à ces questions s'est produit dans le quartier un événement non négligeable: le chantier du tram. Celui-ci est quasiment finalisé, puisque le tram 14 sera inauguré le 10 décembre, pour une mise en fonction de la ligne le 11 décembre. Cela, effectivement, nous pouvons nous en réjouir; tout est en place et fonctionnera de ce côté-là.
Une bonne partie des invites de la pétition, par exemple le déplacement de l'arrêt de tram, n'ont pas de sens. En effet, déplacer un arrêt de tram déjà construit et qui semble fonctionner - en tout cas qui fonctionnera en décembre, pour le tram, nous en sommes certains - reviendrait à imposer à la collectivité plusieurs millions de charges supplémentaires pour un résultat dont on n'a aucune preuve de la plus-value. Ainsi, de ce point de vue, et pour différentes autres invites problématiques, la majorité de la commission a considéré qu'il n'y avait pas de sens à conserver cette pétition - quand bien même elle comprenait la thématique de l'accès au quartier du square Clair-Matin - mais que les mesures qui pourraient être adjointes ou corrélatives à l'inauguration du tram devaient être prises dans la foulée en 2012. Et en ce sens, la direction générale de la mobilité se doit d'aller réorganiser et auparavant observer la situation. Peut-être qu'avec le temps, avec l'été, avec les nouvelles pratiques modales liées à la nouvelle ligne de tram, le problème aura disparu de lui-même et qu'il n'y aura même pas lieu d'apporter quelques mesures correctives. En règle générale, il y en a de petites, mais elles sont minimes et ne concernent pas le déplacement d'un arrêt de tram en entier, car cela se compte en millions. Pour l'ensemble de ces raisons, la majorité de la commission vous recommande donc le dépôt de cette pétition.
Présidence de M. Pierre Losio, premier vice-président
M. Roger Golay (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, tout d'abord, nous n'avons pas la même appréciation du nombre que le rapporteur, puisqu'il parle de «quelques habitants» alors que 1253 personnes ont signé cette pétition. Celle-ci soulève de véritables problèmes suite à l'aménagement de l'axe TCOB à la hauteur de la route de Chancy - Lancy Centre. Lesquels ? Tout d'abord le manque de concertation, comme c'est souvent le cas quand nous recevons une pétition; nous pouvons constater qu'il n'y a pas de concertation en matière de circulation entre le DIM, les habitants et les autorités de Lancy, en l'occurrence, puisque le Conseil municipal n'avait pas vraiment été avisé du type de travaux de ces déplacements d'abribus, etc. On a été mis devant le fait accompli.
Ensuite, pour ce qui est de l'étude d'impact, c'est catastrophique. Pour vous dire, Lancy Centre a agrandi son parking, mais avec une seule entrée; par contre, on a triplé le nombre de places à l'intérieur. Il n'a pas été prévu de faire une entrée de l'autre côté - du côté du chemin des Mouilles, pour ceux qui connaissent - où il était tout à fait réalisable d'imposer cela aux propriétaires du centre, soit une seconde entrée pour absorber les flux de circulation. Deuxième impact sur les usagers des transports publics: l'EMS. Il y en a un, celui des Mouilles, qui est un EMS important. Or on a éloigné l'abribus de plusieurs centaines de mètres, alors que les résidents de celui-ci souffrent de mobilité réduite. Voilà le résultat de l'étude d'impact de la DGM - ou précisément de l'ensemble du DIM. (Brouhaha.)
Aujourd'hui, il est difficile de corriger tous ces manquements puisque, comme l'a dit le rapporteur - qui est pour une fois rapporteur de la majorité, ce n'est pas souvent le cas, Monsieur Norer... Quoi qu'il en soit, on peut constater qu'il serait difficile de tout corriger sans que cela n'implique des frais énormes. Toutefois, le groupe MCG n'est pas du tout d'accord avec la politique du DIM, de la DGM, par rapport à ces infrastructures et aux modes qu'ils envisagent à chaque reprise pour tout aménagement d'axe. On a vu la route des Acacias: pas d'élargissement. Tout est comme ça. Ça ne va plus ! Cela devient le foutoir, Genève ! Et on peut comprendre que les habitants, les automobilistes et les autres usagers de la route s'en plaignent.
Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député.
