République et canton de Genève

Grand Conseil

M 1375-B
Rapport du Conseil d'Etat au Grand Conseil sur la motion de Mmes et M. Christian Brunier, Laurence Fehlmann Rielle, Françoise Schenk-Gottret pour un tunnel du Mont-Blanc moins dangereux et moins polluant

Débat

M. René Desbaillets (L). Je dirai juste deux mots sur ce rapport concernant l'accident qui a eu lieu dans le tunnel du Mont-Blanc.

Je constate que l'on essaie - dans les médias également - de remédier aux dangers que représente le tunnel du Mont-Blanc et de diminuer la pollution. Par contre, Mesdames et Messieurs les députés, on n'essaie pas du tout de prévenir ces dangers, notamment en supprimant les transports inutiles. Il faut savoir que certaines marchandises, comme les pièces mécaniques, sont transportées par des camions qui font quatre fois l'aller-retour par le tunnel du Mont-Blanc, tout cela pour économiser à peine cinquante centimes... Les vrais maux de ce tunnel, ce sont les transports inutiles !

D'autre part, la Suisse a réussi à marquer un magnifique autogoal avec les taxes RPLP... En effet, à l'heure actuelle, importer à Genève n'importe quelle marchandise depuis Milan revient moins cher en passant par le tunnel du Mont-Blanc qu'en faisant Zurich-Genève, car la taxe RPLP que nous payons en Suisse pénalise les entreprises suisses, les transports suisses.

Voilà ce que je voulais dire sur les vrais maux du Tunnel du Mont-Blanc. Ce rapport est bien gentil, mais il ne résoudra pas les problèmes. Il faudrait plutôt commencer à réfléchir à ce que l'on peut faire pour éviter les transports inutiles.

M. Christian Brunier (S). Ce rapport du Conseil d'Etat sur le tunnel du Mont-Blanc montre, en fait, l'impuissance du canton et de la Ville... Il précise que le gouvernement a respecté ce qui a été décidé dans ce parlement, puisque les représentants du canton au sein du Conseil d'administration se sont inquiétés de la problématique de la sécurité... C'est bien ! Néanmoins - et des experts de la sécurité au niveau genevois l'ont notamment dit en commission - la sécurité n'est aujourd'hui malheureusement pas assurée. Des belles promesses qui ont été faites au lendemain du drame du tunnel du Mont-Blanc, peu ont été tenues.

Je vous rappelle ces promesses... Il était question de réaliser un deuxième tube: cela n'a pas été fait !

Il était question de circulation alternée: cela a duré un certain temps, mais c'est fini !

A un moment donné, il était question que seuls les poids lourds faisant un transit régional, qui vont d'Italie en France, pourraient passer par le tunnel du Mont-Blanc: ce n'est aujourd'hui pas respecté !

Nous avions l'espoir que le transport soit transféré sur le ferroutage, mais les Italiens sont en train de torpiller ce projet pour défendre le lobby automobile et les autoroutes... Vous savez certainement que presque tous les politiques italiens - de gauche comme de droite - gagnent une partie de leurs revenus dans les conseils d'administration des autoroutes !

Il y a donc une grande hypocrisie à ce niveau sur ce dossier. Le ministère français comme le ministère italien ont fait le strict minimum. Genève a beau faire preuve de dynamisme au sein du Conseil d'administration, ses représentants sont peu écoutés dans la mesure où Genève est un petit actionnaire.

De plus, chaque fois que Genève dit un mot à ce sujet, il se trouve toujours des élus italiens ou français pour nous rappeler que nous nous mêlons de ce qui ne nous regarde pas... (Brouhaha. La présidente agite la cloche.)M. Dessuet nous le dit aussi... Pourtant, nous sommes actionnaires, donc coresponsables de ce qui se passe dans ce tunnel !

Je me demande vraiment s'il faut rester partie prenante dans cette affaire parce que, ce faisant, nous portons une responsabilité juridique, même si nous avons peu de marge de manoeuvre pour agir. Je crois que personne ne peut affirmer aujourd'hui que la sécurité est assurée dans ce tunnel et que les belles promesses faites au lendemain du drame ont été respectées. Au contraire, elles ont été bafouées. J'espère que le procès qui est en train de se dérouler permettra de faire la lumière sur les responsabilités des uns et des autres dans cet accident.

Le Grand Conseil prend acte de ce rapport.