République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 3 décembre 2010 à 20h30
57e législature - 2e année - 2e session - 10e séance
M 1902
Débat
M. Alain Charbonnier (S). Mesdames et Messieurs les députés, cette motion traite en partie des citernes situées sur la commune de Vernier. Tout le monde connaît ces citernes, je crois, dans le canton voire à l'extérieur, qui forment une très belle haie d'honneur le long de la route de Vernier, dégagent moult odeurs de pétrole, amènent énormément de camions sur cette route de Vernier ou dans la commune en général... (Brouhaha. Le président agite la cloche.) ...et qui - il ne faut pas l'oublier - constituent un danger potentiel très important, en tout cas classé comme tel par la protection civile, entre autres.
Il y a toujours eu des idées quant à déclasser ces citernes, à les déplacer aussi. Mais qui veut de ces citernes ? Qui en voudrait ? Evidemment, la commune de Vernier ne se fait aucune illusion: aucune autre commune ne serait capable ou ne souhaiterait accepter ces citernes sur son territoire.
Voyant cet état de fait depuis des années et des années, la commune a essayé de savoir ce qu'il était possible d'entreprendre. Il y a déjà eu des suppressions de certaines citernes et un terrain de la FTI s'est dernièrement libéré - ou va être libéré, plus précisément par une entreprise de béton nommée Holcim, pour ne pas la citer. A cette occasion, la commune a étudié les possibilités qui s'offriraient éventuellement à elle, ainsi qu'au canton et aux pétroliers eux-mêmes. Il s'agissait de voir comment rationaliser les terrains et faire des rocades, de façon à libérer des terrains, entre autres en face d'Ikea, à Blandonnet, pour éventuellement agrandir, par une troisième partie, le centre administratif de Blandonnet.
Une autre solution s'offre maintenant dans la perspective d'un projet au chemin de l'Etang, projet encore bien loin d'être réalisé. Dans cette optique, les citernes situées le long de la voie ferrée, en face du chemin de l'Etang, posent de gros problèmes. L'idée serait donc de pouvoir relocaliser aussi ces citernes-là sur la parcelle occupée par Holcim, en partie en tout cas.
La FTI a donc reçu ces propositions et devait normalement étudier la question. Depuis le début, elle a dit: «Non, nous avons une entreprise à la Praille-Acacias, laquelle fait de la déchetterie industrielle.» Et cette industrie se trouverait très bien à cet endroit, parce que, Vernier, c'est quand même un peu la poubelle du canton, il faut le reconnaître. Ce n'est pas parce que je suis habitant de la commune que je le dis: nombre de gens sont témoins de cela, de tout le canton et pas seulement de la commune. La FTI n'a donc pas retenu la ou les propositions de la commune et a décidé malgré tout d'octroyer un droit de superficie sur ce terrain à l'entreprise Jaeger & Bosshard - quoique pas directement puisqu'ils passent par Implenia. Alors, là, il y a encore un coup fumeux, mais ça ne sert à rien de rentrer dans les détails. Ce qui compte, c'est que, une fois de plus, une commune fait des propositions, et on s'assied complètement dessus, au niveau du conseil d'Etat, au niveau de la Fondation des terrains industriels...
Le président. Il faudrait songer à conclure, Monsieur le député.
M. Alain Charbonnier. Oui, j'y songe, et j'y arrive. C'est de ces éléments que découle cette motion qui, malheureusement, date maintenant de plus d'une année. Mais elle est tout à fait d'actualité puisque la FTI vient de décider de cet octroi d'un droit de superficie à Implenia - et ensuite, dans un deuxième temps, à Jaeger & Bosshard, de façon à placer cette entreprise. Nous nous opposons à cela ! La motion est tout à fait d'actualité et répond parfaitement aux voeux de la commune, c'est-à-dire que Vernier arrête un petit peu - un petit peu ! - d'être la poubelle du canton.
