République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 23 février 2007 à 17h
56e législature - 2e année - 5e session - 24e séance
M 1704
Débat
La présidente. Nous sommes au point 31 de notre ordre du jour bleu. Je vous rappelle que la motion 1704 se trouve classée en catégorie II, c'est-à-dire que l'auteur de la motion dispose de trois minutes pour s'exprimer - et son groupe a encore trois minutes. L'auteur est M. Gabriel Barrillier, à qui je passe la parole.
M. Gabriel Barrillier (R). Cette motion est l'expression d'un souci manifesté par la commission d'aménagement qui, ayant à décider d'une légère densification dans une commune suburbaine, agréable d'ailleurs, a constaté que les habitants d'une partie de cette dernière - le quartier de Cressy - étaient confrontés à de gros problèmes de parking sauvage, pour différentes raisons, notamment l'exploitation de Cressy-Santé, Cressy Bien-Etre. Alors c'est effectivement l'exemple - on l'a vu à d'autres endroits - de ce qu'il ne fallait pas faire en matière d'aménagement, c'est-à-dire commencer par densifier et développer, et ensuite se soucier de la mobilité.
Sans m'étendre davantage sur cette motion, j'attire quand même l'attention du Conseil d'Etat et du président du département du territoire sur l'impérieuse nécessité d'apporter des réponses qui soient rationnelles, qui soient supportables financièrement, pour que les habitants de cette magnifique partie de la commune de Confignon soient réconciliés avec l'acte d'aménager et de construire.
Avant-hier soir, à l'occasion d'une conférence qu'on m'a demandé de donner, là-bas précisément, à Cressy, devant une section du parti radical, j'ai pu constater que ces habitants ne sont pas fâchés, ne sont pas revendicateurs; ils savent qu'ils habitent une magnifique partie du canton. Mais je pense qu'en améliorant ce confort, cette qualité du parking - du parcage - eh bien, nous en ferons des concitoyens heureux ! Donc, je vous invite à accepter cette motion.
Mme Françoise Schenk-Gottret (S). Je suis la seule commissaire socialiste à avoir signé cette motion. Non pas pour soutenir les opposants au déclassement de terrain à Cressy, qui est en cause - en effet, je n'ai pas été sensible aux arguments des opposants, qui relevaient davantage de l'égoïsme - mais plutôt pour soutenir une démarche auprès du Conseil d'Etat. Le fait que l'anarchie de parcage découlant du Centre de Cressy gêne le passage des transports publics et le cheminement des enfants à l'école me semble une raison largement suffisante pour renvoyer cette proposition de motion au Conseil d'Etat. M. Cramer lui a fait un bon accueil en commission. Il est bon que cette motion soit traitée avant le projet de loi qui concerne le déclassement de Cressy, le Conseil d'Etat aura ainsi le temps de prendre les mesures nécessaires pour améliorer les problèmes de parcage. Cela aura peut-être pour effet d'amadouer les opposants au déclassement et de permettre plus rapidement la création de nouveaux logements.
La présidente. Je saisis cette occasion pour préciser que M. Alain Etienne n'est pas signataire de cette motion et que c'est par erreur que son nom y figure. Je donne la parole à M. le député Eric Stauffer.
M. Eric Stauffer (MCG). Comme vous l'avez remarqué, le groupe MCG a également signé cette motion, parce que le quartier de Cressy jouxte la commune d'Onex et que, très franchement, c'est un problème que le parcage aujourd'hui dans cette région. Effectivement qu'il faut améliorer les places de parking et augmenter leur nombre, pour éviter le parking sauvage et tous les désagréments qui en découlent. Nous saluons donc cette motion. Nous la soutenons parce qu'il faut être attentif au fait qu'on ne peut pas construire aujourd'hui de nouveaux quartiers sans aménager les places de parc qui vont avec.
M. Jean-Michel Gros (L). Vous avez observé que les libéraux de la commission de l'aménagement n'ont pas cosigné cette motion, simplement parce qu'elle était en rapport avec le projet de loi 9806-A qui est au point 93 de l'ordre du jour. Je dois dire qu'il est regrettable que le Bureau n'ait pas regroupé ces deux objets. En effet, cette motion est évidemment en relation directe avec le déclassement proposé à Cressy, puisque c'est à cette occasion que la commission de l'aménagement s'est rendu compte des problèmes de circulation et de parcage dans la zone de Cressy.
