République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 14 octobre 2011 à 15h
57e législature - 2e année - 12e session - 73e séance
P 1770-A
Débat
M. Ivan Slatkine (L), rapporteur de majorité. Mesdames et Messieurs les députés, en préambule, je dois dire que je m'étonne que l'on n'ait pas pu lier ce rapport à la proposition de résolution 633, déposée par le groupe socialiste, qui demande exactement la même chose que cette pétition. On va donc s'amuser à faire deux fois le débat, et je trouve ça quelque peu étonnant. Il y a des choses qui me surprennent dans le fonctionnement de notre Grand Conseil !
La position de la majorité est de déposer cette pétition sur le bureau du Grand Conseil, et ce pour diverses raisons. La première - je viens de vous l'expliquer - c'est qu'il y a une résolution socialiste qui demande exactement la même chose, et nous nous sommes engagés à l'accepter. La deuxième raison, c'est que cet été des bains au fil du Rhône ont ouvert. Le Conseil d'Etat, avec la Ville de Genève - si je ne fais erreur - a mis en place une structure qui, certes, doit être améliorée, mais les gens peuvent aujourd'hui se baigner au fil du Rhône à la pointe de la Jonction. Ces améliorations viendront certainement; après il s'agit d'aménagement du territoire, ce qui relève plus des compétences de la Ville que du Conseil d'Etat. Ce dernier a fait son travail, il a autorisé les bains dans le Rhône, cette pétition n'a donc plus de raison d'être, c'est pourquoi nous vous demandons de la déposer sur le bureau du Grand Conseil et de soutenir dans quelques mois, quand nous arriverons au point... Excusez-moi... (Remarque.) Non, je vais le retrouver ! Au point 26 de notre ordre du jour, nous referons le même débat, et cette fois nous accepterons la résolution pour montrer que nous ne sommes absolument pas opposés à ce que les gens se baignent dans le Rhône.
M. Olivier Norer (Ve), rapporteur de minorité. Mesdames et Messieurs, le traitement de cette pétition nous laisse perplexes, tant la majorité que la minorité, semble-t-il, car il aurait été de bon sens de lier la résolution 633 à cette pétition. A propos de bon sens, il aurait aussi été intéressant de se poser des questions sur les différentes invites. Dans ce cas de figure, on constate que le rapporteur de majorité choisit toutes les invites dans leur ensemble, considère que l'une d'entre elles pose un problème - en l'occurrence une passerelle spécifique - et à partir de là rejette la pétition, parce qu'une invite dérange. Dans le vote précédent concernant le secteur de la Praille-Acacias-Vernets, il n'a en revanche pas eu la même considération et a indiqué que cela ne faisait rien que la pétition demande que d'un point de vue légal on soit beaucoup plus souple dans un quartier par rapport à d'autres. Là, la gêne n'a pas eu lieu, et effectivement la plénière a envisagé la pétition de manière bien plus large.
Donc nous, minoritaires, considérons que cette pétition, au même titre que la majorité, part d'un bon sens, puisqu'elle parle de pratique balnéaire dans le Rhône; elle part d'un autre bon sens, puisque, effectivement, c'est en partie déjà le cas. A partir de là, pour obtenir quelques précisions supplémentaires - puisqu'on n'a même pas eu l'occasion de traiter cette pétition du début jusqu'à la fin - il est nécessaire d'avoir une réponse complète et circonstanciée de la part du Conseil d'Etat, qui nous dira que des projets et réalisations sont en cours et que peut-être quelques autres seront complémentaires. En tout cas, nous aurons ainsi une réponse sur cette problématique, peut-être en lien également avec la résolution qui, on l'espère, ne sera pas votée dans six mois.
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député Eric Stauffer, sur ce sujet, bien évidemment.
M. Eric Stauffer (MCG). Merci, Monsieur le président. Je souhaiterais vous rappeler un article de la loi portant règlement du Grand Conseil, qui prévoit que lorsque des propos qui sont visiblement erronés sont prononcés, le député peut très brièvement corriger s'il y a eu méprise. J'aimerais donc simplement pouvoir dire, si vous me l'autorisez - vous voyez, je ne fais pas le flibustier de la parole - que Mme Künzler a indiqué quelque chose qui était faux: le produit des macarons ne revient pas aux communes, mais il est bien absorbé en totalité par la Fondation des parkings. Dès lors, je ne veux pas qu'on puisse croire - ou que les citoyens puissent croire - que vous aviez raison, car vous aviez tort. Merci.
Le président. Il ne s'agissait donc pas de la problématique des bains publics du Rhône... La parole est à M. le député Vincent Maitre.
M. Vincent Maitre (PDC). Je vous remercie, Monsieur le président. Je m'exprimerai très brièvement sur cette pétition. Lorsqu'une bonne idée émerge, le PDC l'applaudit évidemment des deux mains. C'en est une; elle répond réellement à une demande de la population, car les citoyens de ce canton ont envie de se réapproprier les bords du lac, les bords du Rhône.