M. Roger Golay. Je conclurai. Il y a encore une possibilité par rapport aux pétitionnaires, c'est de rétablir la permission de tourner à gauche lorsqu'on vient de la ville pour entrer dans le square Clair-Matin, puisque cela a été supprimé. En effet, on demande aux automobilistes de faire des circuits totalement inutiles, en allant jusqu'au giratoire du chemin des Mouilles pour revenir en arrière sur plusieurs centaines de mètres, afin de pouvoir entrer dans le square. C'est quelque chose de complètement stupide et pour cela - rien que pour cela - cette pétition mérite d'être renvoyée au Conseil d'Etat.
Une voix. Bravo !
M. Antoine Droin (S). En réalité, ici, on est visiblement dans un problème de conflits d'intérêts, puisqu'il y a des éléments nombreux et variés qui font qu'une solution n'est pas forcément meilleure que l'autre. Reste que - et je suis d'accord sur ce point avec M. Golay - cela pose quand même diverses questions. En effet, la construction d'un tram implique que l'on améliore aussi une vitesse commerciale - c'est vrai, c'est important - de fait, on réduit également le nombre d'arrêts. Ceux-ci s'éloignent donc les uns des autres, ce qui est malgré tout problématique par rapport à d'autres intérêts, comme ceux d'un centre commercial, ceux d'un EMS ou ceux de correspondances TPG qui ne sont pas aux mêmes endroits.
En fait, le problème évoqué pour cet emplacement au Petit-Lancy, c'est qu'on a éloigné l'arrêt d'un EMS et d'un centre commercial pour le rapprocher d'une correspondance TPG et de certains emplois, dans une zone qui se développe beaucoup. Or il est tout de même un peu problématique de savoir quels sont les intérêts que l'on va privilégier. Effectivement, ceux qui l'ont été ne sont pas forcément ceux que nous, en tout cas, nous privilégierions au premier abord. Sur ce point, nous allons donc quand même dans le sens des pétitionnaires, d'autant plus qu'il y a un problème de circulation avec l'impossibilité de tourner à gauche vers le centre commercial quand on vient de la ville. Et ne pas pouvoir tourner à gauche constitue un problème. En effet, tourner à gauche c'est quand même l'essentiel dans la vie ! (Rires. Exclamations.) Je vous remercie !
M. Stéphane Florey (UDC). Cette pétition soulève trois problèmes. Le premier, c'est que c'est clairement une mesure anti-voitures qui a été déterminée là. Le deuxième problème, c'est le manque de concertation avec la population, parce qu'on voit qu'elle n'a pas été entendue. Le dernier problème, c'est l'accès au parking, qui rejoint la mesure anti-voitures. En effet, jusqu'à présent, je n'ai jamais vu un centre commercial avec un parking souterrain qui nécessite de parcourir 200 mètres pour y accéder. Le but d'un parking souterrain sous un centre commercial, c'est justement de pouvoir s'y rendre directement. Là, ce n'est pas le cas, et que fait-on ? On oblige les voitures à aller tourner bientôt au fin fond du village pour revenir en arrière, pour engorger la circulation encore plus. Et ça, c'est juste un non-sens !
En plus, on a sacrifié une voie d'accès direct à ce parking, justement, pour y faire quoi ? Pour y faire tourner exclusivement quelques camions par jour pour des livraisons. Alors certes, les camions doivent travailler - on est d'accord là-dessus - et avoir accès au centre commercial. Mais des camions, il n'y en a pas vingt par jour, alors le reste du temps c'est une voie qui est réservée pour cela, mais qui est totalement inutilisée. Donc on aurait très bien pu conserver cette voie pour les voitures, afin qu'elles puissent tourner et accéder directement à ce centre commercial. L'un des arguments que l'on nous a sorti en commission consistait à dire: «Oui, mais la voie est trop courte, ça va engorger la circulation jusqu'au carrefour des Esserts !» Mais je vous rappellerai que, avant les travaux, il y avait déjà une voie pour tourner à gauche ! Il est vrai qu'elle était plus longue, parce que l'arrêt prenait moins de place, mais même à l'époque je n'ai jamais vu - je n'ai jamais vu ! - un bouchon à cet endroit à cause de cette voie de circulation. Et quand on nous dit que ça va bouchonner jusqu'à la route du Pont-Butin, là c'est vraiment pousser le bouchon un peu loin. C'est pour ces raisons que le groupe UDC soutiendra le renvoi de cette pétition au Conseil d'Etat.
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole n'étant plus demandée, nous allons voter sur le dépôt de la P 1774 sur le bureau du Grand Conseil.
Mises aux voix, les conclusions de la commission des pétitions (dépôt de la pétition 1774 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 30 oui contre 29 non et 1 abstention.