République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 26 juin 2008 à 15h30
56e législature - 3e année - 10e session - 51e séance
M 1647-B
Débat
La présidente. La parole est à Mme la députée Sylvia Leuenberger.
Mme Sylvia Leuenberger (Ve). «Leuenberger» ! Merci, Madame la présidente !
La présidente. Comment ?
Mme Sylvia Leuenberger. Je corrigeais juste la prononciation de mon nom, mais ce n'est pas grave !
Je voulais intervenir assez brièvement. C'est un très bon rapport dont je crois qu'il est important de parler car, au niveau de la force des préjugés, l'idée de la pelouse rasée a la vie tenace. Il faut changer les mentalités pour faire comprendre qu'une pelouse n'est pas un salon d'appartement qu'il faut nettoyer à tout prix. Actuellement, ce qui se passe au niveau de la Ville et des communes est très intéressant, car on a, pour laisser maintenant pousser de l'herbe. quelque peu cessé cette politique consistant à, sans arrêt, arroser, raser, arroser et raser, ce qui coûte cher, occasionne bruit et pollution, et demande beaucoup d'eau potable.
Il est important que les gens sachent que ce n'est pas que l'on se désintéresse des pelouses publiques, mais qu'on agit justement en faveur de la nature parce que, en outre, les petites fleurs sont utiles pour les insectes et les oiseaux. Je trouvais donc important de le souligner, de relever que la Ville de Genève a fourni un grand effort, et d'encourager l'Etat à poursuivre dans ce sens et surtout à supprimer les herbicides. Tout à l'heure - au point je ne sais combien - nous parlerons des dioxines; or, lorsqu'on brûle ou fabrique ces herbicides, ces engrais chimiques, cela provoque de la dioxine. Il faut donc être cohérent, et c'est important qu'on les supprime. D'ailleurs, lorsque vous montez la Treille, vous pouvez voir une bande verte à gauche, parce que la Ville a cessé de mettre des produits chimiques.
Une dernière information intéressante, c'est la Charte des Jardins. Je vous invite à aller consulter sur le site de l'Etat en tapant ce nom; c'est un document très intéressant, qui explique tout ce qu'il faut savoir sur l'art de respecter l'environnement, que ce soit dans son jardin ou sur une pelouse publique.
Il est également proposé dans ce rapport de rédiger un projet de loi pour la gestion de la nature urbaine. Je suggère que la proposition lancée par le Conseil d'Etat soit mise en application, afin qu'on ait une loi pour la nature pas seulement à la campagne, mais aussi en ville, et que le cadre urbain soit de plus en plus agréable.
M. Christian Brunier (S). Premièrement, je crois qu'il faut remercier le Conseil d'Etat d'avoir rédigé ce rapport et d'être entré en matière sur les considérations des députés; il faut remercier aussi l'ensemble des partis, puisque la commission a voté de façon unanime pour encourager la biodiversité.
Il est clair que, lorsque vous supprimez une surface de pelouse... (Brouhaha.)
La présidente. Attendez un instant, Monsieur le député, il y a un tel brouhaha ! C'est vrai qu'il fait très chaud... Voilà, le silence est rétabli. Vous pouvez poursuivre.
M. Christian Brunier. Merci, Madame la présidente. Je ne reviens pas sur les remerciements au gouvernement ! Je disais donc que, lorsque vous enlevez de la pelouse dans un quartier, les gens s'en étonnent un peu au début, parce que cela fait partie en quelque sorte d'un standard décoratif. Bien sûr, certaines pelouses doivent exister, par exemple pour des questions sportives ou dans certains espaces pour les enfants mais, autrement, vous pouvez vraiment partout enlever les pelouses et les remplacer par des surfaces naturelles ou des prairies; très vite, ce sera apprécié. Je crois qu'il faut faire le bilan des expériences: au niveau de la population, il y a une adhésion très rapide puisque, esthétiquement, c'est finalement très beau; ce retour à la nature est apprécié et c'est un bon point environnemental, bien entendu. Sylvia Leuenberger l'a souligné, cela permet aussi d'enlever tout ce qui est engrais ou herbicides et de créer de la biodiversité, puisqu'on constate des retours d'insectes, notamment de papillons, etc.
Sylvia a beaucoup insisté sur les arguments positifs pour l'environnement mais, puisque l'on parle de développement durable, on pourrait également discuter d'économie. Car c'est un projet économiquement au top ! Le taux de retour sur investissement d'une telle installation tourne entre 8 et 12%. Et je peux vous dire que les entreprises privées qui ont mis cela en place indiquent que c'est un projet pour lequel ils ont eu en principe un taux de retour sur investissement maximal. En effet, cela demande moins d'entretien, à savoir une à deux tontes par année, alors que, si vous avez de la pelouse, vous devez passer la tondeuse quasiment chaque semaine, avec toutes les nuisances sonores et de pollution atmosphérique que cela implique. En outre, vous économisez énormément en eau d'arrosage.
En conclusion, un projet qui est bon socialement, puisqu'il plaît au public, qui est bon au niveau environnemental, puisqu'il crée de la biodiversité, et qui est très favorable au niveau économique ne peut, je crois, donner lieu qu'à une seule chose: le plébiscite de ce parlement.
M. René Desbaillets (L). Je crois que le plaidoyer de notre collègue Brunier pour les prairies vertes... Il cite l'exemple des SIG à Aïre, mais il ne faut pas non plus exagérer et croire que, si l'on a des prairies fleuries, on ne devra plus rien faire. Ce n'est pas vrai ! Simplement, entre soigner du gazon anglais - en l'arrosant, le fumant, c'est-à-dire en y mettant de l'engrais et en le tondant chaque semaine - et ne rien faire du tout, il existe un juste milieu ! Que chacun doit trouver en fonction de l'utilisation qu'il veut faire de ces espaces verts. En effet, certains sont amateurs de football et ne veulent pas pratiquer leur sport sur des herbes de 50 centimètres de hauteur; d'autres jouent au croquet; et d'autres encore laissent courir leurs animaux et sont contents d'avoir des herbes plus élevées...
Quoi qu'il en soit, ces prairies naturelles, c'est bien gentil, mais, à un moment de l'année, il faut quand même les faucher ! Au bord des routes, on voit beaucoup de talus qui ne sont déjà plus tondus au mois de juin et qui restent comme ça, en friche. C'est certes joli, il y a quelques fleurs, mais cela peut être dangereux parce que, souvent, vous ne voyez plus les vélos ou les piétons tellement l'herbe est haute, et vous risquez de les écraser. Donc, fin août, il faut quand même faucher ! Ensuite, vous ne pouvez pas laisser le foin sur le terrain, vous devez l'enlever. Du reste, il faut le savoir, ce foin est par la suite brûlé. Etant donné qu'il a reçu des poussières de goudron, de pneus, d'huile, etc., provenant des véhicules, on n'ose pas le donner à manger aux animaux. Il faut donc le brûler.
Par conséquent, le bilan écologique et énergétique de ces prairies, personnellement... Il faudra voir le règlement, mais il faut faire attention de ne pas aller trop loin, par exemple en envoyant une multitude de fonctionnaires pour compter le nombre d'herbettes et mesurer la hauteur des gazons dans les entreprises et chez les privés.
Le Grand Conseil prend acte du rapport du Conseil d'Etat sur la motion 1647.