Pour ce qui est du texte précis qui nous occupe aujourd'hui, la pétition succède à une résolution déjà déposée par le parti socialiste - cela a été rappelé - qui traite exactement du même sujet. On comprend bien la démarche qui naît de cette pétition, c'est-à-dire de faire accélérer les choses autant que faire se peut. Je constate aujourd'hui que le discours est un petit peu ambigu de la part du rapporteur de minorité, puisque - si j'ai bien compris ses propos - les choses ne vont pas assez vite, mais on n'en discute pas assez. Il y a là quelque chose de relativement paradoxal et contradictoire.
Finalement, pour ces deux textes, rien ne sert d'en débattre pendant des heures, puisque tout le monde est d'accord d'aller dans ce sens et d'appuyer la proposition socialiste. Pour le reste, on est dans la pure technique législative, la pure tactique politique. Je vous encourage donc tout simplement à déposer cette pétition et à soutenir le moment venu la résolution, pour faire en sorte que le Conseil d'Etat en prenne bonne note et l'applique. Merci. (Applaudissements.)
Des voix. Bravo !
M. Roger Deneys (S). Mesdames et Messieurs les députés, certes, nous aurions pu imaginer que cette pétition soit classée et que l'on traite la résolution par la suite. Mais en même temps, avec l'ordre du jour que nous connaissons dans ce Grand Conseil, on peut aussi bien envisager que ce soit l'inverse et que cette pétition soit renvoyée au Conseil d'Etat pour qu'ensuite la résolution soit retirée. La pétition passe d'abord, donc, dans tous les cas, la problématique est réelle. (Brouhaha. Le président agite la cloche.)
Certes, une partie des aménagements ont été réalisés... Quelque part, moi je regrette que la commission n'ait pas souhaité procéder à des auditions, parce que s'il est vrai que des aménagements ont déjà été réalisés à la Jonction le long du Rhône - j'ai d'ailleurs pu en profiter cet été, c'était une expérience très sympathique - en même temps vous avez pu lire comme moi dans la presse que les équipements sanitaires ont fait défaut. Et c'est tout de même assez particulier de constater que Genève, une ville relativement riche qui s'apprête à dépenser - ou à faire dépenser à la Confédération - quelques milliards pour traverser le lac, n'est pas capable d'équiper de toilettes publiques des bains situés le long du Rhône. C'est tout simplement surréaliste ! (Remarque.) Oui, c'est peut-être la Ville, mais il n'empêche qu'en réalité on peut s'interroger, car il y a des questions d'autorisations et de travaux; donc ce n'est pas forcément que la Ville.
De façon plus générale, on peut estimer que le Grand Conseil - en tout cas la majorité de la commission - a peut-être loupé le coche, parce que cette dernière aurait pu formuler des recommandations plus précises, susceptibles d'améliorer le projet. C'est quand même incroyable qu'à Genève nous devions attendre plusieurs années pour équiper correctement des lieux en général très appréciés des touristes. Donc Genève, ville internationale mais avec des cacas de chiens et pas de toilettes, ce n'est franchement pas terrible.
Mme Christina Meissner (UDC). J'avoue que j'ai un peu de peine à comprendre à la fois la résolution et la pétition qui parlent de l'aménagement de bains publics le long du Rhône. En effet, des aménagements sous forme de plates-formes ont été réalisés, et cela l'année passée si mes souvenirs sont bons. Ceux-ci répondaient ainsi à cette demande, puisque l'on voit qu'ils sont extrêmement fréquentés. De plus, c'est une bonne chose que de commencer par des aménagements légers, peu chers, pour voir ce qu'il se passe, avant d'aller de l'avant pour en réaliser de plus lourds. En l'occurrence, que se passe-t-il ? Vu l'intérêt des gens par rapport à la baignade en milieu urbain, ils ont beaucoup de succès. Et ce succès, qu'entraîne-t-il ? Des problèmes de sécurité et des risques non négligeables; apparemment les pompiers ont déjà dû intervenir plusieurs fois.
Je dirai donc: laissons vivre un moment ces plates-formes avant d'aller plus loin. Et autant la pétition devrait être déposée sur le bureau du Grand Conseil, autant la résolution, dans le même sens, ne devrait pas être acceptée. Merci.
Le président. Merci, Madame la députée. La parole est à M. le député Claude Jeanneret, à qui il reste deux minutes vingt.
M. Claude Jeanneret (MCG). Merci, Monsieur le président. Chers collègues, nous sommes toujours extrêmement intéressés par le bien-être de nos concitoyens, et je crois que cette baignade dans le Rhône est quelque chose d'extraordinaire. La question de la sécurité, on peut la poser, mais si les gens se baignent dans le cadre préparé par ceux qui ont organisé ces bains, ça va, du reste il n'y a jamais eu d'accident ces dernières années. Donc il ne faut pas imaginer le danger là où il n'existe pas.