Les libéraux - comme la commune de Confignon, d'ailleurs, et comme l'ensemble du Conseil municipal de Confignon, d'ailleurs - se sont opposés au déclassement proposé par le Conseil d'Etat au niveau du projet de loi 9806, et il est évident qu'ils n'ont pas signé la motion. Cependant, il est vrai qu'il y a des problèmes ! Déclassement ou non, il y a des problèmes de circulation, notamment au niveau des transports publics, et il y a des problèmes au niveau du parking. Déclassement ou non ! En outre, il est à noter que la commune de Confignon n'est pas opposée à un déclassement total, mais suggère vingt-six logements au lieu de quarante, proposés par le Conseil d'Etat. Alors, quelle que soit la mesure - et nous en discuterons au point 93 - cette motion est nécessaire pour les habitants de ce quartier et nous la soutiendrons.
La présidente. C'est vrai que, en présence du chef de groupe libéral, il n'a pas non plus été évoqué le traitement de cette motion avec le point 93.
Mme Michèle Künzler (Ve). Si j'ai soutenu cette motion, ce n'est pas pour créer des places de parking supplémentaires. (Exclamations.) Monsieur Stauffer, il y a assez de places de parking! Et dans les immeubles qui ont été construits, il y a assez de place! Le vrai problème, c'est que les gens ne veulent pas payer leur dû. Et il y a des places vides! J'invite les habitants du quartier à payer leur place, il y en a encore à louer.
D'autre part, ce sont des mesures de police qu'il faut prendre dans ce quartier, puisque, en fait, les gens se parquent n'importent où, surtout autour du Centre de Cressy. Et c'est ça le véritable problème ! Il y a des transports publics efficaces jusque dans le quartier de Cressy, c'est cela qui est important. Il faut simplement voir comment on peut arranger la situation autour de l'établissement de Cressy, parce qu'il y a un réel problème de parking sauvage, et c'est tout ce que nous voulons.
M. Alain Charbonnier (S). Je ne suis pas signataire de cette motion, malgré le fait que j'étais membre, à l'époque, de la commission de l'aménagement, tout comme mon collègue Alain Etienne. Nous n'avons pas souhaité signer cette motion, même si nous reconnaissons les problèmes évoqués par Mme Künzler, qui, effectivement, sont essentiellement des problèmes de police et parce que le Centre de Cressy-Santé a un parking souterrain sur deux étages, je le rappelle - mais malheureusement il est payant. Certaines personnes ne veulent pas y aller, et donc se garent en surface - de façon illégale, il est vrai - en gênant parfois le passage des TPG. Pour cette raison, peut-être aurait-on pu signer cette motion.
Le seul problème, c'est que cette motion a été élaborée uniquement pour les huit villas qui jouxtent le centre de Cressy-Santé - et dont les habitants se sont opposés au déclassement qui sera traité au point 93 de notre ordre du jour - sous prétexte qu'il y a de trop gros problèmes de trafic et de stationnement dans leur quartier, alors qu'eux-mêmes ont un chemin privé, avec deux places de parking par villa, ce qui semble largement suffisant, voire au-delà de ce qu'il faudrait pour leurs propres besoins... Alors ces gens, par pur égoïsme, sont venus à la commission nous exposer «tous leurs graves problèmes», en nous montrant de multiples photos, qui semblaient toutes, peut-être, avoir été prises le même jour... Toujours est-il que ces gens, simplement par égoïsme, sont venus à la commission nous présenter leurs prétendus problèmes, et nous n'avons pas voulu signer cette motion parce que, si chaque fois que des opposants viennent avec des arguments - parce qu'on trouve toujours de bons arguments, chacun trouvera de bons arguments pour ne pas qu'on construise devant chez soi - eh bien, à ce moment-là, notre parlement sera engorgé de motions !
Donc, nous nous souhaiterions des motions d'ordre beaucoup plus courant, portant sur le développement durable en général, mais pas uniquement sur des voeux d'opposants et de particularités égoïstes.