Mme Christina Meissner (UDC). La commune de Vernier est gâtée en matière de zones industrielles, c'est dire ! Déjà un quart de notre territoire est en zone industrielle, mais c'est encore à Vernier que l'Etat veut en créer non seulement de nouvelles, mais veut aussi y déplacer les entreprises qu'il trouve finalement peu adaptées à la Praille-Acacias - qui est en fait l'endroit qu'il veut mettre en avant. Parmi les entreprises qui ne trouvent certainement pas grâce aux yeux du Praille-Acacias-Vernets, eh bien, il y a Jaeger & Bosshard. Jaeger & Bosshard est un ferrailleur, quelqu'un qui s'occupe effectivement de recyclage de ferrailles.
Quant à son déplacement, eh bien, on choisit évidemment, une fois de plus, Vernier. L'Etat aide, par le biais de la FTI, à l'installation de Jaeger & Bosshard à l'entrée de Vernier - à l'entrée de Vernier ! - précisément là où cette commune souhaite requalifier son territoire, réaliser du logement, des emplois à forte valeur ajoutée - pour changer, pour une fois. Belle reconnaissance pour la deuxième commune du canton ! Commune qui a beaucoup donné - que ce soit pour l'accueil d'habitants, que ce soit en accueils de tous genres - et qui est aujourd'hui récompensée par la poussière, le béton, les pétroliers, les citernes, la tôle froissée, les carrossiers, la tôle ondulée, et j'en passe.
A Vernier, ce n'est pas de déclassements dont on a besoin, mais de reclassements au niveau paysager, au niveau des logements et de la création d'emplois de qualité à haute valeur ajoutée. Cela vaut tant au niveau communal qu'au niveau cantonal, l'UDC se battra pour la qualité de vie des habitants et pour préserver leur environnement d'un mitage inacceptable. Nous soutenons évidemment cette motion.
M. Miguel Limpo (Ve). Les Verts seront bien évidemment favorables à cette motion visant, de manière indirecte, à construire et à amener de nouveaux emplois à haute valeur ajoutée sur la commune de Vernier qui a jusqu'ici - comme l'ont dit mes préopinants - été mise de côté. En effet, depuis quelques années, on voit y affluer de nombreuses grandes surfaces, les nuisances de l'aéroport sont toujours là, il y a aussi les citernes, vis-à-vis desquelles cette motion permettrait apparemment de résoudre un certain nombre de problèmes.
Au sujet de la motion, nous avons vraiment plusieurs interrogations concernant Jaeger & Bosshard puisque - même si l'on prévoit de déplacer cette entreprise dans cette zone, à laquelle nous ne sommes pas favorables - il se trouve qu'il n'y a actuellement pas de projet pour l'endroit où elle se trouve au PAV, il n'y a pas d'acheteur pour cette surface-là. En plus, sur le territoire de la Praille - ça a été dit il y a deux ans déjà - la nappe phréatique se trouve à un mètre sous le sol, ce qui fait que, de toute façon, on n'arriverait pas à construire sur cet endroit-là.
Par ailleurs, la commune est tout à fait ouverte à ce qu'il y ait d'autres emplacements pour Jaeger & Bosshard, comme des terrains que d'autres communes possèdent et pourraient mettre à disposition. Il faut évidemment essayer de voir dans quelle mesure il est possible de déplacer cette industrie ailleurs, pour qu'on puisse enfin créer des emplois à forte valeur ajoutée sur cette commune qui a payé déjà un lourd tribut pour le canton et qui a déjà fait beaucoup de sacrifices.
