République et canton de Genève
Grand Conseil
Séance du vendredi 10 juin 2005 à 15h
55e législature - 4e année - 9e session - 50e séance
M 1447-A
Débat
M. Alain Charbonnier (S). Il s'agit d'un rapport de la commission des transports chargée d'étudier la proposition de motion de la commune de Vernier pour une avenue de Châtelaine plus sûre et moins bruyante. Ne faisant pas partie de la commission, j'ai lu le rapport et je suis étonné de constater que l'OTC considère cette avenue de Châtelaine comme une avenue peu habitée et n'étant donc pas prioritaire au niveau de l'assainissement et de la réduction des dangers.
Je me suis posé la question de savoir comment l'OTC pouvait arriver à une telle conclusion et je suis allé voir le plan précis de la ville de Genève et de la commune de Vernier sur le géo-kiosque. Et, effectivement, l'OTC prend en considération l'avenue de Châtelaine depuis son commencement à la route des Franchises jusqu'à son terme au pont de l'Ecu. Dans ces premiers deux tiers, il n'y a effectivement presque pas d'habitations. Mais cette motion concerne la commune de Vernier et pas la Ville de Genève, il faudrait donc que l'OTC arrive à lire les textes correctement.
La partie sur la commune de Vernier est d'une très forte densité d'habitations et, surtout, une grande école se trouve le long de cette avenue. Les accidents mortels ne semblent pas être un problème pour l'OTC, puisqu'ils considèrent que ce n'est pas prioritaire.
Mais il y a moins de quinze jours, un ancien conseiller municipal et ancien fonctionnaire des finances, M. Jéquier, a eu un très grave accident. Il est en ce moment à l'hôpital. M. Jéquier pourra donc signifier par lui-même ce que sont cette avenue et ses dangers pour le quartier de Châtelaine. On va donc renvoyer cette motion au Conseil d'Etat et j'espère qu'il prendra plus en considération cette avenue que ne le fait l'OTC.
Mme Ariane Wisard-Blum (Ve). Une fois de plus, le problème lié à la circulation motorisée amène une commune à nous exprimer ses préoccupations. En effet, l'insécurité et les nuisances sonores sont des problèmes récurrents et ils s'étendent à tout le canton.
Toutefois, certains secteurs sont beaucoup plus touchés que d'autres, et la commune de Vernier, à ce titre, n'est pas épargnée. Cette commune enregistre le taux d'accidents de la circulation le plus élevé après la Ville de Genève, et l'avenue de Châtelaine peut être considérée comme un point noir du canton. Ce secteur fortement peuplé est traversé par une artère de deux fois deux voies, avec une configuration rectiligne qui ne favorise pas la sécurité. Des écoles de part et d'autre de la route obligent enfants et adolescents à traverser cette avenue plusieurs fois par jour. Les traversées piétonnes protégées sont malheureusement trop rares, les trottoirs trop étroits et les pistes cyclables inexistantes. La circulation y est dense et la vitesse souvent excessive. Cela entraîne non seulement des risques importants d'accidents, mais aussi une pollution atmosphérique et sonore importante et reconnue comme responsable de stress, d'affections respiratoires et de hautes atteintes à la santé. La circulation motorisée doit aujourd'hui être considérée à Genève comme un réel problème de santé publique.
Pour réduire ce trafic, il est absolument nécessaire de prévoir un P+R et des transports publics efficaces pour que les automobilistes abandonnent leur voiture le plus en amont possible des zones urbanisées.
Toutefois, il nous semble indispensable de redéfinir le plus rapidement possible l'aménagement de l'avenue de Châtelaine, afin de réduire la vitesse des véhicules et de permettre la traversée de cette artère de manière plus sûre.
Par ailleurs, un élargissement des trottoirs rendrait le cheminement des piétons plus agréable et sécurisé, sans oublier qu'une piste cyclable serait essentielle dans ce secteur. Ces changements permettraient de recréer un lieu de vie agréable dans ce quartier actuellement sinistré par le trafic routier.
Il est normal que le Grand Conseil écoute les communes qui rencontrent des problèmes de circulation, que ce soit Chancy, Soral ou Vernier. La motion de la commune de Vernier mérite tout notre soutien et nous vous encourageons à la renvoyer au Conseil d'Etat.
M. Robert Cramer, conseiller d'Etat. Je dois dire que l'intervention de M. Charbonnier m'a fait une très pénible impression. Je vous dis, Monsieur Charbonnier, que votre intervention m'a fait une très pénible impression parce que cette façon récurrente - dans cette assemblée ou ailleurs, à travers des correspondances que l'on peut recevoir ou des contacts que l'on peut avoir ici ou là - de s'en prendre à un service de l'administration en le désignant est assez insupportable. Rendre l'OTC responsable de tous les maux de ce canton relève non seulement de l'injustice, mais également d'une espèce de perversion qui s'appelle la volonté de désigner des boucs émissaires. Je vous prie d'y être attentif à l'avenir, lorsque vous aurez à traiter des problèmes de circulation.