M. Olivier Wasmer (UDC). Le succès croissant de Cressy-Santé entraîne un trafic automobile très important dans cette région. Dans le cadre du projet de loi 9806 qui a été soumis à la commission de l'aménagement, et dont mes préopinants ont déjà abondamment parlé, on ne sait pas encore si ce sera quarante logements, un peu moins ou un plus. Cela étant, il y a des problèmes de circulation manifestes dans cette région, puisque les gens, que ce soient les visiteurs de Cressy-Santé ou ceux des villas diverses, se parquent d'une manière sauvage sur la route de Loëx. En conséquence, les transports publics, comme on vient de l'expliquer, ont de la peine à passer, notamment vu l'exiguïté de cette route. Aujourd'hui, il est bien évident que des mesures doivent être prises, notamment dans le cadre de l'approbation du projet de loi 9806, et l'UDC viendra simplement soutenir cette motion.
M. Eric Stauffer (MCG). Simplement pour rebondir sur les propos de Mme Künzler: elle n'habite pas le quartier d'Onex, elle ne connaît donc pas les problèmes de stationnement qu'il peut y avoir. Et puis, ce n'est pas parce que les gens ne veulent pas payer leur dû ! Pour finir, vous nous proposez, Madame la députée, une société où il faut même payer pour stationner devant chez soi... C'est quand même incroyable! (Exclamations.) Mais c'est normal que... (Brouhaha. Remarque de Mme Michèle Künzler.) Non ! Et cela n'est pas normal, Madame la députée! Puisque les macarons qui sont vendus en ville de Genève servent à financer les parkings P+R pour nos amis frontaliers ! Alors à un moment donné, ça suffit ! (Protestations.) Ça suffit ! Les Genevois en ont assez de payer et sont pas des vaches à traire ! (Brouhaha.) Il faut appeler un chat un chat! Je voulais donc rebondir sur les propos que nous avons entendus, mais on en reparlera dans quelques minutes puisque le projet «Créer une ceinture verte» est le prochain point de l'ordre du jour. Merci, Madame la présidente. (Brouhaha.)
M. Robert Cramer, conseiller d'Etat. Je vois que M. le député Stauffer a de la suite dans les idées ! Cela fait bientôt deux jours qu'il intervient à chaque débat, quel que soit le sujet, pour expliquer qu'on va parler tout à l'heure d'une motion sur une ceinture verte; eh bien, il sera dispensé d'intervenir dès le prochain débat, puisqu'il portera sur cet objet! (Rires.)
Peut-être un point préalable, pour dire que je rejoins M. Gros dans ses regrets. On nous demande d'accélérer les procédures en matière de construction de logements. Or ici, il y a une motion en rapport avec un déclassement qui a été examiné en commission au moins de juin de l'année dernière, et le Grand Conseil n'est que finalement saisi d'un rapport sur ce projet de déclassement. Ce rapport ne pourra vraisemblablement pas être examiné lors de cette séance. Cela fait déjà sept mois qui ont passé et il y en aura encore quelques-uns qui passeront avant que ce projet de loi ne soit examiné. C'est clair que l'on ne va pas demander à l'administration de se dépêcher pour raccourcir de quelques jours ici ou là des délais de traitement de procédure si le message que donne le législateur, c'est celui-ci. Et j'attire votre attention sur ce point, parce que, comme conseiller d'Etat, nous pouvons donner toutes sortes d'injonctions et nous pouvons demander de respecter les voeux du Grand Conseil. Ma foi, dans le même temps, il faut que le bon exemple vienne d'en haut !
Au delà de cette considération, je vous confirme ici que c'est bien volontiers que le Conseil d'Etat acceptera cette motion. Au fond, les problèmes qui sont dénoncés par les motionnaires se sont singulièrement décolorés avec le temps. Les examens qui ont été faits sur cet emplacement, ces derniers mois, montrent que les diverses mesures déjà prises ont donné les effets qu'on en attendait. Mais tout cela, on vous le dira par écrit, car je crois effectivement que les motionnaires ont le droit d'être rassurés sur ce point. Cela donnera une légitimité d'autant plus forte au projet de loi de déclassement - que, j'espère, vous accepterez très très prochainement - et qui nous permettra de mettre sur le marché un certain nombre de logements pour les Genevoises et les Genevois qui en ont besoin.
Mise aux voix, la motion 1704 est adoptée et renvoyée au Conseil d'Etat par 59 oui contre 11 non.