D'autres questions restent en suspens et nous interpellent beaucoup. En effet, on sait que, actuellement, l'entreprise qui possède ce terrain, Holcim, pourrait le revendre à 350 F le m2. Or, il s'avère que, pour l'instant, cette entreprise a fixé un prix inférieur à cela. Nous nous posons donc évidemment des questions. Nous aimerions bien savoir quels sont, à vendre en-dessous des prix du marché, les intérêts de cette entreprise. Tout cela pour dire que, au vu d'une majorité qui va peut-être se dessiner, dans le futur, pour supprimer la taxe professionnelle de certaines communes... (Commentaires.) ...qui en ont particulièrement besoin - cela serait vraiment dramatique pour un certain nombre d'entre elles - nous trouvons, les Verts, qu'il faut absolument amener de nouvelles sources de revenus pour ces communes. Il faut soutenir la commune dans cette démarche de créer des emplois, dont elle a vraiment besoin. (Applaudissements.)
M. Thierry Cerutti (MCG). Beaucoup de choses ont été dites ce soir. Il faut quand même savoir que les autorités de la Ville de Vernier travaillent en collaboration avec le Conseil d'Etat pour trouver une solution quant à la future destination de ce terrain. Le Conseil d'Etat sait que nous ne sommes pas du tout favorables au projet qu'il a proposé, c'est-à-dire la délocalisation de Jaeger & Bosshard sur notre territoire.
Pourquoi la commune de Vernier y est-elle opposée ? Tout simplement parce que nous avons effectué des études depuis presque trois ans maintenant, avec le Conseil d'Etat - en fait avec les autorités du canton, la Ville de Vernier et, bien naturellement, un partenaire privé - pour pouvoir développer cette zone et la redynamiser de manière beaucoup plus intéressante et beaucoup plus positive pour la Ville de vernier, notamment quant à ses rentrées fiscales.
Le groupe MCG va bien naturellement soutenir cette motion, parce que l'on doit avoir, je pense, une discussion de fond. Le parlement doit savoir ce qui se passe sur ce terrain-là, c'est pourquoi je vous demande - et je ne vais pas épiloguer plus sur les discussions qu'on a eues avec le Conseil d'Etat... Toujours est-il que je vous invite bien entendu à renvoyer cette motion en commission, de façon qu'on puisse la traiter et qu'il ait une transparence au niveau des informations. (Commentaires.)
Le président. Monsieur le député, vous demandez un renvoi en commission sans préciser laquelle.
M. Thierry Cerutti. Je demande un renvoi à la commission d'aménagement du canton.
Le président. A la commission d'aménagement, bien. Et souhaitez-vous que nous votions immédiatement ou à la fin du débat ? (M. Thierry Cerutti répond.) A la fin du débat. La parole est à M. le député Bertrand Buchs.
M. Bertrand Buchs (PDC). Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, le groupe PDC est à l'écoute de la commune de Vernier et comprend parfaitement ses préoccupations quant à son développement. C'est vrai que, en tant que députés, il faut penser au canton, mais on doit aussi être à l'écoute des communes et comprendre les problèmes qui se posent à leur échelon. C'est un problème aussi, un dilemme, au niveau de la discussion, puisqu'il faut également penser à Praille-Acacias-Vernets et se demander ce qu'on va faire avec les entreprises qui y sont localisées et si, à chaque fois, il y aura un débat pour leur délocalisation.
Une discussion doit donc avoir lieu, et cela en commission. C'est pourquoi nous appuyons la proposition qui vient d'être faite d'un renvoi de cette motion à la commission d'aménagement. En plus, cela nous permettra d'examiner en commission d'aménagement la motion 1966, intitulée: «Débarrassons Vernier de ses citernes !»
M. Jacques Jeannerat (R). Je peux parfaitement comprendre que les citernes situées à l'angle des routes de Pré-Bois et de Vernier posent un problème et qu'on aimerait donc les déplacer. Mais la solution proposée par la motion, qui consiste à les mettre sur la parcelle d'Holcim, n'est pas une bonne idée. Comme l'a dit M. Charbonnier, la FTI travaille depuis plusieurs mois pour déplacer l'entreprise Jaeger & Bosshard, qui est active dans le domaine de la récupération et du recyclage de métaux. Actuellement, Jaeger & Bosshard est effectivement dans la zone du PAV, à l'endroit que l'on appelle «le camembert», juste entre le Bachet et le stade de Genève.
