République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du jeudi 3 novembre 2005 à 17h
56e législature - 1re année - 1re session - 1re séance
E 1348
Mme Michèle Künzler (Ve). Les Verts ont l'honneur de présenter à la vice-présidence Mme Anne Mahrer.
Notre collègue Anne Mahrer est une verte de la première heure. Elle a siégé plus de quinze ans dans sa commune, puis pendant quatre ans ici. Elle a terminé hier la présidence de la commission de l'aménagement, qu'elle a présidé avec intelligence et brio. Nous la présentons, car nous pensons que c'est une femme sérieuse et compétente dont nous projetons de soumettre la candidature à la présidence l'année prochaine. (Applaudissements.)
M. Christian Luscher (L). Le groupe libéral a d'emblée été sensible à votre appel afin que ce parlement, confronté à de graves problèmes, adopte un style, une manière. Et c'est à l'abri de toute querelle et de toute arrogance - que l'on prête parfois à tort au parti libéral - et sensible à l'unité, à la sérénité, à la dignité de nos travaux et au respect de la démocratie que le groupe libéral soutient cette candidature. (Applaudissements.)
M. Pierre Kunz (R). Mesdames et Messieurs les députés, quand la politique est brouillée, notamment - comme le rappelait Mme Künzler tout à l'heure - par certains usages qui ne sont pas assez souvent remis en question, quand la politique est inutilement compliquée, quand elle donne au citoyen le sentiment qu'elle fait la part trop belle aux arrangements, eh bien, ces citoyens n'y comprennent plus rien et se désintéressent de la politique.
Or à droite - je dis cela à titre personnel - il me semble que nous nous ingénions à compliquer la politique genevoise et à la rendre peu claire. C'est ainsi qu'au sein de cette majorité certains - sans raison politique sérieuse, sans aucun accord préalable entre les parties, mais «en signe d'ouverture», comme ils disent - s'empressent d'offrir, dans une corbeille enrubannée et fleurie, la présidence du Grand Conseil 2007 aux Verts, membres d'une opposition qui n'occupe plus que le tiers de ce parlement... Alors, qu'on me comprenne bien: il ne s'agit pas de mettre en cause la personnalité et les qualités de Mme Mahrer, que je connais bien, et qui, comme d'autres de ses collègues, est tout à fait capable d'être une excellente présidente de ce Grand Conseil. Mais elle a un défaut: celui de siéger dans un groupe qui, durant toute la dernière législature, n'a cessé de miner - aligné en cela sur l'Alliance de gauche et le parti socialiste - la quasi-totalité des projets réformateurs de la majorité. (Brouhaha.)
Avons-nous oublié, Mesdames et Messieurs, et surtout vous, les adeptes de la main tendue aux Verts, la politique suivie par ceux-ci ces dernières années et leurs récentes promesses électorales ? Ces adeptes de la main tendue ont-ils déjà oublié que les Verts entendent rétablir l'équilibre des finances publiques en augmentant les impôts sur les personnes physiques ? Qu'ils ont été un des moteurs du référendum désastreux contre la loi cantonale sur le chômage ? Qu'ils s'opposent, sans plus de nuance que l'AdG et le parti socialiste, au projet de loi destiné à moderniser la fonction publique ? Qu'ils entendent laisser l'école genevoise aux mains des pédagogistes qui l'ont menée en vingt ans là où elle est aujourd'hui ? (Commentaires.)
Est-ce cette attitude, ce conservatisme, que la majorité veut cautionner en confiant aux Verts la présidence du Grand Conseil ? Je n'arrive pas à le croire. Aussi, Mesdames et Messieurs - comme d'ailleurs la gauche vient de le faire à l'égard de M. Halpérin - je vous invite à ne pas voter autrement que blanc dans cette élection. Et puis, cela vous permettra, dans une année, de juger en toute liberté de la capacité de collaborer des Verts.
M. Guy Mettan (PDC). Le parti démocrate-chrétien se réjouit de soutenir la candidature d'Anne Mahrer. A l'époque, nous n'avions suivi qu'avec réticence la mauvaise querelle qui avait été faite à la candidature de M. Hodgers; finalement, nous nous étions ralliés au point de vue de l'Entente parce qu'on pouvait effectivement adresser quelques critiques au comportement de M. Hodgers; mais nous l'avions fait de mauvais gré.
Ce soir, nous nous réjouissons de soutenir Mme Mahrer. Preuve en est qu'elle est déjà presque des nôtres dans cette enceinte, étant donné la proximité de sa place. (La place de Mme Mahrer se situe à côté du groupe démocrate-chrétien.) (Applaudissements à la fin de l'intervention de M. Mettan.)
M. Gabriel Barrillier (R). Grandeur et servitude du chef de groupe ! C'est avec beaucoup de sérénité que j'aimerais vous dire diverses choses. La première est qu'effectivement un débat a lieu au parti radical. Ce débat a été tout à fait clair en caucus, et c'est à l'écrasante majorité que notre groupe votera la candidature de Mme Mahrer.
Je précise à titre personnel que j'ai eu le plaisir de siéger avec elle pendant quatre ans à la commission de l'aménagement et j'ai apprécié ses grandes connaissances et son sérieux. Donc, elle mérite cette élection, et le groupe radical la soutiendra ! (Applaudissements).
M. Alain Charbonnier (S). Ouf, nous respirons... pendant un moment nous avons cru que M. Kunz allait se retrouver majoritaire dans son groupe. Heureusement, ce n'est pas le cas. Mais, Monsieur Kunz, réfléchissez un peu avant de parler dans cet hémicycle ! En commission de l'économie, vous nous avez fait voter au pas de charge une entrée en matière sur les lois sur le chômage proposées par la gauche et soutenues par une partie de la droite; ces projets de lois ont été refusés. Et vous venez dire que la gauche a miné le travail réformateur de la majorité lors de la dernière législature, alors que vous aviez une double majorité écrasante au parlement et au Conseil d'Etat... Ne prétendez pas que c'est la gauche qui a miné tout ce travail de bénédictin !
M. Gilbert Catelain (UDC). Le groupe UDC ne voit pas un enjeu politique dans cette élection de la vice-présidence et ne veut surtout pas se faire l'outil d'une lutte politique entre groupes parlementaires. La candidate proposée a la capacité pour diriger, l'année prochaine, les débats de ce parlement et, de ce fait, nous ne voyons aucune objection à ce que chacun, au sein du groupe UDC, se détermine en son âme et conscience pour voter - ou pas - en faveur de la candidate des Verts.
Le président. La parole n 'étant plus demandée, il est pris acte de cette candidature.
J'invite les photographes à bien vouloir quitter la salle une nouvelle fois et les huissiers à distribuer les bulletins. (Attente des résultats.)
Résultats de l'élection:
Bulletins distribués: 89
Bulletins retrouvés: 87
Bulletins blancs: 11
Bulletins nuls: 4
Bulletins valables: 72
Majorité absolue: 37
Mme Anne Mahrer est élue par 72 suffrages. (Applaudissements. De nombreux députés et députées l'embrassent. Mme Mahrer reçoit une gerbe de fleurs de son groupe.)