J'ai aussi la pénible impression qu'on ne lit pas exactement le même rapport. Quand je lis le rapport de la commission des transports au sujet de cette pétition, je lis que les responsables du DIAE ont indiqué que l'avenue de Châtelaine présentait des nuisances sonores importantes et qu'elle était effectivement moins habitée à sa proximité que d'autres endroits très bruyants de ce canton. Tel est le cas et cela repose sur des chiffres. Il n'y a pas lieu d'avoir des confrontations idéologiques sur ce point, il suffit de faire des comptages au bord des routes et l'on voit bien que quand on se trouve à Malagnou, à Frontenex, à la rue de Lyon ou à la rue de la Servette, il y a bien plus d'habitants que dans les environs immédiats de la route de Châtelaine. Mais, dans le même temps qu'on vous dit cela - qui relève de la pure arithmétique - on vous dit autre chose. L'Etat a prévu d'engager des travaux d'assainissement sur cette route. Les premières mesures ont débuté en 2004. Les travaux seront achevés en 2007. Vous ne l'avez peut-être pas lu - le rapport est pourtant bref, il tient sur deux pages - mais vous trouverez cette planification au troisième alinéa de la page 1.
Au-delà de cette planification dont on a pu faire état auprès de la commission des transports, vous devez savoir que les services de l'administration ont fait diligence, dans la mesure où le Grand Conseil lui-même a pu traiter cet objet avec un minimum de diligence. Car avant d'assainir, il faut avoir les financements de l'assainissement. C'est-à-dire qu'il était absolument indispensable que votre conseil - qui a pris le temps nécessaire à la réflexion - vote le projet de loi d'investissement y relatif qui porte sur une somme un peu supérieure à 80 millions. Cette somme lui a été soumise pour que l'on puisse précisément faire des études d'assainissement et lancer les programmes.
Ce vote ayant été acquis très récemment - vous savez que cela ne fait que quelques mois que nous avons la possibilité d'aller de l'avant sur ces objets - cette route est inclue dans un projet d'assainissement qui porte sur la route de Vernier, la route du Nant-d'Avril et l'avenue de Châtelaine jusqu'à la frontière de la Ville de Genève. Les mandataires ont fait les premiers projets, je les ai vus puisque je préside la commission cantonale contre le bruit où ces projets sont examinés de façon paritaire avec des représentants de tous les milieux et qui sont également représentés dans ce Grand Conseil. Ils en ont donc eu connaissance, ils ont pu s'assurer que ce projet allait dans le sens que l'on pouvait souhaiter. Maintenant, nous attendons le feu vert de la Confédération - de l'Office fédéral des routes - pour aller de l'avant dans ce projet d'assainissement.
Je ne trouverais donc pas convenable, à l'issue de ce débat, que l'on ait l'impression que l'administration se prend les pieds sur cet objet alors que la réalité est que l'administration - dès qu'elle en a eu les moyens, c'est-à-dire dès que le Grand Conseil a bien voulu les lui donner - a fait diligence pour aller de l'avant dans l'assainissement de cet objet. Il ne suffit pas de voter des motions, il faut également donner aux gens les moyens de travailler.
Pour conclure, le Conseil d'Etat accepte bien volontiers qu'on lui renvoie cette proposition de motion. On pourra vous y répondre en donnant quelques indications techniques supplémentaires par rapport à ce qui avait été dit en commission à l'époque où les mandataires n'avaient pas pu aller au terme de leur réflexion.
M. Alain Charbonnier (S). Je ne peux pas laisser passer certaines choses, même si c'est un conseiller d'Etat qui les a dites. Je reprends la phrase à propos de l'avenue de Châtelaine: «Cependant, elle comporte peu d'habitants». Vous le répétez encore, Monsieur Cramer, bravo. Votre chef de groupe déclare ce matin, dans la «Tribune de Genève», que vous êtes rusé, et effectivement vous l'êtes !
L'avenue de Châtelaine commence à hauteur de la route des Franchises et finit au pont de l'Ecu, et vous en déduisez que cette avenue comporte peu d'habitants. La première moitié n'en comporte pas du tout, car il y a le stade des Charmilles puis la SIP, et, à partir de là, vous en déduisez qu'il y a peu d'habitants.
Le seul problème est que cette motion émane de la commune de Vernier et non pas de la Ville de Genève. La commune de Vernier commence à l'avenue Henri-Golay et finit au pont de l'Ecu. Je vous laisse aller en bus, dans un de vos moments de loisir, voir ce tronçon de l'avenue de Châtelaine pour y constater le peu d'habitants...
Mise aux voix, la motion 1447 est adoptée par 38 oui contre 1 non et 2 abstentions.