Je crois qu'on est dans une phase symbolique du PAV. C'est peut-être l'industrie la plus lourde qu'il y a dans ce secteur-là. Elle exerce son activité dans une situation vétuste, les bâtiments ne sont pas de très bonne qualité. Et, au fond, la FTI - la Fondation des terrains industriels - a reçu comme mission de proposer le déplacement de cette entreprise. Le relogement de Jaeger & Bosshard permettra justement de pouvoir construire et, aussi, à un projet concret de démarrer dans cette partie du PAV.
Comme l'a dit M. Charbonnier, il est prévu de donner, au travers de la FTI, un droit de superficie à la fois à Implenia et à Jaeger & Bosshard. Le terrain choisi ne l'est pas par hasard, c'est parce qu'il convient parfaitement à l'activité de Jaeger & Bosshard: on peut y avoir une desserte avec le rail, ce qui est très important. Il est également prévu - j'ai eu la chance de voir les plans - de construire un bâtiment de 11 000 m2, qui est conforme à la volonté du Conseil d'Etat, mais aussi de ce parlement, de densifier en zone industrielle. Dans cette zone, on ne peut pas y mettre du logement, Madame Meissner: on est trop près de l'autoroute, c'est une très mauvaise idée. Il est, de plus, prévu un bâtiment industriel de toute nouvelle génération, aux qualités environnementales considérables: un certain nombre de panneaux solaires seront prévus sur le toit de cette entreprise, qui vont lui permettre non seulement de consommer directement l'énergie fournie par l'installation, mais, en plus, d'en redistribuer à la collectivité, ce qui est très important.
Adopter cette motion telle quelle, c'est renoncer; c'est repousser la possibilité de déplacer une entreprise qui est dans le PAV, pour lequel on a besoin de ce terrain. Il y a donc un aspect symbolique dans ce dossier, je crois que cela est assez important. Ce qui me dérange un peu, c'est qu'on est vraiment dans un symptôme genevois, c'est-à-dire qu'on est d'accord de construire, toujours à Genève, mais jamais près de chez soi. Et là, il faut modifier les choses.
Vous parliez de communes poubelles: il faut quand même juste savoir, Mesdames et Messieurs, que l'on vient de donner à la commune de Vernier la possibilité d'accueillir la plus grande banque étrangère du pays, qui aura son siège à Vernier. C'est de l'économie propre... (Commentaires.) Cette banque va payer plus d'impôts... (Brouhaha.) ...que la plus grande banque privée qui vient de déménager il y a trois ans pour aller de Genève à Carouge. (Brouhaha.)
Cette motion ne peut donc pas être acceptée telle quelle ! Je crois qu'il faut l'étudier. Il faut l'étudier ! Il faut auditionner la commune, il faut auditionner la FTI, il faut auditionner les pétroliers. Parce que le problème des citernes, il est évident ! On pourrait peut-être aussi densifier les citernes, les rationaliser, peut-être en construire deux ou trois plus grandes.
Je demande donc que cette motion soit renvoyée à la commission de l'économie pour y être étudiée, Monsieur le président.
Une voix. Très bien, bravo ! Economie !
M. Serge Hiltpold (L). Mesdames et Messieurs les députés, les signataires de cette motion - animés probablement par des lobbyistes verniolans - semblent véritablement méconnaître les secteurs de l'industrie et de la construction, de même que sa filière de recyclage. J'y vois même de graves anomalies dans la conception d'aménagement du territoire.
