République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 28 janvier 2011 à 15h
57e législature - 2e année - 4e session - 21e séance
P 1737-A
Débat
M. Bertrand Buchs (PDC), rapporteur. J'aimerais juste signaler une erreur de plume à la page 3: ce sont 36 logements en tout, pas 36 logements par étage.
Le président. Voilà qui nous rassure ! La parole est à Mme Roiz.
Mme Jacqueline Roiz (Ve). Merci, Monsieur le président. Cette pétition traite de la démolition de deux maisons à la rue Samuel-Constant, dans le quartier des Délices, dont l'une est occupée par une école. Les pétitionnaires se faisaient du souci quant à la démolition de ces deux maisons et l'installation de l'école, mais aussi quant à la perte du petit poumon vert qui pouvait encore exister dans ce quartier très densifié.
Lors des séances de la commission d'aménagement, on a également parlé du réaménagement de l'école. Il a été dit que c'est envisageable, mais on ne sait pas à quel point. On a aussi constaté que le service des monuments et des sites n'avait pas sollicité de mesures de maintien, mais avait en même temps reconnu un certain intérêt. Par ailleurs, des parkings supplémentaires vont être aménagés comme c'est la règle - en tout cas pour le moment. Il s'agit donc d'un problème récurrent et qui va se présenter de plus en plus fortement dans le canton, car, si chaque fois que l'on bâtit des logements on doit construire autant de parkings, cela va rendre la vie de plus en plus difficile. On constate en outre que la densité qui est déjà très élevée - elle se situe à 2.8 - va augmenter à 3.5. Le nombre de voitures va lui aussi s'accroître, et tout cela va engendrer des problèmes de circulation. Enfin, il faut également tenir compte du fait que les futurs logements vont en grande partie être privés de soleil.
Pour toutes ces raisons, le groupe des Verts demande le renvoi au Conseil d'Etat, ce qui permettrait de prendre en considération l'avis de la population et des pétitionnaires.
Mme Lydia Schneider Hausser (S). Mesdames et Messieurs les députés, quand on pense à la densité des nouveaux projets d'aménagement prévus dans le canton, quand on pense aux terrains et à la possibilité de logements supplémentaires qu'il pourrait y avoir sur ces nouveaux terrains, sur ces nouvelles installations... Or là, il s'agit d'un bâti déjà dense au centre-ville, où il y a des routes, avec un trafic important, et il faut aussi penser que ces quartiers ont été construits autour de plans qui laissaient des poumons d'oxygène et qui donnaient des ouvertures. Ici, par exemple, entre ce bout de quartier des Délices et le musée Voltaire, avec le parc Voltaire, il y avait une certaine logique historique à préserver.
Nous n'avons pas rédigé de rapport de minorité sur cette pétition, parce que le parti socialiste est et reste en faveur de la construction de logements pour les Genevois, les habitants de Genève - de n'importe quelle nationalité qu'ils soient, mais pour les habitants de Genève. En revanche, nous aurions effectivement désiré et nous désirons toujours que ce rapport soit renvoyé au Conseil d'Etat, car nous pensons qu'il doit y avoir une négociation au sujet d'un quota acceptable dans un quartier aussi dense et quant à des aménagements possibles qui pourraient être acceptés, je pense, de part et d'autre, de manière raisonnable, sans arriver à imposer un bloc tel qu'il est prévu dans ce lieu.
Mesdames et Messieurs les députés, je vous enjoins donc de suivre notre position, qui paraît être une position médiane, qui pourrait satisfaire un grand nombre d'habitants du centre-ville et en particulier de ce quartier de Saint-Jean, tout en préservant la construction de logements. En conclusion, nous refuserons le dépôt de cette pétition et vous prions de la renvoyer au Conseil d'Etat.
M. Michel Ducret (R). Bien sûr, Mesdames et Messieurs les députés, on peut certes déplorer une densification de l'espace urbain, on peut déplorer que cela change, mais si cela ne change pas là, où donc cela pourra-t-il changer ? On ne peut souhaiter construire des logements, préserver de l'espace agricole et des couloirs biologiques, etc., sans densifier là où c'est possible. On ne peut pas construire la ville en ville si l'on n'accepte pas une telle possibilité de bâtir. Mesdames et Messieurs les députés, lors de la pesée des intérêts, le groupe radical se prononce très clairement pour le classement de cette pétition, puisque, à un moment donné, il faut savoir décider et aller de l'avant. J'aimerais encore rappeler, par rapport aux propos de ma préopinante, qu'encore une fois la situation de zones ne préjuge pas de la forme urbaine qui sera adoptée au final. Il s'agit d'ailleurs d'une autre problématique, laquelle n'est pas posée par la pétition qui, elle, s'oppose à tout changement.