J'aimerais simplement dire une chose: comme le Conseil d'Etat a déjà bien travaillé et a préparé le terrain, attendons de faire le bilan de ce qui a été entrepris. Les gens ont accès au Rhône, ils peuvent aller se baigner. Je pense que cette pétition avait un bon fond, mais actuellement elle est obsolète et le MCG propose de la déposer sur le bureau du Grand Conseil.
M. Ivan Slatkine (L), rapporteur de majorité. Je voulais conclure rapidement pour dire quand même que, non, la pétition et la résolution ne sont pas deux copier-coller. La résolution invite le Conseil administratif de la Ville de Genève et le Conseil d'Etat à collaborer pour un projet, alors que la pétition demande des bains fluviaux - très bien, là il s'agit de la même chose - mais aussi une passerelle piétonne reliant la pointe de Saint-Jean à celle de la Jonction. Vous comprendrez qu'on sort là du simple problème des bains fluviaux ! C'est quelque chose de plus, on parle d'un pont. En règle générale, en face de moi, vous n'êtes pas très favorables aux ponts - je me souviens d'un débat hier... Mais peu importe. Cependant, dès lors qu'on parle de la construction d'un pont, que va-t-il se passer à la Jonction ? Ce n'est pas aussi évident que cela ! La résolution a donc un bon fond, il n'y a aucun problème, car nous sommes tous pour ces bains, je vous l'ai dit. La pétition, elle, est un petit peu plus vicieuse, il faut donc nuancer les choses. C'est pour cette raison que nous vous proposons de déposer cette dernière sur le bureau du Grand Conseil.
Quant aux aménagements, Monsieur Deneys, de mon point de vue, c'est à présent de la compétence de la Ville de Genève. Le Conseil d'Etat a fait son travail, et d'ailleurs il n'a eu besoin de recevoir ni la pétition ni la résolution pour faire quelque chose, puisque durant tout l'été les Genevois et les frontaliers ont pu se baigner le long du Rhône à la Jonction. Je crois qu'ils en ont tous bien profité et c'est une très bonne chose. Maintenant, on va trouver des ajustements au fur et à mesure. En conclusion, je vous remercie de suivre le rapport de majorité. (Brouhaha. Le président agite la cloche.)
Le président. Merci, Monsieur le rapporteur. La parole est à M. le député Roger Deneys, à qui il reste trente-cinq secondes.
M. Roger Deneys (S). Trente-cinq secondes, cela me suffira amplement pour dire que je comprends bien le souci de M. Slatkine; les pétitionnaires n'ont pas mis qu'il s'agissait d'un pont pour les voitures, voilà le problème ! Donc je comprends qu'il souhaite refuser cette pétition !
Soyons sérieux: à Genève, on fait des pétitions pour demander des toilettes publiques; on en est là aujourd'hui et c'est vraiment dramatique. Alors le Conseil d'Etat et le Conseil administratif doivent travailler, ainsi que les communes, pour que cela se fasse automatiquement, car c'est grave d'en arriver à des pétitions pour obtenir cela.
Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Mesdames et Messieurs les députés, c'est avec grand plaisir que j'ai lu cette pétition, puisque c'est un projet qui me tenait personnellement à coeur depuis plus de dix ans. Dès qu'on a pu organiser très simplement les bains du Rhône, on l'a fait. Maintenant, la collaboration avec la Ville est en route.
Nous avions élaboré les choses de manière assez simple, peut-être timide, et nous avons été dépassés par le succès, parce que cela répond à un réel besoin. C'est aussi le premier pas pour répondre à ce besoin de baignade, d'interface avec l'eau, que constituera la plage des Eaux-Vives, qui sera le grand projet. L'interface dont nous parlons là est intéressante et nous allons la poursuivre, en tout cas en ce qui concerne l'Etat, puisque notre compétence s'arrête à la lisière de l'eau. En effet, tout ce qui touche au ponton sur l'eau relève de l'Etat, alors que celui qui est situé sur l'herbe est du ressort de la Ville.
Donc nous discuterons, puisque, malgré ce contexte extrêmement intriqué, il faut aller de l'avant. Et je crois que les représentants de la Ville ont compris que c'était nécessaire, car ils étaient un peu réticents au départ. Ils pensaient qu'il y aurait de nombreux problèmes et que ce serait très difficile; ils ont été dépassés par le succès. Ils vont effectivement devoir mettre en place des équipements simples, basiques, c'est-à-dire des poubelles, des WC, enfin tous les équipements qui sont nécessaires dans les lieux publics. Je pense que dès l'année prochaine ce sera fait. Et nous, dès l'an prochain, si le budget est voté, nous aurons peut-être les quelques dizaines de milliers de francs pour poser les planches supplémentaires. Mais bon, voilà, rendez-vous en décembre !
Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Nous allons maintenant nous prononcer sur les conclusions de la majorité de la commission, soit le dépôt de la pétition 1770 sur le bureau du Grand Conseil.
Mises aux voix, les conclusions de la majorité de la commission des pétitions (dépôt de la pétition 1770 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont adoptées par 47 oui contre 24 non et 1 abstention.