Donnez-vous simplement la peine de lire attentivement le dernier considérant et vous noterez des propos particulièrement mal choisis et méprisants, notamment pour les entreprises et le personnel - c'est étonnant de la part du groupe socialiste ! Je cite: «- qu'aujourd'hui il existe une ségrégation territoriale en rejetant les entreprises et les logements bas de gamme dans les communes qui ont déjà accepté beaucoup de sacrifices.» Vous parlez de ségrégation territoriale; je parle de rassemblement logique d'entreprises, dont les activités sont liées les unes aux autres, dans des zones industrielles équipées et prévues à cet effet, notamment au moyen de la taxe d'équipement qui est payée à la FTI par les entreprises bénéficiant d'un droit de superficie. Cela se nomme simplement la complémentarité ou des pôles de compétences.
Plus sérieusement, comment parler de mixité des logements dans le projet du PAV en conservant des activités demandant des infrastructures conformes à leurs attentes et qui sont incompatibles avec du locatif ? Je rappelle, pour ceux qui ne connaissent pas, qu'on a besoin d'une industrie du rail et qu'on a besoin de place.
Vous parlez ici de délocalisation, en omettant que c'est la propre volonté de l'entreprise. Je ne parle pas, moi, d'une délocalisation mais d'un déménagement, en vous rappelant les termes exacts de ce que signifie une délocalisation: la délocalisation consiste dans l'abandon d'une activité de production nationale, le transfert de cette activité vers une unité de production à l'étranger, puis dans l'importation de la partie de la production réalisée à l'étranger et destinée au marché national ou local. Soyez honnêtes, nous en sommes bien loin ! Et quand je vois le MCG qui veut défendre les emplois locaux... C'est complètement hors de propos.
Mesdames et Messieurs les députés, après toutes ces bonnes raisons et, à nouveau, en agissant avec un certain pragmatisme, le groupe libéral vous demande de bien vouloir rejeter cette motion partisane, de prendre en considération le plan directeur cantonal et, surtout, de ne pas, sans cesse, entraver des entreprises qui ne désirent qu'une seule chose: travailler. Vous nous faites tous des belles théories sur l'emploi: or ce genre de texte tue l'emploi ! Les gens veulent simplement une chose, c'est travailler.
En vertu de ce qui a été dit, je vous demande de voter le rejet de cette motion.
Des voix. Bravo ! (Applaudissements.)
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député Antoine Bertschy, à qui il reste une minute dix.
M. Antoine Bertschy (UDC). Merci, Monsieur le président. Ça ne me suffira probablement pas, mais j'essaierai de faire avec le temps qu'il me reste.
Le président. J'espère !
M. Antoine Bertschy. J'y serai obligé, de toute façon ! Mesdames et Messieurs les députés, je crois qu'il n'y a pas grand monde connaissant réellement la problématique posée par ce déplacement d'entreprise. Si Jaeger & Bosshard vient sur la parcelle dont il est parlé, nous ne pourrons pas construire 1000 logements. Je vous rappelle qu'à l'Etat de Genève, à l'heure actuelle - et le Conseil d'Etat pourra nous le confirmer - nous construisons 1200 logements par année. Ce qui est en cause, c'est 1000 logements constructibles rapidement, dans les deux ans ! En déplaçant Jaeger & Bosshard, nous ne pourrons pas construire 1000 logements au chemin de l'Etang dans les vingt-quatre mois. C'est un choix que vous avez à faire !
Alors, M. Hiltpold peut nous dire tout ce qu'il veut: est-ce que vous voulez ces 1000 logements supplémentaires - pour que votre conseiller d'Etat passe enfin pour quelqu'un qui construit du logement à Genève - ou pas ? Ce sont 1000 logements qui sont en jeu, Mesdames et Messieurs !
Cette motion a beaucoup de mérite sur le fond. Sur la forme, elle est très mal intitulée, nous sommes entièrement d'accord; les invites ne sont pas acceptables telles qu'elles sont, nous sommes d'accord. C'est pour cela que le groupe UDC a, avec le groupe MCG, déposé une résolution qui allait davantage dans le sens de ce qu'il fallait.
Le président. Il vous faut conclure, Monsieur le député !
M. Antoine Bertschy. Je vais finir. Je propose que cette motion soit renvoyée à la commission d'aménagement et que nous auditionnions la commune de Vernier - l'administratif et le municipal - de même que la FTI et le département, pour que la commission puisse vraiment...
