République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 9 juin 2006 à 15h30
56e législature - 1re année - 9e session - 42e séance
P 1269-B et objet(s) lié(s)
Débat
M. Christian Bavarel (Ve). En tant qu'habitant de Saint-Jean, je ne pouvais quand même pas ne pas m'exprimer sur ce sujet. Cela me semble être quelque chose d'essentiel, car ce sont des combats qui sont importants pour les quartiers.
Simplement, il faut que l'on réfléchisse bien lors des privatisations qu'il peut y avoir. Je reste persuadé que les offices de poste sont une infrastructure qui servent le pays. Il est essentiel que ces infrastructures puissent rester en place, pour les habitants, les citoyens ordinaires, et c'est aussi essentiel pour les PME. Chaque fois que nous privatisons des infrastructures, nous prenons un risque.
Nous comprenons bien ce qu'il s'est passé, mais si l'infrastructure n'est pas forcément rentable en elle-même, elle permet d'entretenir un tissu économique et social. A l'avenir, soyons prudents quand nous prenons de telles décisions.
M. Alberto Velasco (S). J'ai lu le rapport et il est vrai que les conclusions sont décevantes. Vous nous dites que les postes ont fermé et que la douane-poste est en passe d'être démantelée - du moins en partie - et que le Conseil d'Etat ne peut rien faire contre cela. C'est le constat qui est inscrit ici et c'est terrible car la douane-poste est bien nécessaire à l'économie genevoise. Je vois mal les colis adressés à Genève partir à Paris pour aller à Zurich et revenir à Genève. Il est donc décevant que l'on dise seulement que c'est triste de voir les postes ainsi démantelées, que c'est triste de voir ce qui arrive à la douane-poste et que c'est triste de voir ce qui arrive à notre pays.
Le réseau postal a été un lien de solidarité dans ce pays et un lien d'identification nationale - il l'est toujours, parce que même la Swisscoy au Kosovo avait sa petite poste, avec la petite croix, etc. - c'est donc un lien hyper important. Et quand on voit qu'en réalité ce n'est pas un coût supplémentaire, c'est décevant.
Et je dois vous dire, Monsieur le président, qu'en 1996, quand on a commencé à séparer la poste et les télécoms, on a dit que la Confédération allait remettre à la poste, sous forme de subvention, les 30 millions que les télécoms lui affectaient, mais cela n'est pas arrivé, on ne leur a pas donné les 30 millions. Ensuite, on a diminué le personnel de la poste, et la poste fait aujourd'hui d'importants bénéfices.
Et le dernier événement dont on a eu connaissance, c'est que le conseil général de la poste nous dit par son directeur qu'un projet de loi veut transformer la poste de telle sorte qu'elle puisse être mise en bourse, donc, privatisée. Et je trouve que la fin de l'histoire est terrifiante, car il n'y aura plus de service public.
Je suis désolé de ce rapport, et ce d'autant plus que vous êtes d'un quartier - Saint-Jean - qui a montré l'exemple de comment on pouvait conserver ce service public, cette poste. Et aujourd'hui, je vous garantis que les habitants de Saint-Jean nous en sont gré, parce que cette petite poste est très rentable et les gens sont très contents, ils se retrouvent le matin pour discuter et pour faire leurs envois et leurs paiements. Voilà, Monsieur le président, le constat que je fais. Je sais que vous ne pourrez peut-être pas répondre à toutes mes interrogations, mais c'est ainsi.
Mme Sandra Borgeaud (MCG). J'ai pris acte du rapport du Conseil d'Etat et j'avoue que je suis un peu déçue. J'habite la commune de Dardagny, où nous nous battons jour après jour pour sauvegarder nos postes. Ce qui m'inquiète beaucoup, c'est qu'il y a des personnes âgées dans ces communes - le Mandement est une très grande région - et je ne me vois pas dire à ces personnes d'aller faire 15 kilomètres en train ou Dieu sait quel moyen ou de toujours devoir dépendre des autres pour aller chercher un courrier ou demander un timbre poste.
Le problème est qu'il y a des pertes d'emploi et je pense qu'au niveau du Conseil d'Etat, si on veut vraiment quelque chose, on a certainement le pouvoir de le faire. Il suffit de vouloir dialoguer et de montrer que l'on veut à tout prix sauvegarder les citoyens et les emplois. Je pense que la poste elle aussi devrait faire des compromis et des efforts, mais, à un moment donné, il faut montrer où se trouve l'autorité.
Le Grand Conseil prend acte du rapport du Conseil d'Etat sur les pétitions 1269, 1338, 1344 et 1361 et sur la motion 1321.