M. Roger Golay (MCG). Mesdames et Messieurs les députés, le groupe MCG va également soutenir le renvoi au Conseil d'Etat. Lorsque j'entends les propos de mon collègue radical Michel Ducret... Il n'y a qu'à construire ! On se plaint effectivement que l'on souhaiterait plus de densité sur certains espaces... Densifions la ville ! C'est ce que prétend Monsieur. Mais l'endroit est déjà très densifié: le dégagement entre le projet de construction et les façades existantes a une distance de 15 ou 16 mètres, c'est pour cela que les gens de ce quartier ont rédigé une pétition. On va leur supprimer un petit espace vert où est juste située une petite villa en bas de ces immeubles, pour remplacer cela par un monstrueux bâtiment vert qui va les priver de jour et évidemment de soleil. Il est donc facile de dire qu'il faut densifier la ville lorsqu'on habite dans des quartiers résidentiels, à Anières, à Collonge-Bellerive, comme M. Ducret et ses collègues... (Exclamations.) Peut-être pas forcément M. Ducret, mais les radicaux, les libéraux et compagnie... Il est facile de densifier les endroits où soi-même l'on n'habite pas ! (Commentaires. Le président agite la cloche.) Moi je trouve quand même qu'il est scandaleux d'avoir ce côté égoïste. Le MCG est aussi favorable au logement, on l'a dit, mais à caractère humain ! Et pas pour une sururbanisation, comme vous le proposez, Monsieur Ducret ! Il est clair que, en tant qu'architecte, tout ce que vous souhaitez, c'est bétonner à outrance, pour vos marchés, pour vos petits copains, etc. Mais vis-à-vis des gens qui habitent la ville et qui vivent déjà dans des zones surdensifiées, les propos que vous tenez sont juste scandaleux.
Une voix. Bravo !
Le président. D'une manière générale, Monsieur le député... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) Monsieur le député Roger Golay ! Oui, j'essaie de vous parler ! D'une manière générale, je ne suis pas favorable aux attaques personnelles de qui que ce soit contre qui que ce soit. Je vous serai donc reconnaissant, la prochaine fois... (Commentaires de M. Roger Golay.) Depuis que je suis ici, vous n'êtes pas attaqué. Laissez-moi finir, vous n'avez pas la parole ! Je vous serai donc reconnaissant, la prochaine fois, d'être attentif au fait que vous avez le droit de faire valoir vos arguments, sans pour autant prendre à partie l'un ou l'autre des membres de cette assemblée. La parole est à M. Michel Ducret, pour un maximum d'une minute.
M. Michel Ducret (R). Monsieur le président, je vous remercie. Vous signifierez à M. Golay que mon adresse et mon domicile sont à la route de Frontenex - une pénétrante - dans un appartement de cinq pièces, qui n'est même pas traversant. (Exclamations.) Merci pour cette précision ! Deuxièmement, je tiens à relever que si le fait de vouloir exercer son travail est quelque chose qui n'est pas respectable pour le MCG, je ne sais pas quel monde il veut nous promettre.
Mme Michèle Künzler, conseillère d'Etat. Dans le programme de législature, le Conseil d'Etat a décidé de promouvoir le logement et d'en créer 2500 par année. Effectivement, dans ce contexte urbain, c'est difficile. Je le reconnais, ce projet qui est conforme en tous points aux lois en vigueur - on peut densifier, on est en zone 2, ce seront des logements d'utilité publique, puisque c'est une coopérative qui les construit - pose quelques problèmes, dans un lieu très densifié. On peut trouver des dérogations, on peut améliorer le projet, mais il faudra construire ces logements. Le fait que l'on densifie autant en ville de Genève aura aussi des conséquences positives, puisque l'on préserve ailleurs l'environnement, la nature et l'agriculture. Mais cela devrait aussi inciter les autres communes suburbaines, qui doivent construire, à bâtir de manière beaucoup plus dense, parce qu'il n'est pas tolérable - et je remercie M. Golay de l'avoir dit, même s'il l'a fait peut-être de manière un peu maladroite - qu'il y ait des inégalités flagrantes dans le développement de Genève. Et cela incite le Conseil d'Etat à mener aussi une politique de la ville pour réduire ces inégalités. Nous avons un développement inégalitaire du territoire, il faut y remédier, mais concernant ce projet-là, il faut aussi construire en ville, et le Conseil d'Etat s'y engage.
Le président. Merci, Madame la conseillère d'Etat. Nous sommes maintenant en procédure de vote.
Mises aux voix, les conclusions de la commission d'aménagement du canton (dépôt de la pétition 1737 sur le bureau du Grand Conseil à titre de renseignement) sont rejetées par 38 non contre 36 oui et 1 abstention.
Mis aux voix, le renvoi de la pétition 1737 au Conseil d'Etat est adopté par 40 oui contre 36 non et 1 abstention.