Le président. Monsieur le député, il vous faut vraiment conclure !
M. Antoine Bertschy. Je vais finir là-dessus, Monsieur le président; s'il vous plaît, c'est important. (Rires. Commentaires.) ...pour que la commission puisse vraiment se prononcer. Encore une fois, Monsieur le président, nous demandons que cette motion soit renvoyée à la commission d'aménagement. Les gens de bon sens seront aussi favorables à cette solution.
Le président. La parole n'est plus à M. Christo Ivanov, dans la mesure où le temps à disposition de son groupe est épuisé. La parole revient donc à M. le député Thierry Cerutti, à qui il reste une minute trente.
M. Thierry Cerutti (MCG). Merci, Monsieur le président, c'est largement suffisant. Mesdames et Messieurs les députés, je donnerai quand même quelques chiffres, parce que c'est intéressant. Lorsque notre collègue Hiltpold dit que nous ne voulons pas créer des emplois, c'est faux. Au contraire, le projet Jaeger & Bosshard va prétériter des emplois. Et pas 80 emplois: des milliers d'emplois ! Pourquoi des milliers d'emplois ? Parce que le terrain de Jaeger & Bosshard est un endroit extrêmement stratégique pour l'extension du Blandonnet A-B-C-D-E, qui existe actuellement.
Monsieur Jeannerat, vous avez dit que nous avons la chance d'avoir une grande banque privée: nous avons la chance d'avoir une grande maison de cosmétiques, nous avons la chance d'avoir plein de grandes entreprises. Mais c'est grâce à ce Blandonnet A-B-C-D ! Et si nous n'avons pas Jaeger & Bosshard, nous aurons même peut-être la possibilité d'avoir Coca-Cola, grande entreprise de ce monde. (Brouhaha.) Coca-Cola, ce n'est pas 80 emplois, c'est des milliers d'emplois !
Quelques chiffres: 35% des activités industrielles du canton se trouvent sur la commune de Vernier. La commune de Vernier, du point de vue territorial, est la huitième plus grande commune de ce canton: 33 000 habitants - 33 200, pour être précis - 15 000 emplois. On voit qu'il y a un total déséquilibre dans le ratio habitants/emplois; raison pour laquelle Vernier veut que son territoire puisse accueillir des entreprises à haute valeur ajoutée.
On ne veut pas empêcher Jaeger & Bosshard de travailler; simplement, il y a certainement d'autres possibilités. Le Conseil d'Etat est notamment prêt à investir une somme astronomique pour acquérir un coin de terrain en zone industrielle, qui se trouve au chemin des Batailles sur la commune de Vernier. Et nous serons prêts à accueillir Jaeger & Bosshard à cet endroit, puisque, premièrement, c'est une zone industrielle et, deuxièmement, c'est à proximité d'un chemin de fer. C'est tout ce que demande Jaeger & Bosshard, et nous sommes d'accord.
Le président. Il vous faut terminer, Monsieur le député !
M. Thierry Cerutti. Arrêtez de dire que Vernier ne veut pas accueillir des emplois, c'est faux ! Arrêtez de dire que Vernier ne veut pas créer des logements, c'est faux ! En effet, avec Jaeger & Bosshard en particulier, on en a parlé tout à l'heure par rapport au projet de l'Etang, on prétérite non pas la construction de 1001 logements - parce que, effectivement, ça se fera avec Jaeger & Bosshard ou pas - mais...
Le président. Il vous faut terminer, Monsieur le député !
M. Thierry Cerutti. Je termine. ...mais on prétérite un projet, qui deviendra moche à cause de cet énorme mur de protection. Si Jaeger & Bosshard ne vient pas, on pourra éviter la construction de ce mur et on créera 1001 logements et 4000 nouveaux emplois...
Le président. Merci, Monsieur le député !
M. Thierry Cerutti. ...plus les emplois supplémentaires du projet de Blandonnet.
Des voix. Bravo ! (Applaudissements.)
Le président. La parole est à M. le député Alain Charbonnier, à qui il reste deux minutes vingt.
M. Alain Charbonnier (S). Merci, Monsieur le président. Vous transmettrez au professeur Hiltpold que ses critiques nous laissent de marbre et que M. Cerutti a pu démontrer que la commune de Vernier était effectivement soucieuse des emplois. (Brouhaha. Le président agite la cloche.) Vous transmettrez également que la motion va uniquement dans le sens de sauver et de rajouter des emplois par rapport à ce qu'il adviendrait si Jaeger & Bosshard venait à cet endroit-là - je crois que ça a été suffisamment démontré et redit par mes préopinants.
Ensuite, sur la dernière invite, que le professeur Hiltpold critique en nous disant que c'est indigne de cette motion, je tiens quand même à noter qu'en termes d'urbanisme - parce que l'urbanisme, c'est peut-être aussi un souci cantonal, et qui fait des ravages selon l'existence ou non de qualité des projets... Quand on voit les votes de la commune de Vernier - je peux vous le dire pour y être habitant - j'ai parfois honte des résultats, mais je crois qu'ils sont aussi liés à une certaine forme d'urbanisme dans cette commune, qu'il est temps maintenant de combattre et de faire en sorte de changer. Or, ce n'est pas en accueillant des entreprises de cet ordre à cet endroit-là - alors que la commune a des plans pour créer soit des emplois à forte valeur ajoutée soit des logements de qualité avec le projet de l'Etang - qu'on y arrivera.
Je vous demande donc de soutenir cette motion. Personnellement, j'aurais préféré qu'elle soit renvoyée directement au Conseil d'Etat, parce qu'une majorité de ce parlement y est quand même favorable et constate bien que l'implantation de cette industrie à cet endroit-là posera de gros problèmes. Si vous voulez la renvoyer à la commission d'aménagement, nous soutiendrons cette proposition, mais en tout cas pas à la commission de l'économie, parce que, je le rappelle, c'est un problème d'aménagement et d'urbanisme de cette commune.
Le président. Merci, Monsieur le député. La parole est à M. le député Serge Hiltpold, à qui il reste trente secondes.
M. Serge Hiltpold (L). Merci, Monsieur le président. Vous direz à M. Droin que je le remercie de m'anoblir... (Remarques.) A M. Charbonnier, pardon ! Vous lui direz que je le remercie de m'anoblir en me donnant le titre de «professeur». Mais, effectivement, quand on est entrepreneur, quand on est dans le domaine de la construction et qu'on travaille avec des gens, la première chose, c'est qu'on a une petite notion d'humilité. Et vous ne verrez jamais ce terme de «professeur» dans nos secteurs.
Seconde chose, j'aimerais simplement dire que je trouve particulièrement odieux, dans votre texte, de juger des gens par l'usage de termes tels que «d'emplois bas de gamme». Le secteur secondaire à Genève est représenté et mérite aussi votre estime !
Une voix. Bravo ! (Applaudissements.)
Le président. Je ne manquerai pas, Monsieur le député, de transmettre cela à M. le député Charbonnier. La parole est à M. le conseiller d'Etat Mark Muller.
M. Mark Muller, président du Conseil d'Etat. Merci, Monsieur le président. Mesdames et Messieurs les députés, la commune de Vernier est, certes, soumise à un plusieurs nuisances. Elle se trouve à proximité de l'aéroport, elle se trouve en bordure d'autoroute, elle accueille un grand nombre de zones industrielles. C'est un fait, c'est le lot de cette commune de Vernier. (Brouhaha.) Je n'imagine pas votre parlement envisager de fermer l'autoroute ou l'aéroport, nous devons travailler avec la commune de Vernier en tenant compte de cette situation particulière. C'est ce que fait le Conseil d'Etat.
L'année dernière, le Conseil d'Etat - et c'est une première - a décidé d'instaurer une délégation chargée d'entretenir une relation privilégiée avec la commune de Vernier, précisément pour tenir compte de cette situation. Nous avons, à notre ordre du jour, discuté de nombreux dossiers; le dossier Ikea par exemple, où nous avons pu mettre en oeuvre diverses mesures de circulation pour faire en sorte que l'accueil du magasin se passe bien. Nous avons également beaucoup discuté du projet de centrale chaleur force, et je me permets de vous rappeler que, suite à ces discussions avec la commune de Vernier, il a été envisagé de redéfinir le projet et la localisation de cette centrale. Nous discutons également de toutes les problématiques de zones de bruit. Il s'agit de toutes ces zones, sur la commune de Vernier, qui se trouvent sous le passage des avions, zones rendues inconstructibles en raison du bruit et dont l'avenir fait aujourd'hui l'objet de discussions avec la commune.
Enfin - et là nous en venons au sujet de la motion qui nous occupe - nous travaillons, avec la commune de Vernier, à la délocalisation de ces citernes, bien qu'il soit extrêmement difficile de trouver une solution satisfaisante vu la quantité de ces dernières, vu leur ampleur et le fait qu'on ne peut pas simplement les poser n'importe où dans le canton dès lors qu'elles servent à approvisionner notamment les avions.
Dire que le Conseil d'Etat traite la commune de Vernier par-dessus la jambe, qu'il méprise la commune de Vernier est donc une contrevérité. C'est exactement l'inverse, puisque c'est la seule commune avec laquelle nous entretenons une relation de cette qualité-là dans le cadre d'une délégation du Conseil d'Etat.
J'ai l'impression que vous déciderez de renvoyer cette motion à la commission d'aménagement, ce qui me permettra de vous fournir un grand nombre d'informations. J'aimerais simplement rappeler une ou deux choses s'agissant du lien entre cette fameuse parcelle Holcim, l'emplacement des citernes et le projet de l'Etang dont on parle: les promoteurs du projet de l'Etang - projet que le Conseil d'Etat soutient, bien évidemment - ont déposé leur dossier en connaissance de cause, en tenant compte de l'existence, à cet endroit-là, des citernes. Les plans, qui sont actuellement à l'étude au sein des différents services de l'Etat chargés d'examiner le dossier, tiennent compte de la présence des citernes et prévoient les mesures nécessaires pour protéger le futur quartier du risque présenté par cet état de fait. Cela signifie, contrairement à ce qui a pu être dit, que la présence des citernes en tant que telles ne remet pas en cause ce projet, n'hypothèque pas du tout la construction des logements et des emplois qui sont prévus à cet endroit-là. Bien évidemment, les mesures qui doivent être prises n'améliorent pas la qualité paysagère du site - je crois qu'il faut le reconnaître - mais ne mettent pas non plus en danger la faisabilité et la réalisation de ce projet.
Cela étant, nous sommes évidemment ouverts à toutes les solutions de nature à améliorer le projet. Et c'est avec intérêt que nous poursuivrons ces débats en commission d'aménagement, si vous décidez de lui renvoyer ce texte. Je vous remercie.
Le président. Merci, Monsieur le conseiller d'Etat. Nous sommes en procédure de vote, celui-ci se déroulera de la manière suivante: nous nous prononcerons d'abord sur le renvoi à la commission d'aménagement. Si celui-ci est refusé, nous voterons le renvoi à la commission de l'économie. En cas de refus, nous voterons l'amendement déposé en son temps par M. Jeannerat. Enfin, si cet amendement était refusé, nous voterions sur la motion en tant que telle.
Mis aux voix, le renvoi de la proposition de motion 1902 à la commission d'aménagement du canton est adopté par 84 oui (unanimité des votants). (Applaudissements à l'annonce du résultat.)
Le président. Nous poursuivons maintenant